La Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse du Québec a reçu deux plaintes pour
discrimination liée au carré rouge, symbole du mouvement d'opposition à
la hausse des droits de scolarité, depuis le début du conflit étudiant.
Dans
un cas, une personne s'est vu refuser l'accès à un bar de la région de
Québec. Dans un second cas, une personne s'est vu refuser l'accès aux
services d'une entreprise de pièces mécaniques du Saguenay.
Les deux incidents pourraient faire l'objet d'une enquête, a indiqué une représentante de la Commission à Radio-Canada.ca.
Le symbole de la mobilisation étudiante est-il devenu une source de discrimination au Québec?
Par
« mesure préventive », Frédéric, un étudiant qui arbore toujours le
carré rouge en public en temps normal, a jugé bon de retirer le symbole
de son chandail lorsqu'il visitait des appartements ce printemps, a-t-il
confié à Radio-Canada.ca. Il craignait de tomber sur un propriétaire
conservateur « ou, sans être conservateur, qui ferait une association
entre le carré rouge, la violence, et des gens pas très responsables,
des militants ou des gens trop sur le party, qui ne respectent pas l'autorité, qui ne vont pas respecter leurs obligations », explique-t-il.
La semaine dernière, dans le cadre de la fin de semaine du Grand Prix du Canada, le Service de police de la Ville de Montréal a dû se défendre d'accusations de profilage politique.
La
Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale
étudiante (CLASSE) dit avoir reçu une centaine de témoignages de
personnes affirmant avoir été victimes de fouilles policières
arbitraires pendant cet événement. Selon l'association étudiante, ce
sont essentiellement les personnes de moins de 20 ans et les personnes
qui portaient un carré rouge qui ont été interpellées par les policiers.
La
CLASSE avait déclaré qu'elle demanderait à la Commission des droits de
la personne du Québec de se pencher sur la question du profilage
politique depuis le début du conflit étudiant au Québec, mais mercredi,
la Commission affirmait n'avoir toujours pas reçu de demande d'enquête
formelle à ce sujet.
Politiques commerciales interdisant le carré rouge aux employés
Outre
ces allégations de discrimination, depuis quelques jours, des
entreprises québécoises sont au coeur d'une controverse pour avoir
décidé d'interdire le port du carré rouge à leurs employés, une pratique
considérée par certains comme une forme de censure.
C'est
le cas de la chaîne de librairies Renaud-Bray, qui a publié lundi un
communiqué pour défendre sa décision, plaidant, devant la critique, une
politique de neutralité adoptée en 2005. Renaud-Bray « s'attend à ce que
ses employés demeurent neutres lorsqu'ils sont en fonction, en évitant
d'arborer un quelconque signe distinctif en support à une cause ou une
autre », expose l'entreprise. Selon elle, cette politique « se conforme à
la vaste majorité des pratiques adoptées dans le commerce de détail ».
Même
son de cloche à la Société des alcools du Québec, qui a demandé à ses
directeurs de succursale de s'assurer que les employés n'affichent sur
eux aucun symbole d'une cause, « pour ne pas prendre part au débat ».
La
Grande Bibliothèque prohibe elle aussi le symbole de la mobilisation
étudiante au nom de la neutralité, depuis la fin du mois de mai. Les
employés, qui manifestent déjà tous les mardis pour dénoncer le fait
qu'ils sont sans contrat de travail, dénoncent également depuis cette semaine l'interdiction
du port du carré rouge. Le Syndicat de la fonction publique du Québec,
représentant les employés de Bibliothèque et Archives nationales du
Québec, dénonce une politique de censure de la part de la direction.
Du
côté des entreprises culturelles, le Théâtre d'Aujourd'hui est quant à
lui revenu sur sa décision d'interdire le symbole aux employés de
l'accueil. La direction du théâtre dit avoir compris que sa décision a
été perçue comme une limitation de la liberté d'expression, écrit-elle
sur son site web. Le théâtre n'invoque pas de politique de neutralité,
précisant qu'il est « résolument pour une société qui priorise
l'accessibilité à l'éducation ».
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