mardi 24 juin 2014

À une semaine du 1er juillet, sept ménages sont sans toit

Métro
À une semaine du 1er juillet, sept ménages montréalais sont sans logement.

Lundi, les sept employés de l’Office municipale d’habitation de Montréal (OMHM) affectés à l’opération de relogement tentaient de trouver un toit à ces désormais sans-abris.

Depuis le 9 juin, 17 autres ménages ont eu besoin de l’aide de l’OMHM pour trouver un nouveau logement. L’an dernier, pendant tout le mois de juin, 18 ménages avaient reçu un coup de main de l’Office pour se reloger.

«Il y a un peu plus d’activité que l’année dernière», a indiqué la responsable du service d’aide au relogement de l’OMHM, Patricia Bouchard. Cette dernière s’attend à ce que le téléphone de l’OMHM sonne davantage au cours de la prochaine semaine.

L’an passé, à pareille date, l’OMHM avait reçu 64 appels de la part de ménages qui cherchaient désespérément un logement ou qui avaient besoin d’information, comparativement à 57 cette année.
Grâce à son réseau de contacts, l’OMHM est en mesure de dénicher des logements pour les ménages en détresse. «À chaque année, il y a une magie qui s’opère et on arrive à trouver sans subvention», a mentionné Patricia Bouchard.

L’OMHM encourage aussi les ménages à réévaluer leurs besoins, à envisager d’autres quartiers et à refaire leur budget.

Malgré tout, les logements abordables manquent à Montréal. «Les gens ne renouvellent pas leur bail parce qu’ils ne sont plus en mesure de payer, a rapporté Mme Bouchard. Ils espèrent trouver un logement moins cher jusqu’à la dernière minute, mais ils n’y arrivent pas.»
Les reprises de logement font en sorte que des logements à bas prix sont retirés du marché et que des ménages se retrouvent sans toit, a ajouté la directrice de l’OMHM.

Besoin d’aide?
Les Montréalais qui cherchent toujours un logement à la veille du 1er juillet peuvent communiquer avec l’OMHM en composant le 514 868-4002.

Source : http://journalmetro.com/actualites/montreal/515380/a-une-semaine-du-1er-juillet-sept-menages-sont-sans-toit/

24 juin 2014 : Luttons contre l'oppression nationale!



Déclaration conjointe du Parti communiste du Québec (section du PCC) et de la Ligue de la jeunesse communiste du Québec

Le Parti communiste du Québec et la Ligue de la jeunesse communiste du Québec offrent leurs vœux de solidarité les plus chaleureux aux travailleuses et aux travailleurs du Québec à l’occasion de leur fête nationale.

Le peuple du Québec constitue une nation dont les droits sont niés au sein du Canada depuis la conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre en 1763, d’abord par les colonialistes britanniques et ensuite par la classe capitaliste canadienne. Comme la nation acadienne, les minorités canadiennes françaises des autres provinces, la nation métis, les Premières Nations et Inuit, la nation québécoise subit l’oppression nationale dans ce pays.

L’oppression nationale est intimement liée au développement du capitalisme au Canada.
La classe capitaliste canadienne est la seule bénéficiaire de cette oppression. En attisant artificiellement les antagonismes entre les nations du Canada, elle réussit à diviser et affaiblir la classe ouvrière multinationale canadienne et s’assure ainsi de se maintenir aux commandes du pays bien qu’elle ne constitue qu’une petite minorité de la population. 

Cette oppression se manifeste de plusieurs façons: racisme, discrimination, négation des droits linguistiques, culturels ou territoriaux, inégalité économique entraînant des taux de chômage plus élevés, des salaires et des niveaux de vie inférieurs. Parmi les nations opprimées, se sont les Premières Nations, Inuit et métis qui en subissent les manifestations les plus aigues, tandis que toutes se voient refusé le droit de s’autodéterminer politiquement et de choisir librement la forme de souveraineté qu’elles souhaiteraient, soit l’autonomie, l’indépendance, ou une véritable confédération de nations égales en droit.

Cette négation du droit à l’autodétermination est l’essence de l’oppression nationale que subit le Québec. Cela soulève l’indignation du peuple québécois et a engendré depuis les années 60 le mouvement souverainiste dirigé par la classe capitaliste québécoise.

