Cette article du camarade Fidel Castro sera publié dans le notre prochain numéro de Jeunesse Militante (en français) et de Rebel Youth (en anglais).
(Première partie)
Sans des rudiments de connaissances historiques, on ne comprendrait pas le thème que j’aborde.
En Europe, on avait entendu parler de la Chine. A l’automne 1298, Marco Polo raconta des choses merveilleuses d’un pays singulier appelé Catay. Christophe Colomb, un navigateur intelligent et audacieux, était au courant des connaissances que possédaient les Grecs au sujet de la rotondité de la Terre, et ses propres observations le faisaient coïncider avec ces théories-là. Il eut l’idée d’atteindre l’Extrême-Orient en naviguant vers l’Ouest depuis l’Europe. Il fut excessivement optimiste dans ses calculs des distances, plusieurs fois supérieures. Sans le savoir, ce continent-ci se mit en travers de sa route entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Magellan, lui, fit le voyage qu’il avait conçu, mais il mourut avant de pouvoir regagner l’Europe. Grâce à la valeur des épices qu’il avait recueillies, il put payer l’expédition de plusieurs navires, dont un seul rentra. C’était le préambule de futurs profits colossaux.
Dès lors, le monde commença à changer à toute allure. On vit reparaître de vieilles formes d’exploitation, depuis l’esclavage jusqu’à la servitude féodale ; des vieilles ou de nouvelles convictions religieuses s’étendirent à travers la planète.
C’est de ce brassage de cultures et de faits, accompagné des avancées de la technique et des découvertes de la science, que naquit le monde actuel, que l’on ne saurait comprendre sans un minimum d’antécédents réels.
Le commerce international, avec ses avantages et ses inconvénients, était imposé par les puissances coloniales comme l’Espagne, l’Angleterre et d’autres nations européennes qui, mais en particulier la seconde, eurent tôt fait de dominer le Sud-Ouest, le Sud et le Sud-Est de l’Asie, ainsi que l’Indonésie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, étendant partout leur domination par la force. Il ne restait plus aux colonisateurs qu’à soumettre le gigantesque pays chinois, à la culture plusieurs fois millénaire et aux ressources naturelles et humaines fabuleuses.
Le commerce direct entre l’Europe et la Chine démarra au XVIe siècle, après que les Portugais eurent établi les enclaves commerciales de Goa, en Inde, et de Macao, au sud de la Chine.
La domination des Philippine par l’Espagne facilita et accéléra les échanges avec le grand pays asiatique. La dynastie Qing, qui gouvernait la Chine, tenta de limiter dans toute la mesure du possible ce genre d’opérations commerciales avec l’extérieur qui ne lui étaient pas favorables. Elle ne le permit qu’à travers le port de Canton, aujourd’hui Guangzhou. La Grande-Bretagne et l’Espagne accusaient de gros déficits dans ce commerce, compte tenu de la faible demande de l’énorme pays asiatique, car tant les marchandises anglaises fabriquées dans la métropole que les produits espagnols provenant du Nouveau Monde ne lui était pas essentiels.
Les deux pays avaient toutefois commencé à lui vendre de l’opium. Le commerce à grande échelle de ce produit avait été dominé au départ par les Hollandais à partir de Jakarta, en Indonésie. Les Anglais, qui avaient constaté les profits qu’il rapportait – environ 400 p. 100 – firent passer leurs ventes d’opium de quinze tonnes en 1730 à soixante-quinze en 1773, le produit étant embarqué dans des caisses de soixante-dix kilos chacun, ce qui leur permettait d’acheter en retour de la porcelaine, de la soie, des condiments et du thé. Ce n’était pas l’or, mais l’opium qui servait de monnaie à l’Europe pour acheter des marchandises chinoises.
Au printemps 1838, constatant les terribles ravages que provoquait le commerce de l’opium, l’empereur Daoguang ordonna à Lin Zexu, un fonctionnaire impérial, de combattre ce fléau. Ce dernier fit donc détruire vingt mille caisses d’opium et adressa une lettre à la reine Victoria pour lui demander de respecter les normes internationales et d’interdire le commerce de drogues toxiques.
La réponse britannique fut les Guerres de l’opium, connues aussi comme les Guerres anglo-chinoises. La première dura trois ans, de 1839 à 1842 ; la seconde, à laquelle se joignit la France, quatre ans, de 1856 à 1860.
