lundi 24 décembre 2018

Solidarité avec les étudiant.es de Colombie en lutte contre le gouvernement Duque

Rédaction JM 

Depuis le 11 octobre dernier, les étudiant.es des 32 universités publiques de Colombie, ainsi que les travailleur.euses universitaires, se sont engagés dans une grève générale illimitée pour la défense de l’université publique et pour son refinancement. En effet, selon les associations étudiantes, le manque à gagner pour le simple fonctionnement les universités publiques s’élève à 4,5 milliards de dollars US en infrastructure et à plus d’un milliard en couts de fonctionnement. Pour revenir à un niveau de financement des universités d’avant 2016 (date de la dernière réforme fiscale du pays), il faudrait augmenter les ressources de 11%.

Le mouvement de grève demande également que soient mises en place les accords de 2017 signés avec le gouvernement Santos à la suite de 37 jours de grève. Ceux-ci garantissent entre autres l’octroi de 7000 bourses destinées aux étudiant.es à la maitrise en plus d’un meilleur financement de l’université publique et de garantir des meilleurs conditions d’enseignement en général notamment en créant 30 000 classes supplémentaires à travers le pays.
Depuis plus de deux mois, les étudiant.es de Colombie sont non seulement en lutte contre l’un des gouvernements les plus réactionnaires d’Amérique latine, mais également contre l’un des systèmes d’éducation les plus minés par le néolibéralisme de la région. En effet, avec la Loi 30 signée en 1992, les universités du pays sont à 80% privées et, dans le cas des 32 universités publiques, le financement est en grande partie garanti en partenariats publics – privés. C’est d’ailleurs contre la révision de la Loi 30 de 2011 qui ouvrait encore plus la voie aux investissements privés que plus d’un million d’étudiant.es se sont mobilisés à travers le pays, exigeant une université 100% publique.

C’est dans le même ordre d’idées que les étudiant.es ont mobilisé leurs forces contre la volonté du gouvernement Duque d’attaquer de plus belle l’accès à l’éducation supérieure en Colombie. Ainsi, lors des différentes journées d’actions échelonnées lors des mois d’octobre et de novembre, des centaines de milliers de personnes venues d’horizons divers dont des mouvements autochtone, syndical, féministe, paysan ou populaire ont manifesté leur opposition aux mesures du nouveau gouvernement (en place que depuis seulement 100 jours environ). Même s’il a été obligé d’organiser des simulacres de consultations avec le mouvement, le pouvoir s’est contenté de faire la sourde oreille rejetant d’emblée toutes les propositions étudiantes et syndicales visant à trouver d’autres sources de financement de l’université publique sans en baisser les revenus.

Cette sourde oreille est à comprendre dans le cadre de la réforme fiscale que tente d’imposer le gouvernement, laquelle propose une baisse des impôts pour les entreprises compensée par une augmentation de la taxe à la consommation, un impôt notoirement régressif. C’est aussi pour cette raison, entre autres, que les différents secteurs populaires ont été prompts à soutenir les revendications étudiantes.

En plus de la forte mobilisation populaire et syndicale, le mouvement de grève a obtenu des appuis de taille. Parmi ceux-ci, le musicien britannique Roger Waters a, lors de son concert à Bogota, a pris la peine de discuter avec les étudiant.es en lutte, leur permettant de monter sur scène le temps d’une déclaration. Il s’est également engagé dans une diatribe contre les prêts étudiants proposés par le Président Duque en les comparant à une vie en esclavage.

Un autre message de solidarité est venu de la part du Président vénézuélien, Nicolas Maduro, qui a offert 20 000 bourses d’études aux jeunes colombien.nes désireux de poursuivre leur formation au Venezuela.

Il reste qu’en plus de s’attaquer aux plans anti-populaires exacerbés par le gouvernement Duque, la lutte étudiante et populaire se développe dans un contexte hostile aux mobilisations en général. Par exemple, des groupes paramilitaires d’extrême-droite appellent à l’action violente contre le mouvement dans les différentes universités privées du pays. Dans un pays où, depuis les années 1980, on compte à plus de 3000 les militant.es progressistes assassinés, dont environ 300 depuis la signature des accords de paix entre les FARC et le gouvernement en 2016, il ne s’agit pas simplement d’une tentative d’intimidation.

La Colombie constitue ainsi l’un des pays les plus hostiles pour les syndicalistes et militant.es en général. Les centaines de milliers de militant.es se sont massés dans les rues ces derniers jours font donc preuve d’un courage exemplaire pour les progressistes à travers le monde, pourtant, la presse vénale préfère taire cette mobilisation qui se déroule dans un pays allié, partenaire de l’OTAN. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’étudiant.es appuyés, financés et armés par la NED (visage humain de la CIA) au Venezuela ou au Nicaragua, les projecteurs se braquent sur ces manifestations à l’air plutôt martial que pacifique.

Il nous reste à espérer que les associations étudiantes ici ainsi que les groupes ayant à cœur la solidarité internationale manifesteront leur appui à cette mobilisation et espérons que celle-ci continuera de croitre au point de forger la convergence de luttes nécessaires à renforcer la mobilisation contre le gouvernement Duque. Pour les étudiant.es de Colombie, la résignation n’est pas une option alors que neuf journées d'action nationales ont été organisées en 2 mois à peines. Cette mobilisation est d'autant plus importante qu'elle se déroule dans un pays qui fait office de base arrière pour l’impérialisme états-unien dans une Amérique latine où la droite fascisante est de plus en plus décomplexée.

Aucun commentaire: