Annie Arroyo
Un livre vient de sortir. Il s’intitule : « Arabesque américaine ».
Son auteur, Ahmed Bensâada, un chercheur algérien établi à Montréal, analyse le mode opératoire de ces « révolutions spontanées et populaires » qui depuis le printemps dernier ont changé la donne politique au Moyen-Orient (voir pièce jointe).
Que vous soyez pour ou contre les Ben Ali, les Khadafi, les Bachar el-Assad, là n’est pas la question. La question est qu’une fois de plus, « on » cherche à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. « On », pour ne pas les nommer, ce sont les USA et ses alliés qui défendent bec et ongles un système capitaliste sous perfusion grâce auquel 1% de la population de la planète vit comme des seigneurs aux dépens des 99% qui restent …
Pourquoi ces « printemps de jasmin » nous rappellent-ils les « révolutions colorées », elles aussi « spontanées et populaires », qui ont fait tomber nombre de gouvernements de l’ancienne URSS entre 2000 et 2005 ? Ou, en cherchant plus loin, ces « manifestations et grèves populaires et spontanées » au Chili d’Allende qui ont abouti en 1973 à la dictature sanglante de Pinochet ?
On retrouve dans l’analyse documentée que fait Bensâada de ces mouvements soi-disant issus des peuples épris de démocratie ( du moins de la démocratie « à l’occidentale » ) des éléments qui interpellent tous ceux qui connaissent un peu Cuba. L’USAID [ United States Agency for International Development ], la NED [ National Endowment for Democracy ], sont des organismes que les Cubains ne connaissent que trop, puisque ce sont leurs noms qui figurent sur les « fiches de paye » des « dissidents » cubains. Quant au recours aux nouvelles technologies de communication pour aider les « opposants » à contourner les limitations officielles, les Yoani Sanchez et ses semblables en profitent allégrement. Et comment ne pas penser à ce malheureux Alan Gross, cet employé de la DAI [ Development Alternatives Inc. ], une entreprise satellite de l’USAID, pris en flagrant délit de distribution de téléphones satellitaires haut de gamme à des opposants à La Havane et condamné pour ce fait à 15 ans de prison par la justice cubaine ?
Il semble que contrairement aux pays du Moyen Orient, le « printemps cubain » que les USA appellent de leurs vœux depuis si longtemps ne se décide pas à éclore. Peut-être parce qu’il manque un élément déterminant : on ne peut attiser la frustration populaire que s’il y a frustration. Même si Cuba rencontre des difficultés économiques, le peuple cubain n’a pas, dans son immense majorité, envie de souscrire à cette « démocratie» si particulière que subissent les peuples d’Occident.
Voir la griffe de l’Empire dans les évènements qui secouent le monde ne relève pas d’un antiaméricanisme primaire et forcené, mais d’une simple observation des faits.
Cependant, une question se pose : alors que tous les ingrédients sont réunis pour une révolution spontanée et populaire, à l’heure où la colère gronde devant la misère, le chômage et les scandales en tous genres, pourquoi l’Europe ne connaît-elle pas de printemps ?
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