Le Royaume-Uni obligea la Chine à signer des traités inégaux par lesquels elle s’engageait à ouvrir plusieurs ports au commerce extérieur et à lui livrer Hong Kong. D’autres pays, suivant l’exemple anglais, imposèrent de termes d’échange inégaux.
Cette humiliation contribua à la rébellion des Taiping (1850-1864), à la révolte des Boxers (1899-1901) et finalement à la chute, en 1911, de la dynastie Qing qui, pour diverses raisons – entre autres sa faiblesse face aux puissances étrangères – était devenue extrêmement impopulaire en Chine.
Que se passait-il du côté du Japon ?
Ce pays, à la vieille culture et à la population très laborieuse – comme d’autres de la région – résistait à la « civilisation occidentale » et s’était maintenu hermétiquement fermé au commerce extérieur pendant plus de deux cents ans, entre autres motifs pour le chaos de son administration intérieure.
En 1854, au terme d’un voyage d’exploration antérieur mené par quatre canonnières, le commodore Matthew Perry, à la tête d’une force navale des Etats-Unis, menaça de bombarder la population japonaise, sans protection face à la moderne technologie de ces bâtiments, et obligea le shogun à signer, au nom de l’empereur, le traité de Kanagawa, le 31 mars 1854. C’est ainsi que débuta la greffe au Japon du commerce capitaliste et de la technologie de l’Occident. Les Européens ignoraient alors la capacité des Japonais à se débrouiller dans ce domaine.
Après les Yankees, arrivèrent, depuis l’Extrême-Orient, les représentants de l’empire russe qui redoutait que les Etats-Unis, auxquels il vendit ensuite l’Alaska (18 octobre 1867), ne prennent les devants dans les échanges commerciaux avec le Japon. La Grande-Bretagne et les autres nations colonisatrices européennes arrivèrent rapidement dans le même but.
Durant l’intervention des Etats-Unis au Mexique en 1862, ce même Perry occupa plusieurs parties de ce pays qui perdit finalement, au terme de la guerre, plus de la moitié de son territoire, justement les régions où s’accumulaient les plus grosses réserves de pétrole et de gaz, même si l’objectif principal des conquérants n’était pas alors les hydrocarbures, mais l’or et des territoires où s’étendre.
La première guerre sino-japonaise éclata officiellement le 1er août 1894. Le Japon souhaitait s’emparer de la Corée, un Etat tributaire de la Chine à laquelle il était subordonné. Doté d’armements et de techniques plus développés, il vainquit les forces chinoises au cours de plusieurs batailles proches de Séoul et de Pyongyang, puis de nouvelles victoires militaires lui ouvrirent la route vers le territoire chinois.
En novembre 1894, le Japon s’empara de Port-Arthur, aujourd’hui Lüshun. Son artillerie lourde détruisit la flotte du pays agressé qui fut surprise dans la base navale de Weihaiwei, à l’embouchure du Yalu, par une attaque terrestre depuis la péninsule du Liaodong.
La dynastie chinoise dut demander la paix et signer en avril 1895 le traité de Shimonoseki, qui mit fin à la guerre et par lequel la Chine fut contrainte de céder au Japon « à perpétuité » Formose, la péninsule du Liaodong et l’archipel des îles Pescadores, de lui payer une indemnisation de guerre de deux cent millions de taëls d’argent et d’ouvrir quatre ports à l’étranger. La Russie, la France et l’Allemagne, défendant leurs intérêts, obligèrent le Japon à restituer la péninsule du Liaodong, payant en échange trente autres millions de taëls d’argent .
Avant de passer à la seconde guerre sino-japonaise, je ne peux oublier un autre épisode militaire à double importance historique entre 1904 et 1905.
Une fois inséré dans la civilisation armée et les guerres pour le partage du monde imposées par l’Occident, le Japon, qui avait déjà livré sa première guerre contre la Chine, développa assez son pouvoir naval pour assener un coup dur à l’empire russe qui faillit provoquer prématurément la révolution prévue par Lénine quand il avait fondé, dix ans avant, le parti qui déclencherait plus tard la Révolution d’Octobre.
