Interview du Président du Comité central du Parti communiste,
Ziouganov, par l’agence chinoise de nouvelles Xinhua (publié dans la
Pravda). Traduit par Marianne Dunlop pour « Histoire et societe » et disponible sur le site de Initiative-communiste en France.
– Aujourd’hui en Russie l’évaluation du rôle et de la signification de la Grande Révolution socialiste d’Octobre varie dans une gamme allant de « coup d’Etat » à « le plus grand événement du XXe siècle ». Comment évaluez-vous le rôle historique de la révolution et son importance pour la lutte de libération nationale des peuples de nombreux pays, dont la Chine ?
– La Grande Révolution socialiste d’Octobre est un événement
considérable dans l’histoire du monde. Permettez-moi de vous rappeler :
en 2017, les communistes et toutes les forces progressistes du monde
vont célébrer son centenaire. Cet événement a été un tournant dans
l’évolution humaine. Ce fut le début de la transition du capitalisme à
une formation socio-économique plus progressiste.
La révolution socialiste était théoriquement fondée dans les œuvres
de Karl Marx et Friedrich Engels. Sa mise en œuvre dans la pratique
revint aux bolcheviks russes, dirigé par Vladimir Ilitch Lénine – grand
penseur, leader du mouvement révolutionnaire international, créateur du
premier État ouvrier et paysan dans le monde.
Il convient de le rappeler : l’inéluctabilité de bouleversements
révolutionnaires en Russie n’a pas été prédite que par les bolcheviks.
Un monarchiste convaincu comme était Menchikov, un homme honnête et
intelligent, avait annoncé l’effondrement de la monarchie des Romanov.
Après la révolution bourgeoise de février, il a écrit que nous ne
devrions pas regretter le passé, qui avait été condamné à mort au début
de la Première Guerre mondiale.
Appeler les événements d’Octobre 1917 un coup d’État venu d’en haut
dénote une personne complètement ignorante ou très partisane. Quoique
les tentatives de fausser la valeur de la première révolution socialiste
sont susceptibles de se poursuivre aussi longtemps que le capitalisme
existera. Mais nous devons bien comprendre une chose : aucune
conspiration élitiste, même en cas de succès, ne peut changer les
fondements mêmes de la vie du pays, ne peut avoir d’effet à une échelle
planétaire.
Vous soulignez à juste titre que l’évaluation du rôle de la Grande
Révolution d’Octobre dans notre pays diffère. Il y a ceux qui croient à
juste titre : la Russie aurait cessé d’exister sans l’arrivée des
bolcheviks au pouvoir. Elle aurait été brisée en plusieurs morceaux par
les protectorats britannique, français, américain, japonais. Et cela
n’est pas seulement un « point de vue ». C’est une déduction sur la base
des faits historiques. Le Parti communiste reste ferme sur cette
position.
On rencontre aujourd’hui des gens en Russie qui n’ont à la bouche que
des malédictions à l’égard des bolcheviks et du régime soviétique.
Cependant, ce n’est pas le cas général. Le peuple russe pour la plupart a
un jugement positif sur les événements d’Octobre 1917, sachant très
bien qu’ils étaient bons pour le pays. Ce que confirment un grand nombre
de sondages de ces vingt dernières années.
La fracture concernant le passé soviétique dans notre pays est entre
le peuple d’un côté et « l’élite » pro-occidentale de l’autre. C’est
cette « élite » qui essaye justement de dénigrer, de diffamer les plus
grands jalons de notre passé. Dans la propagande russe moderne, des
forces considérables sont consacrées à la falsification de l’histoire
soviétique. Malheureusement, les cercles libéraux continuent d’occuper
des postes influents dans la politique, l’économie, l’information et la
sphère culturelle. Ils mènent une campagne antisoviétique enragée et
rêvent de jeter de leur piédestal les figures historiques
exceptionnelles de Lénine et de Staline. Ils attentent même à notre
victoire, la mémoire sacrée de la Grande Guerre patriotique.
Le Parti communiste repousse activement ces attaques perfides, défend
la vérité et la justice. Maintenant, notre parti se prépare pour le 100ème
anniversaire de la Grande Révolution d’Octobre. L’an dernier, nous
avons organisé à ce sujet deux plénums du Comité central. Il est prévu
une série d’événements commémoratifs, y compris internationaux.
Soulignant l’importance de la Grande Révolution d’Octobre, le Parti
communiste insiste sur la nature non aléatoire, non fortuit de la
révolution socialiste en Russie. Longtemps avant Octobre 1917, Lénine
avait démontré son caractère inéluctable. Développant de manière
créative la théorie marxiste, il a analysé la transition vers un stade
supérieur du capitalisme – l’impérialisme. Les caractéristiques
principales de cette nouvelle étape sont : l’émergence de monopoles, la
formation du capital financier, l’achèvement de la division coloniale du
monde. Dans cette configuration la concurrence capitaliste perdure et
donne lieu à un développement inégal dans les différents pays.
Sur cette base, Lénine fait une autre conclusion : l’émergence de
maillons faibles de la chaîne capitaliste. C’est là que la chaîne
capitaliste peut être brisée. La révolution socialiste peut d’abord
gagner dans quelques pays ou même dans un seul pays.
Une analyse approfondie a convaincu Lénine que le maillon le plus
faible dans la chaîne de l’impérialisme était l’Empire russe. Notre pays
était un enchevêtrement de contradictions aiguës entre le prolétariat
et la bourgeoisie, entre la bourgeoisie et la superstructure féodale
tsariste, entre les propriétaires fonciers et les paysans. Le fossé se
creusait au sein de la paysannerie. La question agraire et la question
des nationalités réclamaient une solution urgente.
