dimanche 7 septembre 2014

«Il faut gagner le monde, prolétaires, debout!»



Journal Clarté, aout 2014
Bureau de Montréal


Portugal: 40 000 manifestants dans les rues de Lisbonne

Le 11 juillet dernier, plus de 40 000 travailleurs tant du secteur public que privé a battu le pavé place São Bento à Lisbonne. Ce rassemblement a été convoqué par la CGTP, principal syndicat portugais affilié à la Fédération syndicale mondiale, pour s’opposer à la nouvelle Loi générale du travail dans la fonction publique et aux plans d’austérité imposés par le gouvernement. Cet appel a été relayé notamment par le Parti communiste portugais qui y a participé en masse et a réclamé, avec les salariés, la démission de l’actuel gouvernement illégitime, la hausse des salaires et des prestations de retraite ainsi que l’adoption d’une politique patriote et de gauche.

40 ans après la Révolution d’Avril, le Portugal connait la pire situation économique et sociale depuis l’instauration de la démocratie. Ceci n’empêche toutefois pas le patronat et le gouvernement qualifié d’illégitime par le PCP de s’engager dans un 7e amendement au code du travail qui a pour objectif de passer
les conventions collectives à la casse, de paver la voie au chantage patronal en imposant une coupe dans les salaires et les prestations de retraites s’élevant à plus de 4 milliards d’euros pour l’année 2014 - 2015.  Les autres lignes de cette nouvelle loi sont l’augmentation de la journée de travail, l’augmentation de la précarité des travailleurs, la baisse de droits sociaux.

Ce rassemblement a été l’occasion de s’opposer aux nouvelles mesures dictées par la Troïka (UE-BCE-FMI), en violation totale de la Constitution, qui imposent une réforme de l’État se traduisant par le démantèlement des pouvoirs locaux et des fonctions sociales de l’État.

Désireux de défendre leurs droits et ainsi réaffirmer les valeurs de la Révolution d’Avril, les travailleurs portugais sont à l’avant-garde des luttes sociales contre les plans d’austérité. En plus de cette importante manifestation, d’autres actions ont eu lieu notamment le 21 juin dernier à Lisbonne et, début juillet, à Porto. La CGTP et le PCP assurent  que d’autres mobilisations sont en préparation et qu’il n’est pas question de laisser le gouvernement diriger dans l’illégalité impunément. 


Afrique du Sud: les mineurs de platine obtiennent gain de cause

On se rappelle le massacre de la mine Marikala en 2012 par les forces de l’ordre qui a fait environ 47 victimes. Pour autant, les employés des trois magnats de l’industrie de l’extraction de platine que sont Amplats, Lonmin et Imapala Platinum, qui, à elles seules, contrôle près de 60% de la production mondiale, n’ont pas renoncé à lutter pour leurs droits.

Au contraire, plus de 70 000 salariés se sont engagés, le 23 janvier dernier, dans une grève historique qui allait durer environ 5 mois. Malgré les SMS de menaces envoyés à répétition par les patrons, le blocage des négociations et toutes les tentatives de sabotage du mouvement, les mineurs ont obtenu gain de cause. Non seulement les entreprises ont-elles dû leur accorder l’augmentation salariale demandée de 150% (de 5000 rands au «minimum vital» de 12500 rands), mais aussi le paiement rétroactif des salaires et l’amélioration des conditions de vie dans les villages miniers. Cette augmentation salariale sera, selon les cas, immédiate ou s’étalera d’ici 2017. La grève a été tellement intense que les minières ont dû consentir, à la reprise du travail, à mettre en place des dispositifs afin de pallier la fatigue chronique des gueules noires.

Si cette grève a eu un tel impact, c’est qu’elle a touché un secteur vital de l’économie sud-africaine qui enregistrait un recul de 0,6%. Les compagnies, quant à elles, ont calculé qu’elles auraient perdu 21 milliards de dollars!
Quoi qu’il en soit, les mineurs sud-africains ont bien montre que la lutte paye! 


 Grande-Bretagne: 1,5 million de salariés en grève

La coupe dans les services publics est une constante pour tous les pays capitalistes avancés et la crise de 2008 sert de prétexte au patronat pour imposer l’austérité à tous les salariés, accélérer les privatisations et la casse du service public. Aux premiers rangs de la riposte: les travailleurs.

Alors qu’au Québec, les fonctionnaires semblent s’unir pour former un front commun contre le projet de loi 3 au printemps 2015, le 10 juillet dernier, ce sont 1,5 million de salariés du secteur public qui ont pris part à une journée de grève historique pour dénoncer les politiques austéritaires du gouvernement Cameron et leurs conditions de travail. En effet, si la Grande-Bretagne est souvent présentée comme un exemple en termes de reprise économique (on parle d’environ 2,7% de croissance), il reste que celle-ci s’est bâtie sur le dos des travailleurs qui ont perdu 15% de pouvoir d’achat et ce, alors que leur temps de travail augmente et que l’âge de la retraite a été fixé à 68 ans. En outre, on estime qu’environ 500 000 fonctionnaires gagnent moins que le minimum vital.

Devant l’impact de cette grève qui a pratiquement paralysé le pays (on parle entre autres de plus de la fermeture de 6000 écoles en Angleterre, des musées nationaux, de fortes perturbations dans les aéroports, etc.), le gouvernement Cameron, vraisemblablement en vue de la prochaine campagne électorale de 2015, a menacé d’implanter des lois contraignantes dans le vote de mandats de grève.

Les salariés n’en démordent pas pour autant: assez, c’est assez. Ils ont même fixé à septembre leur prochaine action... 


Espagne: la solidarité prime contre les syndicalistes injustement emprisonnés

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Rajoy (PP, droite) ne cesse de multiplier les projets de loi antisociaux et les attaques contre les travailleurs. Si les femmes ont été durement touchées par la nouvelle loi restreignant l’accès à l’avortement, les travailleurs l’ont été tout autant puisqu’en 2013, on estime à 120 000 le nombre de licenciements alors que le patronat s’est partagé 8 milliards d’euros de bénéfices.

Dans ce pays durement touché par la crise, ces dernières années ont été marquées par plusieurs mobilisations de masse (certes spontanées) en opposition aux plans d’austérité (on peut penser, entre autres, au mouvement des Indignados qui a inspiré le mouvement Occupy ici en Amérique ou encore aux Marches de la dignité). Pour empêcher les travailleurs de se mettre en grève générale, le gouvernement n’a pas hésité à employer la manière forte et faire peur aux grévistes potentiels. Ainsi, pas moins de 265 syndicalistes sont aux prises de poursuites judiciaires ou de sanctions administratives pour avoir soit appelé à la grève, soit organisé des piquets de grève lors de journées d’action en 2010 et en 2012 principalement. Les charges les plus lourdes vont jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour certains salariés d’Airbus et à 7 ans pour tous les travailleurs du secteur hôtelier de Madrid. Parmi les mis en cause dans cette affaire, la secrétaire générale du syndicat Comisiones Obreras des Baléares. Au total, les accusés risquent jusqu’à 120 ans de prison cumulative simplement pour avoir fait grève!

Les deux principaux syndicats, CCOO et UGT, ont dénoncé cette opération de restriction du droit de grève et ont appelé, le 9 juillet dernier, à un rassemblement de solidarité avec les syndiqués mis en cause et ont appelé à la révision du Code pénal pour empêcher que les droits fondamentaux ne soient bafoués de plus belle.

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