vendredi 29 juin 2012

Refus d'accès pour port de carré rouge : deux plaintes à la Commission des droits

 Lili Boisvert  |  Radio-Canada 
 
Carré rouge

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec a reçu deux plaintes pour discrimination liée au carré rouge, symbole du mouvement d'opposition à la hausse des droits de scolarité, depuis le début du conflit étudiant.

Dans un cas, une personne s'est vu refuser l'accès à un bar de la région de Québec. Dans un second cas, une personne s'est vu refuser l'accès aux services d'une entreprise de pièces mécaniques du Saguenay.

Les deux incidents pourraient faire l'objet d'une enquête, a indiqué une représentante de la Commission à Radio-Canada.ca.

Le symbole de la mobilisation étudiante est-il devenu une source de discrimination au Québec?

Par « mesure préventive », Frédéric, un étudiant qui arbore toujours le carré rouge en public en temps normal, a jugé bon de retirer le symbole de son chandail lorsqu'il visitait des appartements ce printemps, a-t-il confié à Radio-Canada.ca. Il craignait de tomber sur un propriétaire conservateur « ou, sans être conservateur, qui ferait une association entre le carré rouge, la violence, et des gens pas très responsables, des militants ou des gens trop sur le party, qui ne respectent pas l'autorité, qui ne vont pas respecter leurs obligations », explique-t-il. 

La semaine dernière, dans le cadre de la fin de semaine du Grand Prix du Canada, le Service de police de la Ville de Montréal a dû se défendre d'accusations de profilage politique.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) dit avoir reçu une centaine de témoignages de personnes affirmant avoir été victimes de fouilles policières arbitraires pendant cet événement. Selon l'association étudiante, ce sont essentiellement les personnes de moins de 20 ans et les personnes qui portaient un carré rouge qui ont été interpellées par les policiers.

La CLASSE avait déclaré qu'elle demanderait à la Commission des droits de la personne du Québec de se pencher sur la question du profilage politique depuis le début du conflit étudiant au Québec, mais mercredi, la Commission affirmait n'avoir toujours pas reçu de demande d'enquête formelle à ce sujet.

Politiques commerciales interdisant le carré rouge aux employés

Outre ces allégations de discrimination, depuis quelques jours, des entreprises québécoises sont au coeur d'une controverse pour avoir décidé d'interdire le port du carré rouge à leurs employés, une pratique considérée par certains comme une forme de censure.

C'est le cas de la chaîne de librairies Renaud-Bray, qui a publié lundi un communiqué pour défendre sa décision, plaidant, devant la critique, une politique de neutralité adoptée en 2005. Renaud-Bray « s'attend à ce que ses employés demeurent neutres lorsqu'ils sont en fonction, en évitant d'arborer un quelconque signe distinctif en support à une cause ou une autre », expose l'entreprise. Selon elle, cette politique « se conforme à la vaste majorité des pratiques adoptées dans le commerce de détail ».

Même son de cloche à la Société des alcools du Québec, qui a demandé à ses directeurs de succursale de s'assurer que les employés n'affichent sur eux aucun symbole d'une cause, « pour ne pas prendre part au débat ».

La Grande Bibliothèque prohibe elle aussi le symbole de la mobilisation étudiante au nom de la neutralité, depuis la fin du mois de mai. Les employés, qui manifestent déjà tous les mardis pour dénoncer le fait qu'ils sont sans contrat de travail, dénoncent également depuis cette semaine l'interdiction du port du carré rouge. Le Syndicat de la fonction publique du Québec, représentant les employés de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, dénonce une politique de censure de la part de la direction.

Du côté des entreprises culturelles, le Théâtre d'Aujourd'hui est quant à lui revenu sur sa décision d'interdire le symbole aux employés de l'accueil. La direction du théâtre dit avoir compris que sa décision a été perçue comme une limitation de la liberté d'expression, écrit-elle sur son site web. Le théâtre n'invoque pas de politique de neutralité, précisant qu'il est « résolument pour une société qui priorise l'accessibilité à l'éducation ».

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