mardi 22 mars 2011
Le Collectif Échec à la guerre dénonce l’agression militaire étrangère contre la Libye
La caution apportée par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies ou celle de la Ligue arabe ne peuvent servir à justifier l’intervention militaire actuelle contre la Libye. L’appui de la Ligue arabe à l’instauration d’une zone d’interdiction aérienne était ambigu dès le départ et l’organisation rejette maintenant les frappes militaires effectuées. Quant à la décision du Conseil de sécurité, elle s'inscrit dans la lignée du détournement des Nations Unis que nous observons depuis plusieurs années, alors que cette instance s’éloigne de plus en plus ouvertement de son rôle officiel de gardienne de la paix et de la sécurité pour plutôt légitimer les agressions des puissances occidentales – États-Unis en tête – au Moyen-Orient et en Asie centrale.
Après nous avoir servi les arguments humanitaires et démocratiques pour l'intervention en Irak et en Afghanistan, nos dirigeants politiques nous servent encore une fois l’argument que nous devons « venir en aide au peuple libyen ». Une « aide » qui, en l’Irak, a entrainé des centaines de milliers de victimes innocentes et qui, en Afghanistan, ne cesse de faire de nombreuses victimes « collatérales » -- rappelons simplement les 60 civils, dont 30 enfants, qui ont été tués durant les quatre jours d’attaques contre Ghazi Abad du 16 au 19 février derniers. Même si nos médias s’empressent de nous confirmer que les cibles ont été « soigneusement choisies pour éviter les pertes civiles »... il est impossible que des pertes civiles importantes soient évitées.
Sachant que nos gouvernements continuent de soutenir des régimes qui exercent actuellement une répression sanglante contre les mouvements de révolte civils au Bahreïn et au Yémen et sachant que nos gouvernements ont accordé leur appui pendant des décennies aux régimes dictatoriaux de Ben Ali et de Moubarak et, encore aujourd’hui, à la famille royale saoudienne, nous ne pouvons qu'être sceptique face à l'argument humanitaire. Nous ne pouvons que trouver odieuse la sensibilité sélective des dirigeants politiques occidentaux et la collusion des grands médias en ce qui concerne les victimes civiles et la protection qu’il faudrait leur offrir.
Pour le Collectif Échec à la guerre, il est impératif de trouver un règlement politique dans le respect de la souveraineté du peuple libyen. La logique guerrière occidentale vient plutôt jeter de l’huile sur le feu, consolider le pouvoir des armes et de la répression et empêcher la croissance de mouvements larges d’opposition exprimant les aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie.
lundi 21 mars 2011
Le comité de l'Union africaine contre "toute intervention militaire"
La situation en Libye "exige une action urgente pour une solution africaine à la crise gravissime que traverse ce pays frère", a déclaré M. Ould Abdel Aziz. "Cette solution doit être conforme à notre attachement au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Libye, ainsi qu'au rejet de toute intervention militaire étrangère qu'elle qu'en soit la forme", a-t-il ajouté.
Il a cependant reconnu qu'à la suite d'un vote jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU autorisant l'usage de la force en Libye et le sommet international de Paris où a été annoncé samedi le début de l'opération militaire, le comité devait, "de manière responsable et efficace, tenir compte dans (sa) démarche de cette évolution nouvelle".
"Nous devons mieux coordonner nos efforts avec tous nos partenaires et toutes les parties concernées pour aboutir à un règlement rapide de cette crise", a ajouté le chef de l'Etat mauritanien, un ancien général.
Des avions de chasse français ont procédé à quatre frappes aériennes au total samedi en Libye, détruisant plusieurs blindés des forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi.
Trois des cinq chefs d'Etat qui composent le comité de l'UA participent à la réunion de Nouakchott: outre M. Ould Abdel Aziz, il s'agit d'Amadou Toumani Touré (Mali) et Denis Sassou Nguesso (Congo). Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Yoweri Museveni (Ouganda) y sont représentés par des ministres.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, participe également à la rencontre, ainsi que le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.
Après leur réunion dans la capitale mauritanienne, les membres du comité doivent se rendre dimanche à Tripoli, selon le programme officiel de la rencontre.
La Ligue arabe critique les frappes de la coalition.
"Ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne, et ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Caire.
Il a également annoncé son intention de convoquer une réunion d'urgence du Conseil de la Ligue arabe afin de discuter de la situation dans les pays arabes, notamment en Libye et au Yémen.
Lors d'une réunion précédente au Caire, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe ont appelé l'Onu à instaurer en Libye une zone d'exclusion aérienne.
Jeudi 17 mars, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté une résolution permettant un recours à la force pour protéger la population libyenne des troupes du colonel Mouammar Kadhafi. Une opération militaire a été lancée samedi par la coalition des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et le Canada. Les premières frappes ont été portées par les chasseurs français. 110 missiles de croisières ont été tirés par la coalition dans la nuit du samedi au dimanche.
Selon les médias officiels libyens, la coalition a frappé des cites civils dans les villes les plus importantes du pays, notamment à Tripoli, Benghazi et Zouara, ainsi que les dépôts de pétrole à Misrata. La télévision libyenne a également annoncé la mort de 50 civils dont les enfants, les femmes et les personnes âgées.
dimanche 13 mars 2011
samedi 12 mars 2011
Le nazi d’à côté
Tout à l'Est de l’Allemagne, l'extrême droite impose ses valeurs dans plusieurs villages. Quelques habitants ont décidé d’entrer en résistance, mais leur combat reste bien solitaire.
Pour une fois, les Lohmeyer ont passé une bonne semaine. Dimanche, un commando d’intervention spéciale des forces de police a embarqué leur pire voisin. Depuis mardi, la plaque en laiton qui proclamait "Jamel, communauté libre, sociale, nationale" – et signalait clairement au visiteur qui faisait la loi ici -, a disparu de l’entrée du village. Même le poteau indicateur pointant vers Braunau, lieu de naissance d’Adolf Hitler, a finalement été retiré sur ordre des autorités.
Le village de Jamel ressemble enfin à n’importe quel autre de la région, et non au bastion nazi qu’il demeure néanmoins. Cette année, pour le réveillon, les Lohmeyer ont été invités à Berlin par le président allemand, Christian Wulff, et ils ont reçu des dizaines de lettres de soutien de toute l’Allemagne et de l’étranger. Le musicien et sa femme, auteur, font désormais figure de citoyens modèles, même s’ils aspirent toujours au même calme que lorsqu’ils ont quitté Hambourg, il y a six ans. C’est à cette époque qu’ils sont arrivés à Jamel, hameau caché entre Wismar et Grevesmühlen [dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale, au Nord-Est du pays], au bout d’une impasse, et au-delà des limites de la démocratie.
Des rats crevés dans leur boîte aux lettres
Les policiers ont une nouvelle fois interpellé Sven Krüger, un militant du NPD déjà condamné à douze reprises. Krüger, 36 ans, s’était bâti un petit empire nazi à Jamel et dans les environs. "Nos gars font le sale boulot", peut-on lire à l’entrée de l’entreprise de démolition qu’il dirige dans le village voisin de Grevesmühlen.
Krüger est réputé comme un homme particulièrement violent qu’il vaut mieux éviter. Il est actuellement en détention provisoire, accusé de recel et d’infraction à la loi sur le port d’armes. Il suffit de jeter un œil sur sa permanence de Grevesmühlen, où le NPD a établi son quartier général, pour comprendre à quel courant de pensée il adhère. Le bâtiment est protégé par des clôtures en bois et des rouleaux de barbelé, derrière lesquels se dresse un mirador équipé d’un projecteur. Des chiens aboient dès qu’un passant s’approche. Le quartier général du NPD ressemble fort à un camp de concentration, et c’est voulu.
Les Lohmeyer ont appris avec un mélange d’effroi et de soulagement que Krüger restait provisoirement derrière les barreaux. Oui, ils ont peur de lui et de ses compagnons. "Ils pensent que le village leur appartient", explique Birgit Lohmeyer, qui a déjà trouvé des rats crevés dans sa boîte aux lettres. Elle nous parle de cela et des exercices de tir dans la forêt avec un air dégagé. Les beuveries entre camarades nazis sur la place du village ont pourtant de quoi inquiéter. Le soir, des hommes braillent des chants nazis autour d’un feu de camp. Cet été, quand Krüger s’est marié, des centaines de militants d’extrême droite sont venus participer à la fête dans le village "national libéré" de Jamel.
Les héritiers de Himmler
Jamel n’est toutefois pas le seul village où les néonazis et le NPD prennent de plus en plus leurs aises. Deux villages voisins sont également terrorisés par les extrémistes. Ici, personne ne veut parler ouvertement de ce problème. "La plupart des habitants se disent : il ne faut pas s’étonner si celui qui se penche trop par la fenêtre finit par tomber", remarque Horst Lohmeyer à propos du climat de peur qui règne dans la région. En 2007, sa femme et lui ont toutefois osé franchir le pas quand un journal décida d’écrire sur Jamel. Tous les habitants du village ne sont pas des nazis, déclarèrent-ils. Depuis, les rares voisins qui ne font pas partie des affidés de Krüger ont rompu tout contact avec eux.
Dieter Maßmann connaît bien ce sentiment de solitude. Maire de Hoppenrade, petit village situé à une centaine de kilomètres à l’Est, il habite dans une région pleine de hameaux comme celui de Jamel et confrontés au même problème. Il nous raconte une étrange histoire : les familles extrémistes font partie du mouvement des Artamans. C’est ainsi que se surnomment les "paysans de sol et de sang" venus s’installer après la réunification. Ils se considèrent comme les héritiers du mouvement populaire des Artamans fondé dans les années 20 et dont firent partie Heinrich Himmler, chef des SS, et Rudolf Höß, commandant du camp d’Auschwitz.
