Déclaration sur les élections américaines,
Comité exécutif central, Parti communiste du Canada, 9 novembre 2016
L'élection de Donald Trump marque un changement extrêmement dangereux qui
menace la paix, la démocratie et la souveraineté à l'extérieur des États-Unis,
et les droits civils et sociaux, ainsi que le droit à l’égalité aux États-Unis
mêmes. En tant que chef de facto d'un mouvement fasciste, Trump a été comparé à
Silvio Berlusconi, le dirigeant fasciste du parti italien Le peuple de la
liberté. Les Républicains contrôlent maintenant la Chambre des représentants,
le Sénat et le pouvoir exécutif, avec le pouvoir de faire des nominations
cruciales à la Cour suprême.
Nous assistons à la montée d'un mouvement politique d'extrême-droite
semblable à ceux que nous connaissons dans plusieurs pays européens, avec tout
le racisme violent, le sexisme, la xénophobie, l'islamophobie, l'homophobie, et
la transphobie qui les accompagnent. Le premier chef de parti de l’étranger à
avoir félicité Trump, lors de la soirée électorale, a été Marine Le Pen du
Front national, le parti d'extrême-droite de France.
Malgré les répudiations faites antérieurement par de nombreux et
d’importants dirigeants du parti, la plupart des électrices et des électeurs
républicains ont voté pour Trump. À la fin de la campagne, la plupart d'entre
elles et d’entre eux se sont ralliés à Trump et aux candidates et candidats
républicains au Congrès et au Sénat. Parmi les autres facteurs, on peut
mentionner le taux de participation relativement faible, les tactiques racistes
de suppression d’électrices et d’électeurs, le système de collège électoral qui
a permis à Trump de gagner en dépit d’une part moindre en sa faveur du vote
populaire, ainsi que la vaste étendue des vues misogynes et sexistes existant
aux États-Unis.
Mais la victoire de Trump tient également à l'incapacité de la campagne
d’Hillary Clinton de maintenir ensemble la vaste coalition des forces qui avait
mené à l'élection de Barack Obama en 2008 et à sa réélection en 2012, y compris
les électrices et les électeurs noirs et hispaniques, les femmes, les syndicats
et la jeunesse. Dans cette campagne, la participation des Afro-américaines et
des Afro-américains a été nettement inférieure. Une coalition semblable, bien
que plus petite, s'était formée autour de Bernie Sanders, un prétendu
socialiste démocratique. Après la défaite de Sanders pour l’investiture
démocrate, beaucoup de ses partisanes et de ses partisans ont choisi de rester
à la maison même si la plateforme démocrate incluait certaines de ses
politiques. D'autres ont voté pour la candidate du Parti Vert, Jill Stein, ou
d'autres tierces candidates et tiers candidats, plutôt que de soutenir Clinton,
qui était largement reconnue comme belliciste et représentante des banques, du
capital financier, et du 1%. L'establishment du Parti démocrate, qui avait
choisi Clinton pour l’investiture, a tourné le dos à la classe ouvrière
américaine qui doit faire face à l'aggravation des conditions sociales, à
l'effondrement des salaires et du niveau de vie, et à un chômage massif
permanent.
Dans le processus, la campagne de Clinton a aidé Trump à construire son
image d’outsider qui ne doit rien à
personne, bien qu'il était en réalité fortement financé et soutenu par le
groupe Breitbart et les mouvements alt.right, le Tea Party, la droite
religieuse, le KKK, l'armée, la police et les services secrets, ainsi que par
des intérêts corporatifs réactionnaires qui, dans les coulisses, ont sans aucun
doute contribué à financer la campagne. Trump n'a jamais été le cowboy
solitaire qu'il prétend être, ni financièrement, ni politiquement. Il est
aujourd'hui le chef de file des forces d’extrême-droite et fascistes des
États-Unis.