La Première Guerre mondiale a exacerbé à un point extrême la pauvreté
et la détresse des classes opprimées. En Russie, il y avait une
situation révolutionnaire. Les conditions objectives de la révolution se
sont trouvées réunies avec les actions de masse de la classe
d’avant-garde. Ses meilleurs représentants se sont organisés en un parti
politique – le parti des bolcheviks. Prenant ses débuts avec « Iskra »
(l’Etincelle), le bolchevisme de Lénine a trouvé une forme
institutionnalisée au IIème Congrès du POSDR en 1903. Déjà au cours de
la première révolution russe, il a confirmé dans la pratique la justesse
de sa ligne.
En Octobre 1917, le parti de Lénine a remporté un fort soutien
de tous les travailleurs de Russie. Les bolcheviks ont pu entendre,
comprendre et exprimer le langage politique des aspirations profondes du
peuple. Le pays tout entier a entendu leurs slogans : « La Paix – aux peuples ! », « La Terre – aux paysans ! », « Les usines – aux travailleurs ! », « Le Pain – à ceux qui ont faim ! », « Le Pouvoir – aux Soviets ! ». Le succès de la première révolution socialiste du monde était garanti.
Ainsi, l’une des réalisations les plus importantes de Lénine est
qu’il a évalué précisément le moment historique pour l’accomplissement
d’une révolution socialiste victorieuse en Russie. Avant cela, l’arène
principale de la lutte pour le socialisme se trouvait en Europe
occidentale. Mais sur la base des conclusions de l’ouvrage « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme »,
Lénine a brillamment prédit le transfert du centre du mouvement
révolutionnaire en Russie. Et il avait raison ! La révolution socialiste
dans notre pays a gagné.
Toutefois, il était nécessaire non seulement de prendre le pouvoir,
mais aussi de le garder. Contre la jeune République soviétique, 14 pays
ont pris les armes. Sur la base de la contre-révolution interne, ils ont
commencé à déchirer la Russie du dehors. La bourgeoisie russe et les
propriétaires fonciers vendaient à gauche et à droite les intérêts
nationaux. C’est la résistance et la volonté du Parti bolchevik,
s’appuyant sur les masses populaires, qui a sauvé notre pays de la
destruction.
Quand les envahisseurs et leurs complices ont été expulsés, une
autre tâche est apparue, pas moins difficile : assurer la construction
d’une nouvelle vie. Au début de 1921, la Russie soviétique était
dans une situation désespérée. Le pays avait été dévasté par deux
guerres : la Première Guerre mondiale et la Guerre civile. La production
industrielle avait chuté de près de cinq fois. Le volume de la
production agricole avait été divisé par deux. Les victimes de la
guerre, de la famine, des épidémies constituaient pas moins de 25
millions de personnes.
Aujourd’hui, on ne peut qu’admirer la sagesse des bolcheviks, qui, en
quelques années, ont essayé plusieurs options pour la politique – du
communisme de guerre à la nouvelle politique économique et au plan
d’électrification. Dans les années 1922-1929, juste avant le premier
plan quinquennal, plus de 2.000 grandes entreprises industrielles ont
été construites. Sur le plan économique, le pays a atteint le niveau de
1913.
Mais une nouvelle guerre mondiale se préparait. Dans ces
circonstances, il fallut faire un énorme bond en avant, pour créer des
secteurs entiers de l’économie. Sans cela, la survie de l’Union soviétique
n’aurait pas été possible. Au cours des 10 ans qui ont précédé la
guerre, nous avons été capables de parcourir le chemin accompli par
l’Europe en un siècle. 9.000 nouvelles entreprises ont été construites.
Notre pays à moitié illettré a appris à lire et à écrire, et est devenu
le meilleur dans le domaine des sciences. Sans cela, il n’y aurait pas
eu la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Et par conséquent, on
ne peut séparer l’une de l’autre ces deux grandes dates : 1945 et 1917.
Ces deux événements sont des étapes étroitement liées entre elles dans
la voie socialiste.
Les réalisations exceptionnelles des bolcheviks ne se sont pas
exprimées seulement sur le terrain économique. Elles ont mis fin à
l’oppression nationale et créé une communauté unique – le peuple
soviétique. La construction du socialisme a été l’œuvre de toutes les
nationalités de l’URSS.
La Révolution d’Octobre n’avait pas qu’une dimension russe. C’est un
événement universel. Pour le dixième anniversaire d’Octobre, Staline a
écrit, « on ne peut pas considérer la Révolution d’Octobre seulement
comme une révolution dans des limites nationales. C’est, avant tout une
révolution à l’échelle mondiale, internationale, car elle signifie un
tournant radical dans l’histoire mondiale de l’humanité, un passage de
l’ancien monde, capitaliste, au nouveau monde socialiste. ».
La première victoire du socialisme sur la planète a eu une influence
décisive sur le processus historique mondial. Un exemple a été donné,
qui a été suivi dans de nombreux pays. Le mouvement de libération
nationale des peuples opprimés a reçu une impulsion extrêmement
puissante. Leur libération de l’esclavage colonial a été rendue
possible.
Pour le peuple chinois, les idées d’Octobre ont été d’une importance considérable.
En 1918, le leader du mouvement révolutionnaire démocratique chinois
Sun Yat-sen a envoyé un télégramme à Lénine et au gouvernement
soviétique, dans laquelle il souhaitait un plein succès à la Russie
soviétique et exprimait l’espoir que « les partis révolutionnaires de Chine et la Russie se réunissent pour une lutte commune ».
Je suis tombé récemment sur un document historique très intéressant :
la Proclamation du Conseil des commissaires du peuple de la RSFSR au
peuple chinois datée du 25 Juillet 1919. Elle confirme le rejet complet
par le pouvoir soviétique des droits et privilèges spéciaux obtenus par
le gouvernement tsariste en Chine à la suite des traités inégaux. Dans
l’histoire chinoise, il n’y a pas d’autre cas où des étrangers ont
renoncé volontairement à leurs avantages. Le document, en particulier,
déclare : « Si les Chinois veulent devenir, comme les Russes, un
peuple libre… ils doivent comprendre que leur seul allié et frère dans
la lutte pour la liberté, ce sont les travailleurs et les paysans russes
et leur Armée rouge. ».
Le 1 juillet 1921 à Shanghai a été créé le Parti communiste chinois,
inspiré par l’héritage révolutionnaire de la Grande Révolution
d’Octobre. C’était un parti politique de la classe ouvrière chinoise,
basé sur les principes du marxisme-léninisme. Le PCC a dû suivre une
voie extrêmement difficile. Mais ses efforts ont été couronnés de
succès. Le parti a su se mettre à la tête des forces progressistes du
pays. Il a conduit à la victoire de la révolution anti-impérialiste et
antiféodale en Chine, posant les bases de tous les progrès et
réalisations modernes de la Chine.
Je voudrais rappeler les paroles de Mao Zedong, « Les salves de la
Révolution d’Octobre nous ont apporté le marxisme-léninisme. La
Révolution d’Octobre a aidé les gens progressistes du monde, y compris
en Chine, à reconsidérer leurs problèmes, appliquant l’idéologie
prolétarienne pour déterminer le sort de leur pays ». Les
communistes chinois ont réussi, de même que les bolcheviks russes, à
unir leur pays et à l’amener sur une trajectoire allant résolument en
avant.
Ainsi, la Grande Révolution d’Octobre, les idées de Lénine et de
Staline ne sont pas la propriété des seuls Russes. Elles appartiennent à
l’humanité tout entière. Elles appartiennent à la Chine, qui sous la
direction du Parti communiste fait la démonstration au monde entier des
merveilles de son développement socio-économique.
– Comment, avec le recul, évaluez-vous le rôle de figures historiques comme Lénine, Staline, Gorbatchev ?
– La vie socio-politique de la Russie moderne montre clairement un
affrontement de deux principes idéologiques, un principe créateur et un
principe destructeur. Chacun d’entre eux est associé dans l’esprit des
citoyens du pays à l’activité de divers personnages historiques.
Les noms de Lénine et de Staline sont associés à tous les succès les
plus importants de notre pays au XXème siècle. Sous la bannière de la
Grande Révolution d’Octobre a été créé le premier État socialiste au
monde, ont été transformées toutes les sphères de la vie dans la société
soviétique, a été remportée la victoire sur le fascisme allemand dans
la guerre la plus terrible qui soit, a été défait le militarisme
japonais, a été rapidement rétablie l’économie nationale. Ensuite, nous
avons créé la parité nucléaire avec les États-Unis et nous fumes les
premiers à sortir dans l’espace. Tout cela et plus encore fut la
conséquence directe de la Révolution accomplie en Octobre 1917.
Lénine et Staline étaient les fondateurs de notre parti et de l’État
soviétique. Mais leurs personnages ne doivent en aucun cas être
considérés comme des pièces de musée d’une époque révolue. Ils doivent
nous inspirer dans notre vie, dans notre lutte et notre travail
quotidien. Leur héritage doit être étudié, et leurs idées être mises en
pratique et développées.
En réponse à ceux qui tentent de discréditer les noms de ces grands hommes, voici deux citations. La première : « Je
respecte en Lénine un homme, qui avec une abnégation complète a donné
toutes ses force à la mise en œuvre de la justice sociale… Les gens
comme lui sont les gardiens et les rénovateurs de la conscience de
l’humanité ». La deuxième citation se rapporte à Staline : « Personnellement, je ne ressens rien d’autre que la plus grande admiration pour ce grand homme, le père de son pays… ».
A qui appartiennent ces déclarations ? – demandez-vous. L’auteur de
la première est Albert Einstein – l’un des esprits les plus profonds
dans l’histoire du monde. La seconde appartient à Winston Churchill, qui
détestait le socialisme, mais qui a trouvé le courage de reconnaître la
grandeur des réalisations de Staline. A tous les Pygmées, qui tentent
de noircir les noms des géants – Lénine et Staline, je vous conseille de
mémoriser les lignes citées ci-dessus.
Vladimir Lénine fut un homme d’État à nul autre pareil. Il a réussi à
créer un parti qui a pris sur lui de construire le premier État
socialiste du monde. Il a grandi dans une famille heureuse, était
entouré par l’amour et la prospérité, a brillamment achevé ses études à
l’école secondaire. Il aurait pu mener une vie tranquille et heureuse.
Mais Lénine s’est consacré à la lutte pour la justice et les intérêts
des travailleurs. Il a créé un état où les valeurs principales étaient
l’humanisme, le travail, la justice, où les représentants de chaque
nation, grandes et petites, sentaient la confiance dans l’avenir.
Aujourd’hui on trouve les œuvres complètes de Lénine dans toute
bibliothèque sérieuse à travers le monde. Ses écrits ont été traduits
dans presque toutes les langues. Je dis souvent à nos adversaires :
Donnez-moi un second exemple d’un tel génie, penseur, homme politique,
homme d’État. Il n’y a pas de tels exemples !
Deux des crises les plus aiguës du capitalisme ont entraîné deux
guerres mondiales. Notre pays s’est trouvé au centre de ces événements.
Depuis la première il a été tiré par la Grande Révolution d’Octobre
dirigée par Lénine, de la seconde par la Grande Victoire dirigée par
Staline.
L’URSS sous la direction de Staline se hissa en quelques années au
rang des trois premières nations les plus puissantes du monde. Un
système a été mis en place qui a rendu possible la victoire sur le
fascisme. Les éléments de ce système étaient le développement de
l’économie, la capacité de combat de l’Armée rouge, et l’école
soviétique, qui a formé des combattants courageux, intelligents et
audacieux. Hitler a conquis toute l’Europe continentale, avec ses
usines, ses ports, ses aérodromes, mais il s’est cassé les dents sur
l’héroïsme de notre peuple, la puissance scientifique et technique de
l’Union soviétique.
