jeudi 30 juin 2011

L’inclusion de Cuba dans la pire des catégories du Rapport du Département d’État

Granma International
La Havane, Cuba, Mercredi, le 29 Juin 2011

Déclaration de la Directrice du Département Amérique du Nord du ministère des Relations extérieures, Josefina Vidal

L’inclusion de Cuba dans la pire des catégories du Rapport du Département d’État sur les pays qui « ne respectent pas complètement les standards minimum pour éradiquer la traite des personnes, et ne font pas d’efforts significatifs dans ce sens », est une calomnie honteuse et une profonde offense au peuple de Cuba. Ainsi, on prend une nouvelle fois le parti d’ignorer le comportement exemplaire de notre pays dans la protection de l’enfance, de la jeunesse et de la femme.

Une nouvelle fois, nous rejetons énergiquement l’inclusion de Cuba dans ce rapport biaisé et irresponsable du Département d’État.

Cuba n’est pas le pays d’origine, ni de transit, ni de destination de ce fléau. Chez nous, il n’existe ni traite sexuelle des mineurs, ni travail forcé des enfants. Au contraire, la législation et les politiques adoptées par le gouvernement cubain, ainsi que le travail mené par nos institutions dans ce domaine nous classent parmi les pays de la région dotés des normes et des mécanismes les plus avancés en matière de prévention et de lutte contre la traite des personnes, et dans la sécurité et la protection de l’enfance et des secteurs vulnérables de la population.

Nous rejetons les fausses allégations du rapport, selon lesquelles il n’y aurait pas d’information sur les actions de Cuba en la matière. Le gouvernement des États-Unis est parfaitement au courant de ce travail. Même si Cuba ne reconnaît pas cet exercice unilatéral et discriminatoire, les États-Unis, à l’instar d’autres gouvernements, disposent d’une information actualisée sur le travail systématique de nombreuses institutions cubaines en faveur de la prévention et de la lutte contre la traite des personnes. Il a tout simplement été décidé de nier encore une fois les faits.

Se servir de cet exercice comme d’un prétexte pour tenter de discréditer Cuba est une offense aux efforts légitimes consentis dans le monde pour éliminer une activité criminelle qui fait des millions de victimes. L’obsession à tenter de justifier une politique ratée et cruelle comme le blocus est la seule raison qui puisse expliquer l’inclusion arbitraire de Cuba dans cette liste.

Le rapport du Département d’État travestit délibérément la réalité de Cuba, et tente de dissimuler l’ampleur et l’impunité dans laquelle agissent, aux Etats-Unis mêmes, les principales organisations criminelles liées à la traite des personnes, un pays où sont recensées une bonne partie des victimes de ce fléau.

vendredi 3 juin 2011

Mission en Afghanistan: une contestation planétaire

Joël-Denis Bellavance
La Presse

Le gouvernement Harper n'est pas le seul à devoir justifier la mission en Afghanistan à une population de plus en plus sceptique. Toutes les nations qui ont des troupes dans ce pays sont aux prises avec le même problème: des appuis de plus en plus faibles devant une mission qui tarde à donner des résultats concrets.

À la veille du sommet de l'OTAN de Lisbonne, en novembre 2010, le ministère canadien de la Défense a fait une compilation des sondages menés dans la majorité des pays qui ont des troupes en Afghanistan. Et les résultats sont sans équivoque.

«L'appui de la population en général pour la mission est en déclin dans la majorité des pays sondés», écrit le sous-ministre de la Défense Robert Fonberg dans une note d'information rédigée à l'intention de son patron, le ministre Peter MacKay.

Cette note, remise au ministre à quelques jours du sommet de l'OTAN où l'avenir de la mission en Afghanistan était en enjeu important, a été rédigée à partir d'informations colligées par les attachés militaires des ambassades du Canada à Washington, Londres, Paris, Canberra, Berlin et Rome. Les coups de sonde datent de 2010, mais ils permettent de dresser un portrait global de l'humeur de la population dans les pays qui ont déployé des soldats en Afghanistan.

«Les pressions pour un retrait partiel ou complet se multiplient et certains gouvernements ont récemment indiqué leur intention de retirer leurs troupes plus tôt que prévu ou de revoir leur stratégie de sortie initiale», peut-on lire dans la note, que La Presse a obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Aux États-Unis aussi

Aux États-Unis, 38% des Américains seulement jugent que la présence de leur armée en Afghanistan est justifiée. Trois raisons expliqueraient la faiblesse de ces appuis: le coût de la mission, une guerre sans fin qui n'aura pas d'impact sur la sécurité nationale et le peu de chances qu'un État stable et pacifique émerge de cette campagne.

On soutient aussi que la tendance de plus en plus fréquente des médias à comparer la guerre d'Afghanistan à la guerre du Vietnam influence grandement l'opinion publique.

En Grande-Bretagne, un sondage publié à l'automne 2010 a démontré que seulement 33% des gens appuyaient la mission militaire. Un sondage en juin de la même année a révélé que 73% des Britanniques souhaitaient le retrait des troupes. On s'attend d'ailleurs à ce que la Grande-Bretagne emboîte le pas aux États-Unis et retire ses troupes en 2014 même si, officiellement, elle s'est engagée à maintenir des soldats jusqu'en 2015. L'aventure en Irak, aux côtés des États-Unis, explique que les Britanniques soient réfractaires à la mission en Afghanistan.

En France, la population jugeait que la situation se détériore en Afghanistan dans une proportion de 85%, selon un sondage publié au début de 2010. «Depuis le début, les Français sont hostiles à la mission en Afghanistan», peut-on lire dans la note au ministre MacKay.

En Australie, 60% de la population souhaite le retrait des troupes. En Allemagne, la mort de sept soldats en une semaine, en avril 2010, a fait bondir l'appui au retrait des troupes à 70%, indique-t-on dans la note.

Retrait

Au sommet de Lisbonne, les pays membres de l'OTAN ont adopté un plan visant à remettre la responsabilité de la sécurité aux troupes afghanes en 2014.

Le Canada, qui compte actuellement quelque 2500 soldats dans la région de Kandahar (la province la plus dangereuse), a l'intention de ramener ce nombre à 950 à compter du 1er juillet. Les troupes seront déployées dans la région de Kaboul, où elles poursuivront la formation des soldats afghans afin qu'ils puissent eux-mêmes assurer la sécurité de leur pays. Le Canada prévoit rapatrier tous ses soldats en 2014.

Mais la semaine dernière, le représentant spécial de l'Alliance militaire pour la région du Caucase et de l'Asie centrale, James Appathurai, a laissé entendre que l'OTAN maintiendrait des troupes en Afghanistan après 2014.

Le premier ministre Stephen Harper a fait une visite-surprise en Afghanistan, lundi, quelques semaines avant que le Canada ne mette fin à son engagement militaire de cinq ans dans la région de Kandahar.

Dans un discours devant quelque 500 soldats canadiens, M. Harper a affirmé que la mission canadienne avait été fructueuse. «Le monde est allé en Afghanistan, un endroit si brutal qu'il était devenu une menace pour la terre entière. Peu importe les problèmes et les défis qui subsistent, l'Afghanistan n'est plus une menace pour le monde.»

- Avec William Leclerc