Article publié dans le Devoir du 6 mars 2015
Washington — Le déclin des syndicats dans les pays riches a alimenté
la flambée des inégalités sociales en restreignant les moyens d’action
des salariés face aux hauts revenus, affirme une étude d’experts du
Fonds monétaire international.
« Le déclin de la syndicalisation semble être un élément-clé de la hausse des plus gros salaires », écrivent deux chercheuses du FMI dans le magazine de l’institution, Finance and Development, du mois de mars.
Selon leur étude qui couvre la période 1980-2010, les syndicats
permettent d’abord de freiner les inégalités en assurant une
distribution des salaires plus équitable et en faisant pression sur les
autorités pour s’engager dans cette voie. Mais surtout, notent les
chercheuses, une faible syndicalisation réduit la capacité de
négociation des salariés sur leur rémunération, au bénéfice des
actionnaires et des plus hauts revenus.
Selon l’OCDE, le taux de syndicalisation dans les principaux pays développés a reculé de 20,8 % en 1999 à 16,9 % en 2013.
« Si la désyndicalisation affaiblit les revenus
pour les salariés du milieu et du bas de l’échelle, cela augmente
nécessairement la part des revenus perçus par l’encadrement des
entreprises et par les actionnaires », écrivent
les deux économistes du Fonds, Florence Jaumotte et Carolina Osorio
Buitron. Selon leur étude — qui ne représente pas la position officielle
du FMI —, des syndicats plus faibles peuvent également réduire
l’influence des salariés sur les décisions liées aux plus hauts revenus
dans les entreprises, telles que l’ampleur et la structure de leur
rémunération.
D’ordinaire très discret sur ces questions, le FMI s’est récemment
penché sur le mouvement de concentration des richesses dans les pays
développés, notamment aux États-Unis.
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