Déclaration du Comité exécutif central de la YCL-LJC
Novembre 2016
L’élection de Donald Trump comme
président des États-Unis est un grave danger pour les travailleurs et les
travailleuses de ce pays et du monde entier, y compris le Canada. Cette
élection a entraîné un mouvement vers l’extrême droite à la Maison-Blanche,
ainsi que dans les deux chambres de gouvernement, et sera probablement reflétée
dans le pouvoir judiciaire. Il ya un besoin immédiat de nous organiser et de
nous unir contre cette nouvelle réalité menaçante.
Trump est le chef de facto d’un
mouvement fasciste qui s’est développé de manière importante aux États-Unis.
Nous avons assisté à l’organisation de mouvements similaires sur la base de la
xénophobie, du racisme et de la violence en Europe, et au Canada où ils
émergent. Cela inclut de nouveaux groupes importés d’Europe comme les soldats d’Odin,
Pegida, Right Sector et Golden Dawn, qui sont tous présents au Canada, ainsi
que des groupes qui ont déjà leur propre histoire sanglante dans ce pays comme
le KKK. Les conditions socio-économiques en déclin sont le terrain fertile qui
permet à ces groupes de prendre de l’expression. Leurs idées ont aussi une
expression dans les partis bourgeois bien établis comme en témoigne le débat
actuel du Parti conservateur qui se questionne sur le niveau de xénophobie à
promouvoir autour de la campagne pour la direction de Kellie Leitch.
La montée de l’extrême droite fait partie de la crise systémique du
capitalisme, alors que la politique bourgeoise se tourne vers des méthodes de
plus en plus violentes pour sauver le capitalisme en faisant payer la crise à
la classe ouvrière. L’élection de Trump a déjà conduit à l’amplification du
nombre d’actes de violence xénophobe et raciste et à un durcissement de la
culture de la misogynie et du viol.
Les résultats de l’élection montrent une crise approfondie dans le cadre
politique néo-libéral. Hillary Clinton, qui a été directement sélectionnée par
la direction du Parti démocratique, a été largement reconnue pour ce qu’elle
est, une représentante du capital monopoliste impérialiste, qui était à la fois
peu disposée et incapable de proposer une plate-forme qui aurait des réponses
réelles à l’aggravation chronique des conditions économique et sociale ; conditions
auxquelles sont confrontés la grande majorité des travailleurs et des
travailleuses des États-Unis.
Le programme social-démocrate de Bernie Sanders a été rejeté par le comité
national démocrate plus tôt cette année, bien qu’il ait trouvé beaucoup de
résonance parmi les travailleurs et les travailleuses, en particulier chez les
jeunes. Alors que les gens réclamaient un réel changement, Clinton promettait
plus de réglementation et davantage de guerre. L’extrême droite démagogique, la
droite religieuse, le KKK, l’armée, la police et les intérêts corporatifs les
plus réactionnaires se sont unis autour de Trump et ont avancé un message de
changement basé sur un langage anti-establishment avec une forte dose de
suprématie blanche.
Cette réalité se reflète chez les
jeunes. Les jeunes ont été durement frappés par des décennies de néolibéralisme
et de délocalisation qui ont entraîné une désindustrialisation et des pertes d’emplois.
L’économie capitaliste d’aujourd’hui offre des perspectives d’emploi précaire,
de pauvreté et chômage aux jeunes générations. Ceux qui parviennent à obtenir
un diplôme d’études postsecondaire dans cette économie le font au prix d’un
niveau record d’endettement. Pour ceux et celles qui ne parviennent pas à
atteindre cet objectif, en particulier les personnes noires, les latinos, les autochtones
et les autres jeunes racisés, en raison d’un racisme systémique profondément
enraciné, le système offre la prison comme solution. Les personnes prises dans
le système carcéral se voient refuser le droit de vote. 6,1 millions de
personnes ont ainsi été privées de leurs droits en raison de leur
criminalisation. Cette criminalisation se fit dans le cadre d’un racisme systémique
alors qu’une personne noire sur 13 aux États-Unis est incarcérée. Malgré le
danger réel que représente Trump pour les jeunes, et les tendances politiques
généralement plus progressistes des jeunes, leur soutien aux démocrates est
tombé aux dernières élections, et de manière encore plus spectaculaire depuis
2008. Alors que 37 % des 18-29 ont voté Républicain en 2012 et 2016, 60 %
ont voté pour Obama en 2012 contre 54 % pour Clinton cette élection. En
2008, le vote des jeunes pour Obama était de 66 %.
