vendredi 29 juin 2012

Manifestations anti-austérité au Québec : les policiers accusés de viser au visage avec des balles en plastique

Un reportage de France 24

Une vidéo tournée lors d’une manifestation à Victoriaville (170 km à l’est de Québec) montre un policier pointer une foule avec une arme, puis un manifestant par terre, l’arrière de la tête en sang. Selon les organisateurs, ces images sont la preuve que les forces de la sûreté québécoise (SQ) ont visé les manifestants au visage avec des balles en plastique. L’auteur de la vidéo témoigne.
Vendredi 5 mai, une manifestation à l’appel de plusieurs syndicats et d’organisations de la société civile a rassemblé environ 2 000 personnes à Victoriaville, où se tenait le conseil national du Parti libéral au pouvoir. Menés par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, les participants entendaient dénoncer la politique d’austérité du gouvernement, fragilisé par un climat social très tendu.
Depuis plus de trois mois, le pays vit au rythme d’une fronde étudiante sans précédent contre une hausse de 75% des droits de scolarité décrétée par le Premier ministre. Le mouvement contestataire s’est peu à peu étendu aux syndicats qui dénoncent la politique d’austérité menée par le gouvernement. Selon les observateurs, il s’agirait de la mobilisation la plus importante de l’histoire du Québec.
Cette vidéo a été filmée par William Ray qui a expliqué à la presse canadienne avoir filmé trois séquence à quelques seconde d'intervalles. Il dit avoir éteint sa caméra quand le policier a tiré pour porter secours à l'étudiant blessé. Les images ne permettent pas de confirmer que l'étudiant parterre a été touché par un tir policier. 
Comme souvent depuis le début de la contestation, la manifestation de Victoriaville a rapidement dégénéré en violentes échauffourées, la police répondant aux jets de pierre des manifestants par des gaz lacrymogènes. Des deux côtés, de nombreux blessés ont été dénombrés. Mais cette fois, les organisateurs ont dénoncé une "escalade de la répression" de la part des forces de police, les accusant d’avoir mis en danger la vie des manifestants en utilisant, entre autres, des balles en plastique. Trois d’entre eux ont été grièvement blessés vendredi, notamment Alexandre Allard, un étudiant de l’université de Laval victime d’un traumatisme crânien et toujours hospitalisé. Les organisateurs de la manifestation s'appuyent sur une vidéo, qui montre le jeune homme blessé, pour demander l’ouverture d’une enquête.
Sur cette version ralentie de la vidéo, un arrêt sur image (seconde 0'5) permet d'identifier un policier en train de viser quelqu'un avec une arme. Selon les manifestants, un collègue à sa gauche lui indique une cible.
Pour la première fois depuis vendredi, la sûreté du Québec a laissé entendre lors d’une conférence de presse jeudi matin que la blessure pourrait avoir été causée par un projectile utilisé par l’un de ses hommes. Jusque là, la SQ s’était toujours défendue d’être à l’origine des blessures des trois jeunes, dont l’un a perdu l’usage d’un oeil. Le ministre de la Sécurité publique a toutefois fait savoir qu’aucune enquête ne serait ouverte tant qu’il n’aurait pas été établi que la blessure a été causée par un policier.
"Le jeune se tenait debout et regardait la scène sans s’agiter, sans crier ni lancer quoi que ce soit sur les policiers" 

William Ray a filmé la vidéo présentée aux autorités mercredi par la Coalition d’opposition civile pour appuyer sa demande d’ouverture d’une enquête publique.

J’avais remarqué ce jeune homme avant qu’il ne soit à terre. Il se tenait debout et regardait la scène sans s’agiter, sans crier et lancer quoi que ce soit sur les forces de police. Il s’est passé 20 minutes avant que la SQ fasse venir une ambulance. Et pendant ce temps, elle a continué à gazer la zone où était allongé le blessé.
La sûreté du Québec venait de repousser 200 manifestants de l’autre côté d’une rue en les aspergeant de gaz lacrymogènes. Je m’étais posté devant la ligne des forces antiémeutes et j’ai entendu la décharge d’une arme. J’ai tourné la tête et j’ai vu ce jeune homme s’effondrer au sol. Des personnes l’ont transporté plusieurs mètres en arrière. Il avait des spasmes et une grosse blessure derrière l’oreille gauche. Ses yeux étaient ouverts, mais il était inconscient.
Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.

Refus d'accès pour port de carré rouge : deux plaintes à la Commission des droits

 Lili Boisvert  |  Radio-Canada 
 
Carré rouge

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec a reçu deux plaintes pour discrimination liée au carré rouge, symbole du mouvement d'opposition à la hausse des droits de scolarité, depuis le début du conflit étudiant.

Dans un cas, une personne s'est vu refuser l'accès à un bar de la région de Québec. Dans un second cas, une personne s'est vu refuser l'accès aux services d'une entreprise de pièces mécaniques du Saguenay.

Les deux incidents pourraient faire l'objet d'une enquête, a indiqué une représentante de la Commission à Radio-Canada.ca.

Le symbole de la mobilisation étudiante est-il devenu une source de discrimination au Québec?

Par « mesure préventive », Frédéric, un étudiant qui arbore toujours le carré rouge en public en temps normal, a jugé bon de retirer le symbole de son chandail lorsqu'il visitait des appartements ce printemps, a-t-il confié à Radio-Canada.ca. Il craignait de tomber sur un propriétaire conservateur « ou, sans être conservateur, qui ferait une association entre le carré rouge, la violence, et des gens pas très responsables, des militants ou des gens trop sur le party, qui ne respectent pas l'autorité, qui ne vont pas respecter leurs obligations », explique-t-il. 

La semaine dernière, dans le cadre de la fin de semaine du Grand Prix du Canada, le Service de police de la Ville de Montréal a dû se défendre d'accusations de profilage politique.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) dit avoir reçu une centaine de témoignages de personnes affirmant avoir été victimes de fouilles policières arbitraires pendant cet événement. Selon l'association étudiante, ce sont essentiellement les personnes de moins de 20 ans et les personnes qui portaient un carré rouge qui ont été interpellées par les policiers.

La CLASSE avait déclaré qu'elle demanderait à la Commission des droits de la personne du Québec de se pencher sur la question du profilage politique depuis le début du conflit étudiant au Québec, mais mercredi, la Commission affirmait n'avoir toujours pas reçu de demande d'enquête formelle à ce sujet.

Politiques commerciales interdisant le carré rouge aux employés

Outre ces allégations de discrimination, depuis quelques jours, des entreprises québécoises sont au coeur d'une controverse pour avoir décidé d'interdire le port du carré rouge à leurs employés, une pratique considérée par certains comme une forme de censure.

C'est le cas de la chaîne de librairies Renaud-Bray, qui a publié lundi un communiqué pour défendre sa décision, plaidant, devant la critique, une politique de neutralité adoptée en 2005. Renaud-Bray « s'attend à ce que ses employés demeurent neutres lorsqu'ils sont en fonction, en évitant d'arborer un quelconque signe distinctif en support à une cause ou une autre », expose l'entreprise. Selon elle, cette politique « se conforme à la vaste majorité des pratiques adoptées dans le commerce de détail ».

Même son de cloche à la Société des alcools du Québec, qui a demandé à ses directeurs de succursale de s'assurer que les employés n'affichent sur eux aucun symbole d'une cause, « pour ne pas prendre part au débat ».

La Grande Bibliothèque prohibe elle aussi le symbole de la mobilisation étudiante au nom de la neutralité, depuis la fin du mois de mai. Les employés, qui manifestent déjà tous les mardis pour dénoncer le fait qu'ils sont sans contrat de travail, dénoncent également depuis cette semaine l'interdiction du port du carré rouge. Le Syndicat de la fonction publique du Québec, représentant les employés de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, dénonce une politique de censure de la part de la direction.

Du côté des entreprises culturelles, le Théâtre d'Aujourd'hui est quant à lui revenu sur sa décision d'interdire le symbole aux employés de l'accueil. La direction du théâtre dit avoir compris que sa décision a été perçue comme une limitation de la liberté d'expression, écrit-elle sur son site web. Le théâtre n'invoque pas de politique de neutralité, précisant qu'il est « résolument pour une société qui priorise l'accessibilité à l'éducation ».

jeudi 28 juin 2012

Loi 78: la requête en sursis a été rejetée

La Cour supérieure vient de rejeter deux requêtes en sursis qui visaient  à... (Photo: Bernard Brault, La Presse)

Photo: Bernard Brault, La Presse



Émilie Bilodeau
La Presse


(Montréal) La Cour supérieure vient de rejeter deux requêtes en sursis qui visaient à suspendre la loi 78 et le règlement municipal P6. Les organisateurs de manifestation d'au moins 50 personnes devront donc continuer à fournir leur itinéraire au moins huit heures à l'avance.

Les fédérations étudiantes collégiale et universitaire (FECQ et FEUQ), la CLASSE et la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ) ont tenté de faire valoir que la loi 78 brimait le droit de manifester. Le juge François Rolland n'a toutefois pas retenu leurs arguments.

«Les dispositions (de la loi 78) encadrent les manifestations, mais ne les prohibent pas, et ce, même si certaines limitations sont imposées», a-t-il écrit dans son jugement.

«D'ailleurs, la preuve démontre que les difficultés et dérapages surviennent lorsqu'il n'y a pas eu de remise préalable d'itinéraire, même si la majorité des participants semble se comporter correctement», indique-t-il plus loin.

Le juge Rolland n'a pas indiqué si l'obligation de fournir un itinéraire portait atteinte à la liberté d'expression. Il a dit que cette analyse de fond devait être faite dans le cadre d'un procès. La requête en nullité pour faire invalider la loi 78, déposée par les organisations étudiantes, sera entendue à l'automne.

Toujours espoir

Les porte-parole des différents groupes d'étudiants étaient unanimement déçus hier.

Gabriel Nadeau-Dubois, le porte-parole de la Classe, a pour sa part répété que la loi 78 risquait de tuer les associations étudiantes.

«La loi prévoit que s'il y a des piquets de grève, les cotisations peuvent être suspendues pour plusieurs trimestres. Ce qu'on a dit devant le juge, c'est que c'est une attaque directe à la liberté d'association. Mais le juge Rolland est resté silencieux sur cet argument et s'est contenté de répondre que ce n'était pas encore arrivé qu'il n'y avait donc pas d'attaque à la liberté d'expression», a dit M. Nadeau-Dubois qui ne perd pas espoir de gagner la cause lors de la requête en nullité.

Martine Desjardins, la présidente de la FEUQ, a indiqué que son organisation évaluait la possibilité de porter la décision en appel. Elle craint que les autorités se mettent à appliquer la loi au retour des élèves et étudiants sur les bancs d'école en septembre. «L'application de la loi 78 peut avoir des conséquences importantes pour nos associations à la rentrée. Une association qui déciderait par exemple de poursuivre la grève pourrait être mise en péril si les amendes associées à la loi venaient à s'appliquer», a-t-elle dit.


Félix-Antoine Michaud, l'avocat de Juripop qui représente les étudiants, assure que la bataille n'est pas terminée. «Une chose qui est sûre, c'est que ce jugement-là ne vient pas confirmer la légalité de la loi. En aucun cas, le juge vient dire que la loi est constitutionnelle. Ce n'était pas l'essence de la question qu'on lui posait», a-t-il déclaré.

La FTQ et le CTC veulent limiter la solidarité envers les étudiants

Par Pierre Fontaine
Syndicat des employé-e-s du CHUM


Les directions de la FTQ et du Congrès du Travail du Canada se sont entendues pour limiter la solidarité des syndicats canadiens envers le mouvement étudiant québécois aux seuls canaux qu’ils sont en mesure de contrôler, dans l’objectif d’empêcher au maximum les “actions illégales potentielles qui violeraient la loi 78 pour supporter le mouvement étudiant“.

Un échange entre le président de la FTQ, Michel Arsenault, et le président du Congrès du Travail du Canada Ken Georgetti nous apprend que la direction de la FTQ s’inquiète que la solidarité entre les travailleuses et travailleurs canadiens et le mouvement étudiant québécois ne passe pas par son organisation. Certaines rumeurs à l’effet que des syndicats affiliés au CTC planifieraient d’aider le mouvement étudiant québécois à confronter la loi 78 seraient à l’origine de cet échange.

Michel Arsenault qualifie la situation au Québec de “très volatile” et s’inquiète du fait qu’une “aile radicale appelle à la grève sociale“, ajoutant que “nous ne croyons pas que ce soit LA stratégie à promouvoir pour le moment“. Arsenault préfère “faciliter une entente plutôt que d’alimenter des feux.” La FTQ justifie sa demande en brandissant le spectre d’hypothétiques amendes qui pourraient “mettre une pression sur les ressources des syndicats et affaiblir nos capacités d’action“.

Même s’il prétend “ne pas vouloir être excessivement procédural“, Michel Arsenault se réfugie derrière une entente entre la FTQ et le CTC qui reconnait à la centrale québécoise la totale juridiction sur son territoire et en fait l’unique représentante syndicale autorisée. En retour, Ken Georgetti rapelle à ses organisations affiliées que le CTC est en contact régulier avec la FTQ et souhaite être le canal par lequel passe la solidarité des travailleuses et travailleurs canadiens avec le mouvement étudiant.

Merci à recomposition blog pour la nouvelle.

lettre K. Georgetti
lettre M. Arsenault

Appui des syndicats canadiens à la lutte étudiante, un autre rendez-vous raté

Mardi 26 juin 2012, par André Frappier


La correspondance entre le président de la FTQ Michel Arsenault et le président du CTC, datant du 28 mai dernier, a fait tache d’huile dans les médias sociaux ces derniers jours. Dans sa lettre à Ken Georgetti, Michel Arsenault s’étonnait que des syndicats du Canada anglais, affiliés au CTC, aient décidé de venir manifester au Québec en appui aux étudiant-e-s sans au préalable avoir communiqué avec la FTQ afin de mieux comprendre les enjeux. D’étonnement à indignation, les réactions ont été assez vives pour que la FTQ apporte des explications sur sa page Facebook. La lettre de Michel Arsenault reflète la position adoptée par le bureau de direction de la FTQ. Elle a été écrite le 28 mai, journée qui coïncidait avec le début des négociations entre les associations étudiantes et la ministre Courchesne. Cette lettre avait donc de toute évidence pour objet, dans l’esprit de la direction de la FTQ, de ne pas nuire à la négociation. C’était un appel aux syndicats du reste du canada, à ce moment-là, à respecter les stratégies du Québec.

Dans sa réponse adressée aux syndicats affiliés, bien qu’elle contienne copie de la lettre de Michel Arsenaut, Ken Georgetti ne mentionne que la demande de la FTQ de respecter le protocole CTC-FTQ à l’effet que cette dernière a juridiction au Québec. Elle n’explique pas la requête de la FTQ et sa crainte de nuire à la négociation qui allait débuter dans les prochains jours. On ne peut s’empêcher d’y voir un acte réfléchi de Ken Georgetti visant à régler ses comptes avec la FTQ. Certains syndicats canadiens ont interprété qu’il ne devait plus y avoir d’expression de solidarité ni d’appui financier.

On ne peut pour autant ignorer l’effet démobilisateur de la lettre de Michel Arsenault. Sa position relève plus d’une volonté de tout centrer sur la négociation et de régler au plus tôt que de mobiliser pour créer un rapport de force sans lequel aucun règlement n’est possible. Même si, selon la FTQ, le CTC a interprété à tort que cela signifiait un arrêt d’appui formel à la lutte étudiante, un tel appui devient inutile s’il ne peut s’exprimer dans la rue.

De surcroit cette lutte appartient au mouvement étudiant et c’est à eux de décider de quelle solidarité ils ont besoin, c’est leur négociation, pas celle d’aucune centrale. Il ne fait aucun doute qu’ils souhaitaient cet appui. Si les gestes de solidarité posés à travers le monde ont aidé à créer un rapport de force, l’appui des syndicats du reste du Canada peut à plus forte raison jouer un rôle majeur.

S’exprimant de façon ironique, le président de la FTQ indique dans sa lettre au CTC qu’il apprécie cette montée de la solidarité. Cependant il n’a pas pris la peine de souligner l’importance du soutien des syndicats canadiens dans cette lutte déterminante pour l’avenir des luttes sociales au Québec. Au lieu de tenter un rapprochement, il a contribué lui aussi à élargir le fossé.

Michel Arsenault devrait plutôt saisir l’occasion et appeler le mouvement syndical du reste du Canada à se mobiliser et à se joindre à nous à la rentrée. Il faut faire de la fête du travail, à laquelle participent largement les syndicats du reste du Canada, un rendez-vous d’appui à la lutte du Québec.

Un débat politique de fond

La FTQ est la seule centrale syndicale liée structurellement au reste du Canada. Même si on peut considérer que la réaction de Michel Arsenault relève d’une préoccupation de l’autonomie du Québec en termes de stratégie, préoccupation qui n’interpelle pas les autres centrales puisqu’elles ne sont pas liées aux syndicats canadiens, on ne peut que se questionner sur cette stratégie.

Cette vision stratégique est basée sur une volonté de régler la question du financement post secondaire en vase clos, c’est-à-dire à partir des propres ressources du milieu collégial et universitaire y incluant les étudiantes et étudiants eux-mêmes. Elle relègue la mobilisation au second rang parce que la négociation est vue comme une suite de propositions et concessions dans le cadre restreint du secteur de l’éducation qui ne remet pas en question la logique gouvernementale. Cette vision participe à isoler chaque lutte et empêche de créer une cohésion et un front uni, essentiels à une victoire contre l’offensive néolibérale. Par conséquent la mobilisation devient un accessoire à la négociation et les concessions le coeur de la solution. Mais plus profondément cette vision procède d’une politique de concertation où les centrales syndicales prétendent au rôle de partenaires dans la gestion de la société en agitant le spectre de la mobilisation.

Cette vision politique n’est pas unique à la FTQ, elle est largement partagée par la direction de la CSN et de la CSQ. Les directions des centrales ont refusé de se joindre au mouvement de mobilisation contre la tarification et la privation des services publics en 2010, au moment où le ministre Bachand déposait un budget dévastateur qui allait ouvrir la voie au principe utilisateur-payeur et s’inscrivait dans une perspective de détérioration des services publics, pavant la voie à la privatisation. Elles ont choisi de régler une convention collective qui allait subir dans les prochaines années, les contrecoups des augmentations de tarifs et du démantèlement des services publics introduits dans le budget, sans même livrer combat.

Le mouvement étudiant s’est donc retrouvé seul à remonter cette pente et à initier cette bataille qui a finalement fait boule de neige et attiré plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues.

L’absence de perspectives de front unitaire des centrales avec le mouvement étudiant et le refus de construire un mouvement social large allant vers une grève sociale dans un contexte de mobilisation historique contre une offensive néolibérale comportant un tel impact social tant sur le plan économique que répressif, correspond à cette étape-ci à un refus de livrer bataille qui pourrait s’avérer beaucoup plus lourd de conséquences que l’échec de la lutte sociale de 2010. La lutte contre l’augmentation des frais de scolarité s’est heurtée à la volonté du gouvernement Charest d’imposer le principe de l’utilisateur-payeur. Sa stratégie de dénigrement du mouvement étudiant n’a rien à voir avec une incapacité de payer du gouvernement, mais relève d’une bataille rangée du néolibéralisme pour écraser le mouvement et éliminer toute perspective de lutte des autres mouvements sociaux dont les syndicats, qui subiront les uns après les autres les mêmes assauts.Pour vaincre, la riposte ne peut qu’être que large et unitaire !

mercredi 27 juin 2012

Google dénonce un niveau "alarmant" de censure gouvernementale

Google s'est ému ce week-end de constater que le nombre de demandes de retraits de contenus et de renseignements sur les utilisateurs qu'il reçoit des pays occidentaux continue à progresser, avec parfois la volonté de supprimer des contenus uniquement politiques. En Europe, l'Espagne et la Pologne ont été montrées du doigt. En France, les demandes progressent.



Google a publié la cinquième fournée de son Transparency Report, par lequel il détaille pays par pays le nombre de demandes de retraits de contenus ou d'informations sur les utilisateurs qu'il reçoit des autorités nationales, soit de la part d'une autorité judiciaire, soit de la part du pouvoir exécutif (police, autorité administrative...). Il ne concerne pas les demandes de retraits dues aux violations de droits d'auteur, qui font l'objet d'un traitement spécifique.

Pour la période de juillet à décembre 2011, couverte par la mise à jour, Google constate que "comme à chaque fois auparavant, il nous a été demandé de supprimer des expressions politiques". "C'est alarmant non pas seulement parce que la liberté d'expression est en danger, mais parce que certaines de ces demandes émanent de pays que vous ne suspecteriez peut-être pas - des démocraties des pays occidentaux qui ne sont pas typiquement associés à la censure".

Le moteur de recherche cite l'exemple de l'Espagne, où l'homologue de la CNIL a fait parvenir à Google 14 demandes de suppression de contenus qui visaient à faire retirer "270 résultats de recherche qui redirigeaient les internautes vers des blogs et des sites faisant référence à des personnalités publiques et des personnes". L'autorité avait aussi demandé de supprimer 3 blogs hébergés sur Blogger, et 3 vidéos hébergées sur YouTube. Autant de demandes refusées par Google. De même en Pologne, l'agence du développement des entreprises a demandé, sans succès, le retrait d'un "résultat de recherche qui lui était défavorable, et de huit autres qui redirigeaient vers celui-ci".

Mais la palme de la demande la plus étonnante revient au Canada, où le centre canadien d'émission des passeports a demandé de supprimer "une vidéo YouTube dans laquelle un citoyen canadien urinait sur son passeport avant de le jeter aux toilettes".

Dans cette dernière livraison, Google détaille le nombre de demandes auxquelles il a donné satisfaction, en confiant la répartition entre les demandes judiciaires et les demandes administratives. A cet égard, il est étonnant de voir que le moteur de recherche respecte assez peu les demandes judiciaires. Par exemple, seulement 40 % des demandes des juges américains sont mises en application. "Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nous n'accédons pas à certaines demandes. Certaines d'entre elles peuvent ne pas être assez spécifiques pour que nous sachions ce que le gouvernement souhaite que nous supprimions (par exemple, aucune URL n'est répertoriée dans la demande)".

En France, entre juillet et décembre 2011, l'Etat a demandé la suppression de 61 contenus, à travers 31 demandes. En nombre de demandes, c'est davantage qu'au premier semestre 2011 (9 demandes seulement), mais c'est moins en nombre de contenus concernés (250). Le détail montre qu'il s'agit pour l'essentiel de contenus diffamatoires, et de de pornographie présente sur YouTube.

Le nombre des demandes de renseignements sur les utilisateurs a progressé, passant en France à 1 779 internautes concernés sur le dernier semestre 2011, contre 1552 dans la période précédente. "Le nombre de demandes que nous recevons concernant des informations liées aux comptes utilisateurs dans le cadre d'enquêtes criminelles augmente d'année en année. Cette augmentation n'a rien de surprenant, car nous offrons chaque année davantage de produits et de services, et nous disposons d'un grand nombre d'utilisateurs", nuance Google. En revanche, la firme n'a accédé qu'à 44 % de ces demandes françaises, contre 47 % auparavant.

La loi 78 ne tiendra pas la route devant les tribunaux, prédit l’un des avocats les plus réputés au pays en droit constitutionnel.

«Si on se servait de cette loi dans un examen à l’université où les étudiants seraient invités à commenter les façons de la contester, ils auraient de quoi écrire pendant deux heures», soutient Julius Grey, qui se spécialise dans le droit constitutionnel.

Selon Julius Grey, il «n’y a pas de doute» que la loi 78 contrevient à la Charte des droits et libertés. Il croit notamment que la loi spéciale du gouvernement de Jean Charest brime la liberté d’expression et le droit d’association.

Julius Grey va même jusqu’à comparer les visées du premier ministre avec la loi 78 à celle de l’ex-premier ministre, Maurice Duplessis, pour contrer des syndicats dans les années 50. «Duplessis a tenté de disssoudre les syndicats qui allaient en grève, mais la Cour suprême l’a déjoué avant même que la Charte des droits et libertés existe», explique-t-il en substance à The Gazette.

dimanche 24 juin 2012

COUP D’ETAT MALIN AU PARAGUAY


Article de Le Grand soir

Ou comment se débarrasser « en douceur » d’un président progressiste (trop ou pas assez selon les points de vue mais vu de droite c’est du pareil au même). Le chaos qui nous attend dans ce virage à droite.

Le scénario était bien ficelé et ce n’est pas la présence de TOUS les ministres des affaires étrangères des pays de l’UNASUR ni la menace proférée par plusieurs de ne pas reconnaître d’autre président voire même de fermer les frontières qui a fait reculer ces doux putschistes qui se débarrassent tranquillement et en direct sur la TV du Sur... d’un président qui leur donnait des démangeaisons à défaut de vraiment leur faire mal au portefeuille. C’est toujours une pièce en moins pour les « rouges » sur l’échiquier sud-américain.

Lugo est tombé dans un piège aussi inique que bien préparé. Des forces de répression de l’état vont rétablir l’ordre et déloger les paysans occupant une ferme de la région de Curugaty. 19 morts dans les affrontements et c’est le président qui est accusé et en quelques heures destitué par l’un des sénats les plus corrompus du monde ! Il fallait voir en direct la touche de ces caricatures de puissants, mieux qu’à Hollywood, « voter » un par un la destitution de Lugo et se congratuler ensuite les uns les autres dans une danse macabre bien déplacée.

L’ancien vice-président, tout acquis à la droite dure, est investi dans la foulée. Et, la répression commence à se déchaîner sur les partisans de Lugo venus le soutenir et qui sont dispersés par les charges de cavalerie, les canons à eau, les lacrymogènes et les matraques. Ce n’est qu’un début...

Le Honduras en mieux quoi.

Une technique rodée qui fonctionne bien : on crée des incidents bien meurtriers. On accuse qui on veut et on envoie l’artillerie lourde, les avions et leurs bombes pour « éviter les bains de sang » et rétablir la démocratie pour que les affaires reprennent vraiment.

L’Unasur plombé par le consensus impossible (Chili, Colombie qui rient sous cape, Pérou déjà neutralisé) se contentera comme pour le Honduras de belles déclarations, l’Alba impuissant, l’OEA convoqué d’urgence à Washington veut reprendre du poil de la bête. Elle est belle la défaite de l’impérialisme à Carthagène.



Atilio Boron nous avait mis en garde il y a quelques jours http://www.kaosenlared.net/america-latina/item/19840-video-a...

Sa réaction à chaud traduite ici par nos soins :

Pourquoi ont_ils fait tomber Lugo ?
Par Atilio Boron

La farce est jouée : le président du Paraguay Fernando Lugo vient d’être destitué de sa charge après un jugement sommaire du Sénat le plus corrompu des Amériques -ce n’est pas peu dire – qui l’a déclaré coupable de « mauvaise gestion » suite aux morts survenues au cours des évènements de la ferme de Curugaty.

Il est difficile de prévoir la suite. Une chose est sure : le massacre de Curugaty fut un piège monté par une droite qui depuis l’entrée en fonction du président progressiste, attendait le moment propice pour en finir avec un régime qui bien que n’ayant en rien affecté ses intérêts, ouvrait un espace aux revendications sociales et à l’organisation populaire toutes choses incompatibles avec sa domination de classe.

Malgré les suggestions multiples de ses amis et alliés, tant au Paraguay qu’en Amérique Latine, Lugo ne s’est jamais attelé à la tâche de consolider de la force social aussi nombreuse qu’hétérogène l’ayant porté à la présidence avec beaucoup d’enthousiasme en aout 2008.

Son poids réel au Congrès du pays était vraiment minime (un ou deux sénateurs maximum) et seule une capacité de mobilisation populaire dans la rue pouvait conférer un peu de gouvernabilité à son action.
Il ne l’a pas entendu ainsi et tout au long de son mandat, ce furent une succession de concessions à la droite, et celle-ci bien que toujours plus favorisée n’allait jamais accepter sa légitimité. Chaque concession à la droite n’a fait qu’enhardir celle-ci et non l’apaiser. En dépit de toutes ses concessions, Lugo fut toujours considéré comme un intrus dérangeant, faible au point de faire adopter par ce même congrès corrompu les lois « antiterroristes » à la demande de l’ambassade US au lieu de les rejeter.

La droite qui bien sur n’a bougé toujours que main dans la main avec Washington pour emêcher par exemple l’entrée du Vénézuela dans le Mercosur. C’est trop tard que Lugo a ouvert les yeux sur la prétendue démocratie paraguayenne institution de fait de l’état capitaliste qui le destitue aujourd’hui dans un simulacre tragi-comique de procès politique qui viole toute les normes d’un état de droit.

Une leçon pour le peuple paraguayen et pour tous les peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes : seules la MOBILISATION et l’ORGANISATION POPULAIRES permet des gouvernements qui veulent impulser un projet de transformation sociale même les plus modeste comme ce fut le cas de Lugo. L’oligarcbie et l’impérialisme ne cessent de conspirer et d’AGIR. Et s’ils jouent les résignés, ce n’est qu’une apparence trompeuse comme nous venons de le voir à Asuncion.

Source : http://www.atilioboron.com.ar/2012/06/por-que-derrocaron-lug... repris par Telesur et Prensa Latina.


lundi 18 juin 2012

L'ISP ont manifesté leur appui aux étudiantes et étudiants du Québec

Appui de l'International des services publics à la lutte des étudiantes et étudiants au Québec.
Les membres du comité exécutif de l'Internationale des services publics venus des quatre coins du monde pour leur réunion annuelle à Genève ont manifesté leur appui aux étudiantes et étudiants du Québec.

Cette lutte dépasse largement le problème des étudiants qui ni ne peuvent ni ne veulent payer plus cher l‘accès aux études.  La hausse des frais de scolarité s'inscrit dans la même logique d'appauvrir les plus pauvres en tarifant l'accès à des services publics.  C'est également nier que l'éducation est un droit universel.

La législation adoptée par le gouvernement du Québec non seulement restreint le droit d'association et de réunion pacifique mais soumet désormais ces droits de manifester à des conditions et à des contrôles policiers.   Si le gouvernement avait la volonté d’assurer l'accès à l'éducation, rien ne justifierait de suspendre des droits démocratiques fondamentaux des québécois.

Hier soir (1er juin, ndlr), en déclarant l'impasse et en rompant les négociations, le gouvernement Charest contribue à aggraver la crise sociale au Québec.

L'éducation et les services publics sont des enjeux de société, ils permettent la redistribution de la richesse et l'atteinte d'une justice sociale pour tous.

L’Internationale des services publics affirme que les services publics sont un bien public, créé dans l’intérêt, et financés pour le bien de toutes et tous.  Nous valorisons  et défendons les services publics  car ils résident au cœur des sociétés démocratiques  reposant sur les droits humains, l’État de droit et la solidarité sociale.

L’Internationale des services publics exige que le gouvernement du Québec cesse immédiatement sa violation des droits fondamentaux  envers sa population et restitue le droit à l’éducation.

dimanche 17 juin 2012

Plan Nord - Où sont les femmes autochtones ?

Reproduction d'un article du Devoir du 2 mai 2012.

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Aurélie Arnaud - Responsable des communications pour Femmes autochtones du Québec, l’auteure est l’une des organisatrices du forum « Ne perdons pas le Nord ! » qui a lieu aujourd’hui et demain à Québec le 2 mai 2012.

Marginalisées et victimes de discrimination, elles se retrouvent encore trop souvent dans la rue, appauvries par un filet de sécurité sociale inadéquat.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir

Marginalisées et victimes de discrimination, elles se retrouvent encore trop souvent dans la rue, appauvries par un filet de sécurité sociale inadéquat.
Dernier de deux textes
Parmi les sujets absents du débat sur les impacts et les conséquences du Plan Nord se trouvent, invisibles, les femmes autochtones. Celles qui constituent plus de 50 % de la population autochtone dans le Nord sont les moins écoutées, les moins consultées, les plus vulnérables.


La question est absente et peu de données sont disponibles quant à l’impact des activités minières ou des chantiers hydroélectriques sur la condition des femmes. Or, l’expérience de Femmes autochtones du Québec révèle que ce type de développement a souvent des incidences négatives sur la situation des femmes autochtones dans les communautés en exacerbant les préjugés, les violences et les inégalités.

Pour poser la réalité des femmes autochtones dans et hors réserve, il faut préciser qu’en 2001, les femmes autochtones enregistraient un taux de monoparentalité deux fois plus élevé que celui des femmes non autochtones (19 % contre 8 %). Les nombreuses familles dirigées par des femmes autochtones sont donc plus dépendantes de l’aide sociale que les hommes autochtones le sont.

Considérer leurs besoins

En outre, chez les femmes autochtones vivant hors réserve, « les responsabilités familiales » représentent la raison la plus souvent invoquée pour des études postsecondaires inachevées, alors que « la grossesse ou les soins des enfants » constitue l’explication la plus fréquente de l’abandon des études secondaires. Toutefois, les femmes autochtones sont proportionnellement plus nombreuses à reprendre leurs études ultérieurement que le sont les hommes autochtones et les autres femmes.

Dans ce contexte, les femmes autochtones ont besoin d’emplois pour subvenir aux besoins de leur famille, ont besoin de formation pour obtenir ces emplois, mais ont surtout besoin qu’on prenne leurs besoins en considération pour qu’elles puissent obtenir l’un et l’autre.

Bien que de nombreuses femmes autochtones travaillent au sein des conseils de bande, elles sont rarement dans les cercles décisionnels et ne font donc pas partie des décisions. Au Québec et au Labrador, sur 250 représentants élus autochtones, on retrouve 86 femmes, mais sur les 86, seulement deux femmes occupent le poste de chef, et les négociations se font surtout avec les chefs.

Emplois marginaux

Qu’est-ce que le Plan Nord a à offrir comme perspectives d’emplois ou d’amélioration de leurs conditions à ces femmes ? Une étude portant sur le développement minier au Labrador montrait que les femmes tendaient à intégrer le marché des mines, mais de façon plutôt marginale, alors que ce sont les hommes qui avaient les emplois les plus stables et les mieux rémunérés.

Même avec ce type de développement, les femmes autochtones accumulent donc des emplois marginaux, à plus faibles revenus, alors qu’elles sont, la plupart du temps, les seules pourvoyeuses de leur famille. Il est également commun que les employés autochtones subissent le racisme ou des traitements vexatoires dans ces milieux de travail. En fait, la sensibilisation et l’éducation des autres travailleurs et du public sont essentielles pour apaiser les tensions culturelles et permettre un environnement de travail sain.

Cocktail explosif

Le secteur minier est surtout un monde d’hommes qui n’est pas reconnu pour son ouverture d’esprit. Car il est bien là le noeud du problème créé par un boom minier dans une région éloignée habitée majoritairement d’autochtones. Le fly-in/fly-out n’apporte pas que des prix élevés et une rareté des logements disponibles, accroissant les inégalités dans les régions, mais aussi une arrivée disproportionnée d’hommes blancs venus du Sud pour plusieurs semaines, apportant souvent dans leurs bagages alcool, drogue et stéréotypes négatifs.

Bien que les données manquent pour bien caractériser le phénomène, Femmes autochtones du Québec constate qu’il y a là un cocktail explosif qui a pour conséquence l’augmentation de la prostitution aux alentours des chantiers, et dont les femmes autochtones sont bien souvent les premières victimes.

La représentation que se font les hommes « blancs » des femmes autochtones est encore bien souvent celle de la femme facile dont on peut disposer facilement, et en toute impunité. Tel que le soulignent les CALACS, les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, la précarité économique que subissent les femmes autochtones font qu’elles sont surreprésentées en ce qui concerne la prostitution de rue, en comparaison des femmes allochtones.

Prostitution et violence

Marginalisées et victimes de discrimination, elles se retrouvent encore trop souvent dans la rue, appauvries par un filet de sécurité sociale inadéquat et prises à vendre leurs services sexuels pour échapper à une trop grande précarité économique et à l’itinérance. La prostitution devient donc un moyen de boucler les fins de mois. Dans le cadre de développements miniers, où les hommes sont seuls et très nombreux, les risques de prostitution augmentent.

Avec la prostitution viennent souvent d’autres impacts négatifs pour les collectivités, telles que l’augmentation des maladies transmissibles sexuellement et l’augmentation de la violence. À ce titre, les femmes autochtones sont cinq fois plus à risque de subir et de mourir des suites de la violence que le sont les femmes non autochtones.

Somme toute, il nous apparaît urgent et fondamental que les multiples enjeux auxquels font face les femmes autochtones soient abordés de front dans le cadre du déploiement du Plan Nord. Pour le moment, ce n’est pas le cas.

mardi 5 juin 2012

Invitation aux casseroles

Mardi soir! (5 juin)
CASSEROLES “UN STATUT POUR TOUS & TOUTES!”
(de Villeray à Parc Extension)


même sol, même droits!
On vit ici! On travaille ici! On reste ici!


Rendez-vous: 20h au coin Jarry & St-Denis (métro Jarry)
Vers 20h30 on marche à Parc Extension


Solidarité sans frontières, le Centre des travailleurs/travailleuses immigrantEs et Personne n’est illégal & nos alliéEs lançons un appel pour un Casserole “Un Statut pour tous & toutes” ce MARDI, le 5 JUIN. Nous commencerons à Villeray et puis nous marcherons avec nos casseroles, ainsi que nos bannières, à Parc-Extension pour rejoindre les résidentEs là-bas.

Les CASSEROLES « UN STATUT POUR TOUS & TOUTES » exigent la fin des déportations et des détentions et également pour dénoncer la double peine dont sont victimes les immigrant-e-s qui ont un dossier criminel. Nous revendiquons Un Statut pour toutes et tous et mobilisons pour construire une Cité sans frontières dans laquelle toute la population peut vivre dans la justice et la dignité.

 -> 40 000 clandestins se terrent à Montréal: témoignages des sans-papier à La Presse :
http://www.solidarityacrossborders.org/fr/40-000-clandestins-se-terrent-a-montreal-temoignages-des-sans-papier-a-la-presse

 -> Un statut pour tous & toutes (Vidéo) :
http://www.youtube.com/watch?v=yfgEUnCb1fg

 -> Info concernant Cité sans frontières :
http://www.solidarityacrossborders.org/fr/solidarity-city

lundi 4 juin 2012

Communiqué de presse de la CLASSE

Congrès de la CLASSE: un plan d’action ambitieux et une nouvelle équipe gonflée à bloc 


Montréal, le 4 juin 2012 – Le Congrès annuel de la CLASSE s’est clôt hier avec l’adoption d’un plan d’action ambitieux pour l’été et l’élection d’une nouvelle équipe nationale.

En termes de plan d’action, le congrès annuel de la CLASSE a statué sur l’organisation de trois évènements majeurs. Suivant la tradition des derniers mois, la CLASSE invite l’ensemble de la population à deux grandes manifestations nationales le 22 juin et le 22 juillet prochain à Montréal. La CLASSE participera aussi à une action organisée par la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics le 13 juin prochain dans le cadre de la Conférence de Montréal. « Le 22 mars, 22 avril et 22 mai nous avons assisté à trois des plus grandes manifestations de l’histoire du Québec. Nous voulons continuer en ce sens à appelant la population à se joindre aux étudiantes et étudiants les 22 juin et 22 juillet prochains » déclare Gabriel Nadeau-Dubois. La Coalition a également lancé un appel à une mobilisation plus large dès le début de l’automne, discutant même des perspectives d’une grève sociale au retour des vacances.

La CLASSE tient également à rectifier plusieurs fausses informations qui circulent en ce qui a trait aux grands festivals de l’été. Le Congrès de la CLASSE n’a en effet voté aucune perturbation des grands festivals qui auront lieu à Montréal.

Tout au long de la journée, 47 militants et militantes ont été nommés sur les neuf comités et le Conseil exécutif de l’organisation. Les mandats des actuels porte-paroles de la Coalition, Jeanne Reynolds et Gabriel Nadeau-Dubois ont été renouvelés jusqu’à la fin de la grève. De plus, Camille Robert, étudiante en histoire à l’Université du Québec à Montréal a été élue comme nouvelle co-porte-parole. Elle se joint ainsi à l’équipe média de la Coalition. « La CLASSE repart avec une nouvelle équipe. Notre grand défi sera de rester mobilisé-e-s tout l’été afin de redémarrer le mouvement de grève dès la rentrée » affirme la nouvelle co-porte-parole de la CLASSE.

Festival des solidarités 2012

INDIGNATION, PRINTEMPS ÉRABLE ET CONVERGENCE DES LUTTES


Festival des solidarités 2012
Samedi, Juin 9, 2012 de 11h à 23h
École Le Plateau, 3700 rue Calixa-Lavallée, au coeur du Parc Lafontaine

 
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Le 9 juin prochain à Montréal, Alternatives vous offre une occasion conviviale et unique de débattre et de vous informer sur les plus grands enjeux sociaux qui nous interpellent en ce Printemps québécois. Nous traiterons des luttes étudiantes, du sommet international sur l’environnement de Rio +20, sans oublier  l’opposition citoyenne au Plan Nord ou aux gaz de schistes. Des invités d’ici et d’ailleurs, ainsi que des représentants de plusieurs groupes de coopération internationale et de solidarité sociale, seront au rendez-vous.

Programme :

11h00, Grand Chapiteau en plein air dans la cour d'école: Panel d'ouverture: Printemps québécois et convergence des luttes
Avec:

  • Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE,
  • Jacques Létourneau, 1er vice-président de la CSN
  • Patrick Bonin du Comité organisateur du 22 avril et Directeur climat-énergie
    Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
  • Brigette DePape membre du mouvement Power Shift à Ottawa ,
  • Raul Burbano de Common Frontiers à Toronto;   

13h00, Grand Chapiteau en plein air dans la cour de l'école:
Musique du groupe égyptien "25 janvier"; kiosques et gastronomie internationale



14h00, auditorium, Grande conférence:
Comment les riches détruisent la planète et comment les mouvements sociaux peuvent la sauver?!

NOTEZ QUE NOUS SOLLICITONS UNE CONTRIBUTION DE $5 POUR CET ÉVÉNEMENT SEULEMENT - ACHETEZ VOTRE BILLET
Avec : 
  • Hervé Kempf, auteur de “Comment les riches détruisent la planète”           
  • Animation: Louise Vandelac, Directrice de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM

16h00, auditorium:  Ateliers participatifs: la Delégation québécoise à Rio + 20 vous écoute....
Avec:  


Grand Chapiteau en plein air dans la cour de l'école
14h-18h: Jeux, chants et musique avec la Chorale d'Occupons Montréal
18h- 20h Musique avec  "Mr Parker Québec" et “Acalanto”;
20h-23h Grand spectacle musical avec  “Bombolessé” et “Syncop


Kiosques militants et gastronomie internationale toute le journée

La Rebelle Province

Michel Lambert
Directeur général, ALTERNATIVES

Au moment d'écrire ces lignes, la très prévisible nouvelle de la rupture unilatérale des négociations par le gouvernement Charest vient de tomber. Les infimes lueurs d'espoir qu'avaient fait poindre plusieurs jours de discussions se sont tuent. Les négociateurs étudiants avaient pourtant accepté le cadre financier gouvernemental. Au nom de la paix sociale, ils avaient aussi envisagé de financer en partie la hausse du financement universitaire par la perte d'avantages fiscaux personnels pour les étudiants.

Mais le gouvernement refuse une sortie de crise où les associations étudiantes ne s'écraseraient pas complètement. Le compromis est insuffisant et Michèle Courchesne doit claquer la porte. Plus tard, Jean Charest rappelle une fois encore que la « solution » à la crise devra maintenir le problème initial! Arrogance et mépris comme au jour 1. Clairement, les étudiants ne flancheront pas.

Car les étudiants ont déjà gagné!
Il ne faut pas se leurrer. À court ou moyen terme, la victoire étudiante sera sans doute réelle dans son impact sur la hausse initialement exigée. En partie du moins. Mais elle est déjà beaucoup plus large que cela. L'action étudiante a ouvert une boite de Pandore trop longtemps fermée. Les impacts sur la stratégie néo-libérale de Jean Charest sont dramatiquement réels avec notamment une stratégie électorale totalement déboussolée. Le matamore Charest qui rêvait d'une élection rapide sur le dos d'une jeunesse mise au pas est coincé et risque à terme de perdre gros, très gros! Les stratèges libéraux s'arrachent les cheveux rien qu'en pensant à de prochaines élections qu'on parle maintenant de repousser à l'extrême limite admissible.

 Mais ce que le mouvement étudiant a accompli de plus grand encore fera histoire. Déjà, les liens entre les incroyables manifestations populaires du 22 mars (la hausse), 22 avril (le bien commun et l'environnement) et 22 mai (la désobéissance civile) parlent d'eux-mêmes. Nous avons clairement migré d'un enjeu théoriquement spécifique à la classe étudiante à une remise en question fondamentale d'un système exclusivement économiste (la lutte aux déficits comme unique plan de match), corrompu, qui favorise l'exclusion et qui est mis de l'avant comme l'unique solution par nos gouvernements depuis des lustres. Nos jeunes disent « non » et avec eux, des milliers d'autres prennent maintenant conscience de l'abrutissement qui nous est exigé. Les nuées de personnes, des mouvements de quartiers totalement spontanés et unificateurs, qui descendent dans la rue chaque soir pour battre leurs casseroles n'appellent pas que des élections ou encore la démission de Jean Charest. Elles appellent clairement à un autre contrat social, un « new deal », qui sera basé sur le respect, mais surtout sur les droits à une vie décente, un environnement sain, une démocratie de tous et pour tous.

Les bras ouverts
Et entre deux coups sur les casseroles, c'est tout le Québec qui prend son air! Et tout le monde avec lui. Car pour des millions maintenant, partout, de Denver à Paris en passant par le Caire ou Ramallah, ce « printemps érable » s'inscrit clairement dans un mouvement mondial, qui va des révolutions arabes aux manifestations grecques et espagnoles, ou encore au mouvement Occupy en lutte contre l'austérité. La solidarité internationale qui déferle de partout est indéniable et quoiqu'en dise Monique Gagnon-Tremblay, ce n'est pas des futilités!

Et ces regards qu'on nous porte maintenant de partout ouvrent une incroyable opportunité. Hier, les casseroles se sont fait entendre à Toronto, Vancouver, Kitchener, Calgary et j'en passe. Les mouvements étudiants pancanadiens visent eux aussi à lancer un débat sur l'accès à l'éducation. Les organisations et mouvements environnementaux canadiens furent fascinés par le 22 avril à Montréal et veulent prendre la balle au bond. Tout indique qu'il est grand temps de ré-ouvrir un vieux rêve et de tendre la main aux progressistes de partout au Canada pour bâtir un mouvement qui s'attarde aussi au gouvernement canadien.

78 et 38 ; mêmes combats
Car tristement, pendant que s'écrit l'histoire au Québec, le gouvernement de Steven Harper en profite pour passer un sapin historique avec sa loi C-38 qui s'attaque directement aux droits des réfugiés, aux travailleurs et aux prestataires de l'assurance-emploi, aux règles environnementales ; tout ça sous le couvert d'un loi « budgétaire ». Avec l'objectif de favoriser les exportations de pétrole des sables bitumineux, Steven Harper modifie d'un coup de baguette 753 clauses de plus de 70 lois du pays. Manon Cornelier écrivait récemment : « s'il y parvient en ne provoquant que des vaguelettes à l'extérieur du Parlement, il conclura que son approche intimidatrice est la bonne - encore - et que son gage de succès est de récidiver. »

Ce qui se passe au Québec maintenant indique que nous avons la maturité politique pour relever ce défi. Ce qui se passe à Ottawa implique que nous avons le devoir de le faire pour les générations futures.

L'heure est venue de dépasser les vieilles rancunes de nos deux solitudes. Les progressistes de partout au Canada regardent cette rebelle province et y voient une locomotive. C'est un rendez-vous historique.

Un Forum social des peuples au Canada
Un processus est déjà en marche. Dans les derniers mois, des rencontres se sont tenues à Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver. D'autres sont à venir et l'automne devrait lancer officiellement un processus qui nous mènera à un large Forum social en 2014, tout juste avant les élections fédérales. Nous pouvons construire une alliance extra-parlementaire Québec/Canada/Nations autochtones qui fera à Steven Harper ce que la population du Québec fait présentement à Jean Charest, c'est-à-dire contester fortement ses politiques et exiger son départ. Ce que nous obtiendrons.

Un Festival des solidarités
Alternatives organise ce samedi 9 juin une rencontre dans ce sens. Des militants et des organisations de partout au Canada et au Québec seront présents pour discuter de ces enjeux. Gabriel Nadeau-Dubois, Brigette Depape (la page du discours du trésor qui arbora le « Stop Harper »), Patrick Bonin (AQLPA - 22 avril), Hervé Kempf (auteur de « Comment les riches détruisent la planète »), Jacques Létourneau, Louise Vandelac et plusieurs autres seront présents. Plusieurs groupes musicaux seront aussi des nôtres pour célébrer avec nous, avec vous, nos solidarités. Toutes les infos sur alternatives.ca
 
C'est aussi un rendez-vous.