La nation québécoise dispose déjà d’une certaine autonomie politique à travers les pouvoirs provinciaux qui lui sont dévolus dans le cadre fédéral actuel. Historiquement, la bourgeoisie québécoise, c’est-à-dire la classe capitaliste et dominante du Québec, s’est appuyée sur ces pouvoirs pour se développer. Aujourd’hui, elle contrôle la majeure partie des capitaux de la province et certains de ses représentants disposent d’importants investissements et exploitent de la main-d’œuvre ailleurs au Canada et à l’étranger. Le Québec a une économie développée et fait partie du cercle restreint des puissances impérialistes dans le monde. Malgré cela, la bourgeoisie québécoise est partagée quant à l’avenir de sa relation avec le reste du Canada, une partie d’elle étant disposée à se satisfaire de l’autonomie provinciale actuelle, l’autre souhaitant jouir de la plénitude des pouvoirs d’un état indépendant.

Le Parti Libéral du Québec et la Coalition Avenir Québec sont l’expression politique de la partie fédéraliste-autonomiste de cette bourgeoisie et le Parti Québécois est celle de la partie souverainiste-indépendantiste. Le Parti Québécois essaie d’attiser les ressentiments nationalistes pour gagner le soutien de la classe ouvrière et des couches populaires du Québec à son projet de constitution d’un nouvel état capitaliste où seraient essentiellement maintenues l’oppression et l’exploitation de la classe ouvrière par la bourgeoisie. Mais jusqu’à présent, il n’est pas parvenu à gagner ce soutien de la majorité de la population.

Aussi, depuis maintenant quatre décennies, le PQ et les Libéraux se partagent le pouvoir provincial en alternance, en faisant au peuple durant les campagnes électorales des promesses qu’ils s’empressent de trahir sitôt élus.

Pendant longtemps, le projet péquiste trouvait écho parmi les forces progressistes réformistes au sein de la classe ouvrière et des couches populaires du Québec. Celles-ci étaient disposées à soutenir le PQ en taisant les revendications et les aspirations de la classe ouvrière pour ne pas compromettre l’objectif de la souveraineté, qu’elles conçoivent comme une étape préalable à toute émancipation sociale. Mais à force de trahison de la part du PQ, de plus en plus de gens parmi ces forces réformistes s’en détachent et veulent se doter désormais d’un véhicule politique qui leur soit propre, qui allie la souveraineté politique du Québec avec le progrès social. Malheureusement, ils conçoivent et limitent ce progrès à des réformes dans le cadre du système capitaliste.

Pourtant, la nécessité d’en finir avec le système capitaliste qui est responsable des malheurs et des difficultés que vit le peuple travailleur du Québec s’impose de plus en plus comme une évidence. Sans compter les menaces que ce système fait peser sur l’environnement et la paix à travers le monde, les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs ne cessent de reculer tandis que les profits des entreprises bondissent. Tous les paliers de gouvernement, tant fédéral, provincial que municipaux, restent déterminés à faire payer davantage la classe ouvrière et à lui enlever ses acquis : réduction de services publics, chômage croissant, gel ou réduction salariale, précarité en emploi, offensive contre les régimes de retraite, etc., tout y passe, .
 
Les communistes refusent de s’allier à la bourgeoisie québécoise pour faire un État capitaliste séparé, parce que cela implique nécessairement de reléguer au second plan et de laisser sur la glace la lutte qui correspond véritablement aux intérêts de la classe ouvrière, la lutte pour le socialisme c’est-à-dire une société dirigée directement par la classe ouvrière pour le bénéfice de la grande majorité du peuple travailleur.

Or, cette lutte pour le socialisme exige que la classe ouvrière, composée de diverses nationalités au Canada, soit unie face à son ennemie, la classe des capitalistes, tant canadiens que québécois et qu’étrangers, pour lui arracher le pouvoir d’État à la grandeur du pays. Lutter pour faire l’indépendance du Québec aujourd’hui, implique non seulement de différer et d’affaiblir la lutte pour le socialisme, mais sa réalisation contribuerait même à renforcer la domination de l’impérialisme américain sur le Québec et sur le reste du Canada.

C’est pour promouvoir cette unité nécessaire que les communistes militent activement au sein de la classe ouvrière multinationale du Canada en proposant un programme de réformes démocratiques et constitutionnelles qui garantiraient la pleine égalité de toutes les nations du Canada, notamment, une nouvelle constitution basée sur un partenariat égal et volontaire du Québec et du Canada anglophone, et garantissant les droits nationaux des Premières Nations et Inuit, des nations métis et acadienne, et de toutes les minorités nationales.

VIVE LA CLASSE OUVRIÈRE DU QUÉBEC !
VIVE LA LUTTE POUR LE SOCIALISME !

samedi 21 juin 2014

Rassemblement de protestation autochtone

Kwé, Kuei, Bonjour!!!

Le Cercle des Premières Nations de l’UQÀM, Idle No More Québec, le Groupe de Recherche d'Intérêt Public de l'UQAM et La famille vous invitent à vous joindre au  Rassemblement de protestation autochtone pour souligner le solstice d’été et la Journée nationale des Autochtones!

Quand? Samedi le 21 juin, à 17h30
Où? La Place d'Armes dans le Vieux-Montréal

Ce rassemblement  sera l’occasion de rappeler les revendications autochtones.  Le 21 juin prochain, lançons un message clair au gouvernement : nous continuerons à promouvoir nos droits et le respect de la Terre Mère! Dans une perspective de rapprochement des nations, nous célébrerons également la solidarité entre les peuples.

Nous invitons toutes les organisations sympathiques à la cause à se joindre à nous. Nous invitons également toutes les communautés du Québec à organiser leur propre événement de solidarité autochtone et de promouvoir ainsi l’unité entre nations.

Face à la destruction de nos forêts et rivières, à l'accélération de l'exploitation industrielle du Nord du Québec et aux visées du gouvernement avec son Plan Nord, unissons nos voix!

Face à l'accord récent  d'Ottawa pour le  pipeline Northern Gateway, unissons nos voix!

Face au projet de Loi fédéral sur l'éducation de Premières Nations, unissons nos voix!

Unissons nos voix pour le respect du territoire, de sa diversité et des droits des peuples qui y habitent!
Disons OUI à un avenir respectueux de notre environnement!

Ce rassemblement  se veut pacifique, festif et familiale. Venez avec amis et famille et apportez tambours, hochets, jingle dress, plumes rouges! S.V.P. arrivez coloré.E.s! Le rouge est à l’honneur. C’est donc un rendez-vous le 21 juin!

Nous vous attendons en grand nombre!

jeudi 19 juin 2014

Amérique latine : Le féminisme réactive la lutte contre l’exploitation des ressources naturelles

« Le modèle extractif entraîne la militarisation des territoires, et les femmes font face à des formes spécifiques de violence dues à leur condition de femmes. Ceci inclut des agressions physiques et sexuelles de la part des forces de sécurité. »

Jeudi 20 février 2014, Miriam Gartor

Du sud au nord, les veines de l’Amérique latine continuent de saigner. Projets extractifs miniers, d’hydrocarbures ou agro-industriels se multiplient partout sur le territoire latino-américain, propriétés d’entreprises transnationales, auxquelles ont été rattachées les compagnies publiques les dernières années. Parce que s’il y a une chose sur laquelle les gouvernements néolibéraux et progressistes latino-américains se rejoignent, c’est la consolidation d’un modèle « néo-développementiste » basé sur l’extractivisme. L’autre visage de ce processus d’extraction et d’exportation des matières premières à grande échelle est représenté par la dépossession accélérée du territoire et la négation des droits des populations affectées.

Bien que les femmes ont été présentes dans les résistances socio-environnementales contre les projets extractifs, leurs luttes ne sont pas toujours visibilisées. Cependant, dans les dernières décennies, la présence massive des femmes et leur rôle essentiel dans la défense du territoire sont devenus de plus en plus visibles et importants, dans la mesure où le processus d’accaparement des terres s’est aggravé lui aussi.

Leurs voix, qui sont ancrées dans une pluralité de réalités et de positionnements, révèlent l’impact que les activités extractives ont dans les relations de genre et dans la vie des femmes. Certaines voix proviennent des féminismes populaires et communautaires, d’autres des éco-féminismes et  d’autres encore de femmes qui ne se reconnaissent pas comme féministes de manière explicite. Mais toutes, dans leur diversité, partagent l’horizon d’une lutte post-extractiviste, anticoloniale et anti-patriarcarle et se renforcent dans et par les résistances. Son apport principal : mettre en lumière les liens étroits entre le patriarcat et le modèle extractif.

 

Traite de femmes et de filles

Que l’on parle des projets pétroliers en Amazonie équatorienne, de l’exploitation minière de Cajamarca au Pérou ou de la route du soya en Argentine; ces projets partagent tous une réalité commune. L’arrivée massive de travailleurs a provoqué l’augmentation du marché sexuel dans ces lieux affectés par les activités extractives. L’alcool, la violence et la traite des femmes et des filles à des fins d’exploitation sexuelle s’établissent dans le quotidien des communautés comme illustration de la forte violence machiste. Une enquête réalisée dans le cadre de la Rencontre latino-américaine Femmes et minières, qui a eu lieu à Bogota en octobre 2011, a révélé « qu’il apparaît des phénomènes critiques qui affectent directement les femmes comme l’esclavage, la traite, la migration de femmes pour échange de services sexuels (…) et la stigmatisation des femmes qui exercent la prostitution ».

D’un autre côté, le modèle extractif entraîne la militarisation des territoires et les femmes font face à des formes spécifiques de violence dues à leur condition de femme. Cela inclut à de nombreuses occasions, des agressions physiques et sexuelles de la part des forces de sécurité publique et privée.

De cette perspective, autant la terre que le corps des femmes sont perçus comme des territoires que l’on peut sacrifier. À partir de ce parallèle, les mouvements féministes contre les projets extractifs ont construit un nouvel imaginaire politique et de lutte à partir duquel le corps des femmes est le premier territoire à défendre. La récupération du territoire-corps comme premier pas est indissociable de la défense du territoire-terre. Une réinterprétation qui fait en sorte que les concepts de souveraineté d’autodétermination des territoires prennent de l’importance et ont un lien avec les corps des femmes.
Ce sont les femmes Xinkas, qui résistent contre les minières dans les montagnes de en Xalapán (Guatemala) qui ont construit ce concept, du point de vue de leur féminisme communautaire. Elles affirment que défendre un territoire-terre contre l’exploitation sans prendre en compte le corps des femmes qui est violenté est une incohérence. « La violence sexuelle est inadmissible au sein de nos territoires, pourquoi alors le défendrions-nous? » se demande Lorena Cabnal, membre de l’Association des femmes autochtones de Santa María de Xalapán – Jalapa.

 

Les femmes sont une économie en résistance

La pénétration des industries extractives dans les territoires déplace et désarticule les économies locales. Cela rompt avec les formes anciennes de reproduction sociale de la vie, qui sont maintenant réorientées en fonction de la présence centrale de l’entreprise. Ce processus amène dans les communautés une économie productive hautement masculine et masculinisée, qui accentue la division sexuelle du travail. Les autres pans de l’économie locale non hégémoniques – l’économie populaire, de soins, etc. –, qui jusqu’à ce moment, avaient un certain poids dans les relations communautaires, deviennent maintenant marginaux.

Dans un contexte où les rôles traditionnels de genre sont profondément enracinés et où le maintien de la vie est subordonné aux dynamiques de l’accumulation de l’activité minière, les impacts socio-environnementaux comme la contamination des sources d’eau ou l’augmentation des maladies augmentent notablement la charge du travail domestique et des soins réalisés quotidiennement par les femmes.

« Il y a des milliers d’expériences productives et économiques portées par les femmes que nous reconnaissons et les appelons maintenant des économies en résistance ». Sur la base de cette idée, adoptée de façon collective lors de la Rencontre régionale des féminismes et femmes populaires en Équateur en juin 2013, les femmes mettent de l’avant une autre façon de faire et penser l’économie. Une économie basée sur la gestion des biens communs, qui garantit la reproduction de la vie au quotidien. Avec ceci et comme le souligne la sociologue et investigatrice argentine Maristella Svampa, la présence des femmes dans les luttes socio-environnementales a impulsé un nouveau langage de valorisation des territoires basé sur l’économie des soins. Derrière ces luttes, donc, émergent un nouveau paradigme, une nouvelle logique et une nouvelle rationalité.

 

L’extractivisme et la reconfiguration du patriarcat

« La présence des hommes provenant d’autres communautés qui occupent les rues, qui se mettent à boire de l’alcool et qui harcèlent les femmes, fait en sorte que ces dernières ne peuvent pas sortir prendre un café parce qu’on les traite de putes », racontent les femmes de Cajamarca, une des régions les plus occupées par les activités minières au Pérou.

Dans un contexte de la masculinisation accélérée de l’espace, l’extractivisme réarticule les relations entre les genres et renforce les stéréotypes de masculinité hégémonique. Dans les zones où sont installées les industries extractives, l’imaginaire binaire basé sur la figure de l’homme pourvoyeur se consolide et le masculin est associé à la domination. Dans cette recatégorisation des schèmes patriarcaux, le féminin reste prisonnier de l’idée de la femme dépendante, objet que l’on peut contrôler et abusé sexuellement.

En bref, comme le démontre une enquête publique d’Acsur-Las Segovias, les aspirations collectives qui dominent les activités extractives sont fortement influencées par les modèles masculins, par un des imaginaires masculinisés. Dans ce contexte, les expériences féministes permettent de visibiliser l’extractivisme comme une étape de réactualisation du patriarcat. L’investigatrice et activiste sociale mexicaine Raquel Gutiérrez soutient que : « l’extractivisme et le patriarcat ont un lien symbolique. Ils ne sont pas identiques, mais un ne peut pas aller sans l’autre ».

 

Protagonistes de la résistance

Quand l’entreprise Yanacocha a pris possession du projet minier Conga en 2001, au Pérou, personne ne pouvait imaginer qu’une femme seule mettrait en danger les aspirations de l’entreprise. Máxima Acuña a affronté avec fermeté un des géants des minières. Elle a refusé l’accès à ses terres, situées face à la Laguna Azul de la région péruvienne de Cajamarca, à une entreprise qui a été dénoncée à de nombreuses reprises pour son acquisition irrégulière de terrains privés. Depuis 2011, Máxima et sa famille ont été victimes de tentatives violentes de déplacement forcé de la part du personnel de mine et de la police de l’état. Malgré les menaces, intimidations et hostilités, elle résiste à un processus judiciaire rempli d’irrégularités que l’entreprise a entamé à son endroit afin de s’approprier ses terres.
En juin 2008, Gregoria Crisanta Pérez et sept autres femmes de sa communauté de Agel, à San Miguel Ixtahuacán, Guatemala, ont saboté les lignes électriques, interrompant l’alimentation électrique de la minière Montana Exploradora, subsidiaire de la compagnie canadienne Goldcorp Inc. Pendant quatre ans, un ordre de capture pour sabotage du fonctionnement des activités de la mine les a poursuivis. Finalement, en mai 2012, les charges pénales ont été levées et les femmes ont réussi à récupérer une partie des terres de Gregoria, qui avaient été utilisées illégalement par l’entreprise.

Les femmes du village de Sarayaku, dans l’Amazonie équatorienne, ont entamé la résistance contre la pétrolière argentine Compañía General de Combustibles (CGC), qui avaient réussi à les expulser de leurs terres en 2004. L’État équatorien avait cédé 60 % de son territoire à l’entreprise, sans réaliser aucun processus d’information et de consultation préliminaire des communautés. Ce sont les femmes qui, dès le départ, ont pris l’initiative de la lutte. Quand l’armée a attaqué le territoire pour militariser la région en faveur de l’industrie pétrolière, elles ont saisi leurs armes. L’armée a voulu négocier la restitution des armes secrètement. Mais, le village de Sarayaku, encouragé par les femmes, a convoqué toute la presse de l’Équateur pour dévoiler le cas publiquement. En 2012, après une décennie de litiges, la Commission interaméricaine des droits humains a reconnu l’État équatorien responsable de la violation des droits du peuple de Sarayaku.

Ceux-ci, et d’autres exemples illustrent le panorama anti-extractif latino-américain, au sein duquel les femmes sont des protagonistes importantes de la résistance, amenant de nouveaux mécanismes de luttes et revendiquant leur propre espace. Dans son communiqué, les femmes amazoniennes qui, en octobre 2013, ont marché plus de 200 km contre la 11e Ronde pétrolière en Équateur ont proclamé : « Nous défendons le droit des femmes à défendre la vie, nos territoires et de parler de notre propre voix ».

texte : Miriam Gartor 
traduction  : Éve-Marie Lacasse

jeudi 12 juin 2014

Mars 2013 et ses 714 arrestations

Par Marianne Breton Fontaine


Le 22 mars 2013, la LJCQ avait répondu à l'appel de l'ASSÉ pour commémorer la marche historique de 200 000 personnes un an plus tôt au plus fort de la grève étudiante. Le combat continuait alors que Marois, nouvellement élue, implantait l'indexation des frais de scolarité. À peine avions-nous commencé à marcher en tenant notre bannière qu'à un tournant, la panique s’empara de la manifestation. La police, aussi nombreuse que nous, fonçait de tous les côtés
pendant qu’un discours incompréhensible était crié dans un haut-parleur du SPVM. Dans la course pour fuir ce qui était évidemment une tentative de nous prendre en souricière, moi et mon conjoint avions perdu de vue nos autres camarades. Trop tard, voilà que nous étions encerclés par la police avec une centaine d’autres manifestant-e-s, dont Anarchopanda. Après quelques heures dans le froid, on nous refila comme à tout le monde, une belle contravention de 637 $ chacun. Pour notre famille pas très riche, c’était impossible à payer. Pas la peine de dire que nous avons contesté. (Et même si nous pouvions payer, tout le monde est encouragé à contester P-6, donc à contester par principe ces contraventions ignobles.)

Nous avons donc été convoqués à la cour municipale hier, le 11 juin. La foule était nombreuse. L’État avait réussi à réunir dans une même salle une quantité impressionnante de militant-e-se d’horizons politiques très différents. Des gens du milieu anarchiste, des communistes, des sociaux-démocrates, des militant-e-s dans la solidarité avec Cuba, des militantes féministes, des étudiant-e-s, etc.  On me glissa en blague dans l’oreille que ce serait peut-être le temps de faire une assemblée sur la riposte et de passer quelques résolutions. C’est que ce n’était pas que les arrêté-e-s du 22 mars 2013 qui furent conviés, mais ceux des manifestations du 5 mars (environ 70 arrestations lors d’une manifestation nocturne), du 13 mars (2 arrestations lors d’une manifestation étudiante contre l’indexation), du 15 mars (297 arrestations lors de la manifestation annuelle du Collectif opposé à la brutalité policière [COBP], dont le thème était « Contre l’impunité policière ») et du 19 mars (45 arrestations lors d’une « manif nocturne »). Faite le calcule, au mois de mars 2013 seulement, P-6 a permis l’arrestation de 714 personnes. 

Rappelons-nous que les dispositions de P-6 interdisant de manifester masqué et obligeant de fournir un itinéraire à la police furent adoptées comme règlement municipal en 2012 à la suite de la loi 78 largement contestée qui contenait des éléments similaires par rapport au droit de manifester. Ce règlement, ou les dispositions similaires dans 78, ne furent pas utilisés durant la grève étudiante. La mobilisation étant déjà très grande, une insulte supplémentaire aurait pu stimuler une plus grande contestation. Mais depuis 2013, alors que l’effervescence contestataire est retombée et que les militant-e-s pansent leurs blessures de 2012, P-6 est devenu un outil privilégié de répression pour le SPVM. Plus besoin d’attendre qu’une fenêtre se brise et soit captée par les médias pour justifier une arrestation de masse. Nous sommes aujourd’hui arrêtés en souricière avant même d’avoir pu débuter une quelconque marche. Les manifestations sont tuées dans l’œuf, et les contraventions salées de 637 $ s’accumulent sur le dos des militant-e-s les plus actifs. Face à la pression, face à l’issue évidente de tant de manifestations aujourd’hui, plusieurs se découragent, et la mobilisation est plus timide.

Cette issue prédéterminée des manifestations par la police ne se fait pas réellement en fonction de l’itinéraire. C’est la mobilisation et le contenu politique qui déterminent véritablement si une manifestation sera l’objet d’une intense répression et d’arrestations massives. En trop grand nombre, la tactique des souricières ne fonctionne pas pour étouffer la contestation. Pour prouver le profilage politique, le COBP a fait l’inventaire des manifestations sans itinéraires qui ont été étouffées dans l’œuf avec l’aide du règlement P-6 et celles que la police a laissé se dérouler. Le contraste est assez frappant. Le SPVM, avec son analyse politique plus que limitée, semble focaliser sa répression sur les manifestations organisées principalement par des jeunes et au caractère anticapitaliste.  

Ce constat montre à la fois un mépris social de la jeunesse et de ses idées politiques — le traitement des jeunes dans les médias lors du printemps étudiant nous avait tous déjà laissé un goût amer. Car la triste vérité est que la répression de certaine manifestation comme celle contre la brutalité policière tous les 15 mars, sont considérées comme acceptable et même souhaiter. C’est le message que les médias relaient trop souvent. Et cette passivité qu’a collectivement la population face à ces arrestations de masse est ce qui donne l’autorisation d’agir aux forces policières. Le fait que la police se permette de réprimer certaines manifestations ne constitue pas un choix de la police par rapport à ce que le bras armé de l’État considère comme acceptable politiquement ou non — et donc une preuve de la « radicalité » de certaines revendications —, mais au contraire, du niveau politique atteint par cette société qui observe, de la conscience de classe. Les arrestations de masse sont à la fois un moyen de punir les manifestant-e-s et de lancé un message à tous les autres. 

Nous serons conviés à nouveau à la cour municipale. Des camarades de la LJCQ ont aussi été arrêtés lors de la manifestation du 15 mars 2014 qui s’était encore une fois soldé par des arrestations de masse, à quelques mètres à peine du point de rendez-vous. J’y ai personnellement échappé, probablement parce que j’avais sur mes épaules mon petit garçon de 3 ans et que je me tenais un peu en retrait pour sa sécurité. D’autres parents n’ont pas eu cette chance cette journée-là. La police avait déclaré la manifestation illégale deux jours avant le rassemblement. L’arrestation fut donc fulgurante. Pourtant, les médias n’ont pas cru bon souligner la tournure scandaleuse de ces arrestations préférant parler de « maîtrise » de la manifestation — comme s’il s’agissait d’un débordement et d’une réaction « légitime » de la police. Mais réaction à quoi, on se le demande! C’est pourquoi un nouveau recours collectif fut déposé le 5 mai 2014 contre la Ville de Montréal. Comme le souligne le COBP sur son site web, il s’agit du dixième recours de ce genre. Il s’ajoute au à ceux du « 4 avril 2012 (76 arrestations), du 23 mai 2012 (518 arrestations — la plus grosse arrestation de masse de la grève), du 7 juin 2012 (souricière à caractère “préventif” dans le cadre du Grand Prix qui fut éventuellement dispersé après des arrestations ciblées en son sein), du 15 mars 201 (deux recours pour deux souricières lors de la précédente manifestation du COBP — environ 250 arrestations), du 22 mars 2013 (deux recours pour deux souricières lors d’une manifestation contre l’austérité — plus de 200 arrestations), du 5 avril 2013 (manifestation contre P-6 durant laquelle la tête d’Anarchopanda fut fameusement dérobée — 279 arrestations) et du 1er mai 2013 (447 arrestations pour la journée internationale des travailleurs et travailleuses). »

La lutte à p-6 s’inscrit dans le contexte plus large des attaques contre la classe ouvrière et des mesures répressives qui se multiplient. La contestation judiciaire est assurément importante dans la lutte à P-6 et aux autres réglementations similaire qui bafoue nos droits politiques. Mais ça ne peut pas y être limité. D’un autre côté, la simple défiance au règlement (soit organiser des manifestations sans itinéraire) ne semble pas efficace vu le niveau de mobilisation qu’elle suscite et l’impunité avec laquelle les policiers travaillent. En fait, cette tactique semble plutôt avoir permis à la police de compléter ses fiches de renseignement et constitue un lourd fardeau sur certains cercles de militant-e-s de plus en plus restreint. Il y a donc une sérieuse réflexion à entreprendre pour déterminer une stratégie de lutte commune.