Par
Robert Luxley
Journal Clarté
Le
gouvernement Couillard s’est empressé de répondre aux demandes des maires de
Montréal et de Québec pour s’attaquer aux régimes de retraite des employées-és
municipaux en déposant le projet de loi 3.
Le
projet de loi couvre l’ensemble des municipalités de la province indépendamment
que leurs régimes de retraite soient ou non en difficulté, soit 170 régimes,
comptant 50 000 retraités et 122 000 participants.
Il
a pour effet de forcer une renégociation de ce qui avait déjà été convenu entre
les municipalités et leurs employées-és, mais en déterminant d’avance les
concessions qu’on veut arracher à ces derniers. Les syndicats déclarent que la
négociation ainsi imposée sera complètement bidon et que le projet de loi
constitue une atteinte à la liberté d'association
et de négociation.
Notamment,
pour combler les déficits passés des caisses de retraite, le projet de loi s’attaque aux rentes des
retraitées-és en suspendant leur indexation. D’autre part, le
projet de loi impose aux villes et aux
employées-és municipaux de rembourser, à parts égales, le déficit des caisses
de retraite accumulé par les villes.
Or, comme le rappelle les organisations syndicales et
de retraitées-és, ce sont, d’une part sur leurs propres salaires que sont prélevées les
cotisations finançant les rentes. Les employés ont financé, souvent exclusivement,
les caisses de retraite en y versant près de 10% de leurs salaires. D’autre part, les rentes
sont déjà bien souvent insuffisantes, laissant les bénéficiaires dans la pauvreté. Par exemple, la rente moyenne des
retraitées-és des cols bleus de Montréal ne s’élève qu’à $24 000 par
année, en incluant les prestations de la Régie des rentes et la
pension de sécurité de la vieillesse.
Les déficits actuariels des régimes sont causés
essentiellement par le fait que les employeurs se réservaient le droit de ne
pas verser dans les caisses de retraite leur quote-part tel qu’il était convenu
dans les conventions collectives. Le projet de loi va donner l’autorité aux
municipalités de faire payer leurs dettes contractuelles par leurs employées-és
et par les retraitées-és. Il s’agit ni plus ni moins d’un vol qualifié et d’une
baisse rétroactive des salaires.
Effrontés
pas à peu près
Pendant que le gouvernement s’apprête à dévaliser les
travailleuses et les travailleurs, les discussions sont en cours entre les
députés à l’Assemblée nationale en vue de faire des modifications à leur propre
régime de retraite. Celui-ci est le plus généreux au Canada. Mais les députés
ne sont pas trop pressés d’abaisser leurs conditions dorées.
Rappelons qu’un député peut retirer sa pleine pension
à 60 ans, et qu’elle peut aller jusqu’à 100% de son salaire (environ $90 000
par année). Le premier ministre serait disposé à augmenter le salaire des
députés de $46 000 par année pour compenser les concessions que ces petits
chéris consentiraient à leur régime de retraite.
La
résistance s’amplifie
Les protestations s’amplifient. Le 18 août dernier,
des manifestantes et manifestants ont envahi l’Hôtel-de-Ville de Montréal et
ont un peu chahuté les élus municipaux. Le premier Ministre Couillard s’est
déclaré outré par de telles actions, affirmant que la bonne chose à faire
serait de faire des représentations à la commission parlementaire sur le projet
de loi. Or, il venait de déclarer quelques jours plus tôt à l’occasion d’un congrès des
jeunes Libéraux, que de toute façon, il ne reculerait pas d’un pouce sur son
projet de loi.
Le Projet de loi 3 s’inscrit dans l’attaque générale
prévu dans l’agenda néolibéral contre le droit à la retraite de toutes les
travailleuses et tous les travailleurs au Québec et au Canada. La voie à
suivre, c’est l’unité dans la lutte. Le Syndicat des cols bleus de Montréal s’est
déclaré prêts à tout pour s'opposer au projet de loi 3 et même s'il le faut, aller
en grève générale illimitée. C’est la bonne chose à faire.
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