Si l’administration Tremblay n’hésite pas à remuer ciel et terre pour le plan de sauvetage de 37 millions $ de BIXI, procéder aux correctifs salariaux en vertu de l’équité salariale et verser leur dû aux quelque 4 500 cols blancs concernés est une toute autre histoire.
Visiblement irritée par l’attitude de la Ville de Montréal, la présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux (SFMM-SCFP), Monique Côté, sort littéralement de ses gonds quand on lui demande de commenter les déclarations du maire Tremblay qui se targuait, plus tôt cette semaine, de favoriser l’embauche de femmes dans la fonction municipale montréalaise.
« Le maire confond deux choses. Le programme d’égalité en emploi en est une, mais payer les femmes de façon équitable pour les emplois qu’elles occupent, c’en est une autre! »
Le syndicat des cols blancs dénonce le fait que la Ville de Montréal tente de se prévaloir d’avantages particuliers sur le dos des femmes, les privant de leur dû et de leurs droits, en s’obstinant à ne pas procéder aux correctifs salariaux tel que le prévoit la Loi sur l’équité salariale.
« L’équité salariale est une loi à laquelle l’employeur doit se conformer. Point à la ligne, martèle Mme Côté en entrevue à l’aut’journal. On est d’autant plus surpris de cette décision unilatérale qu’on croyait que c’était un dossier réglé. »
Elle rappelle que l’exercice d’équité salariale à la Ville de Montréal, le plus imposant de tout le Québec, s’est conclu par un règlement final entre les parties le 23 décembre 2010, à la suite d’un « blitz intense de travaux ».
La Ville de Montréal soutient que le litige qui l’oppose au syndicat concerne les modalités de paiement des ajustements salariaux et que cela ne remet aucune en question sa volonté d’appliquer la Loi sur l’équité salariale.
« En mars dernier, la Ville a indiqué comment elle comptait payer les ajustements. Elle nous a soumis deux scénarios possibles. Aucun des deux n’est conforme à la Loi, aucun n’est acceptable », réplique Mme Côté.
D’après le SFMM, le premier scénario stipule que, pour toutes les catégories d’emploi faisant l’objet de correctifs salariaux, les employés embauchés avant le 1er janvier 2006 recevraient les montants prévus au règlement.
Par contre, tous ceux et celles embauchés après cette date seraient rémunérés selon l’ancien taux, soit celui en vigueur avant les ajustements. Aucun ajustement salarial ne leur serait versé tant qu’ils n’auraient pas atteint le dernier échelon de l’échelle salariale, ce qui prend en moyenne cinq ans selon Mme Côté. À noter qu’aucune rétroaction ne serait versée pour les cinq années de salaires perdues.
« La Ville parle d’une espérance de gains pour ces travailleuses. Nous disons plutôt qu’elle tente de négocier l’équité salariale à rabais, ce qui est évidemment contraire à la Loi. »
Mme Côté ajoute que cette proposition s’apparente dangereusement à une clause de disparité de traitement qui créerait deux catégories d’employés au sein des cols blancs alors que l’objectif de la Loi sur l’équité salariale, « c’est justement l’équité salariale! »
Guère plus réjouissant, le deuxième scénario envisagé par la Ville ne propose aucun ajustement au minimum de l’échelle salariale, 30% pour les trois échelons suivants et 10% au maximum de l’échelle. Il faudrait donc compter encore cinq années pour obtenir les pleins correctifs salariaux prévus par le règlement d’équité salariale.
Autrement dit, les employés des catégories d’emploi visées ne verront jamais la couleur des sommes entières qui leur sont pourtant dues puisque les ajustements partiels étalés sur cinq ans sont en réalité des années de salaires perdues.
« La Ville cherche à sauver de l’argent en pénalisant les femmes. On ne veut pas jouer à ça, c’est inacceptable. La Loi existe depuis 1996, il y a eu une prolongation de quatre ans pour les villes et elle est même censée être rétroactive depuis 2001. Ça va faire là! »
Monique Côté estime que l’administration Tremblay fait de la diversion autour de ce dossier. « Ils envoient une balle en l’air, ils s’essaient pour sauver des coûts. C’est indécent. On n’a jamais vu un employeur agir ainsi. »
Le syndicat a déposé une plainte en mai à la Commission de l’équité salariale (CÉS) et le comité conjoint a également déposé un différent. La Ville a déjà signalé qu’elle entendait se conformer à la décision de la CÉS. Les parties devraient être convoquées sous peu.
Du côté du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), on souligne avoir conclu plus de 300 règlements en matière d’équité salariale. « Tous les employeurs, que ce soit le gouvernement du Québec, Hydro-Québec, les villes de Longueuil, Laval, Québec, etc., aucun n’a agi comme le fait actuellement la Ville de Montréal. Tous, sans exception, ont procédé aux ajustements salariaux dans le respect de la loi », explique Lise Simard, conseillère au SCFP et responsable de ce dossier.
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