lundi 28 novembre 2011

Non au patriotisme militaire du gouvernement Harper

Communiqué d'Échec à la Guerre


Montréal, mercredi le 23 novembre 2011 – La cérémonie à grand déploiement, avec hélicoptères militaires et avions de chasse, qui aura lieu demain sur la colline parlementaire à Ottawa pour souligner la contribution des soldats canadiens à la mission en Libye, est plus qu’une simple cérémonie. C’est un geste de patriotisme militaire qui s’inscrit dans la politique militariste du gouvernement Harper, selon laquelle l’intervention militaire a prépondérance sur les actions diplomatiques.

L’intervention de l’OTAN en Libye était illégale en vertu des principes fondateurs du droit international. Rappelons que la guerre en Libye a résulté en l’exécution extrajudiciaire d’un chef d’État, en une destruction à grande échelle des infrastructures civiles, à des migrations massives de populations et à plus de 9500 sorties aériennes de bombardement. Malgré l’opacité entourant ces informations, on estime déjà le nombre de morts civiles à des milliers de personnes, possiblement jusqu’à 30 000.

De plus, nous sommes témoins depuis quelque temps déjà de la militarisation de notre société. Que ce soit par la présence de soldats lors d’évènements sportifs et scolaires, lors de fêtes populaires ou de célébrations officielles, par l’organisation de campagnes telle que celle de la « sensibilisation pancanadienne sur l'importance de la guerre » qui sera lancée dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la guerre de 1812, par l’augmentation fulgurante du budget militaire, et par des soirées tel le Gala des Fleurons glorieux, l’armée s'est sournoisement introduite dans le paysage politique québécois et canadien.

En tant que doctrine qui valorise le rôle de l’armée et prône l’extension de celui-ci dans l’organisation politique de l’État, le militarisme n’a jamais fait bon ménage avec la démocratie. Pour le Collectif Échec à la guerre, il est grand temps d’exiger que nos dirigeants cessent de dilapider les fonds publics dans les guerres, dans l’achat d’armes et dans la promotion de l'armée, et les investissent plutôt dans l’amélioration du bien-être des populations.

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Domenico Losurdo : Les disciples de Goebbels à l’œuvre contre la Syrie.

Quelle est la nature du conflit qui investit la Syrie depuis quelques mois ? Je voudrais avec cet article inviter tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix et de la démocratie dans les rapports internationaux à se poser quelques questions élémentaires, auxquelles, de mon côté, j’essaierai de répondre en laissant la parole à des organes de presse et journalistes qu’on ne peut suspecter de complicité avec les dirigeants de Damas.

1. Il convient en premier lieu de se demander quelle était la condition du pays moyen-oriental avant l’arrivée au pouvoir, en 1970, des Assad (père puis fils) et du régime actuel. Eh bien avant cette date, « la république syrienne était un Etat faible et instable, une arène pour les rivalités régionales et internationales » ; les événements des derniers mois signifient le retour à la « situation précédant 1970 ». En ces termes s’exprime Itamar Rabinovitch, ancien ambassadeur d’Israël à Washington, dans The International Herald Tribune du 19-20 novembre 2011. Nous pouvons tirer une première conclusion : la révolte appuyée en premier lieu par les USA et l’Union européenne risque de ramener la Syrie dans une condition semi-coloniale.

2. Les condamnations et les sanctions de l’Occident et son aspiration au changement de régime en Syrie sont-elles inspirées par l’indignation pour la « brutale répression » de manifestations pacifiques dont le pouvoir se serait rendu responsable? En réalité, en 2005 déjà, « George W. Bush désirait renverser Bachar al Assad, alors premier ministre »[1]. C’est ce que rapporte encore l’ex-ambassadeur israélien à Washington, lequel ajoute que la politique de regime change en Syrie est maintenant celle que poursuit aussi le gouvernement de Tel Aviv : il convient d’en finir avec un groupe dirigeant qui appuie depuis Damas « le Hezbollah au Liban et le Hamas en Syrie » et qui a des liens étroits avec Téhéran. Oui, « profondément préoccupé par la menace iranienne, Israël pense qu’enlever la brique syrienne du mur iranien pourrait déboucher sur une nouvelle phase de la politique régionale. Il est clair que soit le Hezbollah soit le Hamas avancent à présent avec davantage de prudence ». Donc, la cible de la révolte et des manœuvres qui lui sont connexes n’est pas seulement la Syrie, mais aussi la Palestine, le Liban et l’Iran : il s’agit d’asséner un coup décisif à la cause du peuple palestinien et de consolider la domination néo-coloniale d’Israël et de l’Occident dans une aire d’importance géopolitique et géo-économique décisive.

3. Comment poursuivre cet objectif ? Guido Olimpio nous l’explique dans le Corriere della Sera du 29 octobre : à Antakya (Antioche), dans une région turque frontalière de la Syrie, est déjà à l’œuvre « l’Armée syrienne libre, une organisation qui mène la lutte armée contre le régime d’Assad ». C’est une armée qui a l’usufruit des armes et de l’assistance militaire de la Turquie. De plus -ajoute Olimpio- (dans le Corriere della Sera du 13 novembre) Ankara « a exercé des menaces contre la création d’une zone tampon de trente kilomètres en terre syrienne ». Donc, le gouvernement de Damas non seulement doit faire face à une révolte armée, mais une révolte armée appuyée par un pays qui dispose d’un dispositif militaire de première importance, qui est membre de l'OTAN et qui menace d’envahir la Syrie. Quelles qu’aient été les erreurs et les fautes de ses dirigeants, ce petit pays est à présent l’objet d’une agression militaire. Depuis des années en forte croissance économique, la Turquie depuis quelques temps montrait des signes d’impatience à l’égard de la domination exercée au Moyen-Orient par Israël et les USA. Obama répond à cette impatience en poussant les dirigeants d’Ankara à un sous-impérialisme néo-ottoman, contrôlé évidemment par Washington.

4. Comme il résulte des analyses et témoignages que j’ai rapportés, la Syrie est contrainte à lutter dans des conditions assez difficiles pour garder son indépendance, elle doit dores et déjà affronter une formidable puissance économique, politique et militaire. De plus, l’OTAN menace, directement ou indirectement, les dirigeants de Damas de leur infliger le lynchage et l’assassinat qui ont scellé la mort de Kadhafi. L’infamie de l’agression devrait être claire pour tous ceux qui sont disposés à accomplir un ne serait-ce que modeste effort intellectuel. Si ce n’est que, se prévalant de sa terrible puissance de feu multimédiatique et des nouvelles technologies de manipulations rendues possibles par Internet, l’Occident présente la crise syrienne en cours comme l’exercice d’une violence brutale et gratuite contre les manifestants pacifiques et non-violents. Il ne fait aucun doute que Goebbels, le maléfique et brillant ministre du Troisième Reich, a fait école ; il convient même de reconnaître que ses disciples à Washington et Bruxelles ont même à présent dépassé leur maître jamais oublié.

Publié lundi 21 novembre 2011 sur le blog de l’auteur


http://domenicolosurdo.blogspot.com/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

samedi 26 novembre 2011

Les personnes assistées sociales se souviennent

Lettre parue dans LaPresse.ca
Lettre à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie...

Lettre à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet

Le 18 novembre 2009, plus de 5000 signatures ont été déposées au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale de l'époque demandant l'abolition des divisions entre les aptes et les inaptes à l'aide sociale. Plus de 5000 personnes du Québec réclamant un seul et même revenu pour toutes et tous, équivalent à la prestation actuelle des personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi, soit 873 $. Plusieurs milliers de personnes qui demandaient au gouvernement du Québec d'être cohérent avec son analyse des besoins de base couverts par cette prestation de 873 $ et de l'offrir à l'ensemble des prestataires de l'aide sociale qui méritent toutes et tous le droit à une prestation couvrant un minimum de besoins vitaux, ce qui n'est pas le cas avec une prestation de 574 $.

En juin dernier, votre verdict tombe: non, cette mesure coûterait trop cher à l'État. Vous décidiez à ce moment-là d'abandonner les personnes les plus pauvres de notre société au détriment de calculs économiques. Or, le Conseil national du bien-être social, le 28 septembre dernier, vient contredire votre avis: combattre la pauvreté n'est pas une dépense, mais un «investissement» comme société. Son rapport, «Le sens des sous pour résoudre la pauvreté», nous donne nombre d'exemples d'avantages à mettre en place et leurs conséquences positives sur l'économie. Des gens qui parlent le même langage économique que votre ministère en arrivent à d'autres conclusions: éradiquer la pauvreté, à long terme, coûterait beaucoup moins cher à l'État.
Deux ans après le dépôt de cette pétition et suite à ce rapport en septembre dernier, vos arguments économiques ne tiennent plus la route. Les personnes assistées sociales se souviennent du 18 novembre 2009 et ne l'oublieront pas de sitôt.

Marie-Ève Duchesne
Porte-parole pour le Front commun des personnes assistées sociales du Québec

Invitation à Une Action de grâce anticoloniale

Une Action de grâce anticoloniale
une célébration de nos cultures de résistance au colonialisme
Festin, Film et Conférence

Mardi le 30 novembre, 17h30 à 20h30
Centre d'amitié autochtone de Montréal
2001, boulevard Saint-Laurent (métro St-Laurent)
Gratuit! Bienvenue à tous!

Garderie gratuite sur place: amenez vos enfants!
Traduction/Translation/Traduccion: français, English et español
Accessible aux fauteuils roulants

Horaire:

17h30: Repas gratuit: grâce à People's Potato et Midnight Kitchen, avec des plats végétariens et des plats avec viandes

18h: Présentation par CLIFTON NICHOLAS, membre de la communauté mohawk de Kanehsatake, sur les usages et les abus de l'imagerie autochtones

19h: Film: REEL INJUN (version originale anglaise)

À propos du film: Hollywood a fait plus de 4000 films sur les autochtones; plus de 100 ans de cinéma qui définit comment les autochtones sont considérés par le monde. Reel Injun porte un regard divertissant et perspicace sur les autochtones d'Hollywood, en explorant la représentation des Autochtones en Amérique du Nord à travers l'histoire du cinéma.

Présenté par le Frigo Vert avec l'appui de QPIRG Concordia, QPIRG McGill, People’s Potato, Midnight Kitchen, Solidarité Autochtone Montréal et the First Peoples' House at McGill


INFO:

514-848-7586 - info@qpirgconcordia.org

www.qpirgconcordia.org - www.lefrigovert.com

Éviction de l'occupation de la place des Peuples ce soir : le campement est parti, pas l'indignation!



Suite à l’éviction de l’Occupation de la Place des Peuples (ancien Square Victoria), un appel est lancé à la population l’invitant à assister massivement à une JOURNÉE de SOUTIEN, ce samedi 26 novembre à partir de midi. La Place accueillera donc à partir de midi une grande Assemblée Générale à travers laquelle les citoyens expérimenteront activement la démocratie directe que l’Occupation a mis en application depuis le 15 octobre dernier.

De grands artistes québécois apportent leur soutien au mouvement mondial d’Indignation. Bran Van 3000 et les Zapartistes comptent parmi les artistes qui ont confirmé une prestation pour samedi après-midi.
Le campement est évincé, mais pas nos esprits! Nous comptons plus que jamais sur votre participation à cet évènement.

Ensemble, nous allons réussir à changer durablement la société !

Invitation à la conférence : ALBA -TCP Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique

vendredi 25 novembre 2011

Sur le front du logement en Italie : Nous ne pouvons pas rester sans-toit

Source : Blog du collectif Emma Goldman

Traduit du site libcom : À la suite de leur éviction, six familles ont occupé des bâtiments vides de la ville de Parme, en Italie, et ont refusé de quitter les lieux. Ce qui suit est une traduction d’une déclaration du Réseau de droit au logement de Parme.

La crise frappe fort et indistinctement. Il ne suffit que d’une mauvaise chance et soudainement vous ne pouvez plus trouver les garantis sociales et de bien-être minimales qui vous permettent d’avoir une vie pacifique.

Les immigrant-e-s, qui sont devenu-e-s le maillon le plus faible de la chaîne en raison de la discrimination à tous les niveaux dont ils et elles sont la cible, et les jeunes aperçoivent de plus en plus qu’elles et ils se voient refuser tout espoir de futur. Mais la crise commence aussi à toucher fortement de nombreuses familles et personnes italiennes, même les gens de Parme, les parmesan-ne-s.

Les évictions sont l’un des indicateurs les plus clairs que la crise est profonde : les évictions sont principalement pour des retards de paiement de loyer de ceux et celles qui n’arrivent plus à payer parce que les revenus sont insuffisants et le coût des loyers est exorbitant, grâce à la confiance qu’ont accordé nos dirigeant-e-s au marché.

Aujourd’hui [Ndt. 19 novembre 2011], six familles avec de très jeunes enfants ont été forcées de reprendre par elles-mêmes ce que le marché leur refuse : l’accès à un logement qui correspond à leur revenu. Celles-ci sont des familles qui ont été évictées en raison de difficultés économiques qui ont surgi à cause de perte d’emploi ou de salaire ne permettant pas de supporter un loyer astronomique.

Après leur éviction, leur fut offerte la possibilité de diviser leur famille, avec de l’assistance offerte aux mères et aux jeunes enfants. Maintenant, les familles ont occupé des bâtiments qui ont été laissés vides pendant des années pour le bénéfice des spéculateurs.

Elles ont fait cela pour vivre; parce qu’après l’éviction, elles furent forcées de trouver refuge soit dans leur auto, soit dans des cabanes, soit comme invitées temporaires chez des ami-e-s ou soit à des hôtels à leur frais (2500€ par mois).

L’incapacité à répondre aux besoins naturels et sociaux humains forcera de plus en plus de gens à suivre leurs instincts naturels, à prendre ce à quoi ils ont droit. Nous serons à leur côté.

Parme est une ville considérée par erreur comme un modèle exemplaire de bien-être : en ce qui a trait aux politiques de logement, des annonces d’agissements ont été faites l’une après l’autre et ont été vantées comme résolvant l’urgence (Parmabitare, Casadesso, Maison Sociale, etc.).

Rien n’est plus loin de la vérité. Des mesures d’urgence – comme le blocage des évictions, la réquisition de propriétés vacantes et une taxe sérieuse sur les grandes propriétés – devraient être prises suite aux 500 évictions en 2011, dont la presque totalité étaient pour des retards de paiement, ainsi que suite aux dépossessions par les compagnies immobilières de ceux et celles qui ne pouvaient pas payer leur prêt hypothécaire.

Rien de cela. En fait, seule une mobilisation massive, radicale et continue sera susceptible de changer drastiquement la situation et récupérer le droit au logement actuellement refusé à trop de gens.

Communiqué : Présentation du documentaire CHE, UN HOMME NOUVEAU de Tristan Bauer - 25 novembre

Pour diffusion immédiate:

CHE, UN HOMME NOUVEAU de Tristan Bauer
2010 / Couleur / 124 min, ARGENTINE - CUBA – ESPAGNE
Espagnol, sous-titres anglais

MONTRÉAL, LE 18 NOVEMBRE 2011. Dans le cadre de nos projections pendant l’année, avec l’appui du Consulat de l’Argentine à Montréal, Librairie Las Américas et le Comité UQÀM Amérique-latine (CUAL), LatiNordicos présente le documentaire CHE UN HOMME NOUVEAU
(Che un hombre nuevo) du réalisateur argentin Tristan Bauer. Ce documentaire a gagné le prix du meilleur documentaire au Festival des films du monde 2010 à Montréal.

La date de la projection est le VENDREDI 25 SEPTEMBRE 2011 À 19 H, AU 200 RUE SHERBROOKE OUEST, À L’AMPHITHÉÂTRE SH-2800 DU CŒUR DES SCIENCES DE L’UQÀM (Métro Place-des-Arts). Le coût du billet sera de 8.00 $, contribution pour couvrir les frais de la salle et de la projection.

CHE, UN HOMME NOUVEAU
Tué à l'âge de 39 ans, Ernesto Guevara, surnommé "el Che" demeure encore aujourd'hui l'une des plus importantes personnalités de la scène politique. Son image de marque, son testament idéologique et ses pensées continuent d'avoir une forte influence. Par le biais de documents d'archives intimes et militaires, la plupart inédits, et selon une approche subjective, ce documentaire se penche sur la vie et l'œuvre du grand militant controversé.

Tristán Bauer
Né à Mar del Plata (Argentine) en 1959, Trista Bauer est diplômé de l'Institut national du cinéma. Il travaille comme directeur photo et caméraman pour de nombreux réalisateurs, dont Miguel Littin. Il fonde Cine Testimonio, un organisme regroupant des documentaristes. Il a réalisé de nombreux documentaires, ainsi que des longs métrages et des téléséries. On soulignera, entre autres: AFTER THE STORM (1991), Cortazar (1994) et ILUMINADOS POR EL FUEGO (2005)

Déclaration conjointe des 17 militant-e-s accusé-e-s de complot au G20

Le 22 novembre 2011 - Alors qu’aux quatre coins de l'Île-Tortue nos communautés se tournent vers le courant planétaire d'opposition aux diktats d'austérité, le souvenir des manifestations anti-G20 de juin 2010 à Toronto nous sert autant d’inspiration que de mise en garde.

Nous sommes dix-sept. Dix-sept personnes accusées par l'État canadien d'avoir «conspiré» pour perturber le sommet des «leaders» du G20. Les procureurs de la couronne nous ont attribué l'étrange étiquette de «Principal groupe de comploteurs du G20», ou "G20 Main Conspiracy Group".

Ces accusations de complot ne sont rien d'autre qu'une sinistre farce. Nous n'avons jamais tous et toutes participé à un seul et même groupe, nous n'avons jamais organisé tous et toutes ensemble et, en réalité, nous sommes tous et toutes issuEs d'horizons politiques variés. En fait, certainEs d’entre nous se sont rencontréEs pour la première fois entre les murs de la prison ! Ce que nous partageons par contre, et ce, avec un nombre incalculable de camarades, c'est une passion pour la création de communautés de résistance.

Séparément ou ensemble, nous œuvrons au sein de mouvements opposés au colonialisme, au capitalisme, aux frontières, au patriarcat, à la suprématie blanche, à la discrimination fondée sur les capacités, à l'hétéronormativité et à la destruction de l'environnement et des milieux de vie. Nos mouvements militent en faveur du changement radical et représentent d'authentiques alternatives aux structures de pouvoir actuelles. C'est principalement pour cette raison que nous avons été cibléEs.

Ces accusations, aussi ridicules soient-elles, ont occupé le plus clair de notre temps au cours des dix-huit derniers mois. Malgré cela, il nous aura fallu tous ce temps pour enfin nous exprimer d’une seule et même voix. Ce silence est en partie attribuable aux conditions sévères qui pesaient sur nous, y compris la non association avec nos co-accuséEs et plusieurs de nos alliéEs les plus proches. De plus, ceux et celles d'entre nous qui se sont expriméEs publiquement ont fait l'objet de campagnes d'intimidation de la part de la police et des procureurs. Nous écrivons aujourd'hui parce que nous avons négocié une entente visant à mettre un terme aux poursuites entamées contre nous et hâter la conclusion de cette ridicule comédie.

La stratégie de l'État à l’égard du G20 a été de jeter des filets aussi larges que possible sur tous ceux et toutes celles qui s'étaient mobiliséEs contre le sommet (plus de 1 000 manifestants et manifestantes détenuEs et plus de 300 accuséEs) pour ensuite déterminer celles et ceux qui faisaient, aux yeux de la couronne, figure de leaders. Être accuséE de complot est un cauchemar bureaucratique surréaliste que bien peu de militants et militantes ont eu l’infortune de connaître au Canada jusqu’à présent. Malheureusement, ce cauchemar tend à se répéter. Il nous est impossible d'affirmer avec certitude si ce que nous avons fait constitue ou non un complot ou une «conspiration». Mais en fin de compte, il importe peu que nos actions répondent ou non aux définitions oppressives et hypocrites de la loi. Car il nous semble évident que ces poursuites sont, avant tout, de nature politique. Le gouvernement a sciemment choisi de dépenser des centaines de millions de dollars pour surveiller et infiltrer les milieux anarchistes, les réseaux de solidarité avec les autochtones et les mouvements de justice pour les migrants et migrantes. Après l'aveu d'un investissement aussi démesuré, quelle justice pouvons-nous encore espérer?

Malgré tout, nous n'étions pas complètement impuissantEs dans ce processus. Le peu de prise que nous avons eu sur les négociations est dû à notre rigoureux processus de prise de décision collective. Particulièrement au cours des derniers mois, au fur et à mesure que l'enquête préliminaire laissait place aux transactions visant à en finir au plus vite, cette recherche de consensus est restée pour nous une constante priorité. Cette conversation a été une expérience tour à tour déchirante, épuisante, décevante et inspirante. Mais au final, nous en sommes sortiEs uniEs.

Des dix-sept, six plaideront coupable et les onze autres verront leurs accusations retirées. Alex Hundert et Mandy Hiscocks plaident chacunE coupable à deux accusations d'avoir «conseillé la commission d'une infraction», et Leah Henderson, Peter Hopperton, Erik Lankin et Adam Lewis plaideront chacunE coupable à un chef d’accusation similaire. Nous nous attendons à des peines d'emprisonnement variant entre six et 24 mois, et on nous créditera le temps déjà passé en détention ou en assignation à domicile.

Trois accuséEs impliquéEs dans la même affaire ont déjà vu leurs accusations tomber et un quatrième avait déjà négocié sa sortie sans peine d'emprisonnement supplémentaire. Cela signifie que des 21 personnes initialement comprises dans le «Principal groupe de comploteurs du G20», seulement sept ont été condamnées et aucune n'a été trouvée coupable de complot. Cette proportion de retraits est saisissante et démontre clairement l'absurdité des accusations!

L'ordre dominant opprime de nombreux segments de la population, et en particulier les communautés racisées, défavorisées ou autochtones ainsi que les personnes au statut d'immigration précaire et celles et ceux qui vivent avec des problèmes de dépendance ou de santé mentale. La violence que nous avons subie, y compris les rafles de police au petit matin, les fouilles à nuE, la surveillance et l'incarcération avant procès, s’abat quotidiennement sur ces personnes et ces communautés. Nous avons eu la chance et le privilège d'être soutenuEs tout au long de notre traversée du système judiciaire. Cela inclut l'accès à des garantEs de caution jugéEs «acceptables» et à des moyens financiers pour assurer notre survie quotidienne et notre défense juridique. Même s'il est remarquable que, dans ce cas-ci, l'État ait eu recours à des accusations de complot contre un aussi grand nombre de militants et militantes, il convient de noter également que ces tactiques répressives sont employées quotidiennement contre d'autres communautés persécutées.

Au tribunal, aucune victoire n’est vraiment possible. Le système judiciaire est et a toujours été un instrument politique employé contre les groupes considérés indésirables ou réfractaires à l'État. Ce système existe pour protéger la structure sociale coloniale et capitaliste du Canada. C’est une machine infernale et ruineuse qui brise les accuséEs et les pousse à adopter des solutions égoïstes. Ce système est conçu pour détruire des communautés et transformer des camarades en adversaires.

Dans ce contexte où toute victoire paraît impossible, nous avons déterminé ensemble que la meilleure voie à suivre serait de cerner clairement nos besoins et objectifs et d'explorer nos options en conséquence. La gravité des impacts auxquels nous étions confrontéEs variait d'une personne à l'autre. La première condition sur laquelle nous nous sommes entenduEs à été d'éviter toute déportation. Parmi les autres objectifs que nous poursuivions, nous avons également réussi à minimiser le nombre des condamnations, à respecter le plus possible les besoins individuels de chacunE et à tenir compte de l'impact qu'auraient nos décisions sur les mouvements auxquels nous appartenons. Même si nous renonçons à d’importantes batailles politiques en mettant ainsi fin au procès, cette entente répond à certains des objectifs que nous n'étions pas disposéEs à sacrifier.

