mercredi 11 novembre 2015
Depuis l’Acropole d’Athènes, le Parti communiste grec – KKE – lance un appel: “Solidarité avec les réfugiés! Condamnation de l’UE et de l’OTAN ! »
L’événement a marqué la population, les touristes et une partie de la presse internationale, à défaut, pour l’instant, de la presse française… Cette initiative suit le nouveau drame – des dizaines de noyades – aux abords de l’île de Lesbos.
vendredi 27 mars 2015
INTERVIEW DE GIORGOS MARINOS, MEMBRE DU BP DU CC DU KKE DANS LE JOURNAL "UNSERE ZEIT" DU PC ALLEMAND
vendredi 24 octobre 2014
«La Grèce est un laboratoire pour tester des politiques effroyables»
Philippe Menut et Alex Anfruns sur www.michelcollon.info
Philippe Menut, ex-journaliste à France 2 et France 3, devenu journaliste indépendant, a réalisé un documentaire... Un gros plan à la fois humain et économique sur les causes et les conséquences de la crise grecque, le film donne la parole aux salariés, militants, économistes, médecins, ministres, chômeurs, philosophes... Ils donnent leur éclairage sur la crise vécue de l'intérieur, et témoignent de la résistance et de la solidarité du peuple grec. La Grèce est un laboratoire. Le film ouvre le débat sur l'avenir d'une zone euro en crise, livrée à un capitalisme financiarisé. Un documentaire lanceur d’alerte.

Dans votre film "la tourmente grecque", une série de manipulations médiatiques sont exposées. Elles cherchent à justifier une véritable guerre économique et sociale contre la Grèce. Comment expliquez-vous, en tant que journaliste critique cette inversion des rôles et que les victimes, les citoyens grecs, soient présentées comme responsables de la crise ?
C’est sur ce constat que j’avais commencé le tournage. J’étais révolté que les Grecs soient souvent présentés – d’ailleurs depuis le début de la crise - comme les responsables d’une situation dont ils sont victimes. Depuis, j’ai été emporté plus loin, sur les raisons même de la crise.
Ces rumeurs, ces intox, ont bien sûr une fonction, celle de masquer une politique économique à l’œuvre, celle qui met en place une austérité effroyable vis-à-vis du peuple grec et des services publics avec un transfert massif de capitaux publics vers la spéculation internationale. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’argent public grec mais aussi européen.
245 milliards ont été versés dans un soi-disant plan européen de sauvetage dont les Grecs et l’économie réelle grecque n’ont quasiment pas vu la couleur. C’est démontré dans le film, ces sommes énormes vont directement dans la poche des créanciers de la dette publique grecque qui ont prêté à des taux dépassant parfois 20%... Ces prêts ont donc la garantie du contribuable européen !
Tout cela est organisé par la Troïka, les vrais patrons du pays, envoyés de la commission européenne, la Banque centrale Européenne et le FMI (qui joue plutôt le rôle d’expert).
Quelle est la responsabilité, selon vous, des médias européens dans la présentation biaisée de la réalité de ce pays ?
Les médias européens, d’abord allemands et surtout Bild, premier tirage quotidien européen, jouent un rôle considérable dans la fabrication de l’opinion. Ce n’est d’ailleurs pas seulement la réalité grecque qui est biaisée, c’est celle de la crise de toute l’Europe.
La « grande presse » française, moins violente mais tout aussi efficace nous parle de « réformes structurelle » (traduisez « d’austérité imposée à la population »), de « rassurer les marchés » (financiers, bien sûr, mais ce n’est jamais dit), de « restaurer la confiance » (des mêmes, mais ce n’est pas non plus dit). Le but est d’entretenir le fatalisme face à un système économique néolibéral « qui n’aurait pas d’alternative » comme disait Margareth Thatcher.
Le plus fort dans cette idéologie dominante est d’arriver à faire croire qu’il n’y a pas d’idéologie dominante… On pousse les gens à dire « je ne fais pas de politique » alors qu’ils cautionnent ainsi celle qu’ils subissent...
Je reconnais que j’emploie, comme tout le monde, le terme de « crise » par facilité de langage. Il est pourtant inapproprié. Cette crise n’est pas une catastrophe, une fatalité. C’est, en dernière analyse une augmentation délibérée et brutale des inégalités.
La fermeture de la télévision publique grecque en 2013 et la décision de ses travailleurs de développer un média indépendant reste un exemple frappant de la capacité de résistance du peuple grec. Quel leçon tirer de cette expérience ?
Il y a des moments où le peuple est fort, imaginatif et audacieux face à un pouvoir affaibli. La lutte de l’audiovisuel public (l’ERT) en est un exemple. Elle est développée dans le film et je vous le résume : le 11 juin 2013, le gouvernement, à la demande de la Troïka, ferme l’antenne et licencie les 2650 salariés. Immédiatement, se déclenche une énorme mobilisation en Grèce et une protestation généralisée dans le monde entier. Journalistes et techniciens occupent le bâtiment, mais le gouvernement grec, pris à contrepied, n’ose pas lancer les MAT (police anti émeute) contre les personnels.
L’occupation a duré 5 longs mois, une période de véritable autogestion, avec la remise en marche d’émissions diffusées sur Internet. Ces émissions, marquées par une totale indépendance et un véritable pluralisme ont eu un grand succès.
Au bout de 5 mois, le gouvernement – toujours conseillé par la Troïka ! – a décidé d’évacuer le personnel le 7 novembre 2013. Depuis, les anciens de l’ERT ont lancé une nouvelle radio télé, ERT Open.
Lorsqu’on parle de dette de la Grèce, il paraît que l’Allemagne aurait intérêt à cacher une épisode important de l’Histoire, concernant l’argent qu’elle doit à la Grèce depuis la 2ème guerre mondiale. Pouvez-vous nous expliquer ce chapitre important du film qui est évoqué dans le film à travers le témoignage du combat d’un ancien résistant.
Manolis Glésos, 92 ans est un « monument » en Grèce. Il est un des tous premiers résistants d’Europe, connu pour avoir décroché en mai 1941 le drapeau nazi du somment de l’Acropole. Un de ses combat actuel est de demander le paiement par l’Allemagne des dommages de guerre et un emprunt forcé incontestable à la banque d’Athènes par les nazis.
Total de la dette due à la Grèce : 162 milliards d’euros actuels… Soit plus de la moitié de la dette qui est maintenant exigée de la Grèce avec une totale intransigeance par l’Allemagne !
L’un des médecins qui témoigne dans le film, lors d’une manifestation, explique que la fermeture de sept hôpitaux à Athènes signifie tout simplement que de plus en plus de personnes vont mourir dans la rue. L’impact des mesures d’austérité en Grèce, en particulier dans le domaine de la santé semble apocalyptique...
Un seul chiffre suffirait : d’après une revue scientifique anglaise et Médecins du Monde : la mortalité infantile a augmenté de 43% depuis le début des mesures d’austérité. En Grèce, mais aussi dans l’Europe en crise, la santé est la principale cible des réductions budgétaires. Pourquoi n’est-ce pas l’éducation nationale ? Parce que vous ne pouvez pas réduire le nombre d’élèves total. En revanche, on peut moduler les parcours de soin, réduire les remboursements, etc. Dans le film, on voit un grand hôpital qui reste ouvert mais tourne au ralenti, quasi vide, faute de moyens.
Votre regard panoramique sur la Grèce risque d’être bientôt se devoir s’élargir sur d’autres pays.
Je n’avais pas lors de mes premiers tournages prévu de parler de l’importance du capitalisme financiarisé, pas plus que de l’Union Européenne. J’y ai été naturellement porté par mes investigations, mes interlocuteurs. Le film ouvre un débat sur l’Union Economique et Monétaire.
Des interviews fortes expliquent la nécessité d’une rupture avec la zone euro, d’autres expliquent qu’il faut être pragmatique et qu’il faut d’abord s’opposer à l’austérité et à une dette illégitime.
Je ne tranche pas, mais si on veut poser la question du changement de politique économique et sociale, et aussi de la démocratie, il faudra bien poser la question du pouvoir tout puissant de l’Europe actuelle. Le capitalisme financiarisé y est maître dans son organisation même, dans ses traités, l’influence de lobbies tout puissants.
Quel message adressez vous aux personnes qui regardent de loin la Grèce, subir des dégâts terribles mais présentés comme inévitables ? En quoi les Européens peuvent-ils, au-delà de la solidarité, être concernés ? Au-delà, comment les peuples européens pourraient-ils passer à la contre offensive ?
Toute la zone euro est concernée par la crise grecque. La Grèce est un laboratoire pour tester sur un petit pays (11 millions d’habitants) une politique effroyable au nom d’une dette artificiellement gonflée. Depuis le début des réformes, prétendues réponses à la crise, la dette a grimpé de 50 % et le chômage est passé de 10 à 28% ! Et ces politiques continuent.
Mais attention, cette crise de la dette est la même partout en Europe, zone la plus récessive du monde. La France, que je connais mieux, a une dette de 2000 milliards d’Euros de même nature que la dette grecque. Elle serait de moins de la moitié sans les intérêts excessifs aux banques et les cadeaux fiscaux. Le remboursement des seuls intérêts est un des tous premiers budget de l’Etat. Nos chers « confrères » journalistes des « grands médias » n’en parlent jamais…
Le rêve européen pourrait bien tourner au cauchemar. Les Grecs montrent la voie de la résistance. Des résistances isolées ne suffiront pas. La vraie question est de savoir si les peuples sauront s’unir pour une autre Europe, plus juste et démocratique, une Europe des citoyens.
Minisite du film : http://lesfilmsdumouvement.wordpress.com
Entretien réalisé par Alex Anfruns
Source : Publico.es
jeudi 27 septembre 2012
En Grèce, la police vous conseille plutôt d’appeler les néonazis
Et pourtant, Kalamata a elle aussi ses problèmes dus à la crise qui frappe la Grèce : des groupes de mendiants à chaque carrefour, le plus souvent des immigrés illégaux venus d’Asie et d’Afrique et laissés à la dérive après avoir franchi la porte d’entrée de l’Europe. Enfin, disons plutôt que Kalamata avait elle aussi ce genre de problème.
Un étrange « miracle » durant l’hiver
Durant l’hiver, un « miracle » étrange s’est produit : il n’y a plus de mendiants aux carrefours, plus d’immigrés clandestins vendant à la sauvette des CD piratés. D’abord, naïvement, on se dit que l’Etat grec a enfin décidé de gérer le problème de l’immigration clandestine, et de s’occuper de tous ces pauvres gens laissés à la merci des mafias prêtes à leur tendre une main secourable, le tout pour un prix modique. Et puis, au détour d’un article de l’un des journaux régionaux, la vérité se révèle. Noire comme une nuit de la fin des années 30.Non, ce n’est pas la police qui est intervenue, non, ce n’est pas l’Etat qui a décidé d’enfin assumer ses responsabilités.

Des pogroms dans les banlieues d’Athènes
C’est Aube dorée qui a nettoyé les carrefours de Kalamata, qui a organisé les bastonnades, ratonnades et passages à tabac nécessaires pour chasser de la ville des pauvres gens sans ressources et sans défense – pour nettoyer les rues comme on le ferait pour de la vermine.Ce sont les milices d’Aube dorée qui se sont substituées à la police et à l’Etat grec en toute impunité, et qui revendiquent ouvertement leurs exploits dans les journaux.
Malheureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Durant l’été, les lecteurs attentifs ont pu lire les récits des pogroms organisés par Aube dorée dans les banlieues défavorisées d’Athènes. Lire un article est une chose. Entendre directement le récit de crimes encouragés – suscités – par la police grecque près de vous est tout autre chose.
La police ne viendra pas : pas les moyens
Un soir à Kalamata, une Grecque aperçoit un homme de couleur dans son jardin. Inquiète, elle téléphone à la police. La réponse de la maréchaussée est rapide, et très claire : non, la police n’enverra aucun de ses officiers sur place, cependant, la dame peut appeler Aube dorée, qui viendra faire le nécessaire.Serviable, le policier à l’autre bout du fil donne à la dame le numéro de téléphone à composer pour obtenir l’assistance des milices du parti néonazi. Choquée, la femme raccroche et se refuse à obtempérer.
Elle attend.
Toujours inquiète, elle finit par retéléphoner à la police. Même réaction : qu’elle appelle donc Aube dorée, et son problème sera réglé. Non, la police n’interviendra pas, elle n’en a pas les moyens. A nouveau, la femme raccroche. Il n’est pas question pour elle de demander aux néonazis de venir.
Pourtant, quelques minutes plus tard, les milices d’Aube dorée déboulent. Il n’y a plus personne dans le jardin de la femme. Mais, à quelques dizaines de mètres de là, se trouve une maison occupée par un Pakistanais. En quelques minutes, les gorilles en uniformes paramilitaires l’encerclent. Puis ils y foutent le feu.
Fin de l’histoire.
Nous ne sommes pas en 1938. Nous ne sommes pas en Allemagne. Nous sommes en 2012, en Grèce, un pays connu pour sa douceur de vivre et l’hospitalité de ses habitants. Un pays ruiné par une gestion corrompue, et surtout par les volontés absurdes de gouvernements étrangers et de banquiers centraux qui n’ont aucune idée, aucune conscience du monstre qu’ils sont en train de réveiller et de nourrir, encore et encore, avec chaque mesure d’austérité inique et inefficace qu’ils imposent par la force à un pays exsangue.
Ce mécanisme est pourtant bien connu
Lors des élections de mai, les néonazis d’Aube dorée récoltèrent 8% des suffrages. En juin, leur score était de 7%, suffisamment pour envoyer 21 députés au parlement grec, institution démocratique qu’ils attaquent tous les jours, expliquant fièrement et sans la moindre ambiguïté, qu’ils mèneront le combat dans la rue avec leurs troupes d’assaut dès qu’ils seront prêts.Les derniers sondages placent Aube dorée à plus de 10%, devant le Pasok. Chaque coup asséné à la Grèce, chaque mesure imposée de l’extérieur, en notre nom, nous qui sommes européens et avions basé notre Europe sur le serment du « plus jamais ça », chaque exigence d’austérité aveugle qui vise toujours les mêmes couches de la population et arrache aux gens simples le peu qui leur reste, les pousse plus avant dans l’étreinte noire d’Aube dorée.
Le mécanisme est d’une simplicité terrible, et déjà bien connu de toute personne ayant quelques notions d’histoire : détruire un pays de l’extérieur en employant des méthodes de colonisation économique à peine voilée, détruire ses services publics – santé, éducation et autres –, tout en laissant en place les administrations et les gouvernements corrompus qui sont à la base du problème, conduit au délitement complet de l’Etat de droit. Tout s’effrite, et la démocratie se craquèle, puis tombe, morceau par morceau, comme un papier peint pourri.
La police et l’armée, riches en nostalgiques de la sinistre dictature d’extrême droite des colonels et où les néonazis font leurs plus hauts scores électoraux, profitent des circonstances pour simplement laisser aller un peu plus, et pousser une population déboussolée, sans perspective d’avenir, à la recherche désespérée de sécurité, dans les bras d’Aube dorée.
Aujourd’hui, des néonazis constituent le troisième parti grec, devant le parti social-démocrate historique.
Non, nous ne sommes pas en 1938.
Mais nous y allons.
Nous y courons.
lundi 21 novembre 2011
Appel pour se solidariser de la lutte grecque contre les mesures d'austérité.
Solidarité avec le peuple grec en résistance, ou :
PROGRESSISTES, REFUSONS LE NOUVEL EURO-ESCLAVAGE POUR DETTES !
Pour voir le message original et la liste des signataires, cliquez ici.
Il y a 2500 ans, les armées grecques emmenées par les hoplites de la toute jeune démocratie athénienne arrêtaient l’Empire perse en pleine expansion : c’était la bataille de Marathon (-490), bientôt suivie des victoires de Platée et de Salamine. Les citoyens grecs triomphaient alors du despotisme oriental en se rangeant derrière la fière devise : « mieux vaut mourir libres que vivre esclaves ! ».
Dans le même temps, une immense révolution plébéienne secouait l’Attique, donnant naissance à la première grande démocratie de l’histoire, celle d’Athènes, sous la conduite de Solon, de Clisthène, puis de Périclès. La tragédie Les Perses d’Eschyle commémore cette grande avancée civilisatrice, qui venait couronner sur le terrain politique l’ainsi-dit « miracle » grec, lequel avait vu Thalès et d’autres penseurs récuser la mythologie traditionnelle, inventer la démonstration géométrique, jeter les bases philosophiques des sciences de la nature et de la médecine en refusant toute référence au surnaturel. Cette époque grandiose vit aussi la naissance du théâtre grec, alors profondément ancré dans la vie de la Cité.
Le moteur de ces bouleversements sans précédent fut le soulèvement des plébéiens de l’Attique, notamment de la petite paysannerie, contre l’esclavage pour dettes pratiqué par l’aristocratie des Eupatrides : c’est sur la condamnation radicale de cette pratique que s’est édifiée, dans les limites sociales et économiques qui étaient celles de cette époque, la toute nouvelle démocratie athénienne.
Aujourd’hui, alors que le 2500ème anniversaire de Marathon n’a donné lieu à aucune commémoration pan-européenne d’ampleur significative, l’U.E. écrase, humilie et asservit la République grecque, sommée de se vendre et de se rendre à 100% (privatisations tous azimuts, destruction de l’Etat régalien, armée comprise, refus de reconnaître le droit du peuple grec d’être consulté par référendum s’il en décide ainsi…). Les principaux auteurs de cet euro-diktat sont l’Allemagne capitaliste, - que son terrifiant passé balkanique devrait pourtant conduire à plus de retenue - , mais aussi le micro-Empereur vassalisé de l’Elysée. Derrière ces « diktateurs » d’apparat, on n’a aucune peine à discerner les vraies puissances qui les inspirent : les Banques et les sacro-saints « marchés financiers ». Cette étroite minorité d’oligarques entend bien rétablir de fait, avec l’appui du FMI et de l’OTAN, l’esclavage pour dettes à l’encontre de peuples entiers. Aujourd’hui ce sont la Grèce, l’Espagne et l’Italie qui sont mises à la question, mais une fois passées les présidentielles, ce sera le tour du peuple français, dont Nicolas Sarkozy menace déjà de détruire la Sécurité sociale après avoir déstabilisé l’Education nationale, l’hôpital public, la Recherche publique et cet acquis social structurant le lien intergénérationnel que sont les retraites par répartition nées du C.N.R. et des combats de la Résistance.
Car à court terme, notre pays n’est pas moins visé que la République grecque : violant pour la seconde fois le Non du peuple français à la Constitution européenne (un Non déjà bafoué par la forfaiture qu’a constitué l’adoption parlementaire du Traité de Lisbonne, copie conforme du Traité Constitutionnel Européen), voilà que Sarkozy, - approuvé sur ce point par François Hollande - , met en place sans nous consulter un « gouvernement économique franco-allemand » ; voilà qu’il soumet désormais le budget français aux eurocrates de Bruxelles et Francfort, - c’est-à-dire en fait, aux experts de Mme Angela Merkel - ; voilà qu’il invite le ministre allemand des finances à siéger régulièrement, en qualité de mentor, au Conseil des ministres « français ». Où et quand le peuple français a-t-il donc décidé de dissoudre son Etat-nation séculaire pour que lui soient substituées la « Françallemagne » et la « Franceurope » que les financiers exigent à grands cris ? Hitler a-t-il donc gagné la guerre pour que l’impérialisme allemand, dopé par le phagocytage de l’ex-RDA et par l’annexion à l’UE des ex-pays socialistes de l’Est (le prétendu « élargissement européen »), impose désormais ses vues à tout notre sous-continent avec l’aide de ceux qui, à Paris, réendossent indignement la livrée des Emigrés de Coblence, des Versaillais de Thiers et des collaborateurs de Vichy ?
A condition de ne pas se laisser aveugler par l’intense propagande sur la « dette » (est-ce donc aux banques de faire mourir les peuples ou aux peuples de mettre au pas les « marchés » ?), à condition de refuser le décervelage qui fait passer la « construction européenne » ultra-patronale, germano- et américano-centrée pour la « fin de l’histoire », chacun peut constater que l’Empire européen qui fleurit sur les ruines des acquis sociaux et des souverainetés nationales, a bien plus à voir avec le despotisme et la démesure du « Grand Roi » Darius qu’avec la fière devise des vainqueurs de Marathon. En réalité, née de l’effacement des premières expériences socialistes de l’histoire, la « construction européenne » porte en ses flancs un noir potentiel de destruction et de contre-révolution séculaire et millénaire. Ce ne sont plus seulement désormais les avancées sociales liées à la Révolution d’Octobre 1917, ni celles qui résultèrent de la défaite de Hitler à Stalingrad et à Berlin, que menace un système capitaliste en proie à la chasse effrénée au profit. Ce n’est plus seulement l’acquis civilisateur des Révolutions démocratiques bourgeoises des 17ème et 18ème siècles qui se trouve réduit à néant par ceux qui ricanent à la seule idée de consulter les peuples, de tenir compte de leurs éventuels refus, de soumettre aux parlements nationaux élus la politique budgétaire et monétaire des différents pays d’Europe. C’est désormais le code génétique de « l’Europe grecque », celui-là même qui s’est formé aux 6ème et 5ème siècles avant notre ère autour des notions d’humanisme, de raison et de citoyenneté, qui est attaqué de front par l’Empire européen piloté par Francfort, Wall Street, la City et le CAC 40.
Si pour finir la Grèce, son peuple fier, sa classe ouvrière et sa jeunesse combattives étaient mises au pas par l’UE avec l’active collaboration des proconsuls « grecs » de l’Empire, MM. Caramanlis et Papandréou, toutes les offensives antisociales, toutes les contre-réformes fascisantes feraient un bond en avant gigantesque sur tout le sous-continent européen. Déjà, les partis communistes sont interdits ou persécutés dans les ex-pays socialistes de l’est, déjà porter une chemisette ornée du Che est passible de deux ans de prison à Varsovie, déjà l’extrême droite nostalgique du Reich ou de Mussolini tient le haut de l’affiche (Hongrie, Italie, Flandre belge, Pays baltes…), quand elle ne participe pas directement au gouvernement de certains pays de la brunâtre Union européenne. Quelle sinistre revanche posthume pour tous ces empires qu’avaient su mettre à bas les peuples, de l’Empire perse d’avant-hier au barbare Troisième Reich d’hier!
C’est pourquoi les signataires de cet appel se déclarent pleinement solidaires de celles et de ceux qui, en Grèce, refusent de plier devant « l’union sacrée » de Papandréou-Caramanlis, laquelle vise à déposséder le peuple grec de sa souveraineté pour l’asservir aux maîtres du capital grec et étranger. L’Europe des luttes, celle qui ne se fait pas dans l’U.E. mais contre elle, combat déjà pour rendre aux peuples leur droit inaliénable à disposer d’eux-mêmes, leur droit au progrès social et à la dignité nationale, leur droit à une coopération égalitaire dégagée du carcan de la « concurrence libre et non faussée » imposée par l’euro-mondialisation capitaliste (avec sa monnaie unique, son marché unique, son économie unique, sa politique unique, sa pensée unique, sans oublier sa langue unique, l’américain des affaires). Cette Europe des résistances n’a nul besoin de traité pour se lever contre ceux qui la nient jusque dans ses racines : elle doit prendre de l’ampleur en se solidarisant avec tous les peuples en lutte, et d’abord avec le peuple grec. Ce n’est pas l’esclavage des peuples pour dettes qu’il faut rétablir, c’est au contraire l’euro-esclavage de la dette qu’il faut abolir en taxant durement tous les usuriers du capital, qu’ils soient grecs, allemands ou français… Et ce n’est pas le funeste euro qu’il faut sauver à tout prix, c’est l’indépendance des peuples, c’est le service public, c’est le droit pour chaque peuple de produire chez lui sans devoir tout importer et tout délocaliser ; c’est le droit pour chaque peuple de développer sa culture et sa langue, non pour s’isoler, mais pour échanger à égalité avec les autres pays et les autres cultures du monde entier. C’est aussi le droit pour tous les peuples qui le souhaitent de rompre avec l’« économie de marché ouverte sur le monde » prescrite par les Traités de Maastricht et de Lisbonne, qui interdisent despotiquement de construire une société où les travailleurs, créateurs de toute richesse, seront au centre de la vie politique et économique. Et s’il faut pour cela rompre avec cette prison des peuples qu’est l’U.E., s’il faut pour cela en finir avec l’étouffante « monnaie unique », les peuples n’en mourront pas : c’est au contraire s’ils restent dans ces terribles machines à broyer les peuples, qu’ils « y resteront » et qu’ils « y passeront tous », de la Grèce de Thalès à la France du C.N.R., du Portugal de la Révolution des Œillets à la Pologne de Kosciusko et de Dombrowski en passant par l’Allemagne de Beethoven, de Bertolt Brecht et de Thomas Mann !
Non la devise de l’avenir ne peut pas être : « Euro-esclave, paie ta dette qui n’en augmentera pas moins sans cesse », comme c’est déjà le cas depuis des décennies dans l’hémisphère Sud saigné par les banques du Nord, « et pour cela, accepte la servitude volontaire à perpétuité et trime de plus en plus durement, de plus en plus tardivement, de plus en plus indignement, en recevant toujours moins de salaire, de soins médicaux, d’éducation… et de respect » !
Comme le disait l’appel clandestin publié par Jacques Duclos et par Maurice Thorez en juillet 1940 à l’intention de notre peuple humilié, « jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ! ». Comme le clame encore aujourd’hui le peuple cubain héritier d’Ernesto Guevara face au blocus de l’Empire U.S. : « la patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Et comme le disaient hier nos Sans-Culotte, « liberté, égalité, fraternité ou la mort ! », ce qui revenait à traduire en français la sublime devise des hoplites de Marathon.
A la fois patriotique et internationaliste, la nouvelle bataille contre l’esclavage pour dettes vient de commencer à Athènes. Nous appelons les intellectuel(-le-)s attaché(-e-)s aux Lumières, les militant(-e-)s fidèles aux valeurs progressistes des grandes révolutions du passé, à se solidariser avec le peuple grec en résistance, à réfuter les euro-mensonges des médias, en un mot, à refuser à la fois le « droit » pour les grands Etats prédateurs d’asservir des pays plus faibles et le « devoir » pour les peuples de vivre esclaves au nom du Dieu Euro.
Faisons revivre l’esprit de révolte contre l’indignité de l’esclavage pour dettes, qui permit au peuple athénien d’hier, et qui permettra demain aux peuples grec, français, italien, espagnol, portugais, allemand, etc., de balayer tous les despotismes, fussent-ils cachés derrière les mots usurpés d’« Europe », de « liberté » et de « démocratie » !
samedi 24 septembre 2011
Communiqué du Parti communiste grec (KKE)
[capitation: impôt prélevé sur chaque individu mâle, particulièrement en France de1695 à la Révolution de 1789]
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Les travailleurs d'Athènes ont envoyé ce message le mercredi 21 septembre, tout le monde du travail des quartiers d'Athènes et du Pirée, travailleurs, femmes, indépendants, retraités, chômeurs et étudiants ont envahi la place Syntagma par milliers. Des rassemblements ont été organisés en conséquence dans des dizaines de villes de toute la Grèce. Dans une grande manifestation animée, le peuple a crié haut et fort sa décision claire et inébranlable : « Nous ne leur devons rien – Nous ne paierons pas ! »La manifestation était un message fort de désobéissance face aux injonctions de paiement du fisc envoyées massivement à chaque famille ouvrière et populaire, tandis qu'une nouvelle offensive fiscale a été adoptée hier au Parlement par un gouvernement qui exige de chaque propriétaire, même de la plus petite propriété, de payer une taxe permanente et onéreuse via les factures d'électricité.
Si nous ajoutons à ces lourdes taxes, une nouvelle série de mesures qui prévoient des taxes supplémentaires, une nouvelle diminution dramatique des salaires, une réduction du montant des retraites allant jusqu'à 50% ainsi que le licenciement de 30 000 fonctionnaires avec comme perspective immédiate d'atteindre le chiffre des 200 000 etc. Les familles ouvrières et populaires seront traînées dans la misère et menées à la faillite.
Le PAME, le syndicat de classe, avec une action organisée dans la période est en train de recueillir les injonctions de paiement envoyés aux travailleurs et crie haut et fort qu'ils ne paieront pas en dépit des intimidations du gouvernement, qui joue sur la menace de saisies et d'arrestations, alors que dans le même temps le grand capital se voit accorder des exonérations fiscales choquantes et bénéficie de nouveaux privilèges.
Désormais, la seule voie est le refus organisé et massif de payer, le PAME appelle à de nouvelles actions contre ces lourdes taxes le 28 septembre, après la manifestation de masse du 21 septembre, débouchant sur la grève dans le secteur public et les anciennes entreprises publiques le 5 octobre et une grève nationale le 19 octobre.
Il convient de noter qu'une importante délégation du Comité central du KKE était présente au rassemblement, avec à sa tête la secrétaire-générale du KKE, Aleka Papariga, qui a rendu la déclaration suivante aux médias : « Pas un pas en arrière. L'immense majorité du peuple doit faire ce qu'il pense devoir faire – ne pas payer ces taxes énormes, refuser d'être acculé dos au mur. Nous devons faire de leurs vies un enfer. Cet affrontement commence, il existe déjà et il va continuer dans la période à venir. »
Il convient de noter aussi que lors de la manifestation du PAME, une résolution de solidarité avec le peuple Palestinien a été adoptée avec comme revendication que la Palestine devienne un Etat-membre de l'ONU, reconnu dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.