lundi 16 novembre 2015

Frais accessoires: Barrette n'a pas le droit de légaliser l'inacceptable!



C'est avec beaucoup de réticence que j'ai dû me résoudre à m'adresser à la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, pour empêcher ce qui constitue ni plus ni moins un permis de voler aux dépens des patients et patientes du Québec [voir ma lettre ci-dessous] !

C'est que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ne semble pas comprendre que les frais accessoires sont déjà facturés à la RAMQ par les médecins qui pratiquent en cabinet privé. Ou est-ce parce que son chef, le Dr Couillard lui a dit d'arranger les choses pour que les cliniques privées, qu'il a aidées à répandre quand il s'occupait de la santé, ne soient plus embêtées par la RAMQ pour facturation illégale?

Mais le résultat est le même: légaliser les frais accessoires c'est faire payer deux fois pour la même facture, ce qui est du vol! Les patients du Québec n'ont pas à payer une fois avec leur impôt (via la RAMQ) et une autre fois avec leur carte de crédit pour une goutte dans les yeux, pour une injection d'anesthésique ou pour une copie du dossier. Tous ces frais sont déjà compensés largement par une majoration de 20 à 60 % de tous les actes médicaux que le médecin effectue dans son cabinet au coin de la rue.

Pourquoi la RAMQ paye pour ça? Parce que la Loi canadienne sur la santé dit que l'accès aux soins doit être équitable pour tous. Pour ne pas désavantager ceux qui ont de faibles moyens et pour que ce soit équitable, il faut donc que le service médicalement nécessaire soit gratuit.

La RAMQ paye donc tous les frais qui sont nécessaires pour donner les soins médicalement requis: l'honoraire du professionnel ainsi que les accessoires qu'il a besoin pour rendre son service (locaux, secrétaires, dossiers, photocopies, gouttes, pansements, aiguilles, etc.). C'est pour ça que la RAMQ paye 90 $ en cabinet privé, pour un acte payé 56 $ en clinique externe d'un hôpital ou en CLSC.

Le Dr Barrette fait semblant de ne pas comprendre. Il préfère agir en violation de la Loi canadienne sur la santé en adoptant une loi qui autorise les frais accessoires et légalise l'iniquité d'accès. Légaliser les frais accessoires c'est inacceptable et immoral parce que la double facturation c'est du vol.

Pendant ce temps là, les patientes et patients continuent d'attendre aussi longtemps à l'urgence, les infirmières manquent de temps pour traiter tout le monde, le coût des médicaments continue de dépasser l'entendement, l'organisation de la première ligne et la répartition des médecins de famille est toujours aussi déficiente, les hôpitaux dépérissent et la qualité des soins est à géométrie variable.
En agissant ainsi, le ministre donne le triste spectacle d'un médecin corporatiste qui semble utiliser son pouvoir politique malicieusement pour avantager une minorité de médecins agissant avec cupidité.

L'équité d'accès et la gratuité des soins sont en jeu. Tous les alliés potentiels sont les bienvenus. Je n'ai donc eu d'autre choix que d'écrire à la nouvelle ministre fédérale, Jane Philpott, pour qu'elle intervienne et rappelle à son homologue québécois qu'il est en contravention de la loi.

*****

Madame la Ministre, chère collègue,

Tout d'abord, je vous félicite en mon nom et au nom de ma formation politique Québec solidaire, pour votre nomination au Conseil des ministres du gouvernement du Canada. J'espère, Madame la Ministre, que vous aurez un peu de temps pour vous familiariser à la vie parlementaire après avoir passé une vie au service de la santé des populations de l'Ontario et de l'Afrique, car vous allez bientôt être plongée dans les problèmes qu'ont entrainés les dix ans de règne conservateur, dont la privatisation en douce du système public de santé.

Je vous écris aujourd'hui parce que je connais votre attachement au système de santé universel et public. J'ai eu l'occasion de lire votre texte « Is Canadian health care for sale? » et je partage entièrement vos préoccupations. Comme médecin et comme politicien, je juge tout comme vous, que les principes fondamentaux à la base de notre système de santé public devraient être inaltérables et je m'oppose à la privatisation des soins. Je me réjouis qu'une alliée comme vous soit maintenant à la tête du ministère canadien de la Santé. Vous avez maintenant le pouvoir de mettre en application les valeurs que vous défendez depuis longtemps. 

Depuis près de 15 ans, on assiste en effet au Québec à une érosion lente, mais importante, des principes d'universalité et de gratuité du système de santé. Une lettre parue cette semaine dans un quotidien montréalais et signée par des responsables, des praticiens et des experts de la santé, soulignait les manifestations de cette dérive qui «ont pris la forme de multiples petits changements législatifs, d'une grande tolérance du gouvernement quant aux zones grises concernant la facturation et de la créativité de certains médecins-entrepreneurs.» 

Aujourd'hui même, après plusieurs mois de débats, une loi adoptée par l'Assemblée nationale du Québec vient normaliser et légaliser la pratique d'une minorité de médecins qui ruinent la réputation de notre profession en imposant des frais accessoires illégaux à la population du Québec pour des services médicalement assurés. Ces frais accessoires, qui contreviennent à la Loi canadienne sur la santé, servent à financer graduellement toute une infrastructure de soins privés qui prend son essor, souvent aux dépens des ressources du secteur public. Il suffit de penser à l'importante majoration (en moyenne 40 %) déjà incluse par entente à la facturation des actes effectués en bureau privé depuis de nombreuses années, aux ententes conclues pour des opérations en installation privée comme Rockland MD ou encore aux centaines de millions engloutis depuis plus de 15 ans dans la mise en place des GMF. 

Selon les experts précités, la situation est devenue à tel point critique, que le « Québec pourrait être la première province à abandonner le principe d'un système de santé universel, intégral et accessible, et à sortir ainsi du modèle canadien »!

Nous en sommes rendus là, notamment parce que plusieurs de vos prédécesseurs sont malheureusement restés passifs devant la privatisation croissante de nos soins de santé. Je m'adresse donc à vous avec un sentiment d'urgence, en espérant comme bien des patients et patientes du Québec, qu'on puisse logiquement s'attendre de vous à une action énergique pour éviter que la situation se détériore.

Je fonde ma demande d'aide sur l'engagement du Québec et des provinces canadiennes à respecter la Loi canadienne sur la santé. Selon une entente entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, pour pouvoir bénéficier des transferts de fonds du gouvernement fédéral en matière de santé, le Québec s'est engagé à respecter cinq critères, dont celui de l'accessibilité. À ce sujet, l'article 12 de la Loi canadienne sur la santé stipule:

« 12 (1) La condition d'accessibilité suppose que le régime provincial d'assurance-santé :
a) Offre des services de santé assurés, selon des modalités uniformes, et ne fasse pas d'obstacles, directement ou indirectement, et notamment par facturation aux assurés, à un accès satisfaisant par eux à ces services »

Avec l'adoption du projet de loi 20, le gouvernement du Québec transgresse cet article, pourtant clair, de la Loi canadienne sur la santé. En effet, la nouvelle Loi stipule que des frais pourront être facturés aux patients pour des services déjà assurés. Par règlement, le ministre québécois de la Santé et des Services sociaux pourra déterminer ce que les médecins pourront facturer à leurs patients pour des traitements qui sont médicalement requis. À partir d'aujourd'hui, le gouvernement du Québec peut, à sa discrétion et sans débat public, modifier en tout temps les frais accessoires en fonction des pressions et demandes des fédérations de médecins.

Dorénavant, le gouvernement québécois aura tout le loisir de permettre et même d'élargir la facturation des frais accessoires aux frais de fonctionnement du cabinet privé, aux services, aux fournitures et équipements requis pour soigner ainsi qu'aux tests diagnostiques effectués en clinique hors établissement.

La situation des frais accessoires n'est pas nouvelle au Canada, ni au Québec. Le gouvernement fédéral est déjà intervenu à maintes reprises auprès de gouvernements provinciaux et a déjà même retenu des transferts de fonds à ces provinces qui permettaient la surfacturation, comme le stipule la Loi canadienne sur la santé. 

Or, à l'exception d'une action en 1995, le gouvernement fédéral est peu intervenu au Québec et ne s'est jamais rendu jusqu'au bout du dossier. Depuis longtemps déjà, le gouvernement du Québec fait preuve de laxisme à l'égard des médecins qui imposent des surfacturations aux patients. Les exemples sont nombreux et si tel était votre souhait, nous pourrions vous fournir une documentation détaillée. Il suffit de rappeler qu'il y a presque dix ans, le gouvernement du Québec a été condamné à payer 10 millions $ en dommages à des patients en raison du non-respect de la Loi sur l'assurance maladie du Québec. En ce moment, plus d'une centaine de cliniques médicales font l'objet d'un recours collectif. La partie demanderesse songe à y inclure la Régie de l'assurance maladie du Québec et le ministre actuel de la Santé et des Services sociaux.

La situation est assez grave pour vous demander d'intervenir auprès de votre homologue québécois afin que minimalement, le règlement d'application de la nouvelle loi n'entre pas en contradiction avec la Loi canadienne sur la santé. 

Il nous parait d'autant plus important que vous interveniez, Madame la Ministre, que le ministre de la Santé du Québec se plait à affirmer sans scrupule que la nouvelle loi québécoise n'entre pas en contradiction avec la loi fédérale. Ceci nous parait tout à fait erroné. Pour bon nombre de personnes à faible revenu, les frais accessoires font obstacle à l'accès aux services médicaux. Dans ces conditions, comme vous l'aviez remarqué dans votre texte de 2012, « l'accès équitable aux services essentiels ne peut plus être garanti. Les services de santé canadiens seront laissés au marché (open market). Ceci peut être souhaitable pour ceux qui peuvent se payer de tels services ou à ceux qui ont des services à vendre. Mais cela va assurément augmenter le fardeau de ceux qui sont pauvres ou autrement désavantagés. »

Aujourd'hui vous êtes la gardienne des grands principes qui guident notre système de santé; un système que la vaste majorité des Québécoises et des Québécois, tout comme des Canadiennes et Canadiens, souhaitent garder public, universel et accessible. 

Je vous écris avec l'espoir ferme que vous serez à la hauteur de cette responsabilité. Je vous demande d'agir pour contraindre le ministre Barrette à respecter l'engagement du Québec à garantir la gratuité des services médicalement assurés (article 12 de la Loi canadienne sur la santé). Nous sommes inquiets, car nous craignons que l'insistance de notre gouvernement provincial à vouloir légaliser la double facturation par les médecins et à renier ses engagements vous oblige à réduire les transferts fédéraux de fonds en santé auxquels le Québec a droit. Comme député et comme médecin, je veux tout faire pour éviter que les patients et les patientes du Québec soient doublement pénalisés à cause de l'aveuglement de notre gouvernement à soutenir la privatisation du système de santé québécois.
En espérant le tout conforme, sachez, Madame la Ministre, que je demeure disponible pour en discuter plus longuement et je vous prie d'accepter mes plus sincères salutations.

Un monde immonde engendre des actes immondes : Ne pas renoncer à penser face à l’horreur

A l’heure où nous écrivons le bilan des tueries parisiennes est de 128 morts et de 300 blessés. L’horreur de cette violence injustifiable est absolue. La condamnation doit l’être tout autant, sans aucune restriction et/ou nuance. Les acteurs et/ou commanditaires de ces meurtres aveugles ne peuvent invoquer aucune raison légitime pour justifier ces actes immondes. La tragédie que nous vivons débouchera sur une prise de conscience collective des dangers qui nous menacent ou au contraire sur un processus de reproduction dramatique, en fonction de notre capacité collective à tirer les leçons de la situation qui engendre un tel résultat. L’émotion est légitime et nécessaire mais ne peut pas être la seule réponse. La réponse uniquement sécuritaire est également impuissante. C’est justement dans ces moments marqués par l’émotion collective que nous ne devons pas renoncer à la compréhension, à la recherche des causes et à la lucidité face aux instrumentalisations de l’horreur.



Les postures face à notre tragédie

En quelques heures toute la panoplie des postures possibles face à la tragédie s’est exprimée. Il n’est pas inutile de s’arrêter sur chacune d’entre elles. La première se contente de dénoncer Daesh et à exiger cette dénonciation de manière pressante de nos concitoyens musulmans réels ou supposés. Le projet politique de Daesh et les actes qui en découlent ont déjà été dénoncés par la très grande partie des habitants de notre pays, populations issues de l’immigration incluses.

Il faut vraiment être coupés de nos concitoyens musulmans réels ou supposés pour en douter. Ces concitoyens français ou étrangers vivant en France sont les premiers à souffrir de cette instrumentalisation de leur foi à des fins politiques, réactionnaires et meurtrières. « Qu’est-ce qu’on va encore prendre » est la réaction la plus fréquente qui suit l’émotion face à ces meurtres, conscients qu’ils sont des instrumentalisations de l’émotion à des fins islamophobes qui ne manquerons pas. Il ne s’agit pas d’une paranoïa mais de l’expérience tirée du passé et en particulier des attentats du début de l’année. Dans ce contexte les injonctions à la dénonciation sont ressenties comme une suspicion de complicité ou d’approbation. Une nouvelle fois ce qui est ressenti c’est une accusation d’illégitimité de présence chez soi. Voici ce qu’en disait Rokhaya Diallo dans une émission radio à la suite des attentats de janvier :

« Quand j’entends dire que l’on somme les musulmans de se désolidariser d’un acte qui n’a rien d’humain, oui, effectivement, je me sens visée. J’ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés. Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça (1). »

La seconde posture est l’essentialisme et le culturalisme. Les actes barbares que nous vivons auraient une explication simple : ils sont en germe dans la religion musulmane elle-même qui à la différence des autres, porterait une violence congénitale, une barbarie consubstantielle et une irrationalité dans son essence. Cette religion à la différence des autres religions monothéiste serait allergique à la raison et inapte à la vie dans une société démocratique. De cette représentation de la religion découle la représentation de ses adeptes. Les musulmans seraient, contrairement aux autres croyants, une entité homogène partageant tous le même rapport au monde, à la société et aux autres. Une telle posture conduit inévitablement à l’idée d’une éradication, l’islam apparaissant comme incompatible avec la république, la laïcité, le droit des femmes, etc. Résultat de plusieurs décennies de diffusion politique et médiatique de la théorie du « choc des civilisations », cette posture s’exprime dans des formes plus ou moins nuancées mais est malheureusement bien ancrée dans notre société (2).

La troisième posture est celle de la relativisation de la gravité des tueries. Celles-ci ne seraient que le résultat d’une folie individuelle contre laquelle on ne pourrait rien si ce n’est de repérer le plus tôt possible les signes annonciateurs dans les comportements individuels. Nous ne serions qu’en présence d’accidents dans les trajectoires individuelles sans aucune base sociale, matérielle, politique. Une telle posture de "psychologisation" occulte que les individus ne vivent pas hors-sol et que leur mal-être prend telle ou telle forme en rencontrant un contexte social précis. C’est à ce niveau que se rencontre l’individu et sa société, la trajectoire individuelle et son contexte social, la fragilisation et les offres sociales et politiques qui la captent pour l’orienter. Il est évident que les candidats « djihadistes » sont issus de trajectoires fragilisées mais cela ne suffit pas à expliquer le basculement vers cette forme précise qu’est la violence nihiliste (3).

La quatrième posture s’exprime sous la forme de la théorie du complot. Les tueries seraient le fait d’un vaste complot ayant des objectifs précis : complot juif mondial, "illuminati", actes des services secrets, etc. Elle conduit à un aveuglement face au réel et à l’abandon de l’effort de compréhension du monde et des drames qui le secouent. Elle suscite une dépolitisation se masquant derrière une apparente sur-politisation : dépolitisation car il serait vain de rechercher dans l’économique, le social, le politique, etc., les causes de ce que nous vivons et sur-politisation car tout serait issu d’une cause politique occulte portée par un petit groupe secret. Elle est entretenue par la négation dominante de la conflictualité sociale, des oppositions d’intérêts et des stratégies des classes dominantes pour orienter l’opinion dans le sens de ses intérêts matériels. A ce niveau l’accusation de « confusionnisme » de toute dénonciation des stratégies des classes dominantes conduit consciemment ou non à entretenir la théorie du complot. Certains « anti-confusionnistes » de bonne foi ou non entretiennent en effet boomerang le « complotisme ». Ce faisant, certains « anti-confusionnistes » entretiennent la confusion (4).

La cinquième posture est l’explication en terme du « virus externe ». Notre société serait victime d’une contamination venant uniquement de l’extérieur contre laquelle il faudrait désormais se prémunir. Elle débouche sur une logique de guerre à l’externe et sur une logique sécuritaire à l’interne. Elle est créatrice d’une spirale où la peur et le discours sur la menace externe suscite une demande d’interventions militaires à l’extérieur et de limitation des libertés à l’interne. Susciter une demande pour ensuite y répondre est un mécanisme classique des périodes historiques réactionnaires. L’absence de mouvement anti-guerre dans notre société est le signe que cette posture est largement répandue. Or comme la précédente, elle conduit d’une part à l’abandon de la recherche des causes et d’autre part au sentiment d’impuissance (5).

Il reste la posture matérialiste ne renonçant pas à comprendre le monde et encore plus quand il prend des orientations régressives et meurtrières. Minoritaire dans le contexte actuel, cette posture est pourtant la seule susceptible d’une reprise de l’initiative progressiste. Elle suppose de recontextualiser les événements (et encore plus lorsqu’ils prennent des formes dramatiques) dans les enjeux économiques, politiques et sociaux. Elle nécessite la prise en compte des intérêts matériels qui s’affrontent pour orienter notre demande et qui produisent des conséquences précises. Elle inscrit les comportements individuels comme étant des résultats sociaux et non des essences en action. Elle prend l’histoire longue et immédiate comme un des facteurs du présent. Elle peut certes se tromper en occultant par méconnaissance une causalité ou en la sous-estimant, mais elle est la seule à permettre une réelle action sur ce monde.

Dans un monde marqué par la violence croissante sous toutes ses formes, le renoncement à la pensée nous condamne pour le mieux à une posture de l’impuissance et pour le pire à la recherche de boucs-émissaires à sacrifier sur l’autel d’une réassurance aléatoire.

Une offre de « djihadisme » qui rencontre une demande


Il existe une offre de « djihadisme » à l’échelle mondiale et nationale. Elle n’est ni nouvelle, ni inexplicable. Elle a ses espaces de théorisations et ses Etats financeurs. L’Arabie Saoudite et le Qatar entre autres, pourtant alliés des Etats-Unis et de la France, en sont les principaux (6).

Ces pétromonarchies appuient et financent depuis de nombreuses années des déstabilisations régionales dont elles ont besoin pour maintenir et/ou conquérir leur mainmise sur les richesses du sol et du sous-sol du Moyen-Orient. Cette base matérielle est complétée par un besoin idéologique. Elles ont besoin de diffuser une certaine vision de l’Islam pour éviter l’émergence et le développement d’autres visions de l’Islam progressistes et/ou révolutionnaire qui menaceraient l’hégémonie idéologique qu’elles veulent conquérir. Plus largement les pétromonarchies sont menacées par toutes les théorisations politiques qui remettent en cause leur rapport aux grandes puissances qui dominent notre planète : nationalisme, anti-impérialisme, progressisme dans ses différentes variantes, communisme, théologie de la libération, etc.

C’est à ce double niveaux matériel et idéologique que s’opère la jonction avec la « réal-politique » des puissances impérialistes. Elles aussi ont un intérêt matériel à la déstabilisation de régions entières pour s’accaparer les richesses du sol et du sous-sol, pour justifier de nouvelles guerres coloniales en Afrique et au Moyen-Orient, pour supplanter leurs concurrents, pour contrôler les espaces géostratégiques et pour balkaniser des Etats afin de mieux les maîtriser. Elles aussi ont un besoin idéologique de masquer les causes réelles du chaos du monde c’est-à-dire la mondialisation ultralibérale actuelle. Il n’y a aucune amitié particulière entre les classes dominantes occidentales et les pétromonarchies et/ou les « djihadistes », mais une convergence relative d’intérêts matériels et idéologiques. Comme le soulignait De Gaulle pour décrire la réal-politique : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». C’est cette réal-politique qui a conduit dans le passé à présenter les « djihadistes » en Afghanistan comme des combattants de la liberté et qui conduit un Fabius à dire aujourd’hui : « El Nosra fait du bon boulot ».

Mais se limiter à l’offre ne permet pas de comprendre l’efficacité actuelle du phénomène. Encore faut-il expliquer le fait que cette offre rencontre une « demande ». Nous disions plus haut que cette offre n’est pas nouvelle. Nous l’avons-nous même rencontrée dans les quartiers populaires, il y a plus de trois décennies. Simplement à l’époque, elle ne rencontrait aucune « demande ». Nous pensions à vivre, à nous amuser, à militer et à aimer et regardions ces prédicateurs comme des allumés. C’est la raison pour laquelle il faut se pencher sur les processus d’émergence et de développement de cette demande « made in France ». A ce niveau force est de faire le lien avec les processus de paupérisation et de précarisation massive qui touchent les classes populaires. L’existence avérée de candidats « djihadistes » non issus de familles musulmanes souligne que c’est bien l’ensemble des classes populaires qui sont concernés par ces processus conduisant les plus fragilisés de leurs membres à sombrer dans des comportements nihilistes. Force également est de faire le lien avec les discriminations racistes systémiques et institutionnelle qui abîment des vies pour nos concitoyens noirs, arabes et musulmans. Force enfin est de prendre en compte dans l’analyse les effets des discours et pratiques islamophobes qui se sont répandus dans la société française et qu’il de bon ton de relativiser, d’euphémiser, voir de nier. Ce sont l’ensemble de ces processus qui conduisent à l’émergence du nihilisme contemporain.

Enfin la vision méprisante des habitants des quartiers populaires comme « sous-prolétariat » incapable de penser politiquement conduit à sous-estimer le besoin du politique dans les classes populaires en général et dans leurs composantes issues de l’immigration post-coloniale en particulier. Ces citoyennes et citoyens observent le monde et tentent de le comprendre avec les grilles disponibles dans une séquence historique donnée. Ils et Elles ne peuvent que constater que des guerres se multiplient et que l’on trouve des financements pour le faire alors qu’on leur serine que les caisses sont vides. Elles et ils ne peuvent qu’interroger la soi-disant nécessité urgente d’intervenir en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Lybie, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. et à l’inverse la soi-disant nécessité urgente à soutenir l’Etat d’Israël en dépit de ses manquements à toutes les résolutions des Nations-Unies. Tous ces facteurs conduisent pour la majorité à une révolte qui cherche un canal d’expression et pour une extrême minorité à l’orientation nihiliste.

A ne pas vouloir comprendre qu’un monde immonde conduit à des actes immondes, on constitue le terreau de la rencontre entre l’offre et la demande de nihilisme.

Notes :
1) http://www.atlasinfo.fr/Charlie-Heb...
2) Voir sur ce sujet : Jocelyne Cesari, l’Islam à l’épreuve de l’Occident, La Découverte, Paris, 2004.
3) Sur la rencontre entre le contexte social et effets fragilisant sur les trajectoires individuelles voir Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Le Seuil, 1952.
4) Luc Boltanski, Enigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes, Gallimard, Paris, 2012.
5) Voir notre article avec Yvon Fotia « Discrimination systémique » , Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Syllepse, Paris, 2012.
6) David Benichou, Farhad Khosrokhavar, Philippe Migaux, Le jihadisme, comprendre pour mieux combattre, Plon, Paris, 2015. Et Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Les Etats-Unis et l’islamisme, Grasset, Paris, 1999.

Source : www.investigaction.net

dimanche 15 novembre 2015

Coeur Chaud et Tête froide, dans la dignité et contre toutes les formes de violences


Déclaration du Mouvement des jeunes communistes de France à propos des attentats du 13 novembre


La violence de ce monde s'est concentrée hier soir au cœur de Paris et en Île de France. Le sentiment d'effroi et de tristesse s'empare de nous. La terrasse d'un bar, les abords d'un stade ou une salle de concert ne sont pas des lieux pour se faire ôter la vie et la jeunesse supposée de nombreuses victimes rajoute à la tristesse.

Ces attaques à l'arme lourde sont d'une violence extrême et jaillissent dans un climat de guerre dans le monde, de haine et de divisions. Comment ne pas penser à Beyrouth ou Suruç où des attentats d'une gravité extrême ont également eu lieu dernièrement.

L'exigence de rassemblement, de paix et de lutte contre toutes les formes d'impérialisme et de violences qui en découlent est plus que jamais nécessaire.

Le temps est au deuil et à la solidarité aux proches des victimes. L'enquête doit suivre son cours et des réponses en ressortiront.

L'Etat d'urgence décrété, renforcé par l'empressement médiatique et les propos de certains responsables politiques, ne doit pas dicter la réponse politique à ces attentats, notamment sur de possibles dérives sécuritaires et liberticides.

C'est le cœur chaud et la tête froide que nous serons à la hauteur de la difficulté et vigilants au sujet des interprétations.

Paris-Beyrouth : la compassion à géométrie variable

24 heures avant Paris, l’Etat islamique autoproclamé frappait Beyrouth, sans susciter la même solidarité internationale avec les victimes. De quoi s’interroger sur les raisons de ces perceptions différentes.


Un article de Rue89  par Pierre Haski 

Il y a, dans le jargon journalistique, une « loi » bien connue, celle du « mort kilomètre » ; une règle qui veut que deux morts dans un accident de métro à Paris ou Londres pèsent plus lourd que 100 morts dans un accident de train à l’autre bout du monde, en Inde ou en Bolivie.

Une loi absolument cynique mais qu’un rédacteur en chef de 20 heures télé connaît parfaitement : un téléspectateur français s’identifiera avec un « commuter » anglais qui a le même mode de vie que lui, pas avec un habitant de Bombay qui, pourtant, va lui aussi bosser.

Appliquée au terrorisme, cette règle connaît quelques variantes qui montrent que ce que nous considérons parfois comme des « émotions collectives planétaires » sont effectivement à géométrie variable : toutes les victimes du terrorisme ne se valent pas dans la bourse aux émotions, et les terroristes l’ont bien compris en ciblant Paris et ses habitants.

Deux exemples de ces perceptions, qui en disent long sur les lignes de fracture et les fossés qu’elles engendrent.

 

Beyrouth-Paris, même souffrance ?

24 heures avant Paris, l’Etat islamique autoproclamé a frappé à Beyrouth, plus précisément dans le quartier chiite de Borj el-Barajneh, faisant 43 morts et 239 blessés. C’est l’attentat le plus sanglant dans la capitale libanaise depuis plus de vingt ans.

Le lieu du double attentat à Beyrouth, le 13 novembre 2015
Le lieu du double attentat à Beyrouth, le 13 novembre 2015 - Bilal Hussein/AP/SIPA

Mais cette attaque n’a pas suscité la même émotion que les attaques de Paris par les mêmes auteurs, 24 heures plus tard. Pas de monuments illuminés avec un cèdre, pas de photos de profil barrées de noir sur les réseaux sociaux, pas de veillées à la bougie aux quatre coins du monde.

Très vite, de surcroît, l’attentat de Beyrouth a été occulté par les événements de Paris, sans précédent par leur ampleur et le modus operandi, terrifiants par la froideur de leur exécution.

 

Pourquoi cette différence de traitement ?

Il aura fallu que quelques personnes s’en émeuvent pour que commence à apparaître le lien entre deux capitales endeuillées : Paris-Beyrouth, même souffrance. D’abord des Libanais, mais aussi des célébrités comme Angelina Jolie, qui a posté sur ses différents comptes un appel à ne pas oublier le Liban.
« Alors que tout le monde parle de Paris, personne ne mentionne l’attaque de l’Etat islamique contre le Liban. Je prie pour les deux pays ».
Pourquoi cette différence de traitement ? De fait, c’est le même mécanisme de l’identification sociale qui est à l’œuvre, comme dans le « mort kilomètre » des accidents de train.