Au cours de nos discussions, nous avons toujours pris en considération les conséquences politiques de nos choix. Un des résultats notables est le fait qu'aucune condamnation pour complot ne découle de cette poursuite. Nous évitons ainsi la création d'un précédent juridique qui aurait contribué à criminaliser des tâches aussi importantes que routinières, comme la rédaction de tracts ou l'animation d'assemblées. Cette entente permet également de libérer d’importantes ressources qui ont été trop longtemps accaparées par le processus de défense.

Nous sortons de ce processus uniEs et solidaires.

À celles et ceux qui nous ont accuelliEs dans leurs foyers lorsque nous étions assignéEs à résidence, aux autres qui ont amassé de l’argent pour nos dépenses quotidiennes et nos frais juridiques, à celles et ceux qui ont cuisiné pour nous, nous ont écrit, nous ont offert des lifts et nous ont soutenuEs politiquement et émotionnellement, merci.

À ceux et celles qui sont en prison ou toujours accuséEs suites aux actions anti-G20, aux prisonniers et prisonnières politiques, aux rebelles en lutte, nous sommes toujours avec vous.

Aux communautés et aux quartiers en résistance, du Caire à Londres, de la Grèce au Chili, depuis l'Île-Tortue occupée, et jusqu'à ce que la victoire soit nôtre, on se reverra dans la rue.

(photos prise lors du G20. Elle ne montre pas les signataires de cette lettre)

jeudi 24 novembre 2011

Action À nous McGill!

**Diffuser largement**

À nous McGill! Rassemblement à l'extérieur d'une allocution de Heather
Munroe-Blum, la principale de l'Université McGill.
Quand: vendredi 25 novembre, 11h
Où: Centre Sheraton, 1201 René-Lévesque Ouest

Ce vendredi, Heather Munroe-Blum, la principale de l'Université McGill
et une des personnalités publiques ayant le plus fait pour miner l'accès
à l'éducation au Québec, s'adressera à l'élite lors d'un évènement
organisé par la Chambre de Commerce de Montréal. Elle discutera "de
l’héritage de James McGill [propriétaire d'esclaves, baron de la
traite de fourrures, et fondateur de l'Université McGill] et de son
impact continu sur le Québec".

Un rassemblement aura lieu dès 11h devant le Sheraton. Le syndicat des
employés de soutien de l'Université McGill, en grève depuis le 1er
septembre, y sera ainsi que plusieurs étudiants et professeurs.
Bienvenue à toutes et tous!

Plus d'infos sur l'évènement:
http://www.ccmm.qc.ca/fr/calendrier-midisChauds_Heather_MunroeBlum

Nous aussi on peut te blouqer l'accès!

Mur fait durant la nuit devant le bureau de la ministre Courchesne.

La pauvreté infantile toujours bien présente au Canada

Radio-Canada

Le Canada, qui avait promis en 1989 d'éradiquer la pauvreté chez les enfants avant l'an 2000, a lamentablement échoué, déplore l'organisme Campagne 2000.

pauvreté

Dans son rapport 2011, « Réexaminer la sécurité des familles en période d'insécurité », Campagne 2000 démontre que le taux de pauvreté des enfants a baissé de seulement 20 % en 20 ans, et que 639 000 enfants vivaient toujours en situation de pauvreté au Canada en 2009.

Le document souligne d'abord que la taille de l'économie canadienne a plus que doublé en 20 ans, mais que le revenu des familles à faible revenu a pratiquement stagné au cours de la même période.

En fait, le fossé entre les riches et les pauvres continue à se creuser. En 2009, les 20 % de Canadiens les plus riches ont gagné en moyenne 117 500 $ de plus que les 20 % des Canadiens les plus pauvres. Le rapport indique de plus que même les familles à revenu moyen ont maintenant du mal à joindre les deux bouts, et que les jeunes sont particulièrement touchés par le phénomène.

En 2010, un travailleur sur quatre au Canada occupait un emploi peu rémunéré, soit moins de 13,32 $ l'heure. Le salaire canadien moyen était quant à lui de 20 $ l'heure.

Par ailleurs, dans toutes les provinces à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador, l'aide sociale que reçoit un parent seul avec un enfant est inférieure au seuil de pauvreté, l'écart entre ce seuil et le revenu des ménages pouvant aller jusqu'à 5000 $.

Encore aujourd'hui, bien qu'il y ait eu du progrès, les familles monoparentales menées par une femme sont plus vulnérables à la pauvreté. Plus de la moitié des mères seules avec des enfants de moins de six ans sont en situation de pauvreté. Toutefois, 63 % des enfants défavorisés vivent dans une famille biparentale.

Le rapport tient à mentionner que tous ces chiffres ne reflètent pas la situation « désolante » des communautés autochtones, où les jeunes constituent une proportion élevée de la population et où un enfant sur quatre grandit dans la pauvreté.

Problèmes structurels et suggestions

Campagne 2000 dénombre plusieurs problèmes structurels qui empêchent les Canadiens d'accéder à un meilleur niveau de vie. D'abord le taux de chômage, qui était de 7,3 % en juillet 2011, touchant près de 1,4 million de personnes. Puis l'endettement des ménages canadiens, qui atteint un niveau jamais égalé de 5 milliards de dollars.

L'organisme fait également remarquer que le Canada est toujours le seul pays industrialisé à ne pas avoir de stratégie nationale en matière de logement abordable, et qu'un ménage sur quatre affecte plus de 30 % de son revenu au logement.

Campagne 2000 recommande au gouvernement fédéral d'améliorer l'accessibilité aux services de garde, d'augmenter le salaire minimum et de collaborer avec les provinces au financement adéquat de l'éducation postsecondaire.

Le rapport tient aussi à faire remarquer que sept provinces sur dix se sont dotées ou auront bientôt une stratégie de réduction de la pauvreté. Seules la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan ne se sont toujours pas engagées sur cette voie.

Action étudiante en Belgique

Action de 450 étudiants de l’ULB : Avec leur crise, notre avenir s’envole

450 étudiant se sont rassemblés à l’ULB ce mercredi à 13 heures pour une flash mob contre l’austérité. Ils ont lâché des ballons et réalisé une fresque humaine en forme de 99 %, symbole pour la partie de la population qui n’a pas causé la crise.

Lizz Printz

L’action consistait en un lâcher de ballon – passé en direct au Journal télévisé de 13 heures sur le RTBF – ainsi qu’en une fresque humaine géante représentant un 99 %, en référence au mouvement Occupy Wall Street aux Etats-Unis et qui revendique que ce ne sont pas les 99 % de la population qui ont causé, la crise, et que ça n’est donc pas à la population de la payer.

Ils dénoncent que c’est la population, et notamment les jeunes qui sont visés par les mesures d’austérité annoncées dans toute l’Europe et également en Belgique. Ils affirment que parmi les 11,3 milliards que le futur gouvernement belge tente péniblement de récolter, « ce sont des coupes dans les budgets sociaux et des services publics qui sont à l’ordre du jour. L’enseignement, les transports publics ou les soins de santé, par exemple, sont des biens publics dans lesquels il faut investir pour notre avenir à tous. »

Les organisateurs concluent que « L’austérité n’est pas inévitable : c’est un choix politique. Nous refusons l’idée qu’il n’y a pas d’alternative. »

C’est à l’initiative de quatre cercles politiques que l’action a eu lieu : le Bureau des étudiants administrateurs (délégation étudiante), Comac (mouvement de jeunes du PTB), le cercle des étudiants arabo-européen (CEAE) et le cercle international des étudiants étrangers (CIEE)

mercredi 23 novembre 2011

Témoignage d'un étudiant brutalisé à l'Université Davis en Californie

Voici un message en provenance de l'Université californienne Davis, d'un étudiant qui a survécu à la brutalité policière survenue pour réprimer une manifestation étudiantes non-violente pour le droit à l'éducation accessible dans le contexte des occupation aux USA

Ce qui ce passe à l'Université de la Californie et ici au Québec n'est pas si différent - dans la RCH, il y aura une augmentation de 81% sur 4 ans des frais de scolarité, et ici au Québec c'est de 75% sur cinq ans - et dans une grande mesure, la violence policière est aussi comparable.

«Je suis en solidarité avec l'ensemble des mouvements d'occupation sur les campus universitaires à travers le monde. Je pense que ce que vous faites à l'Université McGill est inspirante, et Davis est avec vous dans cette lutte pour l'éducation publique accessible pour ceux et celles qui rêvent d'avoir une éducation postsecondaire dans l'avenir. Nous devons préserver nos droits à la liberté d'expression et à l'éducation publique. Nous sommes ensemble dans cette lutte, et nous allons continuer nos actions non-violentes pour protéger ces institutions. Flics hors de nos campus »-. D. Friedman

Pour lire tout le témoignage de l'étudiant, rendez-vous sur le site de Free Education Montreal .
L'article est cependant en Anglais.

Violence policière face aux indigné-e-s pacifiques.

Ces vidéos qui montre bien la violence policière envers le mouvement Occupy. De part ses revendications, le mouvement occupy dérange le pouvoir. L'organisation du peuple dérange toujours le pouvoir. Nous en avons la preuve avec leur réaction.

La première vidéo est passé dans les média de masse et les média sociaux. Les indigné-e-s refuse simplement de bouger et la police les «pepper sprayed».



La Deuxième vidéo est celle d'une femme enceinte filmée à la suite de la violence policière. Elle perdra son bébé quelques jours plus tard.



La troisième vidéo est celle de Miles Howe, d'Halifax, qui décrit son arrestation.



Cette autre vidéo est d'Occupy wall Street et montre l'agressivité de la police lors d'une manifestation des indigné-e-s.

La CLAC condamne le cirque judiciaire et la criminalisation de la dissidence

G20 Toronto : Le dernier organisateur de la CLAC encore accusé de complot voit ses accusations retirées !


Montréal, le 23 novembre 2012 -- Hier, dans une salle bondée de la Cour provinciale de l’Ontario, le procureur de la Couronne chargé de la poursuite contre le présumé « principal groupe de conspirateurs du G20 » de Toronto a retiré toutes les accusations de complot encore retenues contre 17 organisateurs et organisatrices du sud de l’Ontario et du Québec.
Parmi ceux-ci, un militant de la Convergence des luttes anticapitalistes de Montréal (CLAC), Patrick Cadorette, a vu toutes les accusations portées contre lui retirées par la Couronne après un peu moins de 18 mois passés sous le coup de sévères conditions de libération, dont 11 mois d’assignation à domicile.

Ce développement survient dans le cadre d'une entente relative à un plaidoyer de culpabilité entre la Couronne et la défense. Parmi les 17 personnes accusées de complot, six plaident coupable d’avoir « conseillé » la commission d’une infraction, alors que les 11 autres voient l’ensemble des accusations portées contre elles retirées.

« Le public a beaucoup entendu parler de la brutalité policière et du grand nombre d'arrestations au Sommet du G20 », avance Patrick Cadorette, « mais la répression va beaucoup plus loin que les images de policiers enragés tapant sur des manifestants. On constate la mise en place d'une stratégie complexe visant à criminaliser la dissidence politique et l'organisation anticapitaliste. Ça commence avec l'infiltration policière et la surveillance des mouvements, puis l'intimidation et le harcèlement des militants et militantes, jusqu'aux centaines de fouilles illégales et les détentions arbitriaires au sommet même. Mais le système judiciaire et pénal joue également un rôle déterminant dans la stratégie de criminalisation. Les conditions de libération draconiennes, comme la non-association rigide avec certains groupes militants, l'assignation à domicile prolongée et l'interdiction complète de participer à des manifestations publiques, tout ça vise directement à affaiblir les mouvements qui luttent pour la justice sociale et environnementale et à effrayer les personnes qui s'identifient à ces mouvements et seraient tentées de s'y joindre. Ajouter à ça le recours à des accusations criminelles graves contre les organisateurs, des montants de caution exorbitants, la diffamation publique, des audiences de remise en liberté marquée par l'hystérie collective, et vous avez tous les éléments d'un plan perfectionné pour diaboliser et criminaliser l'engagement militant. »

Le Sommet du G20, qui s’est tenu à Toronto les 26 et 27 juin 2010, a été le théâtre d’arrestations massives sans précédent au Canada, avec 1105 arrestations, plus de 300 accusations et un nombre incalculable d’incidents de brutalité policière et de violations arbitraires des droits fondamentaux. Des 330 personnes accusées, pas moins de 198 ont vu leurs accusations suspendues, retirées ou rejetées.

Selon la Ligue des droits et libertés, « [l]a preuve que ces arrestations étaient purement préventives, arbitraires et illégales est que, sur les 1105 personnes arrêtées, 800 ont été relâchées sans aucune accusation, que les accusations ont été retirées dans quelque 150 dossiers […] et que des arrêts de procédure ont été ordonnés dans plusieurs cas. […] En réalité, entre 3,6 % et 9 % des personnes arrêtées à Toronto les 26 et 27 juin 2010 ont fait l’objet d’accusations, ce qui indique clairement que les arrestations n’étaient pas justifiées par la commission d’une infraction, mais visaient plutôt l’objectif d’empêcher ces gens de participer aux manifestations futures. »

Le nombre inouï d'accusations de complot déposées contre les militants et militantes est aussi alarmant. Selon Blandine Juchs, du comité de soutien juridique de la CLAC, « Le recours aux accusations de complot est stratégique. La couronne dépose initialement des accusations grossièrement exagérées pour se donner une marge de manoeuvre et soutirer par la suite des plaidoyers de culpabilité pour des infractions considérées moins graves. Mais l'accusation d'avoir "conseillé" une infraction participe elle aussi à la criminalisation ; on criminalise la simple expression d'opinions politiques dans le cadre de mobilisations populaires ! »

Environ 20 000 policiers ont été déployés à Toronto lors du Sommet du G20. Sur un budget total de 930 millions, 790 millions (85 % des dépenses) ont été réservés à la sécurité, la part du lion revenant à la GRC, selon le Rapport du Comité permanent de la sécurité publique sur les sommets du G20 et du G8 . En dépit des condamnations publiques qui se sont multipliées depuis un an et demi (notamment de la part de l'Ombudsman de l'Ontario ), toutes les polices impliquées s'en sont tirées dans l'impunité la plus complète et les responsables politiques du fiasco sécuritaire sont toujours restés dans l'ombre.

« C'est une vraie mascarade », conclut Cadorette, « une grosse farce qui coûte très cher ! Et pourquoi? Qui peut dire aujourd'hui à quoi aura servi le sommet de Toronto ? Pour nous, une chose est claire, les sommets du G20, l'institution elle-même et ses soi-disant leaders sont complètement illégitimes. Au moment où les révoltes se multiplient un peu partout sur la planète contre la tyranie du marché, les diktats d'austérité, les inégalités économiques et la destruction de l'environnement, les riches et leurs larbins dans les gouvernements savent très bien que leur temps est compté. Ils chient dans leurs culottes. Et c'est pour ça qu'ils dépensent des centaines de millions de dollars pour dresser des barrières et placer des milliers de flics armés entre eux et la colère du peuple. En fin de compte, l'histoire va se souvenir de nous comme de celles et ceux qui ont essayé d'arrêter le seul vrai complot criminel qu'il y a eu à Toronto en juin 2010 : celui de la gang d'hostie de crosseurs du G20. »

Consultez la déclaration commune des « 17 » ici : http://conspiretoresist.wordpress.com/

lundi 21 novembre 2011

Appel pour se solidariser de la lutte grecque contre les mesures d'austérité.

Publié dans Solidaire, France, 7 novembre 2011

Solidarité avec le peuple grec en résistance, ou :

PROGRESSISTES, REFUSONS LE NOUVEL EURO-ESCLAVAGE POUR DETTES !


Pour voir le message original et la liste des signataires, cliquez ici.


Il y a 2500 ans, les armées grecques emmenées par les hoplites de la toute jeune démocratie athénienne arrêtaient l’Empire perse en pleine expansion : c’était la bataille de Marathon (-490), bientôt suivie des victoires de Platée et de Salamine. Les citoyens grecs triomphaient alors du despotisme oriental en se rangeant derrière la fière devise : « mieux vaut mourir libres que vivre esclaves ! ».


Dans le même temps, une immense révolution plébéienne secouait l’Attique, donnant naissance à la première grande démocratie de l’histoire, celle d’Athènes, sous la conduite de Solon, de Clisthène, puis de Périclès. La tragédie Les Perses d’Eschyle commémore cette grande avancée civilisatrice, qui venait couronner sur le terrain politique l’ainsi-dit « miracle » grec, lequel avait vu Thalès et d’autres penseurs récuser la mythologie traditionnelle, inventer la démonstration géométrique, jeter les bases philosophiques des sciences de la nature et de la médecine en refusant toute référence au surnaturel. Cette époque grandiose vit aussi la naissance du théâtre grec, alors profondément ancré dans la vie de la Cité.


Le moteur de ces bouleversements sans précédent fut le soulèvement des plébéiens de l’Attique, notamment de la petite paysannerie, contre l’esclavage pour dettes pratiqué par l’aristocratie des Eupatrides : c’est sur la condamnation radicale de cette pratique que s’est édifiée, dans les limites sociales et économiques qui étaient celles de cette époque, la toute nouvelle démocratie athénienne.


Aujourd’hui, alors que le 2500ème anniversaire de Marathon n’a donné lieu à aucune commémoration pan-européenne d’ampleur significative, l’U.E. écrase, humilie et asservit la République grecque, sommée de se vendre et de se rendre à 100% (privatisations tous azimuts, destruction de l’Etat régalien, armée comprise, refus de reconnaître le droit du peuple grec d’être consulté par référendum s’il en décide ainsi…). Les principaux auteurs de cet euro-diktat sont l’Allemagne capitaliste, - que son terrifiant passé balkanique devrait pourtant conduire à plus de retenue - , mais aussi le micro-Empereur vassalisé de l’Elysée. Derrière ces « diktateurs » d’apparat, on n’a aucune peine à discerner les vraies puissances qui les inspirent : les Banques et les sacro-saints « marchés financiers ». Cette étroite minorité d’oligarques entend bien rétablir de fait, avec l’appui du FMI et de l’OTAN, l’esclavage pour dettes à l’encontre de peuples entiers. Aujourd’hui ce sont la Grèce, l’Espagne et l’Italie qui sont mises à la question, mais une fois passées les présidentielles, ce sera le tour du peuple français, dont Nicolas Sarkozy menace déjà de détruire la Sécurité sociale après avoir déstabilisé l’Education nationale, l’hôpital public, la Recherche publique et cet acquis social structurant le lien intergénérationnel que sont les retraites par répartition nées du C.N.R. et des combats de la Résistance.


Car à court terme, notre pays n’est pas moins visé que la République grecque : violant pour la seconde fois le Non du peuple français à la Constitution européenne (un Non déjà bafoué par la forfaiture qu’a constitué l’adoption parlementaire du Traité de Lisbonne, copie conforme du Traité Constitutionnel Européen), voilà que Sarkozy, - approuvé sur ce point par François Hollande - , met en place sans nous consulter un « gouvernement économique franco-allemand » ; voilà qu’il soumet désormais le budget français aux eurocrates de Bruxelles et Francfort, - c’est-à-dire en fait, aux experts de Mme Angela Merkel - ; voilà qu’il invite le ministre allemand des finances à siéger régulièrement, en qualité de mentor, au Conseil des ministres « français ». Où et quand le peuple français a-t-il donc décidé de dissoudre son Etat-nation séculaire pour que lui soient substituées la « Françallemagne » et la « Franceurope » que les financiers exigent à grands cris ? Hitler a-t-il donc gagné la guerre pour que l’impérialisme allemand, dopé par le phagocytage de l’ex-RDA et par l’annexion à l’UE des ex-pays socialistes de l’Est (le prétendu « élargissement européen »), impose désormais ses vues à tout notre sous-continent avec l’aide de ceux qui, à Paris, réendossent indignement la livrée des Emigrés de Coblence, des Versaillais de Thiers et des collaborateurs de Vichy ?


A condition de ne pas se laisser aveugler par l’intense propagande sur la « dette » (est-ce donc aux banques de faire mourir les peuples ou aux peuples de mettre au pas les « marchés » ?), à condition de refuser le décervelage qui fait passer la « construction européenne » ultra-patronale, germano- et américano-centrée pour la « fin de l’histoire », chacun peut constater que l’Empire européen qui fleurit sur les ruines des acquis sociaux et des souverainetés nationales, a bien plus à voir avec le despotisme et la démesure du « Grand Roi » Darius qu’avec la fière devise des vainqueurs de Marathon. En réalité, née de l’effacement des premières expériences socialistes de l’histoire, la « construction européenne » porte en ses flancs un noir potentiel de destruction et de contre-révolution séculaire et millénaire. Ce ne sont plus seulement désormais les avancées sociales liées à la Révolution d’Octobre 1917, ni celles qui résultèrent de la défaite de Hitler à Stalingrad et à Berlin, que menace un système capitaliste en proie à la chasse effrénée au profit. Ce n’est plus seulement l’acquis civilisateur des Révolutions démocratiques bourgeoises des 17ème et 18ème siècles qui se trouve réduit à néant par ceux qui ricanent à la seule idée de consulter les peuples, de tenir compte de leurs éventuels refus, de soumettre aux parlements nationaux élus la politique budgétaire et monétaire des différents pays d’Europe. C’est désormais le code génétique de « l’Europe grecque », celui-là même qui s’est formé aux 6ème et 5ème siècles avant notre ère autour des notions d’humanisme, de raison et de citoyenneté, qui est attaqué de front par l’Empire européen piloté par Francfort, Wall Street, la City et le CAC 40.


Si pour finir la Grèce, son peuple fier, sa classe ouvrière et sa jeunesse combattives étaient mises au pas par l’UE avec l’active collaboration des proconsuls « grecs » de l’Empire, MM. Caramanlis et Papandréou, toutes les offensives antisociales, toutes les contre-réformes fascisantes feraient un bond en avant gigantesque sur tout le sous-continent européen. Déjà, les partis communistes sont interdits ou persécutés dans les ex-pays socialistes de l’est, déjà porter une chemisette ornée du Che est passible de deux ans de prison à Varsovie, déjà l’extrême droite nostalgique du Reich ou de Mussolini tient le haut de l’affiche (Hongrie, Italie, Flandre belge, Pays baltes…), quand elle ne participe pas directement au gouvernement de certains pays de la brunâtre Union européenne. Quelle sinistre revanche posthume pour tous ces empires qu’avaient su mettre à bas les peuples, de l’Empire perse d’avant-hier au barbare Troisième Reich d’hier!


C’est pourquoi les signataires de cet appel se déclarent pleinement solidaires de celles et de ceux qui, en Grèce, refusent de plier devant « l’union sacrée » de Papandréou-Caramanlis, laquelle vise à déposséder le peuple grec de sa souveraineté pour l’asservir aux maîtres du capital grec et étranger. L’Europe des luttes, celle qui ne se fait pas dans l’U.E. mais contre elle, combat déjà pour rendre aux peuples leur droit inaliénable à disposer d’eux-mêmes, leur droit au progrès social et à la dignité nationale, leur droit à une coopération égalitaire dégagée du carcan de la « concurrence libre et non faussée » imposée par l’euro-mondialisation capitaliste (avec sa monnaie unique, son marché unique, son économie unique, sa politique unique, sa pensée unique, sans oublier sa langue unique, l’américain des affaires). Cette Europe des résistances n’a nul besoin de traité pour se lever contre ceux qui la nient jusque dans ses racines : elle doit prendre de l’ampleur en se solidarisant avec tous les peuples en lutte, et d’abord avec le peuple grec. Ce n’est pas l’esclavage des peuples pour dettes qu’il faut rétablir, c’est au contraire l’euro-esclavage de la dette qu’il faut abolir en taxant durement tous les usuriers du capital, qu’ils soient grecs, allemands ou français… Et ce n’est pas le funeste euro qu’il faut sauver à tout prix, c’est l’indépendance des peuples, c’est le service public, c’est le droit pour chaque peuple de produire chez lui sans devoir tout importer et tout délocaliser ; c’est le droit pour chaque peuple de développer sa culture et sa langue, non pour s’isoler, mais pour échanger à égalité avec les autres pays et les autres cultures du monde entier. C’est aussi le droit pour tous les peuples qui le souhaitent de rompre avec l’« économie de marché ouverte sur le monde » prescrite par les Traités de Maastricht et de Lisbonne, qui interdisent despotiquement de construire une société où les travailleurs, créateurs de toute richesse, seront au centre de la vie politique et économique. Et s’il faut pour cela rompre avec cette prison des peuples qu’est l’U.E., s’il faut pour cela en finir avec l’étouffante « monnaie unique », les peuples n’en mourront pas : c’est au contraire s’ils restent dans ces terribles machines à broyer les peuples, qu’ils « y resteront » et qu’ils « y passeront tous », de la Grèce de Thalès à la France du C.N.R., du Portugal de la Révolution des Œillets à la Pologne de Kosciusko et de Dombrowski en passant par l’Allemagne de Beethoven, de Bertolt Brecht et de Thomas Mann !


