lundi 9 juin 2008

Article de JM, juin 2008

CHASSE AUX PHOQUES
Entre la tête et le cœur, un manque de stratégie.

Par Marianne Breton Fontaine

Les médias se sont saisis du sujet à une vitesse fulgurante et aujourd’hui, la plupart des gens ont pris connaissance du débat au sujet de la chasse au phoque. Si beaucoup de causes restent dans l’ombre a cause d’un manque de publicité, celle là en à eu bien suffisamment avec le concourt de Brigitte Bardo et plus récemment, celui de Pamela Anderson, Paul McCartney ainsi que sa femme. D’un côté, on s’oppose à la chasse aux phoques parce qu’elle est cruelle, parce qu’on tue de jeunes animaux, parce qu’elle n’est pas essentielle à la vie. Et de l’autre, on l’appuie parce qu’elle est économiquement positive, parce qu’on régularise la population de phoques en expansion, parce que la technique n’est pas réellement cruelle, parce sa viande est biologique et bonne pour la santé.

Je pourrais me lancer dans une nouvelle réfutation de l’argumentation dite écologiste. Car en effet, j’appuie la chasse. Mais l’information pullule suffisamment sur Internet et dans les journaux pour que ce soit inutile. Du point de vue écologiste, on peut s’entendre pour dire que la préoccupation première est la sauvegarde de l’environnement. Partons donc de ce point de vue.

À voir toute l’énergie fournie dans ce débat, j’aurais tendance à croire que la chasse aux phoques est un gros morceau dans la défense de la nature. On pourrait penser qu’avec tout ce branlebas de combat déclenché par tant d’organismes différents signifiait que la cause était primordiale, que la chasse met l’ordre écologique en danger. Or, ce n’est pas vraiment le cas.

Dans la nature, tout est relatif. Tous ses éléments constitutifs sont interdépendants. Donc, chaque intervention se répercute à la grandeur de l’écosystème. Il existe actuellement un déséquilibre dans l’écosystème de ces mammifères marins. En effet, les prédateurs des phoques qui régularisent normalement cette population sont en voie de disparition. Il y a en particulier l’ours polaire et l’épaulard menacés principalement à cause du réchauffement climatique et de la pollution. De cette manière, le nombre de phoques augmente de façon exponentielle. On peut facilement le comprendre en sachant que depuis 1970, le nombre de phoque du Groenland, même avec la chasse, a plus que doublé. Soit environ plus de 5 millions de phoques chez nous. Et les phoques, comme tout être vivant, mangent. En augmentant ainsi trop rapidement, ils exercent une pression accrue sur d’autres espèces. De plus, il s’agit là des bands de poissons du Nord de l’Atlantique qu’on sait déjà menacer pour les mêmes raisons que les prédateurs de la banquise, en plus de la surpêche. On peut donc voir la chasse de la façon suivante ; l'humain vient colmater ses erreurs en remplaçant temporairement les prédateurs qu'il a fait disparaître, ramenant de ce fait un certain équilibre bien que précaire. Mais disons qu’il y a débordement de la part des chasseurs, car c’est que qui est revendiqué du côté «écologiste». Alors, ce n’est pas la chasse elle-même le problème, mais une mauvaise gestion. D’ailleurs, changer une méthode n’implique pas la disparition de la pratique. L’espèce étant loin de la disparition, le temps est là pour l’action même si la chasse continue. En bout de ligne, il n’y a aucune urgence.

Donc, ce n’est pas l’importance des répercutions qu’ils pourraient y avoir sur l’environnement ni l’urgence de la situation qui motive l’effervescence du mouvement. L’ensemble de la nature n’étant pas directement menacer, et même, la chasse ayant un effet stabilisateur. Alors qu’elle est la motivation ? Peut-être le principe d’une souffrance inutile.

On pratique la chasse en frappant le phoque à la tête à l’aide d’une espèce de gourdin appelé hakapik. D’un coté on dit que le phoque est tuer d’un seul coup avec un minimum de souffrances, de l’autre, que bien au contraire, l’agonie est outrageuse. Admettons que ce soit le cas, que la mort de ces phoques est extrêmement souffrante, mais qu’elle est telle comparé à celle infligé durant toute une vie. Le phoque, bien que souvent trop jeune pour dire qu’il ait eu le temps de bien vivre souffre l’instant unique de sa mort. C’est bien triste, mais dans le palmarès de la souffrance animal, je mettrais tout les animaux d’élevages productivistes en tête. Ils sont d’ailleurs très nombreux. Soit juste pour les bovins, plus de 1,5 milliards de tête à vivre le malheur. Et pourtant, l’opposition aux supers élevages de torture ne soulève pas autant d’indignation, de vedettes et de reportages. Il y a donc un problème quelque part, une évidente inégalité. Mais si ce n’est pas la souffrance en mesure, c’est peut-être alors sont inutilité. Mais encore là, il y a plus que pire. Juste pour ces bovins, réduit en viande sur nos tablettes, combien pensez-vous qu’il y de perte ? Combien d’animaux auront subit cette vie d’enfer inutilement ? Et ce, encore pour le profit. Parce qu’il est inenvisageable dans un monde capitaliste de donner cette nourriture plutôt que de la perdre. De plus, on élève séparément les bovins pour le cuir et les autres pour la viande. Alors que pour le phoque, l’animal est utilisé dans son ensemble.

On pourrait alors penser, en dernier recourt, que l’âge des victimes est ce qui justifie une action d’une telle envergure en comparaison des autres causes. Mais je dois encore une fois le nier. Car justement, dans une perspective écologique, il vaut mieux tuer des jeunes, qui ont d’ailleurs plus de chance de mourir, que de tuer des adultes. Cela, parce que les adulte, selon la loi de la sélection naturelle, sont ceux qui ont réussi à mieux s’adapter et donc, sont ceux qui doivent perpétuer leur race. Les tuer, se serait agir à l’inverse de la nature, se serait de l’insélection naturelle. Au moins, en tuant les petits, on diminue notre effet néfaste sur le patrimoine génétique et la survie de l’espèce.

Ainsi, remise dans son contexte de défense de l’environnement, la question de la chasse aux phoques est presque négligeable et la réaction est de ce fait complètement démesurée. D’ailleurs, si la motivation réelle était un amour inconditionné aux phoques, on s’attarderait plus à protéger son environnement qu’à le soustraire à la chasse. Pour le phoque lui-même, que ce soit un épaulard qui le déchiquète vivant ou homme qui le frappe à mort, quel différence ? Mais de voir sa banquise fondre, son eau polluer, sa nourriture disparaître, ces lieux de mise bat détruit est plus important.

Pourquoi alors ce manque flagrant de discernement ? Parce que le combat est d’abord et avant tout émotif plutôt que rationnel. Il est facile de mobiliser en montrant des ennemis sans visage tuant des bébés tout blancs et innocents. À ce propos, la chasse aux blanchons, ces petits phoques tout blanc, est interdites depuis 1987. Mais se battre contre des phénomènes destructeurs liés à la production capitaliste et aux habitudes de consommation que nous avons est beaucoup plus difficile et beaucoup moins gratifiant puisque l’on doit nous remettre en question nous-mêmes.

Je crois que le réel avantage trouvé dans cette pseudo-cause environnementaliste est plutôt de faire parler des organisations qui se battent contre cette chasse. Une publicité gratuite avec vedettes du cinéma et de la scène musicale, quoi de mieux pour faire grossir ses rang et trouver plus de fonds? Si ce n’est pas le cas, que ce tollé a été soulever de lui-même sans autres arrières pensés, c’est donc la preuve d’un manque étonnant de stratégie, la preuve de l’incompétence de ces groupes à protéger l’environnement. Un ou l’autre, c’est aussi décevant.

Source de la photographie : http://www.gaia.be/fra/contentimage/illustraties/zeehondenjacht1.jpg

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