Le 10 août 1904, sans préavis, le Japon attaqua et détruisit la flotte russe du Pacifique à Shandong. Le tsar Nicolas II de Russie, furieux, ordonna à sa flotte de la Baltique de se mobiliser et d’appareiller vers l’Extrême-Orient. Des convois de bâtiments charbonniers furent engagés pour amener à temps les cargaisons dont avait besoin cette flotte tandis qu’elle naviguait vers sa lointaine destination. Une des opérations de transbordement de charbon dut se faire en haute mer à la suite de pressions diplomatiques.
Entrant dans la mer du sud de la Chine, les Russes se dirigèrent vers le port de Vladivostok, le seul disponible pour leurs opérations maritimes. Pour l’atteindre, trois routes se présentaient à la flotte : celle de Tsushima, qui était la meilleure variante, car les deux autres l’obligeaient de naviguer à l’est du Japon, ce qui aggravait les risques compte tenu de l’usure énorme des bâtiments et des équipages. C’est exactement ce que pensa l’amiral japonais qui, se préparant pour cette variante, situa ses navires, pour la plupart des croiseurs, de sorte qu’en faisant un virage en U, ils puissent défiler à environ six kilomètres des bâtiments russes, pour la plupart des cuirassés, dès lors à la portée de leurs canons servis par un personnel rigoureusement entraîné, d’autant que la flotte russe, à la suite de la longue route entreprise, ne naviguait qu’à huit nœuds contre seize la flotte japonaise.
On connaît cette bataille navale, qui se déroula les 27 et 28 mai 1905, comme la bataille de Tsushima.
Onze cuirassés et huit croiseurs y participèrent pour l’empire russe ; le chef de la flotte était l’amiral Zinovy Rodjestvensky ; bilan : 4 380 morts ; 5 917 blessés ; 21 bâtiments coulés, 7 capturés et 6 endommagés. L’amiral russe fut blessé au crâne par un fragment de projectile.
Quatre cuirassés et vingt-sept croiseurs y participèrent pour l’empire japonais ; le chef de la flotte était l’amiral Heichachiro Togo ; bilan : 117 morts ; 583 blessés ; 3 torpilleurs coulés.
La flotte de la Baltique fut détruite. Napoléon l’aurait qualifié d’Austerlitz maritime. On peut aisément supposer quelle profonde blessure ce fait dramatique a pu causer à la fierté et au patriotisme russes.
Après cette bataille, le Japon devint une puissance navale redoutée, à la hauteur de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, et rivalisant avec les Etats-Unis.
Le Japon revendiqua les années suivantes le concept de cuirassé comme arme principale. Il s’attacha à consolider la flotte impériale ; il commanda à des chantiers navals britanniques un croiseur spécial afin de le reproduire ensuite dans le pays, puis il fabriqua des cuirassés qui dépassèrent leurs homologues en blindage et en pouvoir de feu.
Dans les années 30, aucune autre nation n’était plus en mesure de faire concurrence au génie naval japonais dans la conception de bâtiments de guerre.
Ce qui explique la témérité avec laquelle le Japon attaqua un jour son maître et rival, les USA, dont le commodore Perry lui avait montré le chemin de la guerre.
Je continuerai demain.
Fidel Castro Ruz
30 mars 2008
19 h 35
LA VICTOIRE CHINOISE
(Deuxième partie)
En 1914, quand éclata la Première guerre mondiale, la Chine s’unit aux Alliés. En guise de compensation, ceux-ci offrirent de lui rendre à la fin du conflit les concessions allemandes dans la province de Shandong. Mais, une fois signé le Traité de Versailles que le président des Etats-Unis, Woodrow Wilson, imposa aussi bien aux ennemis qu’aux amis, les colonies allemandes furent cédées au Japon, un allié bien plus puissant que la Chine.
Devant une telle félonie, des milliers d’étudiants protestèrent sur la place Tienanmen le 4 mai 1919. C’est là que débuta le premier mouvement nationaliste à triompher en Chine, qui prit le nom du 4-Mai et réunit petite bourgeoise et bourgeoisie nationaliste, ouvriers et paysans.
Le courant nationaliste, qui avait surgi fin XIXe-début XXe siècles, se consolida avec la fondation du Kuomintang, autrement dit le Parti national du peuple dirigé par le docteur Sun Yat-sen, un intellectuel et révolutionnaire progressiste très influencé par la Révolution d’Octobre avec laquelle il resserra ses relations.
