mardi 22 juillet 2014

Des colonies qui exploitent

Par Nathalie Guay et Jean Lacharité

Si l’on quitte le Québec en ayant déjà une idée du conflit, on revient de Palestine enragé par la violence de l’occupation et les violations systématiques des droits de la personne.

À l’invitation de la Fédération générale des syndicats palestiniens (Palestinian General Federation of Trade Unions, PGFTU), la CSN a participé, avec des organisations syndicales alliées (CUT du Brésil, ELA, CIG), à une mission visant à dresser un constat de la situation en Palestine. Pour la PGFTU, il est important que le monde demeure informé de leur situation et puisse en témoigner.

Au cours de son histoire, les frontières de la Palestine n’ont cessé de rétrécir. En outre, la construction du Mur et la colonisation, avec les routes privées pour les colons et les zones tampons de « sécurité », ont considérablement morcelé le territoire. La colonisation, soit l’établissement illégal de citoyens israéliens dans les territoires palestiniens, est le principal obstacle à une solution pacifique au conflit. Aujourd’hui, les 200 colonies en Cisjordanie comptent plus de 600 000 habitants. Non seulement sont-elles de plus en plus nombreuses et peuplées, mais elles sont aussi de plus en plus solides sur le plan économique grâce, entre autres, à l’accaparement gratuit des terres et à l’exploitation des travailleuses et des travailleurs palestiniens dans leurs zones industrielles.

Le mur érigé par Israël, que l’on appelle souvent le Mur de l’apartheid en Palestine et barrière de sécurité en Israël, est maintenant long de plus de 700 km. Et il n’est pas encore terminé ! Il serpente à une distance plus ou moins grande de la frontière, mais toujours en territoire occupé, ce qui est contraire au droit international selon la Cour internationale de justice. De surcroît, le tracé du mur n’est pas aléatoire ; il a été fixé pour faire en sorte que 80 % des ressources en eau de Cisjordanie se retrouvent du côté israélien.

Bas salaires

Chaque jour, des milliers de travailleurs et de paysans palestiniens traversent les points de passage vers Israël et il n’est pas rare que certains s’y rendent à 2 h du matin pour s’assurer d’être au travail à 7 h. Ils doivent obtenir le permis de passage obligatoire, qui est accordé de façon aléatoire et, lorsqu’ils franchissent ces points de passage, ils subissent des fouilles, des interrogatoires et très fréquemment des humiliations.

Les travailleurs palestiniens habitant les territoires occupés peuvent être répartis dans quatre catégories : ceux qui travaillent en Palestine, ceux qui travaillent légalement en Israël, ceux qui travaillent illégalement en Israël et ceux qui travaillent dans les colonies ou la zone C. Peu importe la catégorie, leurs conditions sont généralement mauvaises et leur salaire est en deçà du salaire minimum (surtout dans le cas des femmes).

Les femmes palestiniennes subissent l’occupation plus durement que les hommes en raison des multiples oppressions dont elles sont victimes, de la culture machiste et de la faible protection sociale. Seulement 17 % d’entre elles travaillent. Elles forment pourtant maintenant de 55 à 60 % des diplômés palestiniens. La bonne santé économique des colonies repose entre autres sur l’exploitation des Palestiniennes, en tant que travailleuses agricoles ou travailleuses domestiques, qui ne reçoivent généralement que le tiers du salaire minimum.

Le 29 avril dernier, les négociations entamées en juillet 2013 pour trouver un accord de paix entre Israël et la Palestine ont échoué. Le gouvernement Nétanyahou ayant approuvé au cours des neuf mois qu’ont duré les pourparlers la construction de près de 14 000 logements dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, plusieurs doutaient de son intention de s’engager dans une réelle négociation.

Actuellement, il est difficile de prédire la suite des événements, mais il est certain qu’il faudra poursuivre nos efforts pour expliquer le conflit et continuer de militer en solidarité avec le peuple palestinien. 

Pour plus d’information sur la Palestine et un rapport détaillé de la mission, visitez le site de la CSN : csn.qc.ca/web/international/accueil.

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