Tout le monde, de San Francisco à Sydney en passant par Varsovie, peut s’identifier à un jeune Parisien présent à un concert de rock, se souvenir qu’il est allé ou rêve d’aller en vacances à Paris ; personne ne s’identifiera avec l’habitant d’un quartier chiite de Beyrouth (donc « pro-Hezbollah »...), même si c’est un jeune du même âge pas très différent de la victime parisienne...

 

Vraies et fausses symétries

Si l’absence relative de compassion pour les victimes de l’attentat de Beyrouth résulte des représentations forgées au fil du temps, il est un autre débat sur la différence de traitement des victimes qui, lui, est plus dérangeant.
C’est celui qu’entretiennent les pro-djihadistes sur les réseaux sociaux. Le site de veille des réseaux djihadistes en ligne Site (Search for International Terrorist Entities) donne ainsi des extraits de discussions autour de cette question.
Un internaute demande à Israfil Yilmaz, un Néerlandais décrit comme combattant de l’Etat islamique, s’il est favorable aux attaques de Paris. Réponse :
« Je suis favorable aux attaques de Paris autant que le gouvernement français est pour le bombardement et la terreur de musulmans innocents en Syrie, en Irak et ailleurs. Ça te va ?
Est-ce que ça te semble cohérent que le sang musulman coule depuis des décennies sans que personne ne s’indigne ? Et pourtant, dès que nous répondons, que nous leur prenons ce qu’ils nous prennent en employant les mêmes méthodes qu’eux, ça devient une grosse affaire. »
Le site recense de nombreuses autres prises de position du même ordre sur les plateformes et réseaux sociaux djihadistes qui, toutes, mettent sur le même plan les victimes d’attaques comme celles qui viennent de se produire à Paris, et les victimes des guerres « impérialistes » dans le monde musulman.

 

Le discours émoussé des démocraties

Cette symétrie sera jugée insupportable par tout lecteur occidental qui refusera de mettre sur le même plan un acte de terreur absolue comme l’attaque d’une salle d’un concert ou d’un restaurant, et des opérations militaires menées par une armée régulière contre des objectifs théoriquement ciblés et légitimes.

Il est évident, pourtant, que les aventures militaires occidentales de la dernière décennie, en Afghanistan où les « libérateurs » de 2001 se sont imperceptiblement mués en « occupants » aux yeux d’une partie de la population, et surtout l’Irak en 2003 et la Libye en 2011, qui ont provoqué l’effondrement des Etats et un chaos sanglant sans fin, ont affaibli le noble discours des grandes démocraties.

La légitime compassion des Occidentaux pour « leurs » victimes du terrorisme ne devrait pas faire oublier les autres victimes du terrorisme ailleurs, ni l’introspection sur leur propre comportement, en particulier dans les pays arabo-musulmans eux-mêmes.

Ce message de compassion et de solidarité est non seulement « normal », humain pourrait-on dire ; il est aussi le seul moyen de déconstruire le discours des extrémistes qui dénoncent nos hypocrisies pour mieux couvrir leurs propres crimes.

jeudi 12 novembre 2015

La LJC-Q à La Havane pour la 19e Assemblée générale de la FMJD



Bien loin des célébrations bellicistes de nos gouvernements pro-guerre et pro-entreprises, 2015 ne marque pas les 70 ans dune victoire militaire, mais bien de la victoire des peuples contre le nazisme et le fascisme. Ce ne sont pas tant les armées régulières qui ont mis en déroute les armées nazies, mais en grande partie les résistants - dont les communistes - et le peuple en général qui ont eu raison de la barbarie fasciste qui, rappelons-le, avait pour but principal den finir avec le communisme. 

Cest dans cette foulée que plusieurs organisations se sont constituées avec pour but dassurer la paix dans le monde et surtout den finir avec le système qui, comme laffirmait Jaurès, «porte en lui la guerre comme la nuée porte lorage», soit le capitalisme et, plus précisément, son stade suprême soit limpérialisme. Les femmes se sont unies sous le sigle de la Fédération internationale démocratique des femmes; les travailleurs au sein de la Fédération syndicale mondiale et les pacifistes en général se sont joints au Conseil mondial de la paix. Les jeunes, quant à eux, avec pour slogan «jeunesse unie pour une paix durable» ont constitué la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD) dont lactivité pour la libération des peuples opprimés et pour lamitié entre les peuples a réussi notamment à travers les Festivals mondiaux de la jeunesse et des étudiants à rejoindre des milliers de jeunes. 

