Journal Clarté, aout 2014
Bureau de Montréal
Portugal:
40 000 manifestants dans les rues de Lisbonne
Le
11 juillet dernier, plus de 40 000 travailleurs tant du secteur public que
privé a battu le pavé place São Bento à Lisbonne. Ce rassemblement a été
convoqué par la CGTP, principal syndicat portugais affilié à la Fédération
syndicale mondiale, pour s’opposer à la nouvelle Loi générale du travail dans
la fonction publique et aux plans d’austérité imposés par le gouvernement. Cet
appel a été relayé notamment par le Parti communiste portugais qui y a
participé en masse et a réclamé, avec les salariés, la démission de l’actuel
gouvernement illégitime, la hausse des salaires et des prestations de retraite
ainsi que l’adoption d’une politique patriote et de gauche.
40
ans après la Révolution d’Avril, le Portugal connait la pire situation
économique et sociale depuis l’instauration de la démocratie. Ceci n’empêche
toutefois pas le patronat et le gouvernement qualifié d’illégitime par le PCP
de s’engager dans un 7e amendement au code du travail qui a pour objectif de
passer
les conventions collectives à la casse, de paver la voie au chantage
patronal en imposant une coupe dans les salaires et les prestations de
retraites s’élevant à plus de 4 milliards d’euros pour l’année 2014 - 2015. Les autres lignes de cette nouvelle loi sont
l’augmentation de la journée de travail, l’augmentation de la précarité des
travailleurs, la baisse de droits sociaux.
Ce
rassemblement a été l’occasion de s’opposer aux nouvelles mesures dictées par
la Troïka (UE-BCE-FMI), en violation totale de la Constitution, qui imposent
une réforme de l’État se traduisant par le démantèlement des pouvoirs locaux et
des fonctions sociales de l’État.
Désireux
de défendre leurs droits et ainsi réaffirmer les valeurs de la Révolution
d’Avril, les travailleurs portugais sont à l’avant-garde des luttes sociales
contre les plans d’austérité. En plus de cette importante manifestation,
d’autres actions ont eu lieu notamment le 21 juin dernier à Lisbonne et, début
juillet, à Porto. La CGTP et le PCP assurent
que d’autres mobilisations sont en préparation et qu’il n’est pas
question de laisser le gouvernement diriger dans l’illégalité impunément.
Afrique du Sud: les
mineurs de platine obtiennent gain de cause
On
se rappelle le massacre de la mine Marikala en 2012 par les forces de l’ordre
qui a fait environ 47 victimes. Pour autant, les employés des trois magnats de
l’industrie de l’extraction de platine que sont Amplats, Lonmin et Imapala
Platinum, qui, à elles seules, contrôle près de 60% de la production mondiale,
n’ont pas renoncé à lutter pour leurs droits.
Au
contraire, plus de 70 000 salariés se sont engagés, le 23 janvier dernier, dans
une grève historique qui allait durer environ 5 mois. Malgré les SMS de menaces
envoyés à répétition par les patrons, le blocage des négociations et toutes les
tentatives de sabotage du mouvement, les mineurs ont obtenu gain de cause. Non
seulement les entreprises ont-elles dû leur accorder l’augmentation salariale
demandée de 150% (de 5000 rands au «minimum vital» de 12500 rands), mais aussi
le paiement rétroactif des salaires et l’amélioration des conditions de vie
dans les villages miniers. Cette augmentation salariale sera, selon les cas,
immédiate ou s’étalera d’ici 2017. La grève a été tellement intense que les
minières ont dû consentir, à la reprise du travail, à mettre en place des
dispositifs afin de pallier la fatigue chronique des gueules noires.
Si
cette grève a eu un tel impact, c’est qu’elle a touché un secteur vital de
l’économie sud-africaine qui enregistrait un recul de 0,6%. Les compagnies,
quant à elles, ont calculé qu’elles auraient perdu 21 milliards de dollars!
Quoi
qu’il en soit, les mineurs sud-africains ont bien montre que la lutte paye!
Grande-Bretagne: 1,5 million de salariés en grève
La
coupe dans les services publics est une constante pour tous les pays
capitalistes avancés et la crise de 2008 sert de prétexte au patronat pour
imposer l’austérité à tous les salariés, accélérer les privatisations et la
casse du service public. Aux premiers rangs de la riposte: les travailleurs.
Alors
qu’au Québec, les fonctionnaires semblent s’unir pour former un front commun
contre le projet de loi 3 au printemps 2015, le 10 juillet dernier, ce sont 1,5
million de salariés du secteur public qui ont pris part à une journée de grève
historique pour dénoncer les politiques austéritaires du gouvernement Cameron
et leurs conditions de travail. En effet, si la Grande-Bretagne est souvent
présentée comme un exemple en termes de reprise économique (on parle d’environ
2,7% de croissance), il reste que celle-ci s’est bâtie sur le dos des
travailleurs qui ont perdu 15% de pouvoir d’achat et ce, alors que leur temps
de travail augmente et que l’âge de la retraite a été fixé à 68 ans. En outre,
on estime qu’environ 500 000 fonctionnaires gagnent moins que le minimum vital.
Devant
l’impact de cette grève qui a pratiquement paralysé le pays (on parle entre
autres de plus de la fermeture de 6000 écoles en Angleterre, des musées
nationaux, de fortes perturbations dans les aéroports, etc.), le gouvernement
Cameron, vraisemblablement en vue de la prochaine campagne électorale de 2015,
a menacé d’implanter des lois contraignantes dans le vote de mandats de grève.
Les
salariés n’en démordent pas pour autant: assez, c’est assez. Ils ont même fixé
à septembre leur prochaine action...
Espagne: la solidarité
prime contre les syndicalistes injustement emprisonnés
Depuis
son arrivée au pouvoir, le gouvernement Rajoy (PP, droite) ne cesse de
multiplier les projets de loi antisociaux et les attaques contre les
travailleurs. Si les femmes ont été durement touchées par la nouvelle loi
restreignant l’accès à l’avortement, les travailleurs l’ont été tout autant
puisqu’en 2013, on estime à 120 000 le nombre de licenciements alors que le
patronat s’est partagé 8 milliards d’euros de bénéfices.
Dans
ce pays durement touché par la crise, ces dernières années ont été marquées par
plusieurs mobilisations de masse (certes spontanées) en opposition aux plans
d’austérité (on peut penser, entre autres, au mouvement des Indignados qui a inspiré le mouvement Occupy ici en Amérique ou encore aux
Marches de la dignité). Pour empêcher les travailleurs de se mettre en grève
générale, le gouvernement n’a pas hésité à employer la manière forte et faire
peur aux grévistes potentiels. Ainsi, pas moins de 265 syndicalistes sont aux
prises de poursuites judiciaires ou de sanctions administratives pour avoir
soit appelé à la grève, soit organisé des piquets de grève lors de journées
d’action en 2010 et en 2012 principalement. Les charges les plus lourdes vont
jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour certains salariés d’Airbus et à 7 ans
pour tous les travailleurs du secteur hôtelier de Madrid. Parmi les mis en
cause dans cette affaire, la secrétaire générale du syndicat Comisiones Obreras des Baléares. Au
total, les accusés risquent jusqu’à 120 ans de prison cumulative simplement
pour avoir fait grève!
Les
deux principaux syndicats, CCOO et UGT, ont dénoncé cette opération de
restriction du droit de grève et ont appelé, le 9 juillet dernier, à un
rassemblement de solidarité avec les syndiqués mis en cause et ont appelé à la
révision du Code pénal pour empêcher que les droits fondamentaux ne soient
bafoués de plus belle.
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