Le talent de chef militaire de Staline est reconnu par tous ceux qui
ont travaillé avec lui pendant la guerre : Joukov, Rokossovsky, Koniev,
Vassilevsky et d’autres. En tant que commandant en chef, il connaissait
la situation opérationnelle et a dirigé le travail de toutes les
opérations offensives majeures.
Staline comprenait que seul un puissant bloc de pays socialistes
pourrait résister à l’agression du capital mondial. Le rôle principal
dans sa création après la Seconde Guerre mondiale revint à l’URSS et à
la Chine. L’Union soviétique fut le premier pays au monde à reconnaître
la République populaire de Chine. C’était le 2 octobre 1949 – le
lendemain de la proclamation de la République populaire de Chine.
Quelques mois plus tard, en février 1950, a été signé par le traité
sino-soviétique d’amitié, alliance et assistance mutuelle. La direction
de Staline a tendu au peuple chinois une main fraternelle pour la
construction de l’État, l’armée, la formation de spécialistes.
L’alliance stratégique de Moscou et Pékin est devenue une véritable
menace pour l’hégémonie des États-Unis d’Amérique.
Quant à Gorbatchev, il ne mérite pas même la simple mention de son
nom à côté de Lénine et de Staline. Gorbatchev, Yakovlev, Chevardnadze,
Yeltsine et leurs complices ont commis le crime le plus grave devant
leur peuple et l’humanité tout entière – ils ont détruit l’Union
soviétique. Ils ont ouvertement bafoué les résultats du référendum de
mars 1991. Alors que la grande majorité des participants avaient voté
pour le maintien de l’Union soviétique.
Il faut se rappeler que l’URSS était une civilisation entière : 190
nations et nationalités, 40 religions et confessions religieuses, 10
fuseaux horaires, presque toutes les zones climatiques. Il n’existait
pas au monde de formation étatico-politique plus sophistiquée. Ignorant
tout cela, Gorbatchev par ses actions a miné l’unité nationale et les
fondements de l’État.
En conséquence, l’Union soviétique a été détruite. Le pays a connu la honte des « folles années quatre-vingt-dix ».
Plus de 80.000 entreprises ont été détruites. L’un après l’autre des
conflits sanglants ont éclaté. Leurs victimes se comptent en centaines
de milliers de personnes, et il y eut 9 millions de réfugiés. Donc,
aujourd’hui, quand Gorbatchev parle de la restauration du capitalisme en
Russie sans effusion de sang, cela suscite seulement la colère et le
ressentiment. Il suffit de regarder les événements où sont plongés
aujourd’hui nos frères ukrainiens. Le chaos, l’effusion de sang,
l’appauvrissement des masses – voilà ce qui se passe là-bas ces
dernières années. Et c’est une des conséquences directes de la trahison
de Gorbatchev.
Le nom de Gorbatchev en Russie aujourd’hui est perçu comme un
synonyme de trahison nationale, comme un symbole de trahison de la cause
socialiste et de mépris des intérêts des travailleurs. Avec ce nom sont
fermement associés des événements de notre histoire récente, comme la
négligence de l’exploit du peuple soviétique, l’humiliation devant les
États-Unis, l’acceptation des politiques néocoloniales de l’Occident.
Dans l’esprit populaire la « perestroïka » de Gorbatchev est perçue
comme toute une série de défaites et de crimes. Dans ses documents
politiques, le Parti communiste a donné une évaluation objective des
activités destructrices de cette girouette.
– Après l’effondrement de l’Union soviétique et l’interdiction du PCUS, le mouvement communiste en Russie a connu des moments difficiles. Comment vous et vos collègues avez-vous réussi à préserver la dignité, la loyauté envers les idéaux, à surmonter toutes les difficultés et recréer le Parti communiste ?
– L’époque était vraiment difficile. La contre-révolution bourgeoise
et la destruction de l’Union soviétique furent une épreuve pour notre
pays, et pour le mouvement communiste international.
Des millions de citoyens soviétiques ne pouvaient imaginer dans leur
pire cauchemar que la direction du parti et du pays allaient les emmener
sur la route de la trahison, de la destruction de l’État. Tout cela a
semé une certaine confusion dans les rangs des communistes et de leurs
partisans. Mais, en dépit de la trahison de la direction du parti,
beaucoup sont restés fidèles à leurs idéaux. Les communistes russes
n’ont pas permis l’enterrement de la cause du socialisme dans notre
pays. Ils ont recréé le Parti communiste, ils se sont engagés
courageusement sur le chemin de la lutte pour la renaissance de la
patrie socialiste.
Permettez-moi de vous rappeler que, dans la période d’août à novembre
1991, les nouvelles autorités russes « démocratiques » ont d’abord
suspendu puis interdit les activités du PCUS et de son organisation en
Russie, le Parti communiste de la RSFSR. La propriété du parti a été
confisquée. À une époque où tout à coup, avaient apparemment disparu les
repères idéologiques, et même moraux, de nombreux membres du parti
interdit étaient démoralisés. Il y en a même eu qui ont pris part à la
« croisade » contre le socialisme. Le pays a mis en place une campagne
féroce pour discréditer le parti et les idées communistes. En Russie on a
monté « l’affaire du PCUS ». Des tentatives ont été faites pour
organiser un procès contre ce parti et cette idéologie qui avaient
conduit le peuple soviétique à la victoire sur le fascisme.
A cette époque, la « thérapie de choc » du gouvernement de Gaïdar a
fortement augmenté la tension sociale dans le pays. En quelques
semaines, la plupart de nos citoyens sont tombés dans la misère. La
colère du peuple s’est déversée dans les rues. Et là, le nouveau
gouvernement, prétendument « démocratique », s’est révélé dans toute sa
splendeur. Yeltsine et ses acolytes ont eu recours à maintes reprises à
la force brute.
Ainsi, le 23 février 1992, anniversaire de l’armée soviétique, la
manifestation des patriotes de gauche a été matraquée en plein centre de
Moscou. Plus tard l’usage de la force contre les citoyens manifestant
pacifiquement s’est répété régulièrement. Le point culminant de cette
confrontation a été l’attaque du Soviet suprême élu par le peuple de la
RSFSR et le massacre de ses partisans en septembre-octobre 1993.
Pour moi, il est évident que l’exigence de justice sociale dans la
société russe était très forte. Mais au cours des manifestations de
1992-1993, il manquait clairement un noyau organisateur. L’objectif
principal dans ces circonstances était de faire revivre le Parti
communiste, force politique des masses ouvrières. Le travail pour sa
reconstruction s’est poursuivi sans relâche, malgré la forte pression
politique, psychologique et administrative. Devant la Cour
constitutionnelle, nous avons été en mesure de contester le décret
Yeltsine interdisant les activités du parti.
Les 13-14 février 1993, s’est tenu le IIème Congrès extraordinaire
des communistes russes. Après une interdiction de presque un an et demi,
il a annoncé la reprise des activités du parti, qui a pris le nom de
Parti communiste de la Fédération de Russie. En mars de la même année,
le Parti communiste a été officiellement enregistré auprès du ministère
de la Justice de la Russie. Après de dures épreuves, non seulement le
parti a été officiellement relancé, mais est également devenu une force
d’opposition de premier plan dans le pays.
Bien sûr, la voie n’a pas été facile. Nous devions travailler dans
des conditions spéciales. Nous avons pleinement vécu la tyrannie de la
machine répressive de Yeltsine et l’orgie médiatique « démocratique ».
Nos militants ont connu des tentatives de corruption et des menaces.
Souvent leurs familles ont subi des pressions. Mais nos camarades ont
résisté avec honneur. Et dans ces conditions difficiles, l’exemple de la
Chine socialiste – sa montée en puissance rapidement et ses succès –
fut très important pour nous.
En décembre 1993, le Parti communiste à peine reconstitué a remporté
12% dans les premières élections à la Douma d’État. C’était seulement
deux mois après l’attaque contre le Soviet suprême dans les jours
« d’Octobre noir ». Beaucoup de gens craignaient ouvertement des
représailles du régime Yeltsine. Mener la campagne sous la bannière du
Parti communiste après le tir des chars dans le centre de Moscou était
un acte qui exigeait du courage. Et les gens qui sont venus au Parti
communiste, en ont donné la pleine mesure.
Aux élections à la Douma deux ans plus tard, nous obtenions déjà 22%
des votes. Et à l’élection présidentielle nous avons combattu Yeltsine à
armes égales en 1996. Le principal mérite en revient aux militants de
base du Parti communiste, qui étaient prêts à travailler dans des
conditions extrêmement difficiles. Ils ont fait renaître notre parti à
travers le pays –il y a des cellules dans les coins les plus reculés de
la Russie. Quand quelqu’un soulève la question de « l’or du parti », je
réponds avec assurance qu’il y a vraiment là de l’or. Ce sont ces gens
exceptionnels – nos compagnons de combat.
– Quelle est aujourd’hui l’influence du Parti communiste en Russie ? Combien d’adhérents ? Quels sont les objectifs que vous vous fixez dans les prochaines élections à la Douma d’État ?
– Prenant sa source dans le Parti bolchevik fondé par Lénine, le
Parti communiste a toujours défendu les droits des travailleurs salariés
et les intérêts nationaux de la Russie. Depuis un quart de siècle,
notre parti se bat contre la restauration capitaliste, utilisant à la
fois la tribune parlementaire, et le travail parmi les masses. Notre
objectif stratégique est de construire en Russie un socialisme
renouvelé, le socialisme du XXIème siècle.
Malgré la pression administrative et la propagande anti-communiste
constante, nous conservons la place de principal parti d’opposition.
Contrairement aux autres partis russes, le Parti communiste a une
structure ramifiée de ses organisations à travers le pays. Seul le parti
« Russie unie » peut se mesurer à nous. Le Parti communiste possède 81
fédérations régionales, plus de deux mille sections locales et près de
14.000 cellules de base.
Dans les rangs du parti, il y a plus de 160.000 membres. Je note pour
le lecteur chinois que, à la veille de la Grande Révolution socialiste
d’Octobre, le Parti bolchevik avait environ 40.000 membres.
Aujourd’hui, nous ne pouvons que nous réjouir que les rangs du Parti
communiste acceptent beaucoup de jeunes. Pour augmenter le niveau de
formation des jeunes communistes a été créé le Centre d’étude politique
du Comité central du Parti communiste. Depuis près de trois ans, il a
formé plus de 600 de nos jeunes camarades. Ce sont eux qui constituent
la réserve de cadres du parti.
Mais la puissance du Parti communiste ne s’arrête pas là. Le Parti
communiste a des millions de sympathisants dans différentes tranches
d’âge et groupes professionnels. Auprès des communistes fonctionnent la
Ligue de la Jeunesse Communiste Léniniste, « l’Union des Femmes
russes-Espoir de la Russie », un certain nombre de syndicats
indépendants et les organisations d’anciens combattants et de nombreuses
organisations patriotiques de gauche. Tous ensemble, ils forment un
réseau de propagande inégalé.
Des groupes parlementaires et d’élus du Parti communiste fonctionnent
dans la majorité des régions, districts et municipalités. Des
représentants du parti – Potomsky et Levtchenko – dirigent les régions
d’Orel et Irkoutsk. Le premier d’entre eux est situé au cœur du
tchernoziom russe, et le second est la porte d’entrée de la Russie vers
la Chine et la Mongolie, possède une industrie développée et de vastes
ressources naturelles. Le communiste Lokot a été élu maire de la
troisième plus grande ville en Russie – Novossibirsk. Malgré la crise
économique, nos représentants dans les organes exécutifs obtiennent de
grands succès.