Aujourdhui encore, cette organisation continue de représenter les intérêts de la jeunesse en lutte pour un monde meilleur empreint de solidarité, de paix et de transformation sociale alors que le dernier Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, organisé par la FMJD, a réuni près de 10 000 jeunes militants anti-impérialistes à Quito en décembre 2013. 

Certes, le monde a changé en 70 ans: de nombreux pays ont gagné leur indépendance à lissue de luttes sanguinaires, plusieurs pays notamment en Europe de lEst ont subi une contre-révolution qui les a forcés à abandonner leurs principes anti-impérialistes tandis que dautres ont bénéficié de nombreux avantages sociaux grâce à la lutte des travailleurs. Il ne fait aucun doute, le monde a changé de visage, mais ces changements cosmétiques ne remettent certainement pas en cause le point le plus important de lanalyse dressée par nos prédécesseurs en 1945: lennemi principal de la jeunesse (et du peuple en général) demeure limpérialisme. 

Avec le développement de la crise capitaliste et environnementale ces dernières années, les contradictions inter-impérialistes se sont exacerbées, générant des conflits  armés à travers le monde dont les guerres en Syrie et en Ukraine. 

Plus que de simples escarmouches, ces conflits posent un danger réel à la paix alors quils menacent dentrainer de plus en plus de pays, de peuples, dans leur sillon arrosé du sang de fils de travailleurs et paysans sans aucune autre alternative que de servir comme chair à canon ou comme armée industrielle de réserve. 

La jeunesse mérite un avenir meilleur. Un autre monde est possible: les forces vives existent comme nous pouvons le voir présentement en Palestine avec les jeunes révoltés qui refusent la colonisation sioniste et réclament leur droit à lautodétermination ou ceux du Sahara Occidental qui combattent quotidiennement loccupation militaire de leur pays par les troupes marocaines. Les pays dAmérique Latine ont, quant à eux, désigné leur continent comme une «Région de paix» lors du dernier congrès de la CELAC alors que plusieurs pays se sont débarrassés des bases militaires étrangères comme l’Équateur qui a fait de lambassadeur des États-Unis persona non grata

Que la prochaine Assemblée générale de la FMJD se tienne à Cuba envoie un message positif à la jeunesse qui se bat pour un avenir meilleur exempt de guerre.  Non seulement Cuba socialiste représente en soi un pays dont il serait superflu rappeler les positions anti-impérialistes et les actions pour la paix malgré toutes les difficultés qui y sont liées; mais tenir cette réunion en Amérique Latine permet également de souligner un certain renouveau dans le mouvement anti-impérialiste avec la contribution des processus de changements révolutionnaires qui se développent au Venezuela, en Bolivie et en Équateur pour ne nommer que ceux-ci. 

Au cours de cet évènement, la YCL-LJC entend prendre part aux discussions non seulement en tant quobservateur mais en tant quacteur. 

Rozhin Emadi, une des deux délégués canadiens et membre du Comité central exécutif de la YCL-LJC, affirme que «cette rencontre sera loccasion d’échanger avec des camarades venus du monde entier, dapprendre de leurs luttes et de réitérer notre solidarité avec les peuples en luttes contre limpérialisme, tout particulièrement avec le peuple cubain, mais également avec le peuple palestinien et saharaoui. Cest notre devoir dinternationalistes. En même temps, nous irons à La Havane dans le but de partager et faire valoir nos propres perspectives sur certains sujets, à savoir les questions de genre, lenvironnement ou les questions doppression nationale pour lesquels la YCL-LJC propose des analyses qui contribueraient au renforcement du mouvement anti-impérialiste.»
 
«En effet, nous ne considérons pas les questions environnementales ou de genre pour ne parler que de celles-ci comme auxiliaires mais plutôt comme partie intégrante à la lutte anti-impérialiste. Ce nest pas par hasard que le viol, loppression nationale ou la destruction de lenvironnement sont utilisés comme armes de guerre» ajoute Adrien Welsh, président de la Commission internationale de la YCL-LJC et second délégué canadien lors de cet évènement. «Notre présence à Cuba sera aussi une occasion de montrer aux jeunes du monde quil existe au Canada et au Québec une jeunesse anti-impérialiste, progressiste, active et militante que les jeunes communistes sont plus à même de représenter que les organes officiels qui, dans les faits, nont pour vocation que dinstrumentaliser la jeunesse au profit des entreprises. 

La FMJD constitue donc une plate-forme des plus importantes pour les jeunes progressistes puisquelle permet que nos revendications soient entendues à linternational, bien loin des forums contrôlés par les tenants de lhégémonie capitaliste; nous assure d’être écoutés et que nos actions seront soutenues tout autour du globe. 

La 19e Assemblée générale de la FMJD se déroulera du 9 au 13 novembre prochain et réunira plus dune centaine de jeunes venus de près dautant de pays afin de coordonner leurs efforts dans la lutte anti-impérialiste et pour une paix durable.