Article original : http://journalmobiles.com/politique/quebec/les-alternatives-fiscales-qu-ossa-donne
Je ne peux m’empêcher de faire ce petit clin d’œil à notre
cher Yvon Deschamps, puisque ce dont il est question dans cet article
provient en grande partie de données récoltées par la Coalition opposée à
la tarification et à la privatisation des services publics, regroupant
divers syndicats et associations1 . Essentiellement, ceux-ci
se sont penchés sur le discours ‘’mainstream néolibéral’’ que l’on
retrouve sur toutes les lèvres électoralistes : Le devoir d’Austérité
pour réduire la dette de la province et son sempiternel déficit zéro. Et
ils se sont rendu compte que c’était à proprement parler de la
bullshit.
Voici donc le contre-discours qui a été l’objet d’une formation
offerte par la TROC-Montérégie et dispensée à Saint-Hyacinthe le 29
janvier par la Corporation de Développement Communautaire des
Maskoutains, qui a pour titre : Finances publiques : d’autres choix sont
possibles : Mettons la richesse à NOS services. C’est en assistant à
cette formation que j’ai appris que non, l’austérité et les coupures
dans les services publics québécois à laquelle nous astreignent nos
gouvernements n’étaient pas inéluctables, mais bien plutôt un choix
idéologique et politique. Ces services publics menacés de coupures ou de
disparition, construits à bout de bras pendant la révolution tranquille
touchent les différents secteurs de la santé, des services sociaux,
éducation, sécurité sociale, électricité, voirie, aqueduc… Ces services
publics ont pour effets de favoriser la réalisation de nos droits,
l’égalité hommes-femmes, la réduction des inégalités sociales et de
favoriser la redistribution de la richesse à l’ensemble de la société.
Tout ça, je le savais déjà. Ce que je ne savais pas, par contre,
c’est à quel point le discours ‘’royal’’ sur l’austérité et le déficit
zéro nécessaires ‘’à tout prix’’ ne se fait que sur un seul dos : Le
nôtre. Ainsi, pour répondre aux pressions exercées par les grandes
entreprises (surtout depuis l’avènement de la mondialisation) qui ne
veulent pas payer leur juste part d’impôts, le gouvernement rapporte ces
parts non payées sur celle de nous, citoyens. Ces grandes entreprises
bénéficient d’exemptions de toutes sortes leur permettant de ne pas
payer leur part d’impôt ou encore de reporter quasi indéfiniment leurs
paiements SANS intérêt (vous essaierez de faire ça comme contribuables,
vous autres, de reporter vos impôts dus sans intérêt pendant des années)
, et reçoivent en plus des subventions de nos gouvernements afin
d’exploiter NOS ressources naturelles, qui leurs sont à toute fin
pratique données… Et on cherche à nous faire croire, à nous, que
l’austérité s’impose et que cela fait en sorte que NOS services publics
seront coupés ? Pour augmenter la poche à des entreprises que si elles
étaient de simples citoyens, se retrouveraient poursuivies pour fraudes
fiscales ? À d’autres.
Bref, plus cette formation avançait, plus la boucane me sortait par
les oreilles. Parce que ce n’est pas tout. Cette formation n’a pas que
pour but d’expliquer très clairement comment on se fait mener en bateau
par les discours de nos élus, mais nous offre des alternatives fiscales
toutes viables, calculées et vérifiées par l’IRIS 2. Ce ne
sont donc pas des chiffres prélevés au gré des humeurs, mais bel et bien
vérifiés et colligés par des économistes. Oui oui, des économistes.
Comme ceux qu’on entend à tévé d’État nous chanter les vertus du déficit
zéro, et de la nécessaire austérité…
Voici quelques simples mesures qui seraient faisables et qui pourraient être instaurées rapidement pour une gestion saine et transparente par nos gouvernements :
-La réinstauration du caractère progressif de l’impôt des
particuliers. (Ce que le 2% de la population québécoise affairiste à
décrier ‘’au meurtre’’ lorsque le Parti Québécois a fait cette
proposition. La preuve qu’il semble y avoir des ‘’électeurs’’ plus
pesants que d’autres… M’enfin.) Revenus fiscaux supplémentaires projetés
: 1000 Millions.
-Augmenter le taux provincial d’imposition des entreprises à 15 %
(actuellement à 11.9%) : 1220 Millions. (On les entend chialer d’ici,
mais ils ne déménageront pas, il n’y a que Jacques Villeneuve qui a fait
ça depuis 15 ans et il n’est pas une entreprise.)
-Augmenter la contribution fiscale des institutions financières
notamment en rétablissant la taxe sur le capital pour les entreprises
financières : 600 Millions (après tout c’est nos sous à nous, puisque
l’on leur a versé en frais multiples d’intérêts sur nos hypothèques, nos
autos, et surtout… Nos cartes de crédits).
-Lutter contre l’évasion fiscale et l’évitement fiscal : 500 millions.
-Lutter contre la corruption dans l’attribution des contrats
gouvernementaux (ex. dans le domaine de la construction, clin d’œil à la
commission Charbonneau ici !) : 600 millions.
-Adopter des mesures de contrôle du coût des médicaments, dont
l’instauration d’un régime entièrement public d’assurances médicaments :
1000 millions.
En tout, ce que propose la Coalition sont plus de 16 mesures de
contrôle des dépenses et de revenus fiscaux supplémentaires qui
totalisent : 10 025 Millions…
Bon. Avant de déchirer ma chemise à force de colère et de juste
indignation, je termine en vous disant que ce que je retiens, avant les
chiffres, c’est un principe. Le principe selon lequel avant que d’exiger
davantage des contribuables de la classe moyenne dont nous sommes, les
gouvernements devraient apprendre à compter comme du monde, et à nous
dire les vraies affaires, que l’austérité n’est en fait que le chantage
qu’ils subissent des grandes entreprises privées qui gouvernent à leur
place.
Yvon Deschamps disait ‘’les Unions, Qu’ossa donne ?’’. Je répondrais
que dans le cas de la Coalition opposée à la tarification et à la
privatisation des services publics, ça donne le comment qu’on se fait
avoir par des discours de droite néolibérale mensongers, et comment on
peut y remédier.
N’en tient qu’à nous de nous unir et de l’exiger d’une même voix à nos gouvernements présents et à venir.
1-La Coalition opposée à la tarification et à la
privatisation des services publics a été formée en 2009 à la suite de
l’annonce du gouvernement de l’époque d’intensifier le recours à la
tarification des services publics et à des politiques d’austérité pour
assurer un retour à l’équilibre budgétaire. Plus de 85 groupes sociaux
d’horizons divers, principalement des regroupements nationaux et
régionaux, en sont actuellement membres. Les membre de la Coalition
représentent à la fois des groupes de femmes, de jeunes et de personnes
retraitées; ces organisations oeuvrent en défense de droits met
libertés, en économie familiale, en consommation; ils luttent contre la
pauvreté et soutiennent l’éducation populaire; ce sont des syndicats
indépendants, des conseils syndicaux régionaux, des associations
étudiantes, des organismes d’action communautaire autonome, etc. www.nonauxhausses.org
2- Institut de recherches et d’informations socio-économiques (IRIS)
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