Des élections se tiendront le 18 septembre à la chambre basse du
parlement russe – la Douma d’Etat. Nous allons à ces élections avec une
solide équipe de professionnels. Le Parti communiste a mis au point un
programme de développement du pays qui garantit la sortie de la crise
économique et sociale. Ce programme, nous allons faire tout notre
possible pour le faire parvenir à chaque électeur, jusqu’au fin fond des
campagnes.
Le Parti communiste n’a pas seulement l’ambition de conserver son
statut de principale force d’opposition en Russie. Je crois que la
prochaine élection est l’occasion pour toutes les forces
nationales-patriotiques de s’unir autour d’un programme de relance à
grande échelle de notre pays. Nous voulons obtenir un tel résultat, qui
nous permettra de mettre en œuvre notre programme anti-crise. Pour ce
faire, il faut atteindre un nouvel équilibre des forces dans la Douma
d’État, afin de former un gouvernement de confiance nationale.
À cet égard, un bon exemple dans l’histoire moderne de la Russie est
le gouvernement Primakov-Maslyukov créé sur notre initiative. En un
temps record, il a réussi à surmonter les conséquences désastreuses du
défaut de 1998. Aujourd’hui, il est urgent de constituer un gouvernement
de centre-gauche, qui mette en pratique le programme de sortie du pays
de la crise. Notre programme anti-crise implique la restauration de la
souveraineté économique de la Russie, pour qu’elle échappe au contrôle
du grand capital occidental. Dans le même temps, nous cherchons à
renforcer les relations économiques extérieures en direction de l’est. À
notre avis, cela va contribuer au développement des régions éloignées
de la Russie et servira de bonne base pour un rapprochement avec la
Chine – notre partenaire stratégique.
– Le Parti communiste est un parti d’opposition. Vous critiquez vivement de nombreux aspects de la politique intérieure, mais soutenez la politique étrangère. Comme avez-vous construit vos relations personnelles avec le président russe Vladimir Poutine ?
– Tout d’abord je tiens à préciser un point. Nous ne critiquons pas
des aspects ponctuels des politiques socio-économiques libérales du
gouvernement Medvedev. Nous rejetons ce cours entièrement. Nous estimons
qu’il a mené le pays dans une impasse et sa continuation est lourde de
graves conséquences pour la Russie. Le bloc économique du gouvernement
défend en réalité des intérêts non nationaux, et sert de courroie de
transmission à une influence occidentale destructrice.
Cette politique libérale entre aujourd’hui en conflit avec la
politique étrangère active de la Russie. Notre pays doit défendre ses
intérêts, à l’heure où l’Occident dirigé par les États-Unis tente
d’isoler la Russie et provoque des tensions sur nos frontières. La Chine
connaît, par exemple, une situation semblable en mer de Chine du Sud,
où des navires de la Septième Flotte US viennent faire de la
provocation. Au même moment, leur Sixième Flotte viole effrontément la
Convention de Montreux, essayant de s’installer en Mer Noire au large
des côtes russes. Quant à l’Europe de l’Est, les colonnes blindées de
l’OTAN y organisent régulièrement leurs marches de démonstration.
Le Parti communiste en général approuve les efforts de notre service
diplomatique, qui tente de contrecarrer la politique étrangère
américaine aventureuse. Mais en même temps, notre parti comprend que
pour lutter efficacement contre l’agression de l’impérialisme il faut
des arrières solides. Ce qui était le cas de l’Union soviétique au cours
de la lutte contre le fascisme allemand et le militarisme japonais.
Sans changement décisif de la politique socio-économique, il sera
difficile de compter sur le succès de la politique étrangère.
Les communistes russes croient que la politique libérale du
gouvernement actuel ne reflète pas les aspirations des masses :
ouvriers, paysans, intellectuels, petites et moyennes entreprises,
jeunes et retraités. La politique financière et économique libérale ne
cesse de détruire le complexe économique du pays, établit le droit des
oligarques à décider du sort de la Russie, le met dans une dépendance
économique vis-à-vis de l’Ouest. Nous pensons que cette ligne est en
profonde contradiction avec la politique étrangère effectuée par le
président Poutine. Elle implique la protection des intérêts nationaux de
la Russie et l’opposition à l’hégémonie américaine dans le monde.
Avec Poutine, j’ai noué des relations de travail solides et sereines.
Cependant, le Parti communiste souligne constamment le fait que les
activités du pouvoir central en Russie sont pleines de contradictions.
Le cours socio-économique actuel, nous n’en sommes absolument pas
satisfaits. Tout cela fait partie des mêmes politiques de Yeltsin-Gaïdar
des années 1990. Elles sont inacceptables pour nous, de même que la
propagande antisoviétique débridée.
En d’autres termes, la direction de la Russie n’est pas homogène.
Elle se compose de forces divergentes. Dans le cadre de cet équilibre
complexe, le Parti communiste cherche à obtenir que les tendances patriotiques prennent le dessus. C’est ce que visent mes rencontres personnelles avec Poutine et avec les membres du gouvernement actuel.
– Vous avez été à plusieurs reprises en Chine et avez rencontré le président chinois Xi Jinping. Comment évaluez-vous la nature des relations entre le Parti communiste russe et le Parti communiste chinois ?
– Vous avez absolument raison de noter le caractère long et durable
de notre relation avec le Parti communiste chinois. Avec le camarade Xi
Jinping, nous avons fait connaissance avant qu’il devienne président de
la République populaire de Chine. Même alors, j’ai remarqué son
ouverture d’esprit, son approche réfléchie et sobre des questions les
plus complexes de la politique, de l’économie, de la sphère idéologique.
