lundi 9 juin 2008

Article de JM, juin 2008

Statistique Canada confirme que les écarts de revenu croissent de plus en plus rapidement

(Traduction d’un article provenant de l’édition du 16-31 Mai 2008 du People's Voice, le principal journal communiste au Canada. Ses articles peuvent être reproduits gratuitement si la source est citée. Abonnement au Canada: $ 25/année, ou $ 12 pour les faibles revenus; abonnement pour les États-Unis - 25 $ US par année; abonnement d'outre-mer - $ 25 US ou 35 $ CAN par année.
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Par Kimball Cariou

Au cours de la longue période de soi-disant «croissance » précédant le présent ralentissement économique, la plupart des travailleuses-eurs au Canada se sont appauvris, et l'écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser. C'est la conclusion que tire Statistique Canada des chiffres du recensement de 2006 qu’elle vient de publier.


Selon Armine Yalnizyan, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), «Les Canadiennes-iens ont eu à pédaler aussi vite qu'ils pouvaient mais ils ne sont pas rendus beaucoup plus loin qu'ils ne l'étaient lorsqu’ils étaient moins nombreux à travailler, qu’ils travaillaient moins d'heures et qu’ils étaient moins instruits. "

Statistique Canada rapporte que le revenu médian de tous les Canadiennes-iens qui travaillent à plein temps a augmenté d’un infime 0,1 % à 41 401 $ en 2005, contre 41 348 $ en 1980 (en tenant compte de l’inflation, un gain réel d’un dollar par semaine en dollars de 2005).

Pendant ce temps, la tranche supérieure de 20 % des salariées-és ont vu leurs revenus bondir de 16,4 %, y compris un gain de 6,2 % depuis 2000. La proportion de Canadiennes-iens gagnant plus de 100 000 $ est passé de 3,4 % en 1980 à 6,5 % en 2005. La tranche de 20 % des plus pauvres a vu ses revenus diminuer de 20,6 % depuis 1980.

Un Canadiennes-iens sur neuf (11,4 % de la population, soit 3,5 millions de personnes, dont près de 900 000 de moins de 18 ans) peut être considéré ayant un faible revenu en 2005, c’est-à-dire qu’il dépense au moins un cinquième de son revenu de plus que les familles moyennes pour les premières nécessités comme la nourriture, le logement et l'habillement.

Les taux de pauvreté sont plus élevés chez les enfants et les jeunes. En 2005, 14,5 pour cent des enfants âgés de 5 ans et moins faisaient partie d'une famille à faible revenu, de même que 13 pour cent des enfants âgés de 6 à 14 ans.

Certains économistes s'étonnent que les revenus aient baissé pour de nombreux Canadiennes-iens, tandis que l'économie a progressé de 2,4 pour cent entre 2000 et 2005.

Le président d’Informetrica Mike McCracken, par exemple, a déclaré: «Vous pourriez vous attendre qu’une économie qui a été plus performante contribue à élever aussi la couche inférieure comme partie du tout étant donné qu’une marée montante soulève tous les navires ". Bien sûr, les cyniques diront, «elle ne soulève seulement que les yachts, et nous constatons cela."

Le rapport de Statistique Canada a également constaté ce qui suit:

* Le revenu médian des mères monoparentales en 2005 était de $ 36 765, soit plus élevé qu'en 1980 mais demeurait le plus faible de tous les principaux types de famille économique.

* Les immigrants ont perdu beaucoup de terrain par rapport à leurs homologues canadiens. En 1980, les immigrants récemment arrivés au pays ayant un revenu d’emploi gagnaient 85 cents pour chaque dollar reçu par les employés nés au Canada. En 2005, le rapport était tombé à 63 cents pour les hommes, et seulement 56 cents pour les femmes. (Statistique Canada suggère comme explication que de nombreux nouveaux arrivants sont arrivés avec une formation dans le secteur de l'information et de la technologie au moment où ce secteur est en déclin; cette explication semble toutefois insuffisante, considérant l’agrandissement catastrophique des écarts de rémunération.)

* L'écart salarial entre les jeunes hommes et les jeunes femmes est demeuré stable après avoir connu une réduction pendant des années. L'écart de salaire entre les sexes, inchangé depuis le dernier recensement, fait que les femmes gagnent en moyenne 85 cents pour chaque dollar gagné par un homme.

Le CCPA dans son dernier rapport sur cette question (Un quart de siècle de l'inégalité économique au Canada) contient des données fascinantes sur les tendances à long terme que dévoilent les chiffres de Statistique Canada.

Par exemple, une analyse détaillée de la rémunération des salariés révèle que sa valeur totale était d'environ 51% du total du produit intérieur brut en 1961. Cette proportion est passée à 54% vers le milieu des années 1970, lorsque le gouvernement libéral de Trudeau a imposé le contrôle des salaires et des prix», un moyen de limiter la hausse des salaires et pour augmenter le transfert de plus de richesse vers les riches et les entreprises. Après quelques hauts et quelques bas, la rémunération des employés qui avait connu un forte hausse à partir de la fin des années 1980, est passé à un peu moins de 50% du PIB en 2005. Cette tendance est un facteur déterminant dans l'accroissement des écarts de revenu signalé par Statistique Canada.

Un autre élément d'information important du CCPA est un graphique montrant l'histoire des salaires au Canada. Exprimé en dollars de 2006, le véritable salaire horaire moyen était environ de 5 $ durant la Première Guerre mondiale. Au cours des décennies suivantes, conséquemment aux luttes nombreuses de la classe ouvrière et au développement de la syndicalisation, le salaire horaire moyen a grimpé à environ 23 $ (en dollars de 2006) en 1975. Par la suite à cause des attaques « néolibérales » contre la classe ouvrière, puis de la profonde récession du début des années 1980, les taux horaires réels ont diminué, mais ont légèrement augmenté à nouveau vers la fin des années 1990. Au cours de cette même période, bien sûr, les bénéfices des sociétés ont commencé une ascension les menant aujourd'hui à une hauteur vertigineuse.

Finalement, les conclusions du CCPA concernant valeur nette des familles canadiennes sont également importantes. Le cinquième des familles les plus pauvres représentaient -0,5% de la richesse nette totale de toutes les familles en 1977, un chiffre qui n’a changé que légèrement à

-0,6% en 2005. Ces familles ont plus de dettes que la valeur totale de leurs actifs.

Pendant ce temps, le dix pour cent des familles les plus riches ont vu une forte augmentation de leur part, passant de 50,6% en 1977 à 58,2% en 2005.

Entre ces deux extrêmes, les 70% des familles qui restent ont vu leur part totale passer de 50% en 1977 à environ 43% en 2005, le plus gros du déclin s’étant produit depuis 1999.

La lutte des classes est une réalité quotidienne sous le capitalisme. Depuis les trente dernières années, la classe dirigeante canadienne a mené une lutte déterminée pour diminuer les revenus et récupérer la richesse conquise par la classe ouvrière au cours des décennies qui avaient précédé. Pour renverser cette attaque, il faudra une puissante mobilisation à plusieurs niveaux du mouvement ouvrier et de ses alliés, non seulement dans le cadre des négociations collectives, mais aussi pour mener des batailles sur le terrain politique et idéologique, dans la vaste arène extra-parlementaire.

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