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mercredi 15 avril 2020

"Notre victoire tient de notre militantisme au quotidien" : rencontre avec Diana Kdouh, élue communiste

Adrien Welsh 

En France, il existe une longue tradition d’élus communistes locaux. Comme le notait Georges Marchais dans son livre L’espoir au présent, en 1980, “Le Parti communiste français compte vingt-huit mille élus, mille cinq cents maires, près de cinq cents conseillers généraux. Un Français sur cinq vit dans une municipalité à direction communiste.”

mercredi 28 mars 2018

L'ordre établi


Marianne Breton Fontaine

Le 25 mars 2012, Mathieu Bock-Côté avait écris sur la haine des étudiant-e-s. C'était en plein cœur de la grève des carrés rouges contre la hausse des frais de scolarité de Jean Charest. Cette haine contre les étudiant-e-s, on la sentait partout, et elle faisait peur. Par exemple, moi et mon garçon, alors âgé de 2 ans, nous nous étions fait menacer par un camion qui nous fonçait dessus durant une manifestation. Mon fils avait eu très peur. Ce genre de menaces étaient courantes. Même des vedettes de télé ne se gênaient pas de le dire, comme Alex Perron qui avait raconté à la télévision que « si j’en frappe un (avec sa voiture), ça ne me dérange même pas ». Cette haine, elle déferlait sur les médias sociaux, de l'insulte grossière à l'appel au meurtre. Les opposant-e-s à la grève saluaient la violence policière et se réjouissaient des blessés graves comme Maxence Valade qui en perdis un œil.

Mathieu Bock-Côté est un commentateur de droite qui nous avait habitués à s'insurger contre toute action et revendication de la gauche. Pourtant, cette fois-là, malgré son opposition à la grève il disait :

« Mais surtout, on en veut aux jeunes de ne pas désirer s’intégrer pleinement à l’ordre établi, avec un emploi plus ou moins payant, mais souvent asservissant, qui sera compensé par du temps libre dont ils pourront jouir en faisant l’expérience des grandeurs et misères de la société de consommation ou en vouant leurs soirées aux nombreuses émissions visant à les abrutir massivement.

(...) Se pourrait-il, en fait, qu’on en veuille aux étudiants de ne pas se coucher? De ne pas se rallier à un monde que nous savons au fond de nous-mêmes insatisfaisant, qui étouffe l’âme, assèche le cœur et nous condamne à l’errance la plus désespérante? Comme si on disait : nous nous y sommes pliés, pourquoi ne font-ils pas de même? »

Ce fut cette rare fois où j'ai été touchée par les mots de Mathieu Bock-Coté. Il avait visé juste. Cette société insatisfaisante, vide de sens, elle s'étale encore comme le futur des jeunes. La différence avec les générations passées, c'est que ma génération et celles qui suivent sont les premières à avoir un avenir plus noir que leurs parents. On nous demande de plier devant l'ordre établi, de suivre en silence, mais cette fois, seulement avec le bâton. Le système ne nous offre même pas la petite carotte qu'il a brandi devant les générations passées.


Mathieu Bock-Côté avait conclu son article ainsi :

« Il est malheureux, en fait, que les jeunes grévistes n’aient à brandir contre le capitalisme devenu fou qu’une social-démocratie encroutée, financièrement en ruine, étrangère au réalisme budgétaire et à l’équité intergénérationnelle. Mais peut-on leur en vouloir? Personne n’a vraiment de projet alternatif à brandir pour redresser notre société déréglée. Leur impuissance est aussi la nôtre. »

Il avait encore mis le doigt sur quelque chose d'essentiel. La social-démocratie est en ruine et n'offre pas de solution. L'expérience grecque avec Syriza, la coalition de la "gauche radicale", exprime bien cette ruine et cet échec. Bien sûr, pour Mathieu Bock-Côté, ce renouveau du système, l'alternative, se trouve du côté de la droite identitaire. Radicaliser le système capitaliste, opter pour un nationalisme étroit et identitaire. C'est justement la voie du nationalisme identitaire, avec pour corollaire la montée l'extrême-droite raciste, qui prend racine en Grèce aujourd'hui.

La vraie alternative reste pourtant de changer le système lui-même. Pas de renouveau du capitalisme, pas de capitalisme à visage humain, un nouveau système, de nouvelles bases. L'alternative c'est le socialisme. Plusieurs rêvent du socialisme, ils et elles l'imaginent avec passion sans nécessairement y mettre le mot socialisme. Ils et elles imaginent cette société égalitaire où nous pouvons déterminer collectivement l'action humaine selon les besoins diversifiés de l'humanité et de la nature, et non pas sous la seule règle du profit. Malheureusement, après plusieurs décennies de propagande anticommuniste, plusieurs ont encore peur de brandir le drapeau rouge, et surtout de rejoindre le Parti communiste. C'est pourtant le moyen de changer radicalement notre société.

mardi 7 novembre 2017

36 organisations de jeunes communistes célèbrent la Révolution d'octobre

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Dans le cadre du 19e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, 36 organisations de jeunes communiste provenant de partout à travers le monde se sont réunies dans la salle de conférnce Lénine afin d’honorer le 100e Anniversaire de la Glorieuse Révolution socialiste d’octore et ses réalisations en faveur de la classe ouvrière, de la jeunesse et des masses populaires autant dans les pays socialistes que capitalistes. De l’Inde jusqu’au Guatemala, de la Colombie jusqu’en Autriche, la salle était comble, remplie de centaines jeunes militant-es engagés dans la voie qu’a ouvert la Révolution d’Octobre il y a cent ans.

Dans une déclaration commune, les organisations de jeunes communistes participantes à cet évènement ont rappelé que la Révolution d’octobre « a prouvé que le peuple, à travers ses luttes, peut mettre le capitalisme en déroute et construire une société supérieure, le socialisme. » Elle ajoute que tous les problèmes auxquels la jeunesse est confrontée aujourd’hui dans les pays capitalistes « peuvent être résolus avec la prise de pouvoir par la classe ouvrière et par le renversement révolutionnaire du capitalisme. Dans les pays où a été construit le socialisme, la jeunesse a acquis plusieurs droits qui, encore aujourd’hui, semblent idylliques pour la jeunesse dans nos pays comme l’accès universel à l’éducation, la garantie d’emploi stable, au sport et à la culture. »

jeudi 1 juin 2017

Après le 27e Congrès central de la YCL-LJC, il est maintenant temps de s’organiser!



Comité exécutif central, YCL-LJC

Mai, 2017


La semaine dernière, la Ligue de la jeunesse communiste du Canada a tenu son 27e Congrès central, le plus important des quatre précédents organisés depuis sa refondation en 2007. Du 19 au 22 mai, trente-cinq délégués ainsi que des suppléants et des observateurs venus de Montréal, Toronto, Guelph, Hamilton, London, Windsor, Edmonton, Calgary, Vancouver et Victoria se sont rassemblés pour réitérer leur engagement dans la lutte de la classe ouvrière et discuter des stratégies pour construire le socialisme au Canada. Nous avons consacré ces trois jours à échanger, discuter et débattre des luttes menées par les jeunes communistes partout à travers le pays.

Tenu sous le slogan «il est maintenant temps de s’organiser contre l’impérialisme et la réaction; honorant notre passé, nous construisons notre avenir socialiste», ce congrès s’est déroulé dans des conditions hostiles marquées par la recrudescence des guerres impérialistes, la montée de l’extrême-droite et des idées fascistes, la barbarie impérialiste et capitaliste et au milieu du terrain de jeu de l’anticommunisme. Bravant ces circonstances, les, ont prouvé une fois de plus que la jeunesse communiste au Canada est bel et bien présente et déterminée.

Le rapport politique, dressant un portrait de la conjoncture politique, économique et sociale dans laquelle nous luttons et évoluons, a été discuté les deux premiers jours du Congrès, puis adopté à l’unanimité.