La grande promesse de Donald Trump
d’augmenter les salaires et de créer des emplois est pure fantaisie. Son
véritable programme est celui du grand capital. Cela comprend l’élimination des
impôts sur les sociétés et de toute réglementation des banques, ainsi que la
réduction de l’éducation, des soins de santé et de la sécurité sociale. Tout en
s’opposant à l’ALENA et au PPT, il veut des accords de libre-échange qui
favorisent encore plus le capital américain. En s’opposant à une zone d’exclusion
aérienne en Syrie et en disant qu’il veut des relations moins hostiles avec la
Russie, il propose une guerre frontale avec ISIS, veut doubler ses dépenses
militaires et s’est entouré des pires faucons impérialistes, incluant sont
colistier qui a critiqué à la fois Trump et Clinton d’être trop mou avec la
Russie. Trump n’est pas mieux que Clinton quand il s’agit des dangers de
déclencher une potentielle guerre mondiale.
La lutte contre les changements
climatiques est maintenant plus importante que jamais avec une maison blanche où
son président qui ne reconnaît même pas l’existence de cette menace immédiate
pour l’humanité et la planète. Les républicains ont annoncé qu’ils déchireront
les Accords de Paris ; accord déjà trop tiède pour repousser les pires conséquences
des changements climatiques.
Pour les femmes, la nouvelle
administration propose de reculer des décennies en arrière. Trump a fait la
promesse de s’attaquer aux droits reproductifs des femmes en coupant le
financement aux organismes de planification familiale. Son contrôle sur le
pouvoir législatif nous fait craindre raisonnablement pour la fin du droit à l’avortement.
Pour les personnes immigrantes, Trump a fait de l’expulsion de toutes les personnes
immigrantes sans papiers sa pierre angulaire. Il promet de construire un mur à
la frontière avec le Mexique et d’empêcher les personnes de confession musulmanes
d’entrer aux États-Unis. Pour la communauté LGBTQIA, la plateforme des
républicains attaque l’adoption d’enfant par des couples de même sexe, s’oppose
au bannissement des thérapies de « guérison » ou de « conversion »,
et soutient les lois sur la « liberté religieuse » qui exempte les homophobes
de respecter les lois antidiscrimination. En outre, la rhétorique de Trump sur
ces questions et sur d’autres ouvre l’espace politique aux groupes fascistes et
néonazis, favorisant leur épanouissement et leur organisation. Il faut vaincre
la suprématie blanche, la misogynie, la transphobie et l’homophobe de Trump.
Le gouvernement Trudeau ici au Canada a répondu aux élections américaines
affirmant espérer travailler avec Trump, « notamment sur des questions
telles que le commerce, les investissements, la paix et la sécurité
internationale ». Trudeau, qui a condamné la rhétorique de Trump il ya
quelques mois, souligne maintenant les « valeurs partagées, les liens
culturels profonds et les économies fortement intégrées » du Canada comme
base pour « faire progresser notre partenariat solide et prospère ».
Les actions de Trudeau ne font rien pour être solidaires des travailleurs et
des travailleuses au sud de la frontière. En fait, ils encouragent l’extrême droite
aux États-Unis et au Canada. Trudeau et la classe capitaliste canadienne sont
prêts à travailler avec Trump. Ils se concentrent maintenant sur leurs
véritables préoccupations: maintenir des accords de libre-échange, l’alliance
impérialiste de l’OTAN, et continuer à construire des pipelines. Lutter contre
ce nouveau danger au sud de la frontière signifie aussi exiger de notre propre
gouvernement une politique étrangère indépendante de paix, de justice
climatique et de commerce équitable, et non de libre-échange.
En tant que jeunes au Canada, nous regardons non seulement avec indignation
le sud, mais aussi avec inspiration. Le mouvement Black Lives Matter aux
États-Unis, qui luttent contre le racisme systémique et la brutalité policière,
nous a inspirés et mobilisés ici au Canada, où nous avons notre propre racisme
profondément enraciné. Les protecteurs de l’eau à Standing Rock en lutte contre
l’oléoduc South Dakota Access Pipeline
ont montré qu’il est possible de lutter contre le colonialisme et la
destruction de l’environnement et de gagner. Les États-Unis ont une fière
tradition ouvrière de résistance et d’organisation révolutionnaire, et les
jeunes ont souvent joué un rôle clé et dynamique dans ces luttes. Le moment est
venu de prendre des mesures de solidarité pour bloquer Trump et son programme d’extrême
droite ici même au Canada. Nous devons lutter contre le système qui a produit
cette nouvelle offensive réactionnaire. Notre solidarité est directement liée à
la lutte contre l’impérialisme au niveau international et à notre lutte pour la
paix, l’égalité, la démocratie, le progrès social et le socialisme ici, chez
nous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire