Le 8 mars, Journée internationale des femmes, est une occasion de
célébrer nos luttes historiques pour l’égalité et de s’unir pour relever
les défis d’aujourd’hui. À l’occasion de la JIF 2015, le Parti
communiste du Canada exprime sa solidarité la plus chaleureuse envers
toutes celles et ceux qui se dressent en faveur de la paix, l’égalité,
la démocratie et le progrès social.
En Septembre 1995, la quatrième Conférence mondiale sur les femmes
s’est tenue à Beijing. 30 000 militantes avaient organisé un Forum
parallèle, tandis que les représentantes des gouvernements de 189 pays
élaboraient la Déclaration de Beijing et le Programme d’action. Malgré
ses lacunes, le document était étonnamment complet, couvrant les femmes
et l’environnement, l’économie, l’éducation, la santé, les conflits
armés, et bien plus encore.
L’Organisation des Nations Unies souligne le 20e anniversaire de la
Déclaration de Beijing avec le slogan « Émancipation des femmes –
Émancipation de l’humanité : Imaginez-ça ! » Pourtant, les femmes dans
une grande partie du monde semblent encore plus éloignées de
l’émancipation.
Dans les deux dernières décennies, la «lutte pour défendre les droits
des femmes» est devenue une justification fréquemment utilisée pour une
intervention militaire directe. Et bien que les talibans, Al-Qaïda et
l’État islamique soient profondément réactionnaires, ces mouvements sont
en grande partie un produit des efforts de l’impérialisme pour
s’emparer des ressources et pour faire des profits. Avant les
interventions occidentales, le statut des femmes dans les États laïcs
d’Afghanistan, de Syrie, de Libye et d’Irak était beaucoup mieux qu’en
Arabie Saoudite et d’autres régimes soutenus par le Canada.
La violence n’est pas une solution pour les victimes des conflits
armés, en particulier les femmes civiles et les enfants. La guerre a
provoqué une augmentation massive des réfugié(e)s dans le monde entier.
En Syrie seulement, plus de 3 millions de réfugié(e)s ont fui, et 6,5
millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Les femmes et les
filles sont utilisées comme instruments de guerre, enlevées et violées,
du Nigéria (par Boko Haram) à l’Amérique centrale (par les forces
paramilitaires). Du Moyen-Orient à l’Afghanistan et à la Colombie, les
guerres alimentées par les sociétés transnationales, les puissances
occidentales et les élites locales créent des catastrophes sanitaires en
détruisant les centrales électriques, les systèmes d’approvisionnement
d’eau et les hôpitaux. Des billions de dollars sont gaspillés en
militarisme plutôt qu’être investis en éducation, en opportunités
économiques, en eau potable, et en santé, ou pour aider les mouvements
populaires qui luttent pour les droits humains, la sécurité personnelle,
le droit de choisir dans le mariage et en matière de reproduction. La
dévastation de l’environnement affecte particulièrement les femmes et
les enfants, tant celles et ceux qui vivent près des sables bitumineux
de l’Alberta, que les millions qui sont touché(e)s par la sécheresse en
Afrique subsaharienne.
Nous exprimons notre entière solidarité avec les femmes de Palestine,
et notre soutien à la campagne de Boycott, Désinvestissement et
Sanctions contre la politique d’apartheid d’Israël, qui impose de
terribles épreuves aux femmes de Gaza et de Cisjordanie. Nous condamnons
la dernière guerre impérialiste en Irak et en Syrie, et la
déstabilisation soutenue par les États-Unis du gouvernement bolivarien,
progressiste et démocratiquement élu, du Venezuela.
Au Canada, le dangereux projet de loi C-51 en vue de créer un État
policier impose de nouveaux pouvoirs extraordinaires afin de
criminaliser la dissidence. Agitant le spectre du terrorisme islamique,
C-51 en réalité, cible celles et ceux qui critiquent l’austérité, la
destruction de l’environnement et la guerre impérialiste, visant
directement les femmes qui jouent des rôles dirigeants dans les
mouvements ouvrier, autochtone, environnemental et étudiant.
Des millions de femmes au Canada font face à la violence et de
l’oppression, mais pas de la part de «terroristes». Les femmes et les
filles autochtones souffrent du fardeau raciste de taux plus élevés de
pauvreté, de chômage, et d’incarcération, et d’une longévité
spectaculairement plus courte. Plus de 1 200 femmes autochtones ont été
assassinées ou ont disparu, tandis que les Conservateurs d’Harper
ignorent les appels pour une enquête publique. Les femmes sont opprimées
par le «double fardeau» de l’exploitation au travail et de la plus
grande part du travail domestique. Le statut inégal des femmes se
reflète par un «écart salarial» de 30% ainsi que par d’autres
indicateurs.
La communication de chansons misogynes, de chants et de messages
Facebook a révélé la profonde culture de viol sur les campus, où les
politiques sur le harcèlement et l’équité n’ont pas d’application
stricte. Les administrations universitaires doivent cesser de couvrir le
harcèlement des femmes, des étudiantes et des étudiants LGBT et
racialisés. Le financement des centres de femmes sur les campus doit
être augmenté, et une éducation efficace contre l’oppression en ce qui a
trait à la culture du viol est urgente.
Les droits de toutes les femmes à un emploi décent, à l’éducation, à
la garde d’enfant, à l’assurance-emploi, etc., sont de plus en plus
compromis par l’agenda néolibéral. Les Conservateurs d’Harper, qui se
présentent comme «défenseurs de l’égalité des femmes », ont sabré
pratiquement chaque organisme fédéral ou chaque service qui a soutenu
l’égalité des femmes, ils ont fermé les bureaux de Condition féminine
Canada, ils ont éliminé le financement des organisations de femmes qui
s’engagent dans la défense l’équité salariale et bloqué les voies
légales pour l’obtenir.
Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la réduction
de l’accès aux prestations d’assurance-emploi. La «restructuration» de
Postes Canada fait perdre des milliers d’emplois actuellement occupés
par des femmes. Si les Conservateurs gagnaient une autre majorité, les
forces anti-femmes les plus extrêmes au Parlement pourraient constituer
une menace grave pour les droits reproductifs, qui sont encore limitées
au Nouveau-Brunswick et dans d’autres régions du Canada.
L’attaque contre l’égalité s’étend à l’arène provinciale, notamment
par l’abolition des ministères voués à l’égalité des femmes,
l’augmentation des droits de scolarité et les coupes à l’aide sociale,
dans les soins de santé, à l’aide juridique, pour la garde d’enfants, et
dans les maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence et
d’abus. Le programme universel de garderie du Québec est sérieusement
attaqué, alors même que les femmes dans d’autres provinces exigent des
programmes semblables.
Le statut inégal des femmes a été condamnée par presque tous les
corps des Nations Unies qui examinent la performance du Canada
concernant les droits humains, incluant le Comité de la Convention sur
l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes (CEDAW
Committee), le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le
Comité des droits de l’homme, et le Conseil des droits de l’homme.
Une riposte unitaire peut vaincre
La riposte populaire contre l’attaque du monde des affaires est
affaiblie par l’absence d’une voix véritablement pancanadienne pour les
droits des femmes. Il y a eu des luttes importantes menées par les
mouvements de femmes et les mouvements pro-égalité, et les conférences
des femmes du Congrès du travail du Canada ont contribué à maintenir
vivante la lutte pour les droits des femmes. Au cours de la dernière
année, d’importantes luttes ont été menées par des secteurs de la force
ouvrière qui sont majoritairement féminins – les travailleuses des
services de garde du Québec, les enseignantes et enseignants de
Colombie-Britannique et les travailleuses et les travailleurs de la
santé de Nouvelle-Écosse. Le moyen le plus important pour lutter contre
la pauvreté et la disparité des revenus est d’organiser femmes
non-syndiquées.
Mais le mouvement des femmes a été profondément blessé par les
réductions systématiques de financement. Le rétablissement d’une
organisation telle que le Comité National d’Action sur le statut des
femmes (CNA-NAC), qui pourrait rassembler les femmes du mouvement
syndical, les jeunes et les étudiantes, les femmes autochtones et
racialisées, et celles des organisations qui luttent pour les droits
juridiques, les droits de reproduction, les droits des personnes
handicapées, et la garde d’enfants, serait une importante avancée.
Les travailleuses et les travailleurs de tous genres et de toutes
origines ont besoin d’une véritable alternative à la cupidité des
compagnies. Dirigée par le mouvement syndical et ses alliés, une telle
coalition populaire pourrait combattre afin de gagner des emplois
durables, des services publics de garde universels, l’amélioration des
services sociaux et des possibilités accrues pour les femmes.
Mais tant que le capitalisme perdurera, il générera la pauvreté,
l’inégalité, l’exploitation, la dégradation environnementale et la
guerre. Ces atrocités sont inhérentes à ce système basé sur la
maximisation des profits accaparés par des mains privées. Seul le
socialisme, basé sur la démocratie, la propriété collective et le
pouvoir de la classe ouvrière, peut libérer l’énorme potentiel créatif
et productif du peuple pour satisfaire les besoins humains.
La véritable alternative pour l’égalité des sexes et la survie de
l’humanité est le socialisme. Comme le montre la petite île de Cuba, où
l’égalité sociale est une priorité, d’énormes progrès dans la condition
des femmes peuvent être réalisés à tous les niveaux. Les femmes cubaines
élues occupent près de 50% des sièges dans leur Assemblée nationale,
par exemple.
Depuis que la JIF a été adoptée par une conférence des femmes de
l’Internationale socialiste à Copenhague en 1910, la pleine
participation des femmes a été essentielle pour le succès de la classe
ouvrière et des mouvements démocratiques. Un monde meilleur est possible
et nécessaire.
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