Non la devise de l’avenir ne peut pas être : « Euro-esclave, paie ta dette qui n’en augmentera pas moins sans cesse », comme c’est déjà le cas depuis des décennies dans l’hémisphère Sud saigné par les banques du Nord, « et pour cela, accepte la servitude volontaire à perpétuité et trime de plus en plus durement, de plus en plus tardivement, de plus en plus indignement, en recevant toujours moins de salaire, de soins médicaux, d’éducation… et de respect » !


Comme le disait l’appel clandestin publié par Jacques Duclos et par Maurice Thorez en juillet 1940 à l’intention de notre peuple humilié, « jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ! ». Comme le clame encore aujourd’hui le peuple cubain héritier d’Ernesto Guevara face au blocus de l’Empire U.S. : « la patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Et comme le disaient hier nos Sans-Culotte, « liberté, égalité, fraternité ou la mort ! », ce qui revenait à traduire en français la sublime devise des hoplites de Marathon.


A la fois patriotique et internationaliste, la nouvelle bataille contre l’esclavage pour dettes vient de commencer à Athènes. Nous appelons les intellectuel(-le-)s attaché(-e-)s aux Lumières, les militant(-e-)s fidèles aux valeurs progressistes des grandes révolutions du passé, à se solidariser avec le peuple grec en résistance, à réfuter les euro-mensonges des médias, en un mot, à refuser à la fois le « droit » pour les grands Etats prédateurs d’asservir des pays plus faibles et le « devoir » pour les peuples de vivre esclaves au nom du Dieu Euro.


Faisons revivre l’esprit de révolte contre l’indignité de l’esclavage pour dettes, qui permit au peuple athénien d’hier, et qui permettra demain aux peuples grec, français, italien, espagnol, portugais, allemand, etc., de balayer tous les despotismes, fussent-ils cachés derrière les mots usurpés d’« Europe », de « liberté » et de « démocratie » !


vendredi 11 novembre 2011

Invitation de Radio Centre-ville

Manif étudiante contre la hausse des frais de scolarité


De vingt à trente mille personnes

Un article de Marc Bonhomme

C’était une manifestation monstre, colorée et enthousiasme sur fond d’une vaste grève d’un jour de 200 000 étudiantes. Le gouvernement Libéral va-t-il autant s’entêter à vouloir hausser les frais scolaires qu’il l’a fait pour ne pas tenir une enquête sur l’industrie de la construction ? Il aura alors fort à faire car on sentait bien que cette manif n’était pas le traditionnel baroud d’honneur syndical avant de capituler en rase campagne ou la soupape de soulagement pour ensuite ne rien faire. Que ce soit plutôt le début de quelque chose, les étudiantes l’ont bruyamment démontré à l’évocation de la possibilité d’une grève générale illimitée par certains orateurs à la tribune.

Comme l’annulation de la hausse signifierait un recul majeur sur un des éléments clefs du dernier budget Libéral, c’est toute sa contre offensive d’austérité, au diapason de celle de tous les gouvernements de l’OCDE, qui serait mis en échec. On devine le rapport de force qui sera nécessaire lequel ne peut que signifier une grève générale proactive dont l’occupation des lieux d’études. Cette dimension anti budgétaire, l’ensemble du mouvement syndical et populaire l’avait bien comprise lui qui avait mobilisé son monde à l’occasion de la manif étudiante. Ses contingents, sans être importants et quelque peu perdus dans la mer étudiante, étaient quand même significatifs.

Se pourrait-il que grève massive étudiante puisse se conjuguer avec la saison des budgets et être l’occasion d’une jonction avec l’ensemble du mouvement social sur la base d’actions non banales, rappelant celles du 11 décembre 2003 quand ports, routes et casinos furent bloqués, mais dans la durée ? À force de porter attention aux mouvements de riposte européens, qui ne s’est pas rendu compte qu’il va falloir pousser très fort, tous et toutes ensemble, pendant un bon moment pour provoquer un retournement de situation ?

Mais à quoi servirait-il de pousser un gouvernement au pied du mur s’il n’y avait pas d’alternative prête à prendre la relève ? À moins de penser qu’un parti puisse appliquer systématiquement l’envers de son orientation néolibérale. Pourrait-on compter sur l’opposition officielle ? Elle était bien à la manifestation avec sa députation. Ça sent les élections et le désarroi. Depuis le printemps dernier, le PQ renifle tout ce qui bouge à gauche au Québec. Espère-t-il que ces courbettes indécentes vont faire oublier sa longue gouverne de coupures, de privatisations et de baisse d’impôt des riches et des compagnies ? Son récent programme de « gouvernement souverainiste », dont la chef est si fière, ne vise qu’à « créer de la richesse » dans un Québec provincial en soutenant les entreprises. Rien de nouveau sous le soleil.

Tous les projecteurs sont braqués sur Québec solidaire. Présent avec un bon contingent, le parti s’est distingué par une bonne distribution d’un journal bien fait faisant clairement ressortir non seulement son appui à la revendication étudiante mais aussi à la « gratuité scolaire de la maternelle à l’université » et la « fin au financement public des écoles privées ». Quelle déveine que les propositions budgétaires dont le but n’est que de « retrouver l’équilibre budgétaire en 2013-2014 » en proposant 5 milliards $ de mesures fiscales progressistes mais marginales. Malgré un titre de page ne correspondant nullement au contenu, il n’y a pas un sou neuf pour financer… la gratuité scolaire et encore moins un réinvestissement massif dans la santé, l’éducation, le transport public et l’efficacité énergétique. L’alternative n’est pas au rendez-vous.

Cette montagne qui accouche d’une souris explique-t-elle le nouveau flirt avec le PQ de la part de la direction du parti, à l’encontre de la volonté clairement exprimée du dernier congrès ?


mardi 8 novembre 2011

Des centaines de femmes autochtones tuées dans l'ombre

Isabelle Hachey
La Presse

(Kitigan Zibi, Québec) Au Québec, il faut vivre en ermite pour ne pas avoir entendu parler de Natasha Cournoyer, Diane Grégoire ou Julie Surprenant. Mais Tiffany Morrison? Quand ses restes ont été retrouvés au pied du pont Mercier, en 2010, rares sont les médias qui ont rapporté la nouvelle. La jeune mère de Kahnawake a été assassinée dans l'indifférence générale, comme des centaines d'autres femmes autochtones avant elle, d'un bout à l'autre du pays. Portrait d'une tragédie silencieuse.

Lisa Odjick tue le temps sur son balcon, comme figée dans le froid automnal. Son regard se perd à l'horizon d'un lac plat comme un miroir. À première vue, cette grand-mère algonquine semble parfaitement sereine. Mais au fond d'elle-même, une tempête fait rage.

Lisa Odjick ne quitte presque plus sa maison de la réserve de Kitigan Zibi, près de Maniwaki, tout au nord de l'Outaouais. Elle craint, si elle s'absente, de manquer l'appel de sa petite-fille Maisy. Un appel qu'elle attend depuis plus de trois ans.

Mais depuis plus de trois ans, c'est le silence. Un silence étouffant.

Le 6 septembre 2008, Maisy Odjick, 16 ans, et son amie Shannon Alexander, 17 ans, ont disparu sans laisser de traces. Elles se sont volatilisées en laissant tout derrière: argent, cartes d'identité, sacs à main. Et des océans de larmes.

Personne ne sait si les deux jeunes filles ont fait une fugue ou subi un sort plus funeste. La seule chose qui ne fasse aucun doute, c'est qu'elles se sont jointes au nombre des centaines de femmes autochtones disparues ou assassinées depuis 30 ans au Canada. Dans l'indifférence des médias, de la police et de la population en général.

Un meurtre aux portes de Montréal

Au Québec, il est pratiquement impossible de ne pas avoir entendu parler de Natasha Cournoyer, Diane Grégoire ou Julie Surprenant, toutes disparues tragiquement au cours des dernières années. Mais de Tiffany Morrison?

Le 18 juin 2006, la jeune femme est sortie avec des amis dans un bar de LaSalle. En fin de soirée, elle a pris un taxi pour rentrer à Kahnawake. On ne l'a jamais revue.

Elle avait 24 ans, une fille de 5 ans, la vie devant elle. «Nous avons tenté de joindre les médias et la réponse était toujours non, non et non. Toutes les portes se sont fermées devant nous», raconte la soeur de Tiffany, Melanie Morrison.

Elle est convaincue que la presse aurait réagi autrement si sa soeur n'avait pas été Mohawk. «Les gens se disent que ce n'est qu'une autre autochtone, qu'elle doit s'être saoulée et être tombée quelque part, qu'elle l'a sûrement cherché. C'est très injuste.»

Les restes de la jeune femme ont été découverts par hasard, en mai 2010, au pied du pont Mercier. Même s'il était clair, désormais, qu'elle avait été assassinée, les médias ont largement ignoré la nouvelle. Le meurtrier court toujours.

Familles laissées à elles-mêmes

À Kitigan Zibi, les policiers ont longtemps présumé que Maisy et Shannon s'étaient enfuies, restant sourds aux appels désespérés de leurs familles, qui craignaient le pire. «Nous avons insisté. Nous les avons suppliés de faire quelque chose», se souvient Lisa Odjick.

Peine perdue. Aucune récompense n'a été offerte, comme cela se fait souvent dans des cas de disparition. Pendant six mois, les dossiers étaient même séparés: celui de Maisy à la police de Kitigan Zibi et celui de Shannon, qui habitait Maniwaki, à la Sûreté du Québec.

Pendant ces premiers mois cruciaux, les deux corps de police se sont renvoyé la balle.

Laissées à elles-mêmes, les familles ont dû prendre les choses en main. «J'ai organisé des battues, dit Laurie Odjick, mère de Maisy. Avec des amis, nous avons fouillé les sentiers, marché le long de la rivière. Nous avons tout fait par nous-mêmes.»

Lisa Odjick parvient mal à contenir sa colère. «Nous avons organisé une conférence de presse pour demander de l'aide. Presque personne n'est venu. Quand c'est un enfant blanc qui disparaît, on en parle tous les jours aux nouvelles. Mais un enfant indien, ce n'est pas assez important. Nous devons supplier pour avoir de l'aide!»

Désespoir et frustration

«Dès que nous avons été informés, des démarches ont été enclenchées, comme dans n'importe quel autre cas de disparition dans la province», assure le sergent Claude Denis, de la Sûreté du Québec (SQ). Il ajoute que les dossiers des deux adolescentes ont été liés sans tarder.

Mais selon Wendy Christensen, responsable des enquêtes à la Missing Children Society, la séparation initiale des dossiers était bel et bien une erreur. «Des indices ont pu être manqués.» L'ancienne policière, qui a enquêté à Kitigan Zibi, estime que pour le reste, la SQ a fait un travail correct. «Tout parent ne sera jamais satisfait du travail des policiers tant que son enfant ne sera pas retrouvé.»

Mais le père de Shannon, Brian Alexander, n'en démord pas. «Juste parce que nous sommes autochtones, les policiers ne feront rien», tranche-t-il.

Sa vie a longtemps été embrouillée par la pauvreté, l'alcool et la drogue. Il admet avoir eu des ennuis avec la justice. Aujourd'hui, il ne sait plus vers qui se tourner pour obtenir de l'aide.

Il se sent impuissant et cela l'enrage.

Sa voix s'étrangle. «Je ne sais pas quoi faire. Chaque jour, je me réveille en pensant à ma fille, mais je ne peux pas demander de l'aide à ces maudits policiers, parce que si je le fais, ils vont braquer un fusil sur moi. Je ne peux pas leur faire confiance.»

Des proies faciles

Une nuit de décembre 2006, Kelly Morrisseau a été trouvée nue, baignant dans son sang, sur l'asphalte glacée du stationnement d'un parc de Gatineau. Poignardée à plusieurs reprises, trop faible pour dénoncer son agresseur avant de mourir.

Elle était enceinte de sept mois. Son meurtrier n'a jamais été retrouvé.

«Les gens qui commettent ces crimes savent qu'ils vont s'en tirer, parce que rien n'est fait quand une femme amérindienne est portée disparue», rage Lisa Odjick.

Selon Amnistie internationale, il est clair que des prédateurs sexuels ciblent volontairement des autochtones. «Ces actes peuvent être motivés par le racisme, ou par le sentiment que l'indifférence de la société à l'égard du bien-être et de la sécurité de ces femmes leur permettra d'échapper à la justice», lit-on dans Assez de vies volées, rapport publié en 2009.

Kelly Morrisseau avait fui la pauvreté, la drogue et la violence des rues de Winnipeg. Tout cela l'avait rattrapée à Ottawa. À 27 ans, elle se prostituait pour survivre. Mais elle était aussi une mère qui rêvait d'un meilleur sort pour ses trois enfants.

Des êtres humains

«Quelque chose va horriblement mal dans la société quand des femmes aborigènes continuent à être assassinées et à disparaître dans l'indifférence. Il doit absolument y avoir un changement de société», dit Gilbert Whiteduck, chef du conseil de bande de Kitigan Zibi.

Il se rappelle la frénésie médiatique provoquée par l'escapade de Boomer, un lionceau qui s'est échappé dans la réserve en 2008. «Tous les médias se sont précipités ici avec leurs hélicoptères et leurs antennes satellites, et l'histoire a fait le tour du monde. Pour un petit lion.»

L'ironie n'a pas échappé à Lisa Odjick. «Aux yeux du monde, ce lionceau était plus important que deux êtres humains. Car nous sommes des êtres humains aussi, vous savez. Nous avons des droits. Nous aimons nos enfants. Nous méritons d'être traités comme les autres.»

***

Tout renseignement pouvant contribuer à faire avancer le dossier de Maisy Odjick et Shannon Alexander peut être communiqué à la Sûreté du Québec: 1-800-659-4264

Une récompense de 10 000$ est offerte pour tout renseignement pouvant aider à élucider le meurtre de Tiffany Morrison. Communiquez avec les Peacekeepers de Kahnawake: 450-632-6505

mardi 1 novembre 2011

Rassemblement pro-choix contre la campagne 40 jours pour la vie


La campagne 40 jours pour la vie, organisée par Campagne Québec Vie, se déroule présentement à Montréal et dans environ 300 villes dans le monde. Du 28 septembre au 6 novembre 2011, des anti-choix organisent 40 jours de vigiles devant la clinique Morgentaler, située au coin des rues St-Joseph et St-Laurent, pour "faire de la sensibilisation publique et pour prier pour la fin de l'avortement, car Dieu leur a donné l'honneur inoui de combattre en son nom le fléau de l'avortement au Québec".

La Solidaire Insurgée invite donc les femmes à venir manifester dimanche le 6 novembre dès midi au parc Lahaie (juste en face de la clinique), alors qu'aura lieu la cérémonie de clôture de la campagne 40 jours pour la vie.

Amenez vos pancartes, vos slogans et tout ce qui peut faire du bruit, pour perturber la cérémonie de clôture des anti-choix !!!