Le Parti communiste chinois vit le jour à un congrès qui se tint du 23 juillet au 5 août 1921 et auquel Lénine envoya des représentants de l’Internationale.
Le mouvement communiste s’attacha à réunifier la Chine. Parmi ses fondateurs, on trouvait le jeune Mao Zedong. C’est en 1923-1924 que se constitua le Front unique anti-impérialiste entre le PCC et le Kuomintang.
Sun Yat-sen étant décédé en mars 1925, son successeur Tchiang Kai-chek s’attacha à contrôler rigidement le Sud de la Chine, en particulier la région de Shanghai.
Tchiang Kai-chek, qui ne sympathisait pas avec la doctrine communiste, lança en 1927 une répression à grande échelle contre les communistes au sein de l’Armée nationale révolutionnaire, des syndicats et d’autres secteurs sociaux du pays, en particulier à Shanghai. Il réprima aussi fortement l’aile gauche du Kuomintang.
Après avoir occupé la Mandchourie pendant cinq ans, le Japon créa en 1932 l’Etat du Manzhouguo, ce qui constitua une grave menace pour la Chine. Cependant, Tchiang Kai-chek organisa cinq campagnes d’encerclement et d’extermination contre les communistes, qui se fortifièrent dans leurs bases du Sud du pays.
Réunissant ceux qui avaient réussi à échapper à la trahison de Tchiang Kai-chek en 1927, Mao Zedong se replia dans les montagnes des provinces du Jiangsu et du Fujian et y établit sur un vaste territoire le centre de sa résistance armée, à partir d’un puissant noyau de communistes conséquents et bien organisés : ce fut la République soviétique chinoise.
Faisant face aux forces nationalistes très supérieures de Tchiang Kai-chek, environ cent mille combattants chinois conduits par Mao entreprirent en 1934 ce qui fut connu comme la Longue Marche vers le Nord-Ouest en longeant le Centre, soit un trajet de six mille kilomètres qui dura une année et durant lequel ils durent constamment se battre. Cet exploit inouï fit de Mao le leader incontesté du Parti et de la Révolution en Chine. Son application des idées de Marx et de Lénine aux circonstances politiques, économiques, naturelles, géographiques, sociales et culturelles de la Chine le consacra comme un stratège politique et militaire de génie et fit énormément pour la libération d’un pays dont nul ne peut sous-estimer aujourd’hui le poids dans le monde.
La seconde Guerre sino-japonaise éclata le 7 juillet 1937, après que les Japonais eurent provoqué à dessein l’incident de départ : un soldat japonais ayant disparu quand son unité défilait sur le pont Marco Polo, qui traverse un fleuve situé à seize kilomètres à l’ouest de Pékin, ils en accusèrent l’armée chinoise qui se trouvait sur l’autre rive. L’affrontement qui s’ensuivit dura plusieurs heures. Presque aussitôt, le soldat reparut. Malgré la fausseté de l’accusation, le commandant japonais avait déjà donné l’ordre d’attaque. Faisant preuve de son arrogance coutumière, Tokyo exigea des conditions inacceptables pour la Chine puis dépêcha trois divisions équipées de leurs meilleures armes. En quelques semaines, l’armée japonaise contrôla le pas Est-Ouest depuis le golfe de Chihli – aujourd’hui Bo Hai – jusqu’à Pékin.
De Pékin, elle marcha sur Nankin (Nanjing), siège du gouvernement de Tchiang Kai-chek, déclenchant une des campagnes terroristes les plus horribles des guerres modernes : Nanjing et d’autres villes furent rasées ; des dizaines de milliers de femmes furent violées ; des centaines de milliers de personnes furent brutalement assassinées.
Le Parti communiste chinois avait donné la priorité à la lutte pour l’unité nationale face au plan du Japon de s’emparer de cet énorme pays et de ses ressources naturelles et de soumettre plus de cinq cent millions de Chinois à une servitude impitoyable. Le Japon était en quête d’espace vital. Sa conduite fut un mélange de capitalisme et de racisme, la version japonaise du fascisme.
Le Front uni antijaponais était déjà constitué en 1937. Les nationalistes eux aussi étaient conscients du danger. Le Japon occupa la plupart des villes côtières. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les pertes chinoises se chiffreraient par millions.
Durant cette guerre épique, les communistes intensifièrent leur lutte contre les envahisseurs, leur causant des pertes sensibles.
Les Etats-Unis aidèrent les communistes et les nationalistes. Sur le point d’entrer à leur tour en guerre, ils demandèrent au gouvernement chinois l’autorisation de dépêcher une escadrille de volontaires. C’est ainsi que les Tigres volants virent le jour. Roosevelt envoya à leur tête le capitaine à la retraite Claire Lee Chennault, qui exprima son admiration devant la discipline, les tactiques et l’efficacité des combattants communistes.
Les Etats-Unis entrèrent finalement en guerre en décembre 1941, après l’attaque de Pearl Harbor. Toutefois, le Japon ne put déplacer à aucun moment de Chine ses troupes d’élite qui se montaient à un million de soldats en 1945.
Tchiang Kai-chek, que l’administration Truman – laquelle, en un acte de terreur, utilisa des armes atomiques sur la population civile du Japon – avait converti en l’homme fort des Etats-Unis, reprit sa guerre civile anticommuniste, mais ses troupes démoralisées ne purent résister à la vague irrépressible de l’Armée populaire chinoise.
Quand cette guerre-ci prit fin, en octobre 1949, les troupes de Tchiang Kai-chek, soutenues par les Etats-Unis et voyageant à bord de leur Septième Flotte, s’enfuirent à Taiwan où elles établirent un gouvernement anticommuniste pleinement soutenu par Washington.
La Chine serait-elle donc un « sombre recoin du monde » ?
Bien avant que Troie n’ait vu le jour et que L’Illiade et L’Odyssée, des créations assurément merveilleuses de l’intelligence humaine, ne circulent dans les villes-Etats grecques, une civilisation touchant des millions de personnes se développait déjà sur les vastes rives du Fleuve jaune.
La culture chinoise plonge ses racines dans la dynastie Zhou, qui remonte à deux mille ans avant notre ère. Son écriture particulière se base sur plusieurs milliers de signes graphiques représentant généralement des mots ou des morphèmes, un terme de la linguistique moderne peu connu du public non familiarisé avec ce thème. Nous sommes loin de comprendre la magie mystérieuse de cette langue dont l’apprentissage développe l’intelligence naturelle des enfants chinois.
De nombreux produits ayant vu le jour en Chine, comme la poudre, la boussole et d’autres, étaient absolument inconnus dans le Vieux Monde. Si les vents soufflaient en sens inverse de la route suivie par Colomb, les Chinois auraient peut-être pu découvrir l’Europe.
Taiwan est gouverné depuis 2000 par un parti dont la politique néolibérale et pro-impérialiste était encore pire que la politique traditionnelle du Kuomintang, farouchement opposé au principe d’une seule Chine proclamé historiquement par le Parti communiste. Cette question épineuse risquait de faire éclater une guerre aux conséquences imprévisibles, tel un moderne épée de Damoclès suspendue sur la tête de plus de 1,3 milliard de Chinois.
L’élection à Taiwan, le 23 mars dernier, du candidat de l’ancien parti qui fut la base politique de Tchiang Kai-chek, a constitué sans aucun doute, dans les faits, une victoire politique et morale de la Chine, car elle y écarte du pouvoir un parti qui, ayant gouverné presque huit années, était sur le point de faire de nouveaux pas funestes.
Selon les informations d’agences, sa défaite a été écrasante : seulement 4,4 millions de voix sur les 17 millions de personnes ayant le droit de vote.
Le nouveau président prendra possession le 20 mai. « Nous signeront un traité de paix avec la Chine », a-t-il déclaré.
Les dépêches annoncent que « Ma Ying-jeou est partisan de la création d’un marché commun avec la Chine, le principal partenaire commercial de l’île ».
La République populaire de Chine fait preuve de dignité et de prudence sur cette question épineuse. Le porte-parole du Bureau de Taiwan au Conseil d’Etat de Pékin a déclaré que la victoire de Ma Ying-jeou prouvait que « l’indépendance n’était pas populaire parmi les Taiwanais ».
Ce message laconique est éloquent.
Des ouvrages rédigés par des prestigieux chercheurs étasuniens ont révélé ce qui s’est passé sur le territoire chinois du Tibet.
Kenneth Conboy décrit dans La guerre secrète de la CIA au Tibet (Etienne Dubuis éditeur, 1999) tout le sordide de la conspiration, William Leary qualifiant cet ouvrage d’« étude excellente et impressionnante sur l’une des plus importantes opérations secrètes de la CIA durant la Guerre froide ».
En deux siècles, aucun pays au monde n’a reconnu le Tibet comme une nation indépendante, tous le considérant comme partie intégrante de la Chine. En 1950, après la victoire de la Révolution communiste, l’Inde le qualifiait de la sorte. L’Angleterre, aussi. Les Etats-Unis, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, pensaient pareil et exerçaient même des pressions sur l’Angleterre dans ce sens ; après la guerre, ils y virent toutefois un bastion religieux contre le communisme.
Quand la République populaire de Chine instaura la réforme agraire dans le territoire tibétain, les élites sociales refusèrent que l’on touche à leurs biens et intérêts, ce qui conduisit à un soulèvement armé en 1959. Selon les recherches susmentionnées, cette révolte au Tibet fut préparée pendant des années par les services secrets étasuniens, à la différence des opérations préparées contre le Guatemala, Cuba et d’autres pays où ils agirent en toute hâte.
Un autre ouvrage – en fait, une apologie de la CIA – Les guerriers de Bouddha, de Mikel Dunham (Actes Sud, 2007), raconte comme celle-ci fit venir des centaines de Tibétains aux USA pour leur apprendre le maniement des armes, conduisit la rébellion, l’équipa, lui parachuta des armements, tandis que les insurgés se déplaçaient en cheval, à la manière des guérilleros arabes. Le prologue de l’ouvrage fut rédigé par le dalaï-lama en personne, qui affirme : « Bien que profondément convaincu que la lutte des Tibétains ne pourra vaincre que selon une approche à long terme utilisant des moyens pacifiques, j’ai toujours admiré ces combattants de la liberté pour leur courage et leur détermination inébranlables. »
Le dalaï-lama, décoré de la Médaille d’or du Congrès des USA, a loué Bush pour ses efforts en faveur de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme.
Il a par ailleurs qualifié la guerre en Afghanistan de « libération », celle de Corée de « quasi-libération » et celle du Vietnam d' « échec ».
J’ai résumé des données tirées d’Internet, en particulier du site Rebelión. Faute d’espace et de temps, je n’ai pas mentionné les pages de chaque ouvrage où apparaissent textuellement les citations que je leur ai empruntées.
Il existe un mal appelé sinophobie, assez généralisé dans les milieux occidentaux accoutumés du fait de leur éducation et de leur culture différentes à mépriser tout ce qui vient de Chine.
J’étais encore un enfant qu’on parlait déjà du « péril jaune ». La Révolution chinoise semblait alors impossible. En fait, les causes profondes de cette sinophobie sont le racisme.
Pourquoi l’impérialisme s’entête-t-il donc tant à clouer la Chine, directement ou indirectement, au pilori international ?
Jadis, je veux dire voilà cinquante ans, ce fut pour lui refuser ses droits, héroïquement gagnées, de membre permanent du Conseil de sécurité ; ensuite, ce fut pour les erreurs qui conduisirent aux protestations de Tienanmen où l’on déifiait la Statue de la liberté, symbole d’un Empire qui est aujourd’hui le déni même de toutes les libertés.
La législation de la République populaire de Chine s’est attachée à proclamer et à défendre le respect des droits et de la culture de cinquante-cinq minorités ethniques.
La République populaire de Chine est par ailleurs extrêmement sensible à tout ce qui touche à l’intégrité de son territoire.
La campagne orchestrée contre la Chine est comme un appel à la curée pour discréditer d’avance le succès du pays et de son peuple comme organisateurs des prochains Jeux olympiques.
Le gouvernement cubain a émis une déclaration de soutien catégorique à la Chine face à la campagne orchestrée contre elle au sujet du Tibet. Position correcte. La Chine respecte le droit des citoyens à croire ou à ne pas croire. Elle compte des musulmans, des chrétiens, catholiques ou non, et des fidèles d’autres religions, et des dizaines de minorités ethniques dont les droits sont protégés par la Constitution.
La religion n’est pas un obstacle à l’entrée dans notre Parti communiste.
Je respecte le droit du dalaï-lama à croire, mais je ne suis pas obligé de croire en lui.
J’ai bien des raisons de croire à la victoire chinoise.
Fidel Castro Ruz
Le 31 mars 2008
17 h 15
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