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lundi 26 mars 2018

APÉtUL : communiqué sur l'enjeu de le pension alimentaire

Association des parents-étudiants de l'Université Laval (APÉtUL)
Bien que la pension alimentaire soit défiscalisée (c'est-à-dire non imposable) au sein des deux gouvernements, quatre (4) programmes sociaux québécois continuent de la considérer comme un revenu du parent receveur plutôt que comme un droit à l'enfant ainsi que l'a statué la Cour Suprême du Canada : l'aide financière aux études, l'aide sociale, l'aide au logement et l'aide juridique.

Dans le cas de l'aide financière aux études, c'est 100 % de la pension alimentaire, après une exemption de 1 200 $ par année par enfant, qui est détournée dans les coffres du gouvernement, alors qu'elle a été payée par le parent-payeur pour soutenir les soins et l'éducation de ses enfants.

Cette situation appauvrit un groupe de personnes et, chez les parents-étudiants, met en péril la concrétisation de leur projet d'études. De plus, elle crée des inéquités dans le calcul des différents étudiant-e-s en fonction de leur statut marital. Nous avons développé un argumentaire à ce sujet que vous retrouverez dans notre mémoire sur les parents-étudiants. En voici l'extrait.

Cette vignette est diffusée dans le cadre du point de presse du Collectif pour un Québec sans pauvreté auquel l'APÉtUL a participé hier. La vidéo de la conférence est disponible ici. L'APÉtUL fait également partie de la Coalition contre le détournement des pensions alimentaires qui est allée rencontrer les représentant-e-s de l'opposition officielle de la CAQ concernés par cette injustice.

Pour en savoir davantage sur le dossier du détournement des pensions alimentaires, la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ) a préparé un dossier en ligne ainsi qu'un mémoire.

Nous vous remercions à l'avance de votre soutien!

vendredi 11 novembre 2016

Invitation : Manifestation crépusculaire le18 novembre 2016


Dehors, novembre est à notre porte, avec son lot de grisaille, qui obscurcit la ville et érode le moral. Ainsi, le poids de la noirceur de plus en plus envahissante s'ajoute à celui de la lutte que mène chaque jour nombre d'entre nous. Que nous soyons à l'emploi pour un salaire minimal au point de maintenir dans un état de survie perpétuel, aux études à empiler les dettes et les petits boulots à temps partiel, occupé.es à réaliser gratuitement du travail invisible que la société refuse de reconnaître comme tel, dans les marges à demi oubliées du grand cirque économique... tous et toutes sommes placé.es dans un état d'incertitude perpétuel quant à nos lendemains. Ni de jour ni de nuit nous ne pouvons nous y soustraire, aussi rassemblons-nous le temps d'un crépuscule pour nous en insurger.

Que ce crépuscule soit celui de la précarité qui nous tenaille: que pour nous, il soit l'aube d'une mobilisation renouvelée. Écartons le froid par la chaleur de nos corps réunis, chassons le silence des rues désertées par la force de nos voix. Entre chien et loup, crions notre colère, notre peine, notre espoir, notre joie, faisons nôtres le jour et la nuit.

Là où l'automne et les élites voudraient nous voir rentrer hiberner dans nos tanières, tirons la ville de sa léthargie et agitons-la d'un collectif soubresaut de vie.

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QUI?: Tout le monde, précaires et moins précaires, du moment que le fait que la précarité soit le lot de tant de gens vous mette en crisse.

OÙ?: Parc Émilie-Gamelin, coin Berri et Ste-Catherine.

QUAND?: Vendredi 18 novembre, 16h20, heure crépusculaire.

QUOI?: Une occasion de se rassembler, s'indigner, se faire entendre, et avouons-le, faire sortir collectivement le méchant et la grisaille le temps de quelques heures, parce que ça fait du bien.


Événement facebook :  https://www.facebook.com/events/1882111708685526/

lundi 23 novembre 2015

Ce que le ministre ne dit pas

Une lettre publié dans le Nouvelliste le 20 novembre 2015 à propos du dernier projet de lois sur l'aide sociale. 
Développer des services d'employabilité pour tous les jeunes qui en ont besoin demande un investissement important d'argent en ressources humaines et matérielles. Alors lorsque le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale nous parle de faire des économies par la mise en place de ce programme, il y a lieu de s'interroger sur ses intentions réelles.

Ce que dit le ministre: 5 millions $ sont prévus pour ce programme. Ce que le ministre ne dit pas: 16 millions $ ont été coupés ces dernières années dans l'aide à l'emploi et dans les services d'Emploi-Québec.

Ce que le ministre dit: il y aura un accompagnement personnalisé pour aider les jeunes à intégrer le marché du travail. Ce que le ministre ne dit pas: le Québec a un taux de chômage moyen de 8 %. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 29 ans est de 15,9 %. Quand ils réussissent à trouver un emploi, il est généralement à temps partiel, à contrat temporaire, sur appel, surnuméraire, etc. Ils sont les premiers touchés lorsqu'il y a des mises à pied. Et cela, même s'ils sont scolarisés et ne présentent pas de problèmes particuliers.

Ce que le ministre dit: 38 % de ces jeunes viennent de milieux défavorisés. Ce que le ministre ne dit pas: une telle situation requiert des mesures de pré-employabilité et exclut, en partant, l'intégration rapide sur le marché de l'emploi parce que ces jeunes vont avoir besoin d'une aide particulière à cause de problématiques vécues, dont le faible niveau de scolarisation et les problèmes d'alphabétisation, le déficit de motivation, la faible estime de soi, les dépendances (alcool, drogue, médicaments) etc. (Source: mémoire du Regroupement québécois des organismes pour le développement de l'employabilité. Septembre 2015). De plus, cette aide particulière nécessite un accompagnement adéquat. Or, depuis quatre ans, selon le Syndicat de la fonction publique du Québec, 359 postes d'agents d'aide socioéconomiques ont été abolis.

Les difficultés rencontrées par les jeunes sur le marché de l'emploi ainsi que le taux de chômage ne se résoudront pas d'eux-mêmes parce que le ministre veut réaliser des économies. On n'a jamais entendu dire que des mesures coercitives, comme celle proposée par le gouvernement dans le Programme objectif emploi, ont réussi à faire baisser le taux de chômage. Cependant, cela risque de se traduire par des coupes au chèque d'aide sociale qui couvre à peine la moitié des besoins essentiels pour vivre décemment.

Alors que les députés s'apprêtent à se voter une augmentation de 28 à 31% de salaire et partent avec de grosses indemnités lorsqu'ils manquent de motivation pour continuer leur travail, couper le chèque d'aide sociale de 50 % sous prétexte d'aider les jeunes prestataires de l'aide sociale à se motiver, est carrément indécent. On demeure sans voix quand on réalise que ce projet de loi est proposé par le ministre responsable de la lutte à l'exclusion sociale et à la pauvreté.

Oui, nous sommes d'accord pour que des mesures soient mises en place pour aider nos jeunes à sortir de la pauvreté, mais les conditions de cette aide et de cet accompagnement doivent être décentes.

Pierre Blanchet
au nom de la Coalition pour les droits des personnes assistées sociales des régions Mauricie et Centre-du-Québec

Groupes membres:
- Comité de défense des droits sociaux de La Tuque
- Droits Devant - Érable
- Groupement pour la défense des droits sociaux de Trois-Rivières
- Mouvement d'Action Solidaire des Sans-Emploi des Chenaux
- Regroupement pour la défense des droits sociaux de Nicolet
- Regroupement pour la défense des droits sociaux de Shawinigan

*La photographie plus haut a été prise lors d'une manifestation contre les coupure à l'aide sociale imposées par le précédent gouvernement péquiste.

mardi 17 novembre 2015

Le bilan de la faim au Canada

Depuis la crise économique mondiale, les banques alimentaires canadienne ont noté 26% plus de gens ont recours à leur aide. Au Canada, c'est 852 137 personnes qui ont besoin d'aide pour manger chaque mois, dont plus de 163 000 au Québec. Le tiers de ces personnes sont des enfants. C'est ce que les banques alimentaires canadienne expliquent dans leur rapport sorti aujourd'hui.

Le rapport nous donne un portrait des personnes qui ont recours à l'aide alimentaire :
  • 7% des ménages bénéficiaires des banques alimentaires vivent principalement d’un revenu de retraite; 
  • 16% des personnes aidées touchent un revenu principalement dérivé d’un travail; 
  • 18% des ménages reçoivent un soutien du revenu lié à une invalidité; 4
  • 6% des ménages qui se tournent aux banques alimentaires reçoivent de l’aide sociale. 

Souvent, les ménages qui sollicitent de l’aide sont obligés de réduire leurs dépenses alimentaires en raison du coût élevé et relativement rigide de l’habitation :
  • 5% des ménages bénéficiaires sont sans abri, et la majorité d’entre eux vivent chez des membres de leur famille ou des amis temporairement; 
  • 7% des ménages sont propriétaires d’une maison; 
  • 20% d’entre eux vivent dans des logements sociaux pour lesquels le loyer est subventionné; 
  • 67% des ménages aidés vivent dans un logement loué et paient un loyer au prix courant du marché. 

Enfin, la composition familiale des personnes qui recourent à l’aide des banques alimentaires est variée :
  • 10% des ménages bénéficiaires des banques alimentaires sont des couples qui n’ont pas d’enfants; 
  • 44% d’entre eux sont des familles avec des enfants, dont près de la moitié sont biparentales; 
  • 46% des ménages qui reçoivent de l’aide sont composés de célibataires. Ce groupe continue à prendre de l’ampleur – il ne représentait que 30 % du total en 2001. 

Le supplément de revenu de retraite, les rentes d'invalidité, l'aide sociale et le salaire minimum sont des revenus insuffisants pour répondre aux besoins primaires des êtres humains. Le rapport recommande donc la création d'un revenu de base, plus de logements sociaux, davantage d'aide à l'emploi et une aide particulière pour assurer la sécurité alimentaire dans le Nord.

 L'austérité que nous impose en ce moment le gouvernement Couillard ne fera qu'empirer la situation de pauvreté extrême que vivent tant de nos ami-e-s, frères, sœurs et concitoyen-ne-s. Or, ce même gouvernement vote de belles augmentations de salaire pour ses député-e-s et trouve aisément de l'argent pour subventionner de grandes entreprises tel que Bombardier. Il s'agit d'un choix politique.

Pour lire le rapport Bilan-faim 2015, cliquez ici.

 

mercredi 8 avril 2015

Excellente réplique à Francois Lambert sur les personnes assistées sociales


J'ai 36 ans. Je suis une enfant de BS.
J'ai été élevé en campagne par une mère monoparentale fumeuse de 4 enfants sur l'aide sociale dans une vieille maison.

Ma mère recevait le BS et une pension alimentaire de (tenez-vous bien) 300$ par mois pour les 4 enfants. Pas un sous de plus pour les fournitures scolaires ou autres. Moins de 1000$ par mois pour faire manger, habiller, loger, divertir, soigner 4 kids pis acheter ses cigarettes.

Nous sommes tous gradués du Cegep ou de l'université.  Aucun enfant n'est sur l'aide sociale ou chômage. Nous sommes tous propriétaires. Aucun des enfants n'a eu de démêlés avec la justice. Nous avons des enfants. Nous sommes en santé physique et mentale. Bref je crois que nous avons tous bien réussi.

Nous sommes des enfants de BS, comme des milliers d'autres enfants québécois.

Ma mère n'avait pas de contrainte au travail. Aucune contrainte sauf nous. Pas de garderie et pas de voiture en campagne, les chances de se trouver un travail étant à zéro. Par chance grâce à cette maison en campagne nous avons pu grandir loin de la misère sociale et des rues pauvres de Montréal. Si ma mère avait été obligé de travailler nous aurions du vive dans un quartier pauvre de Montréal, dans un 3 et demi. Les quartiers pauvres attirent la criminalité. La criminalité touche les ados. Les ados lâchent l'école et finissent mal. Pas toujours mais avec un risque plus élevé. On a été chanceux.

On a été chanceux grâce au BS. Sans ce BS ma mère n'aurait pas pu faire de nous sa priorité. Sans ce BS nous aurions bien des chances de mal finir. Grace à ce BS que ma mère recevait nous sommes 4 kids devenus adultes qui travaillent, qui paient des impôts et qui contribuent à la société. Imaginez si le BS avait eu une durée limitée. Je ne sais pas ce qu'on serait devenu. Je ne veux même pas y croire.

J'ai lu aujourd'hui Francois Lambert qui écrit sur les luxes que se paient les BS avec "son" argent de contribuable. Un paquet de cigarettes pis une bouteille de bière semblent être des luxes pour Lambert. J'ai lu aussi que bien des BS n'ont pas de contraintes au travail. Pis que le BS ça dure trop longtemps.

Cher Francois, ma mère a aujourd'hui 62 ans et tente de se trouver un travail. Elle a réussi a travailler dans un commerce après avoir élevé sa famille sur le BS. Le commerce a fermé. Elle a pris son chômage. Elle a terminé son secondaire 5. Elle a tout fait pour essayer de travailler, elle ne trouve pas. Au chômage on lui a dit "Ben là, attendez d'avoir 65 ans vous aurez votre revenu garanti". Pis là le chômage est terminé. Elle n'a pas de contrainte au travail. Qu'est ce qu'on fait avec elle? On lui enleve son verre de vin? On lui dit de flamber ses minces économies (avant d'avoir du BS) on la laisse vendre son char avant de l'aider. De l'aide y'en a pas. Ma mère n'est pas seule.

Connais tu Roger? 55 ans a toujours travaillé dans la même compagnie. La compagnie ferme. Il prend son chômage, mais le chômage termine. Roger a appliqué partout. Personne ne le rappelle. Pourtant, il n'a pas de contrainte au travail. Il va au chômage. S'ouvre une bière certains soirs pour relaxer. On fait quoi avec Roger Francois? On lui coupe sa bière, pis après?

Johanne a 39 ans. Elle a deux enfants. Elle est monoparentale. Son ex a disparu dans la brume. Elle n'a pas de pension. Elle vient de se faire mettre dehors de sa job à 11$ de l'heure parce que son boss trouve qu'elle manque trop souvent à cause de son gars qui a des troubles de comportements. Johanne n'a pas de contrainte au travail. Sauf son look peut être, elle a pas d'argent pour se payer le dentiste faque elle a perdu deux dents en avant.  Pis elle a des kids aussi. Comme ma mère. Faque Johanne n'a pas le droit au chômage parce qu'elle s'est faite crisser dehors. Faque Johanne s'en va sur le BS. Pis Johanne fume desfois. Encore plus parce que là elle ne sait plus comment va elle payer son loyer le mois prochain. On fait quoi avec Johanne Francois? On lui coupe ses topes pis après? On lui coupe le BS au bout de 2 ans pis après Francois? On fait quoi? Vas tu prendre ses enfants chez vous pour l'aider? Vas tu donner du temps pour l'organisme qui habille les kids de Johanne le temps qu'elle se replace? Vas tu embaucher Johanne pour lui donner une chance? Vas tu embaucher une fille édentée, pauvre avec des kids dont un à problèmes?

Y'a aussi Geneviève qui sort du Centre Jeunesse, elle a 19ans. Pas de job. Sur le BS à dix neuf ans. Pas d'expérience. Sauf celle du viol à 8 ans, mais ça, c'est pas dans son CV. Elle n'a pas de contrainte au travail. Elle vit dans un 1 et demi. Y'a pas eu de parent pour lui faire un trousseau. C'est un organisme de Montréal Nord qui l'a aidé. Es tu allé à cet endroit? Tu verrais, y'a plein de monde qui n'ont pas de contrainte au travail sur le BS qui vont là. La jeunesse qu'on a eu desfois c'est une crisse de contrainte.

Pourquoi j'écris ça? Parce que c'est facile de lancer de belles solutions pour couper sans se soucier des gens. Tu sais ce qui est difficile: trouver de vraies solutions durables pour aider en premier pis après couper. On peut pas couper avant d'aider. C'pas vrai qu'il y a des jobs pour tout ce beau monde sur le BS. C'pas vrai qu'il faut être handicapé pour avoir une contrainte au travail. Des contraintes c'pas toujours clair. Comme moi, je n'étais pas considéré comme une contrainte pour le gouvernement mais j'en étais une pour ma mère.

Trouvons des solutions durables, des programmes d'emplois pour tous partout, des formations qui garantissent des emplois, des programmes pour les 50 ans et plus qui veulent travailler, des programmes pour les jeunes puckés, des organismes qui aident après les Centres Jeunesse, des possibilités pour les mères monoparentales dans la misère avec de jeunes enfants. Trouvons ça avant de lancer dans les airs que le BS est ben trop généreux.

Ca devrait ben plus t'indigner que l'argent de tes impôts paient des luxes de certains ministres qu'un pauvre BS s'achète un sac de chips pis un paquet de cigarettes.

samedi 26 novembre 2011

Les personnes assistées sociales se souviennent

Lettre parue dans LaPresse.ca
Lettre à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie...

Lettre à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet

Le 18 novembre 2009, plus de 5000 signatures ont été déposées au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale de l'époque demandant l'abolition des divisions entre les aptes et les inaptes à l'aide sociale. Plus de 5000 personnes du Québec réclamant un seul et même revenu pour toutes et tous, équivalent à la prestation actuelle des personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi, soit 873 $. Plusieurs milliers de personnes qui demandaient au gouvernement du Québec d'être cohérent avec son analyse des besoins de base couverts par cette prestation de 873 $ et de l'offrir à l'ensemble des prestataires de l'aide sociale qui méritent toutes et tous le droit à une prestation couvrant un minimum de besoins vitaux, ce qui n'est pas le cas avec une prestation de 574 $.

En juin dernier, votre verdict tombe: non, cette mesure coûterait trop cher à l'État. Vous décidiez à ce moment-là d'abandonner les personnes les plus pauvres de notre société au détriment de calculs économiques. Or, le Conseil national du bien-être social, le 28 septembre dernier, vient contredire votre avis: combattre la pauvreté n'est pas une dépense, mais un «investissement» comme société. Son rapport, «Le sens des sous pour résoudre la pauvreté», nous donne nombre d'exemples d'avantages à mettre en place et leurs conséquences positives sur l'économie. Des gens qui parlent le même langage économique que votre ministère en arrivent à d'autres conclusions: éradiquer la pauvreté, à long terme, coûterait beaucoup moins cher à l'État.
Deux ans après le dépôt de cette pétition et suite à ce rapport en septembre dernier, vos arguments économiques ne tiennent plus la route. Les personnes assistées sociales se souviennent du 18 novembre 2009 et ne l'oublieront pas de sitôt.

Marie-Ève Duchesne
Porte-parole pour le Front commun des personnes assistées sociales du Québec

jeudi 24 novembre 2011

La pauvreté infantile toujours bien présente au Canada

Radio-Canada

Le Canada, qui avait promis en 1989 d'éradiquer la pauvreté chez les enfants avant l'an 2000, a lamentablement échoué, déplore l'organisme Campagne 2000.

pauvreté

Dans son rapport 2011, « Réexaminer la sécurité des familles en période d'insécurité », Campagne 2000 démontre que le taux de pauvreté des enfants a baissé de seulement 20 % en 20 ans, et que 639 000 enfants vivaient toujours en situation de pauvreté au Canada en 2009.

Le document souligne d'abord que la taille de l'économie canadienne a plus que doublé en 20 ans, mais que le revenu des familles à faible revenu a pratiquement stagné au cours de la même période.

En fait, le fossé entre les riches et les pauvres continue à se creuser. En 2009, les 20 % de Canadiens les plus riches ont gagné en moyenne 117 500 $ de plus que les 20 % des Canadiens les plus pauvres. Le rapport indique de plus que même les familles à revenu moyen ont maintenant du mal à joindre les deux bouts, et que les jeunes sont particulièrement touchés par le phénomène.

En 2010, un travailleur sur quatre au Canada occupait un emploi peu rémunéré, soit moins de 13,32 $ l'heure. Le salaire canadien moyen était quant à lui de 20 $ l'heure.

Par ailleurs, dans toutes les provinces à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador, l'aide sociale que reçoit un parent seul avec un enfant est inférieure au seuil de pauvreté, l'écart entre ce seuil et le revenu des ménages pouvant aller jusqu'à 5000 $.

Encore aujourd'hui, bien qu'il y ait eu du progrès, les familles monoparentales menées par une femme sont plus vulnérables à la pauvreté. Plus de la moitié des mères seules avec des enfants de moins de six ans sont en situation de pauvreté. Toutefois, 63 % des enfants défavorisés vivent dans une famille biparentale.

Le rapport tient à mentionner que tous ces chiffres ne reflètent pas la situation « désolante » des communautés autochtones, où les jeunes constituent une proportion élevée de la population et où un enfant sur quatre grandit dans la pauvreté.

Problèmes structurels et suggestions

Campagne 2000 dénombre plusieurs problèmes structurels qui empêchent les Canadiens d'accéder à un meilleur niveau de vie. D'abord le taux de chômage, qui était de 7,3 % en juillet 2011, touchant près de 1,4 million de personnes. Puis l'endettement des ménages canadiens, qui atteint un niveau jamais égalé de 5 milliards de dollars.

L'organisme fait également remarquer que le Canada est toujours le seul pays industrialisé à ne pas avoir de stratégie nationale en matière de logement abordable, et qu'un ménage sur quatre affecte plus de 30 % de son revenu au logement.

Campagne 2000 recommande au gouvernement fédéral d'améliorer l'accessibilité aux services de garde, d'augmenter le salaire minimum et de collaborer avec les provinces au financement adéquat de l'éducation postsecondaire.

Le rapport tient aussi à faire remarquer que sept provinces sur dix se sont dotées ou auront bientôt une stratégie de réduction de la pauvreté. Seules la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan ne se sont toujours pas engagées sur cette voie.