La crise capitaliste en cours depuis 2008, conjuguée à la
désindustrialisation systématique, aux fermetures d'usines et aux pertes
d'emplois découlant des accords commerciaux capitalistes internationaux, comme
l'ALENA et le prochain PTP, a créé un point tournant. Peu disposés à continuer
avec le statu quo, les travailleuses et les travailleurs sont devenus de plus
en plus en colère et amères, exigeant du changement.
Le champ était grand ouvert aux alternatives démagogiques avancées par
l’extrême-droite : attaques contre les immigrantes et les immigrants, contre
les communautés racisées, les musulmanes et les musulmans, les femmes, des
élites non identifiées, y compris les syndicats et les groupes militant pour
l'égalité, ainsi que la législation, le tout blâmé pour la crise dans le pays.
Make America Great Again résumait la grande promesse de Trump d’améliorer les
conditions de vie des chômeuses et des chômeurs, des sections non-syndiquées de
la classe ouvrière blanche (masculine) et des petites entreprises ruinées, et
de leur permettre d’assouvir leur vengeance contre celles et ceux tenus
responsables de leur situation.
Les promesses de Trump à l’effet de créer des emplois et d'élever le
niveau de vie sont des fantaisies pour tromper le public. Son objectif est de
réduire les impôts des sociétés, d'éliminer la réglementation des sociétés et
des banques, de couper dans l'éducation et les soins de santé, de privatiser
les biens et services publics, de supprimer les droits civils, syndicaux et
démocratiques, d'expulser les immigrantes et le immigrants, d'abroger
Obamacare, de nommer des juges qui vont attaquer les droits reproductifs, de
déchirer les Accords de Paris et d'autres efforts pour lutter contre les
changements climatiques. Il sera responsable des codes des armes nucléaires
américaines, et il propose de doubler les dépenses militaires. Il n'y aura pas
de répit pour respirer avec Trump, qui continuera la politique impérialiste des
anciens présidents, incluant de nouvelles guerres au Moyen-Orient et en Asie
centrale, la poursuite de l'agression en Afrique, des changements de régimes en
Amérique latine et la politique de l'OTAN en vue d’encercler la Russie et la
Chine.
Logé à la porte juste à côté, le Canada ne sera pas immunisé.
L'investissement et le contrôle des États-Unis se répercutent directement sur
l'économie canadienne, nos politiques d'extraction d'énergie et de ressources
sont très semblables, nos politiques environnementales sont presque aussi
mauvaises et la politique étrangère canadienne et le soutien à l'OTAN marchent
au pas cadencé. Là où il ya des différences, les États-Unis prévalent toujours.
Cela va inclure tout amendement à l'ALÉNA ou au PTP, au pipeline Excel de
Keystone et à d'autres projets de pipeline.
Face à cet assaut, les travailleuses et les travailleurs au Canada et aux
États-Unis, et en particulier les syndicats, doivent s'organiser pour défendre
des droits et des normes durement gagnés et pour mobiliser à grande échelle
pour une action politique unitaire et indépendante de masse dans les rues pour
arrêter Trump et l'extrême-droite sur leur lancée. L'unité du mouvement ouvrier
et des mouvements populaires canadiens avec nos homologues américains
renforcera cette lutte dans les deux pays. Le Parti communiste du Canada est
solidaire avec celles et ceux qui ont voté contre et ont combattu pour vaincre
Trump, avec le mouvement Black Lives Matters, les protectrices et les
protecteurs de l'eau à Standing Rock et toutes les autres luttes
post-électorales contre l'extrême droite aux États-Unis, au Canada et dans le
monde entier. Pour réussir, ce combat doit inclure un programme et des
politiques pour le changement réel, fondamental et progressiste que les
travailleuses et les travailleurs recherchent désespérément. Dans l'intervalle,
unité, unité et plus d'unité est ce dont nous avons besoin dans cette lutte. Le
peuple uni jamais ne sera vaincu!
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