Xi Jinping fait partie des hommes d’Etat les plus influents de l’ère
moderne. Ces personnes ne sont pas seulement en mesure de comprendre le
contenu de l’étape actuelle du développement humain, mais aussi de
prédire la direction de ce développement. Il cherche à profiter de
l’occasion historique au nom de la stabilité et de la prospérité de la
Chine, pour la réalisation du rêve de la Chine d’un monde harmonieux.
Les communistes russes ont depuis longtemps des liens fraternels avec
leurs camarades chinois. Nous sommes liés par les années de lutte
contre l’impérialisme dans les conditions de la clandestinité, le
triomphe de la Grande Révolution d’Octobre, les activités conjointes du
Komintern, la protection de la liberté et de l’indépendance de nos
nations au cours de la Seconde Guerre mondiale, la relance économique et
culturelle d’après-guerre. Aujourd’hui, nous sommes unis dans le rejet
catégorique de la domination américaine dans le monde. Dans un effort
pour construire un ordre mondial juste, le Parti communiste russe et le
PCC renforcent activement les sympathies réciproques des citoyens des
deux pays, consolidant ainsi l’amitié entre la Chine et la Russie.
Les relations entre le Parti communiste russe et le PCC ont le
caractère d’un partenariat stratégique fort. Dès les années 1990 a été
signé entre les deux partis un accord de coopération. Il est renouvelé
régulièrement, et la relation entre nos deux partis concerne toujours
plus de domaines. De jeunes dirigeants de notre Parti se rendent
régulièrement en Chine pour y suivre une formation. Ils se familiarisent
avec l’expérience unique de la Chine afin d’appliquer ces connaissances
dans leur pays d’origine. Nos partis échangent en permanence des
informations pour développer une vision commune sur les questions les
plus importantes de l’ordre du jour, tant bilatérales
qu’internationales.
Aujourd’hui, les relations entre les deux partis entrent dans une
nouvelle étape. Nous avons signé un Mémorandum de coopération
interpartis. Nous développons les échanges de délégations. Le Parti
communiste russe étudie attentivement les meilleures pratiques du PCC
dans le domaine de l’économie, des programmes sociaux et humanitaires,
dans le domaine de la construction du parti. Les communistes russes
diffusent largement les succès et les réalisations de la Chine parmi les
citoyens russes. Le journal « Pravda », la chaîne du Parti communiste
« Ligne rouge », nos autres sites couvrent régulièrement la vie de la
République populaire de Chine.
Le Parti communiste et le PCC considèrent comme inacceptables les
tentatives de falsifier l’histoire, en particulier la Seconde Guerre
mondiale et ses résultats. Un symbole de la proximité de nos pays a été
le 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand et le
militarisme japonais. Les troupes chinoises ont pris part à la parade du
9 mai sur la Place Rouge, et le grand défilé du 3 septembre à Pékin a
été marqué par la présence des dirigeants russes.
Quelques jours plus tard, le 26 septembre à Khabarovsk, se sont
déroulés des événements festifs, organisés par le Parti communiste russe
et le Parti communiste de Chine. Ensemble, nous avons tenu une
conférence « 70 ans de la Victoire commune. Contribution historique
et rôle de l’Union soviétique et de la Chine lors de la Seconde Guerre
mondiale contre le fascisme ». Après son achèvement, des artistes
chinois et russes ont donné un magnifique concert. Nous avons accueilli
une importante délégation du Comité central du PCC, dirigé par le membre
du Politburo, secrétaire du Comité central du Parti, le camarade Liu
Qibao.
Je suis convaincu que ces activités doivent être poursuivies sur une
base régulière. En général, nous sommes prêts à développer davantage le
riche potentiel de coopération entre nos deux partis, y compris dans
l’intérêt des relations bilatérales entre la Russie et la Chine.
– Aujourd’hui, de nombreux experts occidentaux prédisent à l’économie chinoise un « atterrissage brutal ». Que pensez-vous de ce genre de prévisions ? Quelles sont, à votre avis, les perspectives de la construction de la « société de prospérité moyenne » de la Chine ?
– Vous savez, nous ne pouvons que sourire quand certains « experts de
canapé » se réjouissent de la « crise en Chine ». Il est nécessaire de
bien connaître la situation réelle. La croissance de l’économie de la
Chine a été de 7% l’an dernier, alors que dans l’UE c’est moins de 2% et
aux Etats-Unis – un peu plus de 2%, et en Russie on a une croissance
négative. Donc, clamer sur les toits l’effondrement à venir de
l’économie de la Chine, est pour ne pas dire plus, ridicule. Bien sûr,
en raison de la crise mondiale, la Chine connaît quelques difficultés,
mais je suis sûr qu’elles ne sont que temporaires, ce sont des
« maladies de croissance ».
Je pense que la Chine a toutes les raisons d’avoir confiance dans un
avenir meilleur. Les communistes chinois ont soigneusement étudié
l’expérience de notre pays, y compris l’époque de Gorbatchev avec sa
« perestroïka » et l’effondrement de l’URSS. Le PCC essaie de ne pas
répéter les erreurs commises par nous. Pour ce qui concerne l’économie
en Chine, elle est considérée comme un système très complexe qui ne
permet pas le volontarisme et l’aventurisme. Toutes les étapes sont
prises après une analyse approfondie des conséquences possibles. Il est
possible d’assurer la continuité et la puissance, et les réformes sans
se jeter dans les extrêmes.
Les communistes de Chine ont combiné le marxisme-léninisme avec le
socialisme aux caractéristiques chinoises, la réglementation
gouvernementale et les opportunités du marché. Contrairement aux
libéraux russes, les dirigeants chinois ne comptent pas sur
l’omnipotence de la « main invisible du marché ». Ils ont trouvé un
rapport maîtrisé entre des formes de propriété, État, collective et la
propriété privée, sans supprimer le contrôle de l’État dans l’une
quelconque de ces zones.
Il convient de souligner que l’économie de la Chine n’est pas basée
sur les matières premières. On observe une croissance rapide des
machines-outils, des avions, de l’automobile. Le système éducatif
chinois est aussi en plein développement. Il n’est pas surprenant qu’en
seulement deux décennies, la Chine soit passée d’un pays à prédominance
agraire au rôle de locomotive de l’économie mondiale. Le niveau de vie
augmente. Les garanties sociales s’améliorent. Le système de retraites
se développe. On assiste à des réalisations fantastiques dans le domaine
culturel et spirituel. L’Empire céleste a accompli sa percée dans
l’espace, il obtient de grands succès dans la science et le sport.
Je me souviens bien de ma première visite à Shanghai il y a plus de
vingt ans. C’était une ville grande, mais pauvre, avec des rues et des
cabanes étroites. Maintenant, elle est devenue une gigantesque
métropole, avec des gratte-ciel magnifiques et un grand développement
des infrastructures urbaines. Qu’il suffise de dire que le nombre de
stations de métro se monte à près de 400 !
Et tout cela est le mérite direct du Parti communiste et du
gouvernement chinois. Voilà pourquoi je suis sûr que « l’atterrissage
brutal » de l’économie de la Chine n’est pas pour demain. Le peuple
chinois, sage et travailleur, continuera à suivre fermement la voie du
progrès socio-économique, culturel, scientifique et technologique, le
développement global du socialisme aux caractéristiques chinoises, la
construction d’une société modérément prospère.
À mon avis, parler « d’atterrissage brutal » n’a rien à voir avec des
prévisions. C’est plutôt le souhait et le but de certains. En effet,
Washington a beaucoup de mal à admettre l’affaiblissement de sa position
dominante dans l’économie et la politique mondiale. Et la Chine
repousse de plus en plus activement les Américains. Bien sûr, le capital
occidental va se battre pour maintenir sa domination. Il utilise, comme
nous l’avons vu, tous les moyens, y compris militaires. Toutefois, en
ce qui concerne la République populaire de Chine, ainsi que la Russie,
la pression militaire n’a pas beaucoup d’effet. Par conséquent, la
guerre économique et la propagande continueront d’être utilisées à
l’encontre de nos pays. Il est bien évident par exemple que le Traité
Trans-Pacifique créé par les États-Unis revêt un caractère anti-chinois
et anti-russe.
Il est très probable que les cercles dirigeants des États-Unis vont
essayer dans un avenir proche de renforcer leur politique anti-chinoise
de manière radicale. Et cette politique est bien connue. Elle crée
artificiellement des facteurs économiques externes défavorables pour la
Chine. Les États-Unis créent des blocs économiques fermés et imposent
des droits de douane élevés sur les importations de nombreux types de
produits chinois. Washington entrave l’investissement libre des
entreprises chinoises à l’étranger et essaye d’isoler la Chine de
sources étrangères de matières premières. Ces mesures franchement
hostiles envers le peuple chinois constituent la trame générale de la
politique des globalistes américains.
Dans ces conditions d’aggravation de la crise économique mondiale,
une base fiable pour le développement stable de l’économie chinoise peut
devenir l’autonomie, la demande intérieure, le développement accéléré
des régions de l’ouest du pays. Un rôle important peut être joué par la
ceinture économique du projet Route de la soie et le développement
accéléré des relations bilatérales avec les pays amis, y compris la
Russie.
La Chine et la Russie sont des partenaires stratégiques. Les
relations entre nos deux pays se développent sur une base d’égalité, en
tenant compte des intérêts et des engagements mutuels. Le potentiel de
coopération économique mutuellement bénéfique entre la Russie et la
Chine est très élevé. Nos intérêts géopolitiques ont un vecteur commun.
Dans le contexte de l’hégémonie américaine agressive, nous sommes
obligés de mener une politique étrangère coordonnée.
Les économies de nos deux pays sont dans une large mesure
complémentaire. En dépit d’une baisse temporaire du commerce bilatéral
l’an dernier, au début de l’année 2016 cette tendance négative a été
inversée. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a augmenté de
3,6%. Dans le même temps, les exportations chinoises vers la Russie ont
augmenté de 6,2%, tandis que les exportations russes vers la Chine – de
1,1%. Un approfondissement complet de nos relations peut être une étape
importante dans la formation d’un nouvel ordre mondial fondé sur les
principes de respect et de considération mutuelle des intérêts de tous
ses participants.
Bien sûr, nous ne pouvons pas dire que la Chine est exempte de
problèmes. Le gouvernement et le peuple chinois sont occupés à résoudre
les problèmes de corruption, les contradictions entre la ville et la
campagne, la pollution de l’environnement. Mais le mérite de la
direction chinoise est qu’elle ne détourne pas les yeux de ces problèmes
et cherche à les résoudre. À cet égard, je suis convaincu que le 13e
plan quinquennal récemment adopté par la Chine sera accompli avec
succès. Sera atteint également l’objectif principal du plan – la
création pour 2020 d’une « société de prospérité moyenne ».
Je crois que la Chine d’aujourd’hui a toutes les raisons d’être
optimiste quant à l’avenir. Je crois que pour le centenaire de la
formation du PCC, votre pays sera en mesure non seulement d’appliquer
pleinement toutes les décisions pour la construction d’une société
modérément prospère, mais aussi permettra d’atteindre de nouvelles
victoires spectaculaires dans le développement du socialisme aux
caractéristiques chinoises.
Nous, les communistes russes, suivons de près le développement de la
Chine, et nous réjouissons avec vous de toutes vos réalisations. Je
souhaite sincèrement au peuple chinois la plus grande réussite dans la
réalisation de ses objectifs !
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