Les enfants chantent des chants nazis
Les "néo-artamans" font mine d'être paisibles. Ils ont beaucoup d’enfants, font de l’agriculture bio, sont opposés aux OGM et soutiennent le NPD, qui compte six représentants à l’assemblée régionale. En 2009, un incident est toutefois survenu dans une crèche non loin de Hoppenrade : les enfants de familles d’Artamans se sont mis à entonner des chants nazis qu’ils avaient appris pendant les vacances. Ce sont des gens intelligents et habiles. "Ils tentent d'être d'avantage présents dans l'espace public à travers des associations et les pompiers", explique Massnahm.
Deux fois par an, les renseignements généraux viennent former les représentants municipaux. Mais en dehors de cela, les soutiens sont rares. Tous les étés, les Lohmeyer organisent un festival de musique afin de montrer aux nazis que le village ne leur appartient pas encore complètement. Ce qu’ils demandent ? L’interdiction du NPD. C’est le seul moyen de priver les néonazis de base organisationnelle. Dieter Maßmann est du même avis. Ils ne se raccrochent toutefois pas trop à cet espoir : tant que Berlin ne considérera l’extrême droite que comme un problème de l’ex-Allemagne de l’Est, leurs chances d’aboutir seront minces. Au mois d’août, les Lohmeyer organiseront de nouveau leur festival. "On a besoin de nous ici", déclare Birgit Lohmeyer.vendredi 11 mars 2011
affrontement entre les syndiqués du secteur public et le gouverneur républicain Scott Walker au Wisconsin
Au Wisconsin, l’affrontement entre les syndiqués du secteur public et le gouverneur républicain Scott Walker a pris un tournant inattendu mercredi soir.
Le Sénat est finalement parvenu à faire adopter son controversé projet de loi par un stratagème permettant de contourner l’absence des sénateurs démocrates, privant du coup les syndiqués de leur droit de négocier collectivement leurs conditions de travail.
Depuis plus de trois semaines, les 14 sénateurs démocrates se sont réfugiés en Illinois, frustrant le Sénat du quorum nécessaire pour passer au vote toute dépense budgétaire. Les républicains ont surpris tout le monde mercredi en retirant simplement les articles législatifs impliquant des dépenses.
C’est donc sous les huées des manifestants, dont la présence s’intensifiait d’heure en heure, que les sénateurs ont adopté la version révisée du projet de loi, selon La Presse Canadienne.
Le leader de la minorité démocrate, Mark Miller, a déclaré en entrevue à l’Associated Press que « 18 sénateurs de l'État ont effacé 50 ans de droits civiques au Wisconsin, et affiché un manque de respect envers le peuple et ses droits qui ne sera jamais oublié. »
Un projet qui, rappelons-le, fait l’objet d’imposantes manifestations à Madison depuis des semaines et dont les secousses se font sentir un peu partout ailleurs aux États-Unis. Les yeux rivés sur l’évolution de la situation, d’autres États s’apprêteraient à adopter des projets de lois similaires, dont le Michigan, l’Ohio et l’Indiana.
Le gouverneur Scott Walker défend son projet de loi en disant qu’il contribuera à combler un déficit budgétaire de plusieurs milliards de dollars, notamment par le gel partiel des salaires des fonctionnaires, des coupures dans les régimes de retraite, les pensions et les avantages sociaux.
Ce projet de loi survient pourtant après que le gouverneur ait accordé des réductions fiscales à hauteur de 140 millions $ aux entreprises.
Rappelons que le gouverneur Walker a été élu en janvier dernier grâce au soutien financier des frères Koch, des milliardaires ultraconservateurs faisant fortune dans l’industrie pétrochimique qui sont également de grands financiers du Tea Party.
Or, sous le couvert d’impératifs économiques, la stratégie républicaine vise surtout à restreindre l’influence et le pouvoir des syndicats du secteur public, à empêcher les organisations syndicales de percevoir directement et automatiquement les cotisations syndicales et à démanteler les plus importants bailleurs de fonds du Parti démocrate.
samedi 5 mars 2011
Au Québec : un rapport de force qui a basculé en faveur des… patrons
Article de Rue Frontenac | ||||||||
Écrit par Yvon Laprade | ||||||||
Jeudi, 03 mars 2011 15:08 | ||||||||
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Le lock-out de 25 mois au Journal de Montréal changera-t-il la façon de « gérer » les relations de travail au Québec ? Oui, affirment les uns; non, prétendent les autres. Le plus long lock-out dans l’histoire des médias au Canada n’a pas fini de faire jaser… Rue Frontenac a demandé à des spécialistes en relations de travail et à des observateurs chevronnés de se prononcer sur cet enjeu. Une tendance forte se dessine à la lueur des propos recueillis : le lock-out au quotidien de la rue Frontenac, et son dénouement en faveur de l’empire Quebecor, confirme que le rapport de force a basculé en faveur des patrons. En même temps, les syndicats semblent avoir de plus en plus de difficulté à s’organiser pour livrer une bataille à armes égales face à des dirigeants d’entreprise qui ne craignent plus d’user de stratégies pas toujours élégantes pour parvenir à leurs fins.
Faut-il conclure que les syