vendredi 13 juin 2008

Article de JM, juin 2008



Le Proche-Orient pour les nuls

Bernard Langlois

“ Depuis près de six ans, le gouvernement israélien tue par semaine entre 10 et 20 Palestiniens, enlève les hommes et les femmes par dizaines, détruit les habitations, les champs et les infra-structures, enferme et empêche les habitants de Gaza et de Cisjordanie de circuler librement chez eux. Alors, quand un groupe de résistants, "terroristes" pour les Israéliens, "activistes" pour les autres, capture un soldat chargé de surveiller la grande prison à ciel ouvert qu’est Gaza, l’Occident, l’Europe, la France et sa presse indépendante trouvent que c’en est trop pour Israël. Cet État "seule démocratie au Proche-Orient" est également le seul État à avoir le droit de tuer des civils, d’enlever des ministres et des députés élus démocratiquement, dans un pays en lambeaux, seule démocratie sous occupation dans le monde.

Il y a quelque chose d’irréel dans ce monde libre voulu par Bush et Blair. On se frotte les yeux et on tend les oreilles pour réaliser que c’est bien la réalité. Celle des bombes puissantes qui pulvé-risent les réfugiés libanais sur la route de l’exode. Celle d’une télévision qui choisit de ne pas montrer ce qu’on ne doit pas voir. On se dit alors, que nous n’avons rien compris. Le malaise qu’on éprouve devant notre poste de télévision vient de notre incapacité à comprendre les nouvelles règles du jeu. [...]

Les 11 règles du journalisme
Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers, et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.
Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.
Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.
Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.
Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.
Règle numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique "terroriste".
Règle numéro 7 : Quand vous dites "Hezbollah", il faut toujours rajouter l’expression "soutenu par la Syrie et l’Iran".
Règle numéro 8 : Quand vous dites "Israël", il ne faut surtout pas rajouter après : "soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe", car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.
Règle numéro 9 : Ne jamais parler de "Territoires occupés", ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le télé-spectateur et l’auditeur de France Info.
Règle numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.
Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un "dangereux antisémite".”

Source de l'article : http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-04-26%2006:25:23&log=attentionm

FLASH

Le projet de loi C-50 est passé à majorité à la chambre des communes lundi le 9 juin. Ce projet de loi vise à modifier la loi sur l’immigration en donnant plus de pouvoir au ministre. En faite, celui-ci pourra maintenant accélérer le processus d’immigration pour les personnes qui ont des métiers dont le «Canada a besoin» et rejeter ceux qui sont «moins profitables». En gros, les personnes non-qualifiées, plus souvent des femmes dans ce cas, ou les handicapés, les pauvres, les personnes les moins éduquées, les enfants et les personnes âgées verront réduites leurs chances d’être accepter au Canada. C’est simple, cette loi vient soumettre aux exigences du marché les demandes d‘immigration. Et à moins d’un revirement spectaculaire au Sénat, cette loi sera très bientôt en vigueur.

Le projet de loi C-10 est un autre projet de loi du gouvernement Harper. Celui-ci permet rien de moins que la censure par le ministère du patrimoine. C’est que désormais, les oeuvres télévisuelles jugées troublant «l’ordre public» pourront se voir couper leur financement. De plus, les oeuvres jugées rétrospectivement comme subversives devront, selon la discrétion de la ministre, rembourser leurs crédits d’impôt. Le milieu artistique se bat farouchement contre cette loi et crie à la censure.

Le Rhizome, un lieu d’habitation communautaire, à été attaqué 3 fois durant la nuit en début avril. Les vitres ont été fracassées et des projectiles ont été lancés à l’intérieur de la résidence. Personne ne connaît la véritable identité des attaquants. Mais beaucoup soupçonnent des groupes racistes du quartier Hochelaga-Maisonneuve. En effet, le groupe Antifa avait largement affiché contre les groupes néonazis du quartier et ceux-ci avaient promis de se venger. Le Rhizome étant un lieu connu pour des rassemblements de l’extrême-gauche anticapitaliste, beaucoup pensent que l’endroit à servit la vengeance. Dans la même période, une voiture appartenant à un homosexuel à été brûlé et d’autres actions du genre, mais avec moins d’envergure cette fois, ont été portées contre des minorités et des gens de la gauche.

Mercredi le 11 juin, un piquetage était organisé par Échec à la guerre contre la venue de Henry Kissinger à Montréal. Il était invité à faire une conférence au Forum économique international des Amériques - une des nombreuses réunions closes où gens d’affaire et politiciens se rencontre pour décider de notre sort.- Cet homme est un ancien Conseillé à la sécurité nationale aux États-Unis. Il est demandé à comparaître dans plusieurs pays pour son rôle dans certains crimes de guerre. Voici une chronologie faite par Échec à la guerre à son propos :

«1970 - Alors que l'humiliation des États-Unis s'amplifiait dans l'invasion désastreuse du Viêt-Nam, Kissinger a organisé des bombardements secrets au Cambodge dans le but d'étendre la guerre
à ce pays.

1971 - Il a donné son approbation tacite aux militaires pakistanais pour le meurtre de centaines de milliers de civils dans l'est du pays.

1973 - Il a dirigé l'implication étasunienne dans l'Opération « Condor »au Chili en donnant des ordres appuyant le coup d'État mené par le Général Pinochet contre le gouvernement démocratiquement élu du Président Salvador Allende. Le coup a mené à la persécution, la
disparition, la torture et l'assassinat de plusieurs milliers de personnes.

1975 - Il a approuvé et appuyé l'invasion du Timor Oriental par le Général Suharto d'Indonésie, ce qui a entraîné la mort de plus de 200 000 personnes.»

La Cour d'Appel d'Atlanta à rejetée la demande d’appel des Cinq Cubains injustement emprisonnés aux États-Unis. Ceux-ci demandent un nouveau procès puisque le premier qui avait lieu à Miami - où sont les groupes d’extrême droite anti-cubain dénoncés par les Cinq - avait été extrêmement partial et injuste. Par exemple, les Cinq Cubains n’avaient pas eu accès à une grosse partie de la preuve contre eux et beaucoup de personnes ont été empêchées de témoigner. Le vendredi 6 juin, de 17 à 18 heures, environ 40 personnes ont donc manifesté devant le Consulat des États-Unis à Montréal afin de dénoncer cette décision. Cette manifestation était organisée par la Table de concertation de solidarité Québec-Cuba et son Comité Fabio Di Celmo pour les 5. Des manifestions semblables appelées d’urgence ont eu lieu un peu partout au pays.

Le projet de loi C-484 - Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels -continue à rencontrer la résistance des milieux progressistes et féministes. La criminalisation de la mort d’enfants non encore nés est une porte grande ouverte à la criminalisation de l’avortement. Les libéraux, comme dans le cas des autres projets de lois honteux du gouvernement Harper énoncés plus haut, se disent contre celui-ci mais s’abstiennent de voter, ne trouvant pas favorable ce temps de l’année pour des élections. Leur couardise coûtera peut-être une des plus importantes avancées pour les femmes avec le droit de vote.

L’idée de la nationalisation de l’industrie pétrolière fait son bout de chemin dans les esprits avec les hausses folles que nous connaissons. Nous nous souvenons que des citoyens et citoyennes à Montréal et ailleurs au Québec avaient tenté un boycott, mais la participation avait été faible. Boycotter cette industrie n’est pas possible pour tout le monde et ne règle pas le problème de fond. Mais récemment, le Congrès du travail du Canada - le plus grand syndicat au Canada - annonçait être favorable à la nationalisation de cette ressource. Léo-Paul Lauzon, intellectuel québécois, clamait déjà depuis un certain temps que la nationalisation était essentielle. Et les récentes annonces au Québec de la collusion entre Ultramar et de nombreux détaillants pour hausser encore plus les prix de l’essence ne fait qu’ajouté à la nécessité d’une telle mesure.

Le 15 mars à ce tenait à Montréal une marche pour la Paix qui exigeait le retrait des troupes canadiennes en Afghanistan, mais qui exigeait aussi la fin de la guerre en Irak. Trois autres grandes revendications formaient le coeur de l’action : Non à la prolongation de la mission en Afghanistan, Oui à une politique étrangère respectueuse du droit international, et notamment du droit des peuples à l‘autodétermination -soit s‘opposer à l‘ingérence de l‘occident en Orient- et que les dépenses militaires servent plutôt à répondre aux besoins économiques et sociaux de la population.

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Les Flashs vous ont donné envi d'en savoir un peu plus? Voici quelques liens pour vous rassasier.

Organisations :

La Table de concertation de solidarité Québec-Cuba : http://www.solidaritequebeccuba.qc.ca
Écfhec à la Guerre : http://www.aqoci.qc.ca/ceg/
Congrès du travail du Canada : http://congresdutravail.ca
Le Rhizome : http://lerhizome.blogspot.com/

Sujets :

Henry Kissinger : http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Kissinger
Nationalisation du pétrole : http://www.ameriquebec.net/2006/11/02-la-nationalisation-du-petrole-canadien-un-debat-silencieux.html
Guerre en Afghanistan : http://yclljc-magazine.blogspot.com/2008/04/article-francophone-parue-dans-le-rebel.html
Projet de loi C-10 : http://www.radio-canada.ca/arts-spectacles/cinema/2008/03/03/003-loi-c-10-refus.asp
Projet de loi C-484 : http://www.vigile.net/-C-484-et-le-droit-a-l-avortement-
Projet de loi C-50 : http://pccpcq.blogspot.com/2008/05/toute-personne-assez-bonne-pour.html
Les Cinq Cubains : http://www.freeforfive.org/fr/thefive.html

jeudi 12 juin 2008

Article de JM, juin 2008


Quand le message passera-t-il enfin ?
La lutte étudiante continue malgré tout

Par le collectif de Jeunesse Militante, Montréal

Faisons un petit retour sur le mouvement étudiant au Québec. En mars 2007, le gouvernement Charest annonçait officiellement le dégel des frais de scolarité. L’augmentation que les étudiants et étudiantes du Québec subisse encore en ce moment est de 50$ par session durant cinq années, soit un total de 500$. Cela équivaut à une élévation du coût des études postsecondaires de 30%.

Très vite, nous nous souvenons que les différentes organisations étudiantes se sont prononcées contre le dégel des frais de scolarité, sans qu’un front commun se soit créé. Malheureusement, le plan d’action lancé par l’ASSÉ culminant par une grève générale illimitée ne passa pas dans les différents établissements scolaires. Pour certains, la cause de ce rejet était circonstancielle. Pour d’autres, la cause avait des racines plus profondes. Les luttes sociales n’ont plus la cote et notre société prend le virage néolibéral de son plein gré. Sans compter que le mouvement étudiant était dangereusement fractionné. Les Fédérations étudiantes, quant à elles, avaient plutôt opté pour quelques manifestations et des événements médiatiques.

D’autre part, en ce qui concerne l’ASSÉ, les revendications allaient bien au-delà du gel des frais de scolarité. On demandait la gratuité scolaire. On nous disait que ce n’était pas suffisant d’être sur la défensive, il fallait attaquer. C’est d’ailleurs sur cette question que les Fédérations et l’ASSÉ se sont divisées.

C’est pourquoi immédiatement après le refus de la grève générale illimitée par la masse étudiante, l’ASSÉ en lança un nouveau. Cette fois, c’était trois jours de grève qui étaient proposés et une manifestation nationale le 15 novembre.

Ce plan d’action fut adopté majoritairement dans les CEGEPs et les Universités. À l’UQAM, où le plan de redressement financier ajoutait à l’urgence de réagir, les associations facultaires avaient demandé à leurs membres plus qu’un mandat de grève de trois jours. Elles avaient obtenu une semaine dans certains cas, une grève illimitée pour d’autres.

Mais les différentes administrations des CEGEPs et Universités ne voyaient pas du même œil l’annonce de la ministre Courchesne. Elles étaient plutôt favorables à de telles mesures. Car actuellement, le système d’éducation québécois souffre d’un manque de financement de près de 400 millions de dollars par années pour les université et de 300 millions de dollars par année pour le réseau des CÉGEPs. Et ce n’est d’ailleurs pas les 500$ de plus par étudiants qui vient combler ce manque-à-gagner. On peut donc se poser la question d’où viendra la part qui manquera encore au financement global de l’éducation ?

Et pour ce qui est de la mobilisation en novembre, elle a fini par une brutale répression policière. Les événements du 13 novembre 2007 au collège du Vieux-Montréal et les différentes occupations avortées à l’UQAM sont les actions les plus connues de cette période mouvementée. La session suivante, une nouvelle vague de mobilisation avait été tentée, mais sans grand résultat.

Il n’y a aucun doute quand au fait que la gratuité scolaire est réalisable. Les recherches qui le prouvent sont nombreuses. Mais face au discours de la gratuité scolaire, les gens posent toujours la question suivante : Comment payer tout ça ? Irrémédiablement, on en arrive à parler des finances de l’État, de taxes aux entreprises, de la guerre en Afghanistan qui coûte si cher au Canada, d’impôts plus élevés, de choix sociaux, etc. C’est donc de dire que la gratuité scolaire va bien au delà de la sphère éducation.

Ce qui fait que le message passe mal dans ces temps ou l’idéologie de droite est appelée lucide. Et du même coup, la réalisation de la gratuité scolaire dépasse largement la responsabilité des étudiant-e-s. Ce projet devrait être celui de tous les regroupements syndicaux, des groupes politiques de gauche et de la classe ouvrière. À défaut d’avoir réussi à faire passer le message, l’ASSÉ commencera l’année scolaire 2008-2009 avec un plan axé contre la privatisation. Voici ce que nous pouvons lire dans le cahier de congrès concernant cette campagne :

« (...)Considérant que l'ingérence du privé a des impacts néfastes sur la vie quotidienne et les conditions matérielles de l'ensemble des étudiants et étudiantes;
(...)Considérant que la privatisation du système d'éducation est la conséquence ultime de son sous financement chronique;
Considérant que le fléau de la privatisation dépasse le simple cadre de l'éducation et s'étend à l'ensemble des services sociaux;
Que la prochaine campagne de l'ASSÉ ait pour thème « Stoppons la privatisation des services sociaux » avec 3 principales revendications :

1. Contre les intérêts et la logique du privé en éducation et dans les autres institutions publiques.
2. Pour un refinancement massif et public des institutions d’éducation post-secondaires
3. Pour la démocratisation des instances dans les institutions post-secondaires.

(..) Que l'ASSÉ travaille conjointement avec l'ensemble des mouvements sociaux afin de mener un front commun contre la privatisation des services sociaux. »

C’est encourageant. Cette campagne a l’avantage de pouvoir unir beaucoup d’organisations en commençant par les syndicats ouvriers qui par exemple, luttent en ce moment contre la privatisation du système de santé. Est-ce que l’ASSÉ aurait compris le message en regard de l’échec de l’année dernière avec l’augmentation des frais de scolarité, et du même coup, avec la gratuité scolaire ?

Car en effet, refuser de faire le front commun avec les fédérations étudiantes en mars 2007 est ce qui a causé la défaite que nous connaissons. On sait que l’ASSÉ avait choisi de refuser cette union pour faire une campagne sur sa revendication première, l’école gratuite. Pourtant, la chose que le gouvernement Charest craint le plus, c’est bien un front commun. Et si cette fois un front étudiant-e-s et ouvrier-ère-s se forme, c’est une bombe lancée contre l’idéologie de droite. Mais avant de rêver à mai 68 ou c’est l’union des ouvrier-ère-s et des étudiant-e-s qui avait permis de faire un bond en avant, c’est quand même l’ASSÉ qui lance cette idée. Et n’ayant pas réussi à faire l’unité dans ses propres rangs, on peut douter de ses capacités. Sans compter qu’il n’est pas dit que les syndicats répondront adéquatement. Le vent de droite affecte aussi leurs membres et ils ont beaucoup de difficulté à se mobiliser, en particulier sur des enjeux plus globaux. Les luttes sociales sont toutes reliées. Mais chaque petit groupe, chaque syndicat, s’occupe seulement de ses problèmes locaux. C’est d’une lutte politique générale dont nous avons besoin, autant pour la communauté étudiante que pour la classe ouvrière.

L’ASSÉ a quand même pris la bonne direction. Et pour ce qui est des Fédérations, elles n’aideront peut-être pas à partir le mouvement, mais si quelque chose se crée, nous pouvons penser qu’elles seront de la partie. Représentant plus de 210 000 étudiant-e-s, c’est quand même une force considérable.

Photographie : Jeunesse Militante / une étudiante manifeste pour la gratuité scolaire

mercredi 11 juin 2008

Article de JM, juin 2008

On ne rigole pas avec l’apartheid israélien

Par Kaoura Farlay

On ne rigole pas avec le Zohan (You Don't Mess with the Zohan) Un film de Dennis Dugan avec Adam Sandler, Jon Turturro, Emmanuelle Chriqui et Rob Schneider

L’histoire est simple. Un agent super doué du Mossad, Zohan Dvir (Adam Sandler), en a assez de sa vie de héros anti-terroriste. Il feint donc sa propre mort lors d'un affrontement avec son pire ennemi, le Fantôme (John Turturro). Il peut ainsi s’envoler pour New York afin de réaliser son rêve, devenir coiffeur. Mais le coiffeur n’est pas si doué. Et pourtant, il a un succès fou auprès de ses dames d’âge mûr. C’est qu’il leur procure un petit extra dans l’arrière boutique, un bang bang comme il le dit.

Au début on s’amuse dans cet Israël et cette Palestine complètement caricaturés. Dans une des scènes, par exemple, le héros reçoit une volée de pierres de jeunes enfants pendant qu’il chasse son ennemi le terroriste. C’est l’Intifada en quelque sorte. Mais le bon Zohan ne tue pas ces pauvres gamins et gamines qui l’attaquent. Il transforme plutôt les pierres lancées en un joujou et les mômes en sont tout impressionnés.

C’était encore drôle. Mais rendu aux États-Unis, les stéréotypes sont poussés jusqu'à un ridicule désolant . Et bien sur, les auteurs, dont Adam Sandler qui a coécrits ce scénario, ne veulent pas trop prendre partie dans le conflit. Mais il faut un vrai méchant comme dans tout bon film américain. Et ce sera donc une caricature d’un bourgeois trop riche, d’une pomme pourrie de la société américaine, qui veut construire un gros centre commercial et ainsi raser les petites entreprises du coin. Contre lui, s’uniront palestiniens et israéliens. Non, je ne féminise pas ces deux groupes, car les seuls combattants dans chaque camp sont des hommes. Les femmes sont reléguées au rang des nombreuses baises du Zohan et des autres mâles protagonistes. Ou encore, par l’entremise de la belle Dalia (Emmanuelle Chriqui), elles seront ces femmes qui ne comprennent rien à la politique mais qui ont la bonne réponse malgré tout, paix et amour. Car oui, les femmes sont toujours douces et gentilles.

Le conflit est dangereusement banalisé. On y suppose que cette guerre qui dure depuis plus de 50 ans est causée par une simple et stupide incompréhension («Car nous nous ressemblons tous...» comme dit le Zohan.) et de la haine injustifiée. «Pourquoi avoir la colère ? » dit-il encore. En se faisant tuer par le héros, un terroriste dit au début du film «tu voles mon pays» et le Zohan répond simplement, «Parce que tu crois que mes ancêtres n'ont pas mis le pied ici avant les tiens ?» Cette phrase sera probablement la seule qui ressemblera a une prise de position. Le reste du film dit un banal faite l’amour, pas la guerre. Les palestinien-ne-s et les israélien-ne-s ne font que se détester sans raison. Il faut faire comme aux États-Unis, terre de la liberté.

D’ailleurs, le rêve américain y est outrageusement vendu. Tous ses pauvres réfugié-e-s de guerre ne veulent qu’une chose, avoir leur petit commerce. Et pour les hommes, se taper plein de nymphettes. Sony en profite pour placer ses produits sans subtilité pendant que Mariah Carey apparaît sans raison en vendant son dernier disque. La méchante guerre créée par les méchants terroristes empêche tout le monde de se réaliser dans la généreuse société capitaliste. Ce n’est certainement pas le capitalisme, plus précisément son stade suprême, l’impérialisme, qui cause ce conflit inhumain.

Si on oublie d’emmener son sens critique avec soi, le film est assez drôle. Oui, on rit dans la salle et moi aussi j’ai rit. Mais le film avançant, une certaine platitude s’installe avec la trop redondante histoire d’amour plate et ô combien prévisible entre le Zohan et sa patronne Dalia. Leur amour permettra, comme on s’en doutait, de réaliser la morale de l’amour pas la guerre.

La seule chose vraiment amusante et avec un peu de bon sens est la caricature de l’extrême droite. Une extrême droite qui aime ses armes à feu, mais qui déteste tout, noir-e-s, jaunes, arabes, juifs, homosexuel-le-s et même les petits chiens. Mais ce qui est intéressant, c’est que c’est cette extrême droite qui sera utilisée pour monter les deux camps un contre l’autre, simulant des attaques des palestiniens contre les juifs et vice-versa. Une extrême droite white power utilisée au profit du méchant capitaliste. Mais ça reste très mince dans le film.

Un film à voir avec une intention anthropologique ou avec un «verre de bière dans le nez». À vous de juger.

mardi 10 juin 2008

Article de JM, juin 2008

Témoin de l’Intifada

Par Chris Frazer

Cette article provient des archives de Jeunesse Militante. En 1989, Chris Frazer était le dirigeant de la Ligue de la jeunesse communiste du Canada. Il avait alors récemment visité les territoires occupés de Palestine avec une délégation de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, à l’invitation de l ‘Union générale des étudiant-e-s palestinien-ne-s à l’occasion de l’anniversaire de l’Intifada.

Balata - Le 10 décembre, l’armée israélienne a fermé le camp de réfugiés de Balata comme la plupart des autres camps situés en Cisjordanie et tout le long de la Bande de Gaza. Les Forces de défense israéliennes (FDI) n’avaient pas réussi durant les jours précédents à contrôler ou empêcher les protestation pales tiennes qui marquaient le premier anniversaire de leur soulèvement populaire - l’Intifada - contre l’armée israélienne d’occupation.

Balata et la ville arabe tout près Naplouse, sont bien connues comme étant des «baromètres» de l’Intifada. En traversant Naplouse, étouffée par les patrouilles des FDI, les signes de l’Intifada sont clairs et tout récents. Comme dans tous les villages et villes palestiniennes, des graffitis et des drapeaux palestiniens sont peints sur tous les édifices et les murs. Des femmes et de jeunes enfants nous saluent tout le long de la route avec le signe «V» pour victoire. Mais on ne voit pas de jeunes hommes aux alentours. On comprend vite pourquoi.

À l’autre coin de rue, on rencontre une patrouille des FDI cherchant les jeunes activistes qui viennent de défier l’armée en manifestant une heure avant. On voit deux soldats repousser une ambulance qui allait porter secours à un jeune palestinien abattu. En quelques secondes, on voit une foule de jeunes se dépêcher pour aller chercher leur camarade tombé. Notre choc se transforme en horreur quand des soldats lèvent leurs armes pour tirer sur les jeunes qui se sauvent.

Quand les soldats passent à côté de nous, on peut voir leur expression de frayeur. Et je me rappelle de ce que notre jeune ami Ziad m’a dit trois jours auparavant: «Les Israéliens ont plus peur de nous avec nos roches, que nous en avons peur avec leurs armes, leurs coups et leurs prisons».

Il fut bien plus facile pour nous d’entrer que de sortir de Balata où l’enfer est apparu moins d,une heure après notre arrivée. On a dû couper court à notre rencontre avec le dirigeant du camp quand une vague d’excitation s’est emparée de la foule de jeunes enfants autour de nous.

Aussitôt, les enfants se précipitent près d’un mur autour du camp et se mettent à lancer des pierres par-dessus. On voit alors l’objet de leur agitation - une patrouille des FDIqui s’amène vers le camp. Soudain, on entend des coups de feu éclater et on réalise que le camp est attaqué. Aucunement effrayés, les enfants ont intensifié leur volée de pierres.

Peu de temps après, nous étouffons, nos yeux et notre gorge brûlent. Les FDI ont lancé des gazs CS empoisonnés. Nous nous mettons à courir avec la foule pour nous cacher dans les maisons les plus proches. De jeunes hommes restent dans la route peincipale pour freiner l’avance de l’armée et nous permettre de nous abriter.

Du toit de notre cachette, on peut voir l’armée pénétrer dans le camp et nous découvrons le «télégraphe populaire» - la communication et la surveillance de l’armée à partir des toits.

Après avoir essayé en vain une première fois, nous pouvons finalement sortir du camp sains et saufs et monter en vitesse dans l’auto qui nous amène dans le calme relatif de Jérusalem.

Bien que pour nous l’expérience de Naplouse et de Balata est incroyable, il s’agit là de la vie quotidienne des Palestiniens.

lundi 9 juin 2008

Article de JM, juin 2008


Rencontre avec Jean Barbe

Par Kaoura Farlay

Jean Barde est un journaliste, un auteur et un réalisateur québécois. Il a, entre autre, collaborer à lancer le journal culturel voir. Il est né à Montréal le 24 novembre 1962. En avril dernier, dans le cadre du programme de français au collège du Vieux-Montréal, il est venu rencontrer les étudiants et étudiantes pour discuter avec eux de son roman, Comment devenir un monstre. Cette oeuvre est sortie en 2004 et a connu un véritable succès. Il a d’ailleurs gagné le prix des libraires pour ce roman.

« La culture n’est pas un gage de civilisation. »
« Un roman, c’est une imitation amélioré de la vie. »
« Une société qui cherche la perfection est une société monstrueuse. »

Jean Barbe est un homme avec une sacrée stature. Sa façon de se mouvoir, un peu hautaine, aurait aisément pu paraître déplacée. Mais avec cette personnalité forte, il ne peut en être autrement.

Il nous a parlé en premier de son travail et de lui-même. «Devenir écrivain, ça ne passe pas par l’école», mais ça peut quand même aider. Car comme il le dit : « il faut apprendre à lire pour apprendre à écrire. » Et c’est bien le chemin que cet homme a prit en commençant par être journalistes culturel et critique avant d’écrire son premier roman, Les soupers de fête. D’ailleurs, il décrit ce roman comme un échec, ou plus précisément comme une non réussite qui l’a affligé. Mais il fini par surmonté sa crainte des mauvaises critiques et publie a nouveau. Cela, jusqu’à en arriver à Comment devenir un monstre, un roman qui se veut contre la guerre. Aujourd’hui il se dit heureux d’avoir «agit pour ne pas regretter». Car y a t’il quelque chose de pire que de ce dire à la fin de sa vie : j’aurais dont du !

Comment devenir un monstre est parti d’un fait, d’une nouvelle, que tout le monde connaît. Le 22 mars 2003, plus 100 000 personnes défilaient dans les rues de Montréal contre la guerre en Irak. Mais la vision générale était un gros non à la guerre. « Quand on dit non à la guerre, on dit oui à quoi ?» Alors Jean Barde a écrit un roman au lieu de participer à une manifestation qu’il trouvait creuse. Le roman devait changer quelque chose.

À propos de son roman il nous dit : « On ne peut pas juger moralement un monstre dans la guerre parce que c’est nous aussi. » Fait intéressant, il s’est forcé à l’écrire à la main pour devoir le relire en entier.

Et en parlant des romans en général, il nous raconte qu’« À travers les romans, on apprend : des modes vies différents, des odeurs nouvelles, des textures étrangères etc. » Et pour l’écrivain, « chaque fois qu’on caractérise un personnage, il devient un peu plus indépendant. »

À la fin de la rencontre, quelqu’un lui pose une question en rapport avec la conjoncture : Que pensez-vous de la séparation du Kosovo ? Il a répondu indirectement sur ce qu’est le nationalisme. Mais s’était assez clair et sa touchait plus sensiblement ce que tous le monde voulait vraiment savoir. C’est que le parallèle entre la séparation du Kosovo et le désir de séparation au Québec était facilement fait. Il a dit, pour résumer, que le nationalisme égalait la peur, et que la peur signifie un manque de confiance en soi. «Pas besoin d’attendre un hymne et un drapeau pour exister.»

Jean Barbe est un auteur à lire, assurément, mais surtout un homme a rencontrer. Mais à défaut de pouvoir le croiser, je vous conseille sans aucune hésitation de lire son roman, Comment devenir un monstre. Il nous fait réfléchir sur nous-même, la guerre et nos illusions.

Bonne lecture.

Article de JM, juin 2008

Manifestation du 15 mars 2008 contre la brutalité policière
Et ce qu’ils avaient à dire ?

Par Marianne Breton Fontaine
En collaboration avec Edwin Mayen


Cette année, la manifestation contre la brutalité policière qui a lieu tous les 15 mars se faisait sous plusieurs thèmes : contre l’impunité des policiers et policières, contre le profilage racial, contre le nettoyage social et la répression politique. Le rendez-vous se faisait en face du métro Berri-UQAM et les participants étaient nombreux, environ 600 personnes. Il y avait alors deux fois plus de policiers et policières que de manifestants et manifestantes. Tout autour de la foule, les journalistes se promenaient. Malheureusement, aucun d’entre eux n’était venus pour poser des questions. Ils et elles étaient à la recherche de sensationnel car tous se doutaient qu’aussitôt que la marche allait commencer, il y aurait une confrontation violente. Mais qu’est-ce que tout ce monde venu manifester avait à dire?

«Aujourd’hui, nous organisons pour une 12ième année consécutive une manifestation contre la brutalité policière. En fait, cette action à commencé en 1996 suite au tabassage à mort de deux enfants en Suisse. Au Québec et en Suisse, il a été décidé de commémorer cet événement en organisant une manifestation contre la brutalité policière. Mais c’est aussi commémoré au Mexique, en Colombie et dans d‘autres pays du monde. »

C’est ce que nous a expliqué Sophie Sénéchal, une militante du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP). Dans la foule qui se rassemblait, les gens ne semblaient pas nerveux et chaque personne savait pourquoi elle était présente. Mais du côté des policiers et policières, l’offensive était déjà commencée. Les activistes furent filmés, photographiés et tous bien encerclés. Sous la musique d’un groupe invité pour égayer la marche, l’interview continue :

«Nous dénonçons entre autre le nettoyage social. Ce n’est pas normal qu’à Montréal, les personnes les plus démunies s’accumulent des «bills» judiciaires de 20 ou 30 000$ à force de vivre dans l’espace public. Nous savons très bien que ces dettes judiciaires ont pour conséquence l’emprisonnement. Ces personnes sont fragilisées et les coût sociaux ne font qu‘augmenter. Actuellement les prisons sont pleines. Nous dénonçons aussi le profilage racial. Ce n’est pas plus normal de ce faire intercepter à chaque fois qu’on se promène en voiture pour le simple fait d’être noir, ou immigrant, immigrante.

Il y a aussi plusieurs groupes cette année qui ont demandé un moratoire sur l’utilisation du pistolet taser. C’est bien, mais nous considérons nécessaire l’arrêt complet et immédiat de l’utilisation du taser. Nous en avons aussi assez de l’hypocrisie du gouvernement dans ce dossier. Ce qui n’est pas surprenant puisqu’un membre du gouvernement Harper est conseiller de la compagnie Taser International. Nous savons aussi que des policiers du SPVM travaillent pour cette compagnie. Nous comprenons donc très bien où est la collusion.

De plus, nous dénonçons l’impunité policière.
Même si nous ne sommes pas pour un système punitif, dans le système où nous vivons, n’importe quel citoyen ou citoyenne qui commet un meurtre ira en prison. Mais dans le cas des policiers et policières, de par leur fraternité, sont constamment protégés. À Montréal, il y a eu 42 personnes tuées en 21 ans par des agents et jamais il n’y a eu d’accusation portées contre eux. »

Ce n’est pas ce genre de discours que les médias de masse rapportent dans les journaux et à la télévision. On décrit les manifestants et manifestantes comme une bande de jeunes énervés se révoltants contre l’autorité, des voyous et des casseurs. Il est vrai que depuis quelques années, cette manifestation ne se termine pas dans la paix. Loin de là. Mais tous les propos et les raisons qui poussent ces centaines de personnes à se réunir dans la rue sont noyées par des images montrées en boucles de vitres cassées et d’altercations entre activistes et agents de la police. Et si la violence existe des deux côtés dans ces manifestations, seule les méfaits des «agités» qui revendiquent deviendra publique. Les médias se gardent bien de montrer les abus en provenance des forces de l’ordre.

Mais le fond de cette démonstration populaire reste politique. Comme à chaque fois où les gens prennent la rue. Et cette année, les étudiants et étudiantes étaient plus nombreux qu’à l’habitude. La lutte contre le dégel des frais de scolarité était encore chaude et la répression policière contre ce mouvement avait été et continue d’être immense comme le disait cette militante :

« Durant la dernière année, il y a eu beaucoup de répression politique et policière dans le mouvement étudiant. Entre autre, des arrestations de masse, du poivre de Cayenne et des coups de matraque à profusion utilisés contre nous. Nous sommes donc ici pour nous opposer à ça et dire que nous en avons assez de nous faire taper dessus à chaque fois que nous sortons dans la rue. »

Les revendications ne s’arrêtent pas à dénoncer cette répression ouverte qui grandit contre tout mouvement de protestation. Il y a toute une problématique sociale qui est en jeux. La pauvreté n’est jamais belle et à Montréal, le mot d’ordre est de la faire disparaître pour la saison des festivals. On la cache derrière des barreaux de métal froid. En effet, les itinérants et itinérantes sont la cible des force de police. La façon de procéder est simple. La police utilise les règlements municipaux pour donner aux itinérants et itinérantes des contraventions à outrance. Un exemple : avoir jeté une cigarette sur le sol vaut une amende de 82$. Les « tickets » s’accumulant, les victimes de ces abus d’autorité finissent par devoir à la ville des sommes astronomiques.

«Pour vous donner une petite idée, en janvier 2005 on comptait 600 itinérants qui devaient plus de 3 millions en dette de contravention. Un itinérant peut recevoir parfois jusqu’à 25 « tickets », ce qui vaut beaucoup d’argent. Des montant autour de 6 000$ et même jusqu’à 20000$ par personne même plus quelques fois. Si ces personnes ne peuvent pas payer ces montants, ils doivent aller en prison. Une journée d’emprisonnement équivaut à 15$ de remboursement. Faites le calcul, c’est beaucoup de temps avant de retrouver sa liberté. » Du moins, en voilà assez pour les faire disparaître une bonne partie de l’année. C’est ce que nous dit une des représentantes du groupe STELLA, un groupe de défense des travailleuses du sexe.

Et voilà, le tour est joué. La ville maintenant propre peut laisser place à l’arrivée massive des touristes qui ne seront pas importunés par la vue de la misère…celle qui existe dans toutes les villes du monde capitaliste, aussi riches soient-elles.

Au lieu d’investir dans les organismes communautaires qui pourraient aider ces gens, on préfère augmenter les effectifs de la police. Les gouvernements de tous les paliers ont pris la même tangente: la répression. Et toutes personnes qui ne «fitt pas dans le décor», soit les itinérants et itinérantes, les travailleuses du sexe, les « squidjis », les jeunes au look rebelle, les immigrants et immigrantes qui s’affichent trop et tous les autres qui peuvent se dire appartenant à une population marginalisée en subissent les conséquences. Répression et discrimination, voilà une bonne façon de décrire la police et ses actions.

Photographie : Marianne Breton Fontaine


Article de JM, juin 2008

Statistique Canada confirme que les écarts de revenu croissent de plus en plus rapidement

(Traduction d’un article provenant de l’édition du 16-31 Mai 2008 du People's Voice, le principal journal communiste au Canada. Ses articles peuvent être reproduits gratuitement si la source est citée. Abonnement au Canada: $ 25/année, ou $ 12 pour les faibles revenus; abonnement pour les États-Unis - 25 $ US par année; abonnement d'outre-mer - $ 25 US ou 35 $ CAN par année.
Envoyer à: People's Voice, c / o PV Business Manager, 133 Herkimer St., Unit 502, Hamilton, ON, L8P 2H3.)


Par Kimball Cariou

Au cours de la longue période de soi-disant «croissance » précédant le présent ralentissement économique, la plupart des travailleuses-eurs au Canada se sont appauvris, et l'écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser. C'est la conclusion que tire Statistique Canada des chiffres du recensement de 2006 qu’elle vient de publier.


Selon Armine Yalnizyan, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), «Les Canadiennes-iens ont eu à pédaler aussi vite qu'ils pouvaient mais ils ne sont pas rendus beaucoup plus loin qu'ils ne l'étaient lorsqu’ils étaient moins nombreux à travailler, qu’ils travaillaient moins d'heures et qu’ils étaient moins instruits. "

Statistique Canada rapporte que le revenu médian de tous les Canadiennes-iens qui travaillent à plein temps a augmenté d’un infime 0,1 % à 41 401 $ en 2005, contre 41 348 $ en 1980 (en tenant compte de l’inflation, un gain réel d’un dollar par semaine en dollars de 2005).

Pendant ce temps, la tranche supérieure de 20 % des salariées-és ont vu leurs revenus bondir de 16,4 %, y compris un gain de 6,2 % depuis 2000. La proportion de Canadiennes-iens gagnant plus de 100 000 $ est passé de 3,4 % en 1980 à 6,5 % en 2005. La tranche de 20 % des plus pauvres a vu ses revenus diminuer de 20,6 % depuis 1980.

Un Canadiennes-iens sur neuf (11,4 % de la population, soit 3,5 millions de personnes, dont près de 900 000 de moins de 18 ans) peut être considéré ayant un faible revenu en 2005, c’est-à-dire qu’il dépense au moins un cinquième de son revenu de plus que les familles moyennes pour les premières nécessités comme la nourriture, le logement et l'habillement.

Les taux de pauvreté sont plus élevés chez les enfants et les jeunes. En 2005, 14,5 pour cent des enfants âgés de 5 ans et moins faisaient partie d'une famille à faible revenu, de même que 13 pour cent des enfants âgés de 6 à 14 ans.

Certains économistes s'étonnent que les revenus aient baissé pour de nombreux Canadiennes-iens, tandis que l'économie a progressé de 2,4 pour cent entre 2000 et 2005.

Le président d’Informetrica Mike McCracken, par exemple, a déclaré: «Vous pourriez vous attendre qu’une économie qui a été plus performante contribue à élever aussi la couche inférieure comme partie du tout étant donné qu’une marée montante soulève tous les navires ". Bien sûr, les cyniques diront, «elle ne soulève seulement que les yachts, et nous constatons cela."

Le rapport de Statistique Canada a également constaté ce qui suit:

* Le revenu médian des mères monoparentales en 2005 était de $ 36 765, soit plus élevé qu'en 1980 mais demeurait le plus faible de tous les principaux types de famille économique.

* Les immigrants ont perdu beaucoup de terrain par rapport à leurs homologues canadiens. En 1980, les immigrants récemment arrivés au pays ayant un revenu d’emploi gagnaient 85 cents pour chaque dollar reçu par les employés nés au Canada. En 2005, le rapport était tombé à 63 cents pour les hommes, et seulement 56 cents pour les femmes. (Statistique Canada suggère comme explication que de nombreux nouveaux arrivants sont arrivés avec une formation dans le secteur de l'information et de la technologie au moment où ce secteur est en déclin; cette explication semble toutefois insuffisante, considérant l’agrandissement catastrophique des écarts de rémunération.)

* L'écart salarial entre les jeunes hommes et les jeunes femmes est demeuré stable après avoir connu une réduction pendant des années. L'écart de salaire entre les sexes, inchangé depuis le dernier recensement, fait que les femmes gagnent en moyenne 85 cents pour chaque dollar gagné par un homme.

Le CCPA dans son dernier rapport sur cette question (Un quart de siècle de l'inégalité économique au Canada) contient des données fascinantes sur les tendances à long terme que dévoilent les chiffres de Statistique Canada.

Par exemple, une analyse détaillée de la rémunération des salariés révèle que sa valeur totale était d'environ 51% du total du produit intérieur brut en 1961. Cette proportion est passée à 54% vers le milieu des années 1970, lorsque le gouvernement libéral de Trudeau a imposé le contrôle des salaires et des prix», un moyen de limiter la hausse des salaires et pour augmenter le transfert de plus de richesse vers les riches et les entreprises. Après quelques hauts et quelques bas, la rémunération des employés qui avait connu un forte hausse à partir de la fin des années 1980, est passé à un peu moins de 50% du PIB en 2005. Cette tendance est un facteur déterminant dans l'accroissement des écarts de revenu signalé par Statistique Canada.

Un autre élément d'information important du CCPA est un graphique montrant l'histoire des salaires au Canada. Exprimé en dollars de 2006, le véritable salaire horaire moyen était environ de 5 $ durant la Première Guerre mondiale. Au cours des décennies suivantes, conséquemment aux luttes nombreuses de la classe ouvrière et au développement de la syndicalisation, le salaire horaire moyen a grimpé à environ 23 $ (en dollars de 2006) en 1975. Par la suite à cause des attaques « néolibérales » contre la classe ouvrière, puis de la profonde récession du début des années 1980, les taux horaires réels ont diminué, mais ont légèrement augmenté à nouveau vers la fin des années 1990. Au cours de cette même période, bien sûr, les bénéfices des sociétés ont commencé une ascension les menant aujourd'hui à une hauteur vertigineuse.

Finalement, les conclusions du CCPA concernant valeur nette des familles canadiennes sont également importantes. Le cinquième des familles les plus pauvres représentaient -0,5% de la richesse nette totale de toutes les familles en 1977, un chiffre qui n’a changé que légèrement à

-0,6% en 2005. Ces familles ont plus de dettes que la valeur totale de leurs actifs.

Pendant ce temps, le dix pour cent des familles les plus riches ont vu une forte augmentation de leur part, passant de 50,6% en 1977 à 58,2% en 2005.

Entre ces deux extrêmes, les 70% des familles qui restent ont vu leur part totale passer de 50% en 1977 à environ 43% en 2005, le plus gros du déclin s’étant produit depuis 1999.

La lutte des classes est une réalité quotidienne sous le capitalisme. Depuis les trente dernières années, la classe dirigeante canadienne a mené une lutte déterminée pour diminuer les revenus et récupérer la richesse conquise par la classe ouvrière au cours des décennies qui avaient précédé. Pour renverser cette attaque, il faudra une puissante mobilisation à plusieurs niveaux du mouvement ouvrier et de ses alliés, non seulement dans le cadre des négociations collectives, mais aussi pour mener des batailles sur le terrain politique et idéologique, dans la vaste arène extra-parlementaire.

Article de JM, juin 2008

CHASSE AUX PHOQUES
Entre la tête et le cœur, un manque de stratégie.

Par Marianne Breton Fontaine

Les médias se sont saisis du sujet à une vitesse fulgurante et aujourd’hui, la plupart des gens ont pris connaissance du débat au sujet de la chasse au phoque. Si beaucoup de causes restent dans l’ombre a cause d’un manque de publicité, celle là en à eu bien suffisamment avec le concourt de Brigitte Bardo et plus récemment, celui de Pamela Anderson, Paul McCartney ainsi que sa femme. D’un côté, on s’oppose à la chasse aux phoques parce qu’elle est cruelle, parce qu’on tue de jeunes animaux, parce qu’elle n’est pas essentielle à la vie. Et de l’autre, on l’appuie parce qu’elle est économiquement positive, parce qu’on régularise la population de phoques en expansion, parce que la technique n’est pas réellement cruelle, parce sa viande est biologique et bonne pour la santé.

Je pourrais me lancer dans une nouvelle réfutation de l’argumentation dite écologiste. Car en effet, j’appuie la chasse. Mais l’information pullule suffisamment sur Internet et dans les journaux pour que ce soit inutile. Du point de vue écologiste, on peut s’entendre pour dire que la préoccupation première est la sauvegarde de l’environnement. Partons donc de ce point de vue.

À voir toute l’énergie fournie dans ce débat, j’aurais tendance à croire que la chasse aux phoques est un gros morceau dans la défense de la nature. On pourrait penser qu’avec tout ce branlebas de combat déclenché par tant d’organismes différents signifiait que la cause était primordiale, que la chasse met l’ordre écologique en danger. Or, ce n’est pas vraiment le cas.

Dans la nature, tout est relatif. Tous ses éléments constitutifs sont interdépendants. Donc, chaque intervention se répercute à la grandeur de l’écosystème. Il existe actuellement un déséquilibre dans l’écosystème de ces mammifères marins. En effet, les prédateurs des phoques qui régularisent normalement cette population sont en voie de disparition. Il y a en particulier l’ours polaire et l’épaulard menacés principalement à cause du réchauffement climatique et de la pollution. De cette manière, le nombre de phoques augmente de façon exponentielle. On peut facilement le comprendre en sachant que depuis 1970, le nombre de phoque du Groenland, même avec la chasse, a plus que doublé. Soit environ plus de 5 millions de phoques chez nous. Et les phoques, comme tout être vivant, mangent. En augmentant ainsi trop rapidement, ils exercent une pression accrue sur d’autres espèces. De plus, il s’agit là des bands de poissons du Nord de l’Atlantique qu’on sait déjà menacer pour les mêmes raisons que les prédateurs de la banquise, en plus de la surpêche. On peut donc voir la chasse de la façon suivante ; l'humain vient colmater ses erreurs en remplaçant temporairement les prédateurs qu'il a fait disparaître, ramenant de ce fait un certain équilibre bien que précaire. Mais disons qu’il y a débordement de la part des chasseurs, car c’est que qui est revendiqué du côté «écologiste». Alors, ce n’est pas la chasse elle-même le problème, mais une mauvaise gestion. D’ailleurs, changer une méthode n’implique pas la disparition de la pratique. L’espèce étant loin de la disparition, le temps est là pour l’action même si la chasse continue. En bout de ligne, il n’y a aucune urgence.

Donc, ce n’est pas l’importance des répercutions qu’ils pourraient y avoir sur l’environnement ni l’urgence de la situation qui motive l’effervescence du mouvement. L’ensemble de la nature n’étant pas directement menacer, et même, la chasse ayant un effet stabilisateur. Alors qu’elle est la motivation ? Peut-être le principe d’une souffrance inutile.

On pratique la chasse en frappant le phoque à la tête à l’aide d’une espèce de gourdin appelé hakapik. D’un coté on dit que le phoque est tuer d’un seul coup avec un minimum de souffrances, de l’autre, que bien au contraire, l’agonie est outrageuse. Admettons que ce soit le cas, que la mort de ces phoques est extrêmement souffrante, mais qu’elle est telle comparé à celle infligé durant toute une vie. Le phoque, bien que souvent trop jeune pour dire qu’il ait eu le temps de bien vivre souffre l’instant unique de sa mort. C’est bien triste, mais dans le palmarès de la souffrance animal, je mettrais tout les animaux d’élevages productivistes en tête. Ils sont d’ailleurs très nombreux. Soit juste pour les bovins, plus de 1,5 milliards de tête à vivre le malheur. Et pourtant, l’opposition aux supers élevages de torture ne soulève pas autant d’indignation, de vedettes et de reportages. Il y a donc un problème quelque part, une évidente inégalité. Mais si ce n’est pas la souffrance en mesure, c’est peut-être alors sont inutilité. Mais encore là, il y a plus que pire. Juste pour ces bovins, réduit en viande sur nos tablettes, combien pensez-vous qu’il y de perte ? Combien d’animaux auront subit cette vie d’enfer inutilement ? Et ce, encore pour le profit. Parce qu’il est inenvisageable dans un monde capitaliste de donner cette nourriture plutôt que de la perdre. De plus, on élève séparément les bovins pour le cuir et les autres pour la viande. Alors que pour le phoque, l’animal est utilisé dans son ensemble.

On pourrait alors penser, en dernier recourt, que l’âge des victimes est ce qui justifie une action d’une telle envergure en comparaison des autres causes. Mais je dois encore une fois le nier. Car justement, dans une perspective écologique, il vaut mieux tuer des jeunes, qui ont d’ailleurs plus de chance de mourir, que de tuer des adultes. Cela, parce que les adulte, selon la loi de la sélection naturelle, sont ceux qui ont réussi à mieux s’adapter et donc, sont ceux qui doivent perpétuer leur race. Les tuer, se serait agir à l’inverse de la nature, se serait de l’insélection naturelle. Au moins, en tuant les petits, on diminue notre effet néfaste sur le patrimoine génétique et la survie de l’espèce.

Ainsi, remise dans son contexte de défense de l’environnement, la question de la chasse aux phoques est presque négligeable et la réaction est de ce fait complètement démesurée. D’ailleurs, si la motivation réelle était un amour inconditionné aux phoques, on s’attarderait plus à protéger son environnement qu’à le soustraire à la chasse. Pour le phoque lui-même, que ce soit un épaulard qui le déchiquète vivant ou homme qui le frappe à mort, quel différence ? Mais de voir sa banquise fondre, son eau polluer, sa nourriture disparaître, ces lieux de mise bat détruit est plus important.

Pourquoi alors ce manque flagrant de discernement ? Parce que le combat est d’abord et avant tout émotif plutôt que rationnel. Il est facile de mobiliser en montrant des ennemis sans visage tuant des bébés tout blancs et innocents. À ce propos, la chasse aux blanchons, ces petits phoques tout blanc, est interdites depuis 1987. Mais se battre contre des phénomènes destructeurs liés à la production capitaliste et aux habitudes de consommation que nous avons est beaucoup plus difficile et beaucoup moins gratifiant puisque l’on doit nous remettre en question nous-mêmes.

Je crois que le réel avantage trouvé dans cette pseudo-cause environnementaliste est plutôt de faire parler des organisations qui se battent contre cette chasse. Une publicité gratuite avec vedettes du cinéma et de la scène musicale, quoi de mieux pour faire grossir ses rang et trouver plus de fonds? Si ce n’est pas le cas, que ce tollé a été soulever de lui-même sans autres arrières pensés, c’est donc la preuve d’un manque étonnant de stratégie, la preuve de l’incompétence de ces groupes à protéger l’environnement. Un ou l’autre, c’est aussi décevant.

Source de la photographie : http://www.gaia.be/fra/contentimage/illustraties/zeehondenjacht1.jpg