À l’échelle internationale, les délégués ont partagé leur analyse politique concernant la possibilité d’une guerre mondiale ou d’un conflit globalisé et se sont accordés pour identifier l’impérialisme comme principal ennemi de la classe ouvrière, de la jeunesse et des peuples. Les politiques impérialistes du gouvernement canadien ont été dénoncées vertement et les congressistes se sont prononcés en faveur d’une politique étrangère basée sur la paix, la solidarité internationale et le respect de la souveraineté et de l’intégrité de chaque pays à travers le monde. La YCL-LJC s’est prononcée particulièrement en solidarité avec le peuple syrien et ses représentants, la révolution socialiste cubaine en dénonçant le blocus économique imposé à cette ile des Caraïbes depuis plus de 50 ans, le Sahara Occidental (dernière colonie africaine) et contre toute intervention impérialiste dans la péninsule de Corée.

Au sujet du Canada, les délégués ont souligné l’importance du rôle joué par la YCL-LJC dans la riposte contre les politiques d’austérité et néolibérales imposées par les gouvernements fédéral et provinciaux. Soulignant la fin de la «lune de miel» entre les mouvements sociaux et le gouvernement Trudeau, les jeunes communistes ont insisté sur l’importance de mobiliser pour un changement politique fondamental en faveur de politiques qui répondent des intérêts de la jeunesse et du peuple et non des profits des grandes compagnies monopolistes. Les délégués se sont prononcés contre les politiques patronales du gouvernement Trudeau et ont partagé leurs préoccupations quant au danger que représente la montée de l’extrême droite et du fascisme. Les délégués se sont également prononcés clairement en faveur d’une solution démocratique et égalitaire à la question nationale, solution qui trancherait avec le statu quo actuel basé sur l’oppression des nations québécoise, autochtone et acadiennes, et le génocide des nations autochtones. La discussion sur la situation politique et sociale au Canada a également permis d’analyser la situation des mouvements sociaux et du rôle que doivent jouer les jeunes communistes.

Renforçant l’analyse et le travail des jeunes communistes au sein des personnes opprimées et racisées, le Congrès a adopté une analyse qui lie les luttes contre l’oppression et le marxisme-léninisme. Ceci s’inscrit en continuité des 94 ans de luttes contre toute forme d’oppression où les jeunes communistes ont joué un rôle  d’avant-garde.

Le Congrès a été l’occasion de discuter des stratégies à adopter afin d’approcher la jeunesse sur ses lieux d’études et de travail pour présenter le projet politique révolutionnaire de la jeunesse communiste. Ces discussions ont abouti à l’adoption d’un plan d’action mettant l’accent sur trois campagnes qui seront priorisées au cours des prochaines années. L’une s’attaque à l’impérialisme, au racisme, à la montée de l’extrême-droite et établit un lien direct entre ces trois maux. L’autre met l’accent sur notre action auprès des jeunes travailleurs à travers la campagne de la hausse du salaire minimum à au moins 15$ l’heure. La troisième vise à consolider notre action auprès des étudiant-e-s à travers le Canada avec pour mot d’ordre principal et vecteur d’unité la gratuité scolaire. La discussion du plan d’action a également été l’occasion de faire le bilan des forces de notre collectif et d’évaluer comment la YCL-LJC peut être plus à même de jouer un rôle proactif dans les mouvements de masse.

Le Congrès a en outre adopté une version revisitée de la Déclaration d’unité et de résistance, véritable programme politique de la YCL-LJC. Cette déclaration avait été élaborée lors du Congrès de refondation en 2007. Sa mise à jour dix ans plus tard était de mise compte tenu des évolutions politiques et des nouvelles expériences de lutte dont ont bénéficié les camarades partout à travers le pays.


Les alliés participent


Tel que mentionné dans le rapport politique : «Notre base d’unité consiste en la jeunesse en lutte pour un avenir socialiste. Néanmoins, cette base n’est pas suffisante pour passer de notre situation actuelle à la révolution socialiste.» La participation au Congrès de nombreux alliés avec lesquels nous luttons depuis plusieurs années a prouvé que notre stratégie révolutionnaire nous permet de développer des liens avec les mouvements de masse.

Parmi ceux qui ont tenu à saluer les congressistes, soulignons deux invités spéciaux : Liz Rowley, chef du Parti communiste du Canada et Miguel Figueroa, du Congrès canadien pour la paix, qui ont soutenu tous les efforts de la YCL-LJC depuis sa refondation. Les délégués ont également pu apprécier les allocutions de Beixi Liu, de la campagne pour la hausse du salaire minimum avec qui la YCL-LJC collabore depuis plusieurs années. Rajean Hoilett de la Fédération canadienne des étudiant-e-s a également tenu à s’adresser au Congrès pour saluer les efforts fournis par les jeunes communistes dans le mouvement étudiant, notamment en organisant, le 2 novembre dernier, une série d’actions contre les frais de scolarité. Autre invité de marque, Orion Keresztesi, président du local 1281 du SCFP, a tenu à souligner l’importance du rôle qu’assument les jeunes communistes dans la lutte contre les associations étudiantes de droite et leur engagement à collaborer avec les salariés de ces associations pour renforcer la mobilisation.

Un congrès tenu sous l’égide de la solidarité internationale

Le Congrès s’est déroulé à un moment où l’approfondissement de la crise du capitalisme génère la fuite en avant de l’impérialisme et la résurgence de guerres sans cesse plus meurtrières. Les délégués ont donc tenu à témoigner de leur solidarité avec les peuples en lutte contre l’impérialisme en adoptant deux résolutions spéciales : l’une en appui aux prisonniers grévistes de la faim en Palestine, l’autre en solidarité avec le peuple vénézuélien, son processus révolutionnaire et ses représentants.

La Jeunesse communiste du Venezuela (JCV) avait d’ailleurs prévu assister aux travaux du Congrès et saluer les jeunes communistes du Canada en personne, mais pour des raisons administratives, ce projet n’a pu être concrétisé. Toutefois, dans la résolution spéciale adoptée à l’unanimité, le Congrès a mandaté le Comité central élu d’évaluer la possibilité d’organiser, dans les plus brefs délais, une tournée de la JCV au Canada.

Le Congrès a suscité beaucoup d’intérêt de la part de nos organisations-sœurs réunies au sein de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique dont plusieurs ont tenu à exprimer leur solidarité envers les luttes que mène la jeunesse communiste du Canada. Parmi elles, soulignons les salutations reçues de la part d’EDON (jeunesse démocratique de Chypre), de l’Union de la jeunesse communiste syrienne – Khaled Bakdash, de la jeunesse du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (JPADS), de la Jeunesse communiste du Portugal (JCP), de l’Union de la jeunesse communiste espagnole (UJCE), de la Jeunesse communiste d’Afrique du Sud et de plusieurs autres organisations que nous nous apprêtons à retrouver à Sotchi en octobre prochain à l’occasion du 19e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

Soulignons également que les délégués ont pu recevoir de vive voix les salutations de la jeunesse du Parti communiste de Turquie et de l’Union nationale de la jeunesse et des étudiants érythréens adressées par leurs représentants à Toronto.

Haut fait de ce Congrès, la soirée du vendredi 19 mai a été l’occasion de saluer les jeunes communistes de retour de la 25e brigade de travail volontaire Che Guevara. Ils ont relaté avec enthousiasme et au grand bonheur de l’auditoire, leur voyage en solidarité avec la Révolution socialiste cubaine.

Honorant notre passé, nous construisons notre avenir socialiste!

Le samedi soir, un banquet organisé à l’occasion du Congrès de la YCL-LJC a réuni plusieurs amis et alliés. Le programme, alliant politique et culture, a été enrichi par la participation, entre autres, de Chris Frazer, militant pour les droits des LGBTQIA+ et ancien secrétaire général de la YCL-LJC dans les années 1980, qui a rappelé quelques épisodes de l’histoire de la YCL-LJC (notamment la participation au 13e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Pyongyang en 1989) et souligné le rôle important qu’a joué cette organisation dans le mouvement étudiant et au sein de la jeunesse au Canada.

Mariam Abo Nokerah, militante palestinienne originaire de Gaza et active dans le mouvement BDS a mis au défi les convives qui, en solidarité avec les prisonniers palestiniens en grève de la faim, ont avalé une gorgée d’eau salée. Jaime R. Brenes Reyes, président du local 610 de l’ACFP, a dénoncé les coupes en éducation et a insisté sur la nécessité d’une large mobilisation pour la gratuité scolaire.

Le banquet a également été l’occasion d’honorer les luttes passées de la jeunesse et du mouvement communiste international, à commencer par la Révolution d’Octobre. Cet évènement, qui a littéralement changé le monde, a prouvé que le socialisme n’est pas une utopie et qu’il est possible de renverser l’ordre capitaliste et d’établir un État dirigé par le peuple et pour le peuple. Malgré les difficultés qui ont mené à la victoire temporaire de la contrerévolution en URSS et en Europe de l’Est, nous savons que la révolution d’Octobre inspire toujours les jeunes progressistes qui oeuvrent à la transformation sociale.

Continuité et renouveau


À l’issue des trois jours de Congrès, les jeunes communistes ont élu un nouveau Comité central composé de 15 membres effectifs et de 7 membres suppléants. La sélection des membres du CC s’est effectuée sur la base de l’expérience – à la fois dans les mouvements de masse et au sein de la YCL-LJC -, de considérations nationales, régionales et de l’avancement des personnes racisées et de genre opprimé. Environ la moitié des officiers du nouveau Comité central ont occupé un poste au sein du Comité central sortant et sont en mesure d’assurer une continuité au sein du collectif. Ils auront également la tâche de former les nouveaux membres du CC et d’assurer le renouveau des cadres.

Le Comité central a élu un Comité central exécutif composé de cinq membres desquels la majorité (3) sont des femmes. Le camarade Adrien Welsh, membre du Comité central sortant et responsable des relations internationales, a été élu Secrétaire général de la YCL-LJC et succède ainsi au camarade Drew Garvie qui assumait ces fonctions depuis trois ans et qui assumera désormais la responsabilité d’Organisateur central du Parti communiste du Canada. Il reste toutefois membre effectif du Comité central de la YCL-LJC. Les camarades Rozh Armand, organisatrice de la cellule de Vancouver, et Peter Miller, responsable de la Commission étudiante, assumeront les responsabilités d’Organisatrice centrale et de Trésorier, respectivement. Angela Milivojević, de Toronto, ainsi que Kayla Hilstob, de Vancouver, ont également été élues au CEC.

Les camarades ont également salué les efforts fournis par trois membres de la direction politique sortante qui passent à une autre étape de leur vie militante. La camarade Marianne Breton-Fontaine, qui a officié au Comité central exécutif et au Comité central depuis dix ans, se concentre maintenant sur les activités de la Ligue de la jeunesse communiste du Québec tout en demeurant membre effective du Comité central élu. Les camarades Zidane Mohammed et Brent Jantzen, membres du CEC sortant, continueront de militer localement et assumeront des responsabilités sectorielles, les deux ayant été désignés responsables de la Commission antiraciste et la Commission ouvrière respectivement.


Il est maintenant temps de s’organiser!

Forts des discussions et des conclusions du Congrès, c’est déterminés et plus unis que jamais que les délégués sont rentrés chez eux, prêts à présenter et à défendre les orientations adoptées par la plus haute instance de la YCL-LJC auprès des membres et de nos alliés dans chaque lieu de travail, d’études, dans le mouvement pour la paix, dans les collectifs antiracistes et antifascistes, dans les groupes de solidarité internationale, de solidarité avec les Premières nations, dans les mouvements féministes, LGBTQIA+, dans les syndicats et partout où nous sommes actifs à travers le Canada.

Devant l’urgence de renforcer la riposte de la jeunesse et des étudiants contre les politiques antipopulaires et réactionnaires des gouvernements bourgeois provinciaux et fédéral, les jeunes communistes répondent : présent! Il est maintenant temps de s’unir et de s’organiser contre l’impérialisme et contre les guerres d’agression soutenues par le Canada. Il est maintenant temps de s’organiser contre les politiques racistes et la montée de l’extrême-droite fascisante. Il est maintenant temps de s’organiser pour l’expansion des services publics et pour une démocratie avancée. Il est maintenant temps de s’organiser pour une résolution démocratique à l’oppression nationale au Canada, de sorte que les jeunes autochtones, québécois, acadiens et issus des minorités nationales puissent aspirer à un Canada où leurs droits nationaux jusqu’à et y compris le droit à la séparation sont garantis. Il est maintenant temps de s’organiser pour exiger immédiatement l’égalité entre les genres et pour la fin du patriarcat, du racisme, de la discrimination sous toutes ses formes. Il est maintenant temps de s’organiser pour la justice environnementale et contre la destruction de notre planète, résultat de la course effrénée aux profits des grandes compagnies.

Enfin, il est temps de s’organiser pour renverser le capitalisme, mettre fin à l’exploitation de l’humain par l’humain et bâtir le socialisme, seule garantie de l’émancipation complète de l’humanité.

Il est temps de s’organiser, s’unir et lutter pour le socialisme!

mercredi 17 mai 2017

Ziouganov: la Révolution socialiste d’Octobre a été un tournant dans l’évolution de l’humanité.

Interview du Président du Comité central du Parti communiste, Ziouganov, par l’agence chinoise de nouvelles Xinhua (publié dans la Pravda). Traduit par Marianne Dunlop pour « Histoire et societe » et disponible sur le site de Initiative-communiste en France.

– Aujourd’hui en Russie l’évaluation du rôle et de la signification de la Grande Révolution socialiste d’Octobre varie dans une gamme allant de « coup d’Etat » à « le plus grand événement du XXe siècle ». Comment évaluez-vous le rôle historique de la révolution et son importance pour la lutte de libération nationale des peuples de nombreux pays, dont la Chine ?

 

– La Grande Révolution socialiste d’Octobre est un événement considérable dans l’histoire du monde. Permettez-moi de vous rappeler : en 2017, les communistes et toutes les forces progressistes du monde vont célébrer son centenaire. Cet événement a été un tournant dans l’évolution humaine. Ce fut le début de la transition du capitalisme à une formation socio-économique plus progressiste.
La révolution socialiste était théoriquement fondée dans les œuvres de Karl Marx et Friedrich Engels. Sa mise en œuvre dans la pratique revint aux bolcheviks russes, dirigé par Vladimir Ilitch Lénine – grand penseur, leader du mouvement révolutionnaire international, créateur du premier État ouvrier et paysan dans le monde.

Il convient de le rappeler : l’inéluctabilité de bouleversements révolutionnaires en Russie n’a pas été prédite que par les bolcheviks. Un monarchiste convaincu comme était Menchikov, un homme honnête et intelligent, avait annoncé l’effondrement de la monarchie des Romanov. Après la révolution bourgeoise de février, il a écrit que nous ne devrions pas regretter le passé, qui avait été condamné à mort au début de la Première Guerre mondiale.

Appeler les événements d’Octobre 1917 un coup d’État venu d’en haut dénote une personne complètement ignorante ou très partisane. Quoique les tentatives de fausser la valeur de la première révolution socialiste sont susceptibles de se poursuivre aussi longtemps que le capitalisme existera. Mais nous devons bien comprendre une chose : aucune conspiration élitiste, même en cas de succès, ne peut changer les fondements mêmes de la vie du pays, ne peut avoir d’effet à une échelle planétaire.

Vous soulignez à juste titre que l’évaluation du rôle de la Grande Révolution d’Octobre dans notre pays diffère. Il y a ceux qui croient à juste titre : la Russie aurait cessé d’exister sans l’arrivée des bolcheviks au pouvoir. Elle aurait été brisée en plusieurs morceaux par les protectorats britannique, français, américain, japonais. Et cela n’est pas seulement un « point de vue ». C’est une déduction sur la base des faits historiques. Le Parti communiste reste ferme sur cette position.

On rencontre aujourd’hui des gens en Russie qui n’ont à la bouche que des malédictions à l’égard des bolcheviks et du régime soviétique. Cependant, ce n’est pas le cas général. Le peuple russe pour la plupart a un jugement positif sur les événements d’Octobre 1917, sachant très bien qu’ils étaient bons pour le pays. Ce que confirment un grand nombre de sondages de ces vingt dernières années.

La fracture concernant le passé soviétique dans notre pays est entre le peuple d’un côté et « l’élite » pro-occidentale de l’autre. C’est cette « élite » qui essaye justement de dénigrer, de diffamer les plus grands jalons de notre passé. Dans la propagande russe moderne, des forces considérables sont consacrées à la falsification de l’histoire soviétique. Malheureusement, les cercles libéraux continuent d’occuper des postes influents dans la politique, l’économie, l’information et la sphère culturelle. Ils mènent une campagne antisoviétique enragée et rêvent de jeter de leur piédestal les figures historiques exceptionnelles de Lénine et de Staline. Ils attentent même à notre victoire, la mémoire sacrée de la Grande Guerre patriotique.

Le Parti communiste repousse activement ces attaques perfides, défend la vérité et la justice. Maintenant, notre parti se prépare pour le 100ème anniversaire de la Grande Révolution d’Octobre. L’an dernier, nous avons organisé à ce sujet deux plénums du Comité central. Il est prévu une série d’événements commémoratifs, y compris internationaux.

Soulignant l’importance de la Grande Révolution d’Octobre, le Parti communiste insiste sur la nature non aléatoire, non fortuit de la révolution socialiste en Russie. Longtemps avant Octobre 1917, Lénine avait démontré son caractère inéluctable. Développant de manière créative la théorie marxiste, il a analysé la transition vers un stade supérieur du capitalisme – l’impérialisme. Les caractéristiques principales de cette nouvelle étape sont : l’émergence de monopoles, la formation du capital financier, l’achèvement de la division coloniale du monde. Dans cette configuration la concurrence capitaliste perdure et donne lieu à un développement inégal dans les différents pays.

Sur cette base, Lénine fait une autre conclusion : l’émergence de maillons faibles de la chaîne capitaliste. C’est là que la chaîne capitaliste peut être brisée. La révolution socialiste peut d’abord gagner dans quelques pays ou même dans un seul pays.

Une analyse approfondie a convaincu Lénine que le maillon le plus faible dans la chaîne de l’impérialisme était l’Empire russe. Notre pays était un enchevêtrement de contradictions aiguës entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre la bourgeoisie et la superstructure féodale tsariste, entre les propriétaires fonciers et les paysans. Le fossé se creusait au sein de la paysannerie. La question agraire et la question des nationalités réclamaient une solution urgente.

La Première Guerre mondiale a exacerbé à un point extrême la pauvreté et la détresse des classes opprimées. En Russie, il y avait une situation révolutionnaire. Les conditions objectives de la révolution se sont trouvées réunies avec les actions de masse de la classe d’avant-garde. Ses meilleurs représentants se sont organisés en un parti politique – le parti des bolcheviks. Prenant ses débuts avec « Iskra » (l’Etincelle), le bolchevisme de Lénine a trouvé une forme institutionnalisée au IIème Congrès du POSDR en 1903. Déjà au cours de la première révolution russe, il a confirmé dans la pratique la justesse de sa ligne.

En Octobre 1917, le parti de Lénine a remporté un fort soutien de tous les travailleurs de Russie. Les bolcheviks ont pu entendre, comprendre et exprimer le langage politique des aspirations profondes du peuple. Le pays tout entier a entendu leurs slogans : « La Paixaux peuples ! », « La Terreaux paysans ! », « Les usinesaux travailleurs ! », « Le Painà ceux qui ont faim ! », « Le Pouvoiraux Soviets ! ». Le succès de la première révolution socialiste du monde était garanti.

Ainsi, l’une des réalisations les plus importantes de Lénine est qu’il a évalué précisément le moment historique pour l’accomplissement d’une révolution socialiste victorieuse en Russie. Avant cela, l’arène principale de la lutte pour le socialisme se trouvait en Europe occidentale. Mais sur la base des conclusions de l’ouvrage « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », Lénine a brillamment prédit le transfert du centre du mouvement révolutionnaire en Russie. Et il avait raison ! La révolution socialiste dans notre pays a gagné.

Toutefois, il était nécessaire non seulement de prendre le pouvoir, mais aussi de le garder. Contre la jeune République soviétique, 14 pays ont pris les armes. Sur la base de la contre-révolution interne, ils ont commencé à déchirer la Russie du dehors. La bourgeoisie russe et les propriétaires fonciers vendaient à gauche et à droite les intérêts nationaux. C’est la résistance et la volonté du Parti bolchevik, s’appuyant sur les masses populaires, qui a sauvé notre pays de la destruction.

Quand les envahisseurs et leurs complices ont été expulsés, une autre tâche est apparue, pas moins difficile : assurer la construction d’une nouvelle vie. Au début de 1921, la Russie soviétique était dans une situation désespérée. Le pays avait été dévasté par deux guerres : la Première Guerre mondiale et la Guerre civile. La production industrielle avait chuté de près de cinq fois. Le volume de la production agricole avait été divisé par deux. Les victimes de la guerre, de la famine, des épidémies constituaient pas moins de 25 millions de personnes.

Aujourd’hui, on ne peut qu’admirer la sagesse des bolcheviks, qui, en quelques années, ont essayé plusieurs options pour la politique – du communisme de guerre à la nouvelle politique économique et au plan d’électrification. Dans les années 1922-1929, juste avant le premier plan quinquennal, plus de 2.000 grandes entreprises industrielles ont été construites. Sur le plan économique, le pays a atteint le niveau de 1913.

Mais une nouvelle guerre mondiale se préparait. Dans ces circonstances, il fallut faire un énorme bond en avant, pour créer des secteurs entiers de l’économie. Sans cela, la survie de l’Union soviétique n’aurait pas été possible. Au cours des 10 ans qui ont précédé la guerre, nous avons été capables de parcourir le chemin accompli par l’Europe en un siècle. 9.000 nouvelles entreprises ont été construites. Notre pays à moitié illettré a appris à lire et à écrire, et est devenu le meilleur dans le domaine des sciences. Sans cela, il n’y aurait pas eu la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Et par conséquent, on ne peut séparer l’une de l’autre ces deux grandes dates : 1945 et 1917. Ces deux événements sont des étapes étroitement liées entre elles dans la voie socialiste.

Les réalisations exceptionnelles des bolcheviks ne se sont pas exprimées seulement sur le terrain économique. Elles ont mis fin à l’oppression nationale et créé une communauté unique – le peuple soviétique. La construction du socialisme a été l’œuvre de toutes les nationalités de l’URSS.

La Révolution d’Octobre n’avait pas qu’une dimension russe. C’est un événement universel. Pour le dixième anniversaire d’Octobre, Staline a écrit, « on ne peut pas considérer la Révolution d’Octobre seulement comme une révolution dans des limites nationales. C’est, avant tout une révolution à l’échelle mondiale, internationale, car elle signifie un tournant radical dans l’histoire mondiale de l’humanité, un passage de l’ancien monde, capitaliste, au nouveau monde socialiste. ».

La première victoire du socialisme sur la planète a eu une influence décisive sur le processus historique mondial. Un exemple a été donné, qui a été suivi dans de nombreux pays. Le mouvement de libération nationale des peuples opprimés a reçu une impulsion extrêmement puissante. Leur libération de l’esclavage colonial a été rendue possible.

Pour le peuple chinois, les idées d’Octobre ont été d’une importance considérable. En 1918, le leader du mouvement révolutionnaire démocratique chinois Sun Yat-sen a envoyé un télégramme à Lénine et au gouvernement soviétique, dans laquelle il souhaitait un plein succès à la Russie soviétique et exprimait l’espoir que « les partis révolutionnaires de Chine et la Russie se réunissent pour une lutte commune ».

Je suis tombé récemment sur un document historique très intéressant : la Proclamation du Conseil des commissaires du peuple de la RSFSR au peuple chinois datée du 25 Juillet 1919. Elle confirme le rejet complet par le pouvoir soviétique des droits et privilèges spéciaux obtenus par le gouvernement tsariste en Chine à la suite des traités inégaux. Dans l’histoire chinoise, il n’y a pas d’autre cas où des étrangers ont renoncé volontairement à leurs avantages. Le document, en particulier, déclare : « Si les Chinois veulent devenir, comme les Russes, un peuple libre… ils doivent comprendre que leur seul allié et frère dans la lutte pour la liberté, ce sont les travailleurs et les paysans russes et leur Armée rouge. ».

Le 1 juillet 1921 à Shanghai a été créé le Parti communiste chinois, inspiré par l’héritage révolutionnaire de la Grande Révolution d’Octobre. C’était un parti politique de la classe ouvrière chinoise, basé sur les principes du marxisme-léninisme. Le PCC a dû suivre une voie extrêmement difficile. Mais ses efforts ont été couronnés de succès. Le parti a su se mettre à la tête des forces progressistes du pays. Il a conduit à la victoire de la révolution anti-impérialiste et antiféodale en Chine, posant les bases de tous les progrès et réalisations modernes de la Chine.

Je voudrais rappeler les paroles de Mao Zedong, « Les salves de la Révolution d’Octobre nous ont apporté le marxisme-léninisme. La Révolution d’Octobre a aidé les gens progressistes du monde, y compris en Chine, à reconsidérer leurs problèmes, appliquant l’idéologie prolétarienne pour déterminer le sort de leur pays ». Les communistes chinois ont réussi, de même que les bolcheviks russes, à unir leur pays et à l’amener sur une trajectoire allant résolument en avant.

Ainsi, la Grande Révolution d’Octobre, les idées de Lénine et de Staline ne sont pas la propriété des seuls Russes. Elles appartiennent à l’humanité tout entière. Elles appartiennent à la Chine, qui sous la direction du Parti communiste fait la démonstration au monde entier des merveilles de son développement socio-économique.

– Comment, avec le recul, évaluez-vous le rôle de figures historiques comme Lénine, Staline, Gorbatchev ?

 

– La vie socio-politique de la Russie moderne montre clairement un affrontement de deux principes idéologiques, un principe créateur et un principe destructeur. Chacun d’entre eux est associé dans l’esprit des citoyens du pays à l’activité de divers personnages historiques.

Les noms de Lénine et de Staline sont associés à tous les succès les plus importants de notre pays au XXème siècle. Sous la bannière de la Grande Révolution d’Octobre a été créé le premier État socialiste au monde, ont été transformées toutes les sphères de la vie dans la société soviétique, a été remportée la victoire sur le fascisme allemand dans la guerre la plus terrible qui soit, a été défait le militarisme japonais, a été rapidement rétablie l’économie nationale. Ensuite, nous avons créé la parité nucléaire avec les États-Unis et nous fumes les premiers à sortir dans l’espace. Tout cela et plus encore fut la conséquence directe de la Révolution accomplie en Octobre 1917.

Lénine et Staline étaient les fondateurs de notre parti et de l’État soviétique. Mais leurs personnages ne doivent en aucun cas être considérés comme des pièces de musée d’une époque révolue. Ils doivent nous inspirer dans notre vie, dans notre lutte et notre travail quotidien. Leur héritage doit être étudié, et leurs idées être mises en pratique et développées.

En réponse à ceux qui tentent de discréditer les noms de ces grands hommes, voici deux citations. La première : « Je respecte en Lénine un homme, qui avec une abnégation complète a donné toutes ses force à la mise en œuvre de la justice sociale… Les gens comme lui sont les gardiens et les rénovateurs de la conscience de l’humanité ». La deuxième citation se rapporte à Staline : « Personnellement, je ne ressens rien d’autre que la plus grande admiration pour ce grand homme, le père de son pays… ».

A qui appartiennent ces déclarations ? – demandez-vous. L’auteur de la première est Albert Einstein – l’un des esprits les plus profonds dans l’histoire du monde. La seconde appartient à Winston Churchill, qui détestait le socialisme, mais qui a trouvé le courage de reconnaître la grandeur des réalisations de Staline. A tous les Pygmées, qui tentent de noircir les noms des géants – Lénine et Staline, je vous conseille de mémoriser les lignes citées ci-dessus.

Vladimir Lénine fut un homme d’État à nul autre pareil. Il a réussi à créer un parti qui a pris sur lui de construire le premier État socialiste du monde. Il a grandi dans une famille heureuse, était entouré par l’amour et la prospérité, a brillamment achevé ses études à l’école secondaire. Il aurait pu mener une vie tranquille et heureuse. Mais Lénine s’est consacré à la lutte pour la justice et les intérêts des travailleurs. Il a créé un état où les valeurs principales étaient l’humanisme, le travail, la justice, où les représentants de chaque nation, grandes et petites, sentaient la confiance dans l’avenir.

Aujourd’hui on trouve les œuvres complètes de Lénine dans toute bibliothèque sérieuse à travers le monde. Ses écrits ont été traduits dans presque toutes les langues. Je dis souvent à nos adversaires : Donnez-moi un second exemple d’un tel génie, penseur, homme politique, homme d’État. Il n’y a pas de tels exemples !

Deux des crises les plus aiguës du capitalisme ont entraîné deux guerres mondiales. Notre pays s’est trouvé au centre de ces événements. Depuis la première il a été tiré par la Grande Révolution d’Octobre dirigée par Lénine, de la seconde par la Grande Victoire dirigée par Staline.

L’URSS sous la direction de Staline se hissa en quelques années au rang des trois premières nations les plus puissantes du monde. Un système a été mis en place qui a rendu possible la victoire sur le fascisme. Les éléments de ce système étaient le développement de l’économie, la capacité de combat de l’Armée rouge, et l’école soviétique, qui a formé des combattants courageux, intelligents et audacieux. Hitler a conquis toute l’Europe continentale, avec ses usines, ses ports, ses aérodromes, mais il s’est cassé les dents sur l’héroïsme de notre peuple, la puissance scientifique et technique de l’Union soviétique.

Le talent de chef militaire de Staline est reconnu par tous ceux qui ont travaillé avec lui pendant la guerre : Joukov, Rokossovsky, Koniev, Vassilevsky et d’autres. En tant que commandant en chef, il connaissait la situation opérationnelle et a dirigé le travail de toutes les opérations offensives majeures.

Staline comprenait que seul un puissant bloc de pays socialistes pourrait résister à l’agression du capital mondial. Le rôle principal dans sa création après la Seconde Guerre mondiale revint à l’URSS et à la Chine. L’Union soviétique fut le premier pays au monde à reconnaître la République populaire de Chine. C’était le 2 octobre 1949 – le lendemain de la proclamation de la République populaire de Chine. Quelques mois plus tard, en février 1950, a été signé par le traité sino-soviétique d’amitié, alliance et assistance mutuelle. La direction de Staline a tendu au peuple chinois une main fraternelle pour la construction de l’État, l’armée, la formation de spécialistes. L’alliance stratégique de Moscou et Pékin est devenue une véritable menace pour l’hégémonie des États-Unis d’Amérique.

Quant à Gorbatchev, il ne mérite pas même la simple mention de son nom à côté de Lénine et de Staline. Gorbatchev, Yakovlev, Chevardnadze, Yeltsine et leurs complices ont commis le crime le plus grave devant leur peuple et l’humanité tout entière – ils ont détruit l’Union soviétique. Ils ont ouvertement bafoué les résultats du référendum de mars 1991. Alors que la grande majorité des participants avaient voté pour le maintien de l’Union soviétique.

Il faut se rappeler que l’URSS était une civilisation entière : 190 nations et nationalités, 40 religions et confessions religieuses, 10 fuseaux horaires, presque toutes les zones climatiques. Il n’existait pas au monde de formation étatico-politique plus sophistiquée. Ignorant tout cela, Gorbatchev par ses actions a miné l’unité nationale et les fondements de l’État.

En conséquence, l’Union soviétique a été détruite. Le pays a connu la honte des « folles années quatre-vingt-dix ». Plus de 80.000 entreprises ont été détruites. L’un après l’autre des conflits sanglants ont éclaté. Leurs victimes se comptent en centaines de milliers de personnes, et il y eut 9 millions de réfugiés. Donc, aujourd’hui, quand Gorbatchev parle de la restauration du capitalisme en Russie sans effusion de sang, cela suscite seulement la colère et le ressentiment. Il suffit de regarder les événements où sont plongés aujourd’hui nos frères ukrainiens. Le chaos, l’effusion de sang, l’appauvrissement des masses – voilà ce qui se passe là-bas ces dernières années. Et c’est une des conséquences directes de la trahison de Gorbatchev.

Le nom de Gorbatchev en Russie aujourd’hui est perçu comme un synonyme de trahison nationale, comme un symbole de trahison de la cause socialiste et de mépris des intérêts des travailleurs. Avec ce nom sont fermement associés des événements de notre histoire récente, comme la négligence de l’exploit du peuple soviétique, l’humiliation devant les États-Unis, l’acceptation des politiques néocoloniales de l’Occident. Dans l’esprit populaire la « perestroïka » de Gorbatchev est perçue comme toute une série de défaites et de crimes. Dans ses documents politiques, le Parti communiste a donné une évaluation objective des activités destructrices de cette girouette.

– Après l’effondrement de l’Union soviétique et l’interdiction du PCUS, le mouvement communiste en Russie a connu des moments difficiles. Comment vous et vos collègues avez-vous réussi à préserver la dignité, la loyauté envers les idéaux, à surmonter toutes les difficultés et recréer le Parti communiste ?

 

– L’époque était vraiment difficile. La contre-révolution bourgeoise et la destruction de l’Union soviétique furent une épreuve pour notre pays, et pour le mouvement communiste international.

Des millions de citoyens soviétiques ne pouvaient imaginer dans leur pire cauchemar que la direction du parti et du pays allaient les emmener sur la route de la trahison, de la destruction de l’État. Tout cela a semé une certaine confusion dans les rangs des communistes et de leurs partisans. Mais, en dépit de la trahison de la direction du parti, beaucoup sont restés fidèles à leurs idéaux. Les communistes russes n’ont pas permis l’enterrement de la cause du socialisme dans notre pays. Ils ont recréé le Parti communiste, ils se sont engagés courageusement sur le chemin de la lutte pour la renaissance de la patrie socialiste.

Permettez-moi de vous rappeler que, dans la période d’août à novembre 1991, les nouvelles autorités russes « démocratiques » ont d’abord suspendu puis interdit les activités du PCUS et de son organisation en Russie, le Parti communiste de la RSFSR. La propriété du parti a été confisquée. À une époque où tout à coup, avaient apparemment disparu les repères idéologiques, et même moraux, de nombreux membres du parti interdit étaient démoralisés. Il y en a même eu qui ont pris part à la « croisade » contre le socialisme. Le pays a mis en place une campagne féroce pour discréditer le parti et les idées communistes. En Russie on a monté « l’affaire du PCUS ». Des tentatives ont été faites pour organiser un procès contre ce parti et cette idéologie qui avaient conduit le peuple soviétique à la victoire sur le fascisme.

A cette époque, la « thérapie de choc » du gouvernement de Gaïdar a fortement augmenté la tension sociale dans le pays. En quelques semaines, la plupart de nos citoyens sont tombés dans la misère. La colère du peuple s’est déversée dans les rues. Et là, le nouveau gouvernement, prétendument « démocratique », s’est révélé dans toute sa splendeur. Yeltsine et ses acolytes ont eu recours à maintes reprises à la force brute.

Ainsi, le 23 février 1992, anniversaire de l’armée soviétique, la manifestation des patriotes de gauche a été matraquée en plein centre de Moscou. Plus tard l’usage de la force contre les citoyens manifestant pacifiquement s’est répété régulièrement. Le point culminant de cette confrontation a été l’attaque du Soviet suprême élu par le peuple de la RSFSR et le massacre de ses partisans en septembre-octobre 1993.

Pour moi, il est évident que l’exigence de justice sociale dans la société russe était très forte. Mais au cours des manifestations de 1992-1993, il manquait clairement un noyau organisateur. L’objectif principal dans ces circonstances était de faire revivre le Parti communiste, force politique des masses ouvrières. Le travail pour sa reconstruction s’est poursuivi sans relâche, malgré la forte pression politique, psychologique et administrative. Devant la Cour constitutionnelle, nous avons été en mesure de contester le décret Yeltsine interdisant les activités du parti.

Les 13-14 février 1993, s’est tenu le IIème Congrès extraordinaire des communistes russes. Après une interdiction de presque un an et demi, il a annoncé la reprise des activités du parti, qui a pris le nom de Parti communiste de la Fédération de Russie. En mars de la même année, le Parti communiste a été officiellement enregistré auprès du ministère de la Justice de la Russie. Après de dures épreuves, non seulement le parti a été officiellement relancé, mais est également devenu une force d’opposition de premier plan dans le pays.

Bien sûr, la voie n’a pas été facile. Nous devions travailler dans des conditions spéciales. Nous avons pleinement vécu la tyrannie de la machine répressive de Yeltsine et l’orgie médiatique « démocratique ». Nos militants ont connu des tentatives de corruption et des menaces. Souvent leurs familles ont subi des pressions. Mais nos camarades ont résisté avec honneur. Et dans ces conditions difficiles, l’exemple de la Chine socialiste – sa montée en puissance rapidement et ses succès – fut très important pour nous.

En décembre 1993, le Parti communiste à peine reconstitué a remporté 12% dans les premières élections à la Douma d’État. C’était seulement deux mois après l’attaque contre le Soviet suprême dans les jours « d’Octobre noir ». Beaucoup de gens craignaient ouvertement des représailles du régime Yeltsine. Mener la campagne sous la bannière du Parti communiste après le tir des chars dans le centre de Moscou était un acte qui exigeait du courage. Et les gens qui sont venus au Parti communiste, en ont donné la pleine mesure.

Aux élections à la Douma deux ans plus tard, nous obtenions déjà 22% des votes. Et à l’élection présidentielle nous avons combattu Yeltsine à armes égales en 1996. Le principal mérite en revient aux militants de base du Parti communiste, qui étaient prêts à travailler dans des conditions extrêmement difficiles. Ils ont fait renaître notre parti à travers le pays –il y a des cellules dans les coins les plus reculés de la Russie. Quand quelqu’un soulève la question de « l’or du parti », je réponds avec assurance qu’il y a vraiment là de l’or. Ce sont ces gens exceptionnels – nos compagnons de combat.

– Quelle est aujourd’hui l’influence du Parti communiste en Russie ? Combien d’adhérents ? Quels sont les objectifs que vous vous fixez dans les prochaines élections à la Douma d’État ?

 

– Prenant sa source dans le Parti bolchevik fondé par Lénine, le Parti communiste a toujours défendu les droits des travailleurs salariés et les intérêts nationaux de la Russie. Depuis un quart de siècle, notre parti se bat contre la restauration capitaliste, utilisant à la fois la tribune parlementaire, et le travail parmi les masses. Notre objectif stratégique est de construire en Russie un socialisme renouvelé, le socialisme du XXIème siècle.

Malgré la pression administrative et la propagande anti-communiste constante, nous conservons la place de principal parti d’opposition. Contrairement aux autres partis russes, le Parti communiste a une structure ramifiée de ses organisations à travers le pays. Seul le parti « Russie unie » peut se mesurer à nous. Le Parti communiste possède 81 fédérations régionales, plus de deux mille sections locales et près de 14.000 cellules de base.

Dans les rangs du parti, il y a plus de 160.000 membres. Je note pour le lecteur chinois que, à la veille de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, le Parti bolchevik avait environ 40.000 membres.

Aujourd’hui, nous ne pouvons que nous réjouir que les rangs du Parti communiste acceptent beaucoup de jeunes. Pour augmenter le niveau de formation des jeunes communistes a été créé le Centre d’étude politique du Comité central du Parti communiste. Depuis près de trois ans, il a formé plus de 600 de nos jeunes camarades. Ce sont eux qui constituent la réserve de cadres du parti.

Mais la puissance du Parti communiste ne s’arrête pas là. Le Parti communiste a des millions de sympathisants dans différentes tranches d’âge et groupes professionnels. Auprès des communistes fonctionnent la Ligue de la Jeunesse Communiste Léniniste, « l’Union des Femmes russes-Espoir de la Russie », un certain nombre de syndicats indépendants et les organisations d’anciens combattants et de nombreuses organisations patriotiques de gauche. Tous ensemble, ils forment un réseau de propagande inégalé.

Des groupes parlementaires et d’élus du Parti communiste fonctionnent dans la majorité des régions, districts et municipalités. Des représentants du parti – Potomsky et Levtchenko – dirigent les régions d’Orel et Irkoutsk. Le premier d’entre eux est situé au cœur du tchernoziom russe, et le second est la porte d’entrée de la Russie vers la Chine et la Mongolie, possède une industrie développée et de vastes ressources naturelles. Le communiste Lokot a été élu maire de la troisième plus grande ville en Russie – Novossibirsk. Malgré la crise économique, nos représentants dans les organes exécutifs obtiennent de grands succès.

Des élections se tiendront le 18 septembre à la chambre basse du parlement russe – la Douma d’Etat. Nous allons à ces élections avec une solide équipe de professionnels. Le Parti communiste a mis au point un programme de développement du pays qui garantit la sortie de la crise économique et sociale. Ce programme, nous allons faire tout notre possible pour le faire parvenir à chaque électeur, jusqu’au fin fond des campagnes.

Le Parti communiste n’a pas seulement l’ambition de conserver son statut de principale force d’opposition en Russie. Je crois que la prochaine élection est l’occasion pour toutes les forces nationales-patriotiques de s’unir autour d’un programme de relance à grande échelle de notre pays. Nous voulons obtenir un tel résultat, qui nous permettra de mettre en œuvre notre programme anti-crise. Pour ce faire, il faut atteindre un nouvel équilibre des forces dans la Douma d’État, afin de former un gouvernement de confiance nationale.

À cet égard, un bon exemple dans l’histoire moderne de la Russie est le gouvernement Primakov-Maslyukov créé sur notre initiative. En un temps record, il a réussi à surmonter les conséquences désastreuses du défaut de 1998. Aujourd’hui, il est urgent de constituer un gouvernement de centre-gauche, qui mette en pratique le programme de sortie du pays de la crise. Notre programme anti-crise implique la restauration de la souveraineté économique de la Russie, pour qu’elle échappe au contrôle du grand capital occidental. Dans le même temps, nous cherchons à renforcer les relations économiques extérieures en direction de l’est. À notre avis, cela va contribuer au développement des régions éloignées de la Russie et servira de bonne base pour un rapprochement avec la Chine – notre partenaire stratégique.

– Le Parti communiste est un parti d’opposition. Vous critiquez vivement de nombreux aspects de la politique intérieure, mais soutenez la politique étrangère. Comme avez-vous construit vos relations personnelles avec le président russe Vladimir Poutine ?

 

– Tout d’abord je tiens à préciser un point. Nous ne critiquons pas des aspects ponctuels des politiques socio-économiques libérales du gouvernement Medvedev. Nous rejetons ce cours entièrement. Nous estimons qu’il a mené le pays dans une impasse et sa continuation est lourde de graves conséquences pour la Russie. Le bloc économique du gouvernement défend en réalité des intérêts non nationaux, et sert de courroie de transmission à une influence occidentale destructrice.

Cette politique libérale entre aujourd’hui en conflit avec la politique étrangère active de la Russie. Notre pays doit défendre ses intérêts, à l’heure où l’Occident dirigé par les États-Unis tente d’isoler la Russie et provoque des tensions sur nos frontières. La Chine connaît, par exemple, une situation semblable en mer de Chine du Sud, où des navires de la Septième Flotte US viennent faire de la provocation. Au même moment, leur Sixième Flotte viole effrontément la Convention de Montreux, essayant de s’installer en Mer Noire au large des côtes russes. Quant à l’Europe de l’Est, les colonnes blindées de l’OTAN y organisent régulièrement leurs marches de démonstration.

Le Parti communiste en général approuve les efforts de notre service diplomatique, qui tente de contrecarrer la politique étrangère américaine aventureuse. Mais en même temps, notre parti comprend que pour lutter efficacement contre l’agression de l’impérialisme il faut des arrières solides. Ce qui était le cas de l’Union soviétique au cours de la lutte contre le fascisme allemand et le militarisme japonais. Sans changement décisif de la politique socio-économique, il sera difficile de compter sur le succès de la politique étrangère.

Les communistes russes croient que la politique libérale du gouvernement actuel ne reflète pas les aspirations des masses : ouvriers, paysans, intellectuels, petites et moyennes entreprises, jeunes et retraités. La politique financière et économique libérale ne cesse de détruire le complexe économique du pays, établit le droit des oligarques à décider du sort de la Russie, le met dans une dépendance économique vis-à-vis de l’Ouest. Nous pensons que cette ligne est en profonde contradiction avec la politique étrangère effectuée par le président Poutine. Elle implique la protection des intérêts nationaux de la Russie et l’opposition à l’hégémonie américaine dans le monde.

Avec Poutine, j’ai noué des relations de travail solides et sereines. Cependant, le Parti communiste souligne constamment le fait que les activités du pouvoir central en Russie sont pleines de contradictions. Le cours socio-économique actuel, nous n’en sommes absolument pas satisfaits. Tout cela fait partie des mêmes politiques de Yeltsin-Gaïdar des années 1990. Elles sont inacceptables pour nous, de même que la propagande antisoviétique débridée.

En d’autres termes, la direction de la Russie n’est pas homogène. Elle se compose de forces divergentes. Dans le cadre de cet équilibre complexe, le Parti communiste cherche à obtenir que les tendances patriotiques prennent le dessus. C’est ce que visent mes rencontres personnelles avec Poutine et avec les membres du gouvernement actuel.

– Vous avez été à plusieurs reprises en Chine et avez rencontré le président chinois Xi Jinping. Comment évaluez-vous la nature des relations entre le Parti communiste russe et le Parti communiste chinois ?

 

– Vous avez absolument raison de noter le caractère long et durable de notre relation avec le Parti communiste chinois. Avec le camarade Xi Jinping, nous avons fait connaissance avant qu’il devienne président de la République populaire de Chine. Même alors, j’ai remarqué son ouverture d’esprit, son approche réfléchie et sobre des questions les plus complexes de la politique, de l’économie, de la sphère idéologique.

Xi Jinping fait partie des hommes d’Etat les plus influents de l’ère moderne. Ces personnes ne sont pas seulement en mesure de comprendre le contenu de l’étape actuelle du développement humain, mais aussi de prédire la direction de ce développement. Il cherche à profiter de l’occasion historique au nom de la stabilité et de la prospérité de la Chine, pour la réalisation du rêve de la Chine d’un monde harmonieux.

Les communistes russes ont depuis longtemps des liens fraternels avec leurs camarades chinois. Nous sommes liés par les années de lutte contre l’impérialisme dans les conditions de la clandestinité, le triomphe de la Grande Révolution d’Octobre, les activités conjointes du Komintern, la protection de la liberté et de l’indépendance de nos nations au cours de la Seconde Guerre mondiale, la relance économique et culturelle d’après-guerre. Aujourd’hui, nous sommes unis dans le rejet catégorique de la domination américaine dans le monde. Dans un effort pour construire un ordre mondial juste, le Parti communiste russe et le PCC renforcent activement les sympathies réciproques des citoyens des deux pays, consolidant ainsi l’amitié entre la Chine et la Russie.

Les relations entre le Parti communiste russe et le PCC ont le caractère d’un partenariat stratégique fort. Dès les années 1990 a été signé entre les deux partis un accord de coopération. Il est renouvelé régulièrement, et la relation entre nos deux partis concerne toujours plus de domaines. De jeunes dirigeants de notre Parti se rendent régulièrement en Chine pour y suivre une formation. Ils se familiarisent avec l’expérience unique de la Chine afin d’appliquer ces connaissances dans leur pays d’origine. Nos partis échangent en permanence des informations pour développer une vision commune sur les questions les plus importantes de l’ordre du jour, tant bilatérales qu’internationales.

Aujourd’hui, les relations entre les deux partis entrent dans une nouvelle étape. Nous avons signé un Mémorandum de coopération interpartis. Nous développons les échanges de délégations. Le Parti communiste russe étudie attentivement les meilleures pratiques du PCC dans le domaine de l’économie, des programmes sociaux et humanitaires, dans le domaine de la construction du parti. Les communistes russes diffusent largement les succès et les réalisations de la Chine parmi les citoyens russes. Le journal « Pravda », la chaîne du Parti communiste « Ligne rouge », nos autres sites couvrent régulièrement la vie de la République populaire de Chine.

Le Parti communiste et le PCC considèrent comme inacceptables les tentatives de falsifier l’histoire, en particulier la Seconde Guerre mondiale et ses résultats. Un symbole de la proximité de nos pays a été le 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand et le militarisme japonais. Les troupes chinoises ont pris part à la parade du 9 mai sur la Place Rouge, et le grand défilé du 3 septembre à Pékin a été marqué par la présence des dirigeants russes.

Quelques jours plus tard, le 26 septembre à Khabarovsk, se sont déroulés des événements festifs, organisés par le Parti communiste russe et le Parti communiste de Chine. Ensemble, nous avons tenu une conférence « 70 ans de la Victoire commune. Contribution historique et rôle de l’Union soviétique et de la Chine lors de la Seconde Guerre mondiale contre le fascisme ». Après son achèvement, des artistes chinois et russes ont donné un magnifique concert. Nous avons accueilli une importante délégation du Comité central du PCC, dirigé par le membre du Politburo, secrétaire du Comité central du Parti, le camarade Liu Qibao.

Je suis convaincu que ces activités doivent être poursuivies sur une base régulière. En général, nous sommes prêts à développer davantage le riche potentiel de coopération entre nos deux partis, y compris dans l’intérêt des relations bilatérales entre la Russie et la Chine.

– Aujourd’hui, de nombreux experts occidentaux prédisent à l’économie chinoise un « atterrissage brutal ». Que pensez-vous de ce genre de prévisions ? Quelles sont, à votre avis, les perspectives de la construction de la « société de prospérité moyenne » de la Chine ?

 

– Vous savez, nous ne pouvons que sourire quand certains « experts de canapé » se réjouissent de la « crise en Chine ». Il est nécessaire de bien connaître la situation réelle. La croissance de l’économie de la Chine a été de 7% l’an dernier, alors que dans l’UE c’est moins de 2% et aux Etats-Unis – un peu plus de 2%, et en Russie on a une croissance négative. Donc, clamer sur les toits l’effondrement à venir de l’économie de la Chine, est pour ne pas dire plus, ridicule. Bien sûr, en raison de la crise mondiale, la Chine connaît quelques difficultés, mais je suis sûr qu’elles ne sont que temporaires, ce sont des « maladies de croissance ».

Je pense que la Chine a toutes les raisons d’avoir confiance dans un avenir meilleur. Les communistes chinois ont soigneusement étudié l’expérience de notre pays, y compris l’époque de Gorbatchev avec sa « perestroïka » et l’effondrement de l’URSS. Le PCC essaie de ne pas répéter les erreurs commises par nous. Pour ce qui concerne l’économie en Chine, elle est considérée comme un système très complexe qui ne permet pas le volontarisme et l’aventurisme. Toutes les étapes sont prises après une analyse approfondie des conséquences possibles. Il est possible d’assurer la continuité et la puissance, et les réformes sans se jeter dans les extrêmes.

Les communistes de Chine ont combiné le marxisme-léninisme avec le socialisme aux caractéristiques chinoises, la réglementation gouvernementale et les opportunités du marché. Contrairement aux libéraux russes, les dirigeants chinois ne comptent pas sur l’omnipotence de la « main invisible du marché ». Ils ont trouvé un rapport maîtrisé entre des formes de propriété, État, collective et la propriété privée, sans supprimer le contrôle de l’État dans l’une quelconque de ces zones.

Il convient de souligner que l’économie de la Chine n’est pas basée sur les matières premières. On observe une croissance rapide des machines-outils, des avions, de l’automobile. Le système éducatif chinois est aussi en plein développement. Il n’est pas surprenant qu’en seulement deux décennies, la Chine soit passée d’un pays à prédominance agraire au rôle de locomotive de l’économie mondiale. Le niveau de vie augmente. Les garanties sociales s’améliorent. Le système de retraites se développe. On assiste à des réalisations fantastiques dans le domaine culturel et spirituel. L’Empire céleste a accompli sa percée dans l’espace, il obtient de grands succès dans la science et le sport.

Je me souviens bien de ma première visite à Shanghai il y a plus de vingt ans. C’était une ville grande, mais pauvre, avec des rues et des cabanes étroites. Maintenant, elle est devenue une gigantesque métropole, avec des gratte-ciel magnifiques et un grand développement des infrastructures urbaines. Qu’il suffise de dire que le nombre de stations de métro se monte à près de 400 !

Et tout cela est le mérite direct du Parti communiste et du gouvernement chinois. Voilà pourquoi je suis sûr que « l’atterrissage brutal » de l’économie de la Chine n’est pas pour demain. Le peuple chinois, sage et travailleur, continuera à suivre fermement la voie du progrès socio-économique, culturel, scientifique et technologique, le développement global du socialisme aux caractéristiques chinoises, la construction d’une société modérément prospère.

À mon avis, parler « d’atterrissage brutal » n’a rien à voir avec des prévisions. C’est plutôt le souhait et le but de certains. En effet, Washington a beaucoup de mal à admettre l’affaiblissement de sa position dominante dans l’économie et la politique mondiale. Et la Chine repousse de plus en plus activement les Américains. Bien sûr, le capital occidental va se battre pour maintenir sa domination. Il utilise, comme nous l’avons vu, tous les moyens, y compris militaires. Toutefois, en ce qui concerne la République populaire de Chine, ainsi que la Russie, la pression militaire n’a pas beaucoup d’effet. Par conséquent, la guerre économique et la propagande continueront d’être utilisées à l’encontre de nos pays. Il est bien évident par exemple que le Traité Trans-Pacifique créé par les États-Unis revêt un caractère anti-chinois et anti-russe.

Il est très probable que les cercles dirigeants des États-Unis vont essayer dans un avenir proche de renforcer leur politique anti-chinoise de manière radicale. Et cette politique est bien connue. Elle crée artificiellement des facteurs économiques externes défavorables pour la Chine. Les États-Unis créent des blocs économiques fermés et imposent des droits de douane élevés sur les importations de nombreux types de produits chinois. Washington entrave l’investissement libre des entreprises chinoises à l’étranger et essaye d’isoler la Chine de sources étrangères de matières premières. Ces mesures franchement hostiles envers le peuple chinois constituent la trame générale de la politique des globalistes américains.

Dans ces conditions d’aggravation de la crise économique mondiale, une base fiable pour le développement stable de l’économie chinoise peut devenir l’autonomie, la demande intérieure, le développement accéléré des régions de l’ouest du pays. Un rôle important peut être joué par la ceinture économique du projet Route de la soie et le développement accéléré des relations bilatérales avec les pays amis, y compris la Russie.

La Chine et la Russie sont des partenaires stratégiques. Les relations entre nos deux pays se développent sur une base d’égalité, en tenant compte des intérêts et des engagements mutuels. Le potentiel de coopération économique mutuellement bénéfique entre la Russie et la Chine est très élevé. Nos intérêts géopolitiques ont un vecteur commun. Dans le contexte de l’hégémonie américaine agressive, nous sommes obligés de mener une politique étrangère coordonnée.

Les économies de nos deux pays sont dans une large mesure complémentaire. En dépit d’une baisse temporaire du commerce bilatéral l’an dernier, au début de l’année 2016 cette tendance négative a été inversée. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a augmenté de 3,6%. Dans le même temps, les exportations chinoises vers la Russie ont augmenté de 6,2%, tandis que les exportations russes vers la Chine – de 1,1%. Un approfondissement complet de nos relations peut être une étape importante dans la formation d’un nouvel ordre mondial fondé sur les principes de respect et de considération mutuelle des intérêts de tous ses participants.

Bien sûr, nous ne pouvons pas dire que la Chine est exempte de problèmes. Le gouvernement et le peuple chinois sont occupés à résoudre les problèmes de corruption, les contradictions entre la ville et la campagne, la pollution de l’environnement. Mais le mérite de la direction chinoise est qu’elle ne détourne pas les yeux de ces problèmes et cherche à les résoudre. À cet égard, je suis convaincu que le 13e plan quinquennal récemment adopté par la Chine sera accompli avec succès. Sera atteint également l’objectif principal du plan – la création pour 2020 d’une « société de prospérité moyenne ».

Je crois que la Chine d’aujourd’hui a toutes les raisons d’être optimiste quant à l’avenir. Je crois que pour le centenaire de la formation du PCC, votre pays sera en mesure non seulement d’appliquer pleinement toutes les décisions pour la construction d’une société modérément prospère, mais aussi permettra d’atteindre de nouvelles victoires spectaculaires dans le développement du socialisme aux caractéristiques chinoises.

Nous, les communistes russes, suivons de près le développement de la Chine, et nous réjouissons avec vous de toutes vos réalisations. Je souhaite sincèrement au peuple chinois la plus grande réussite dans la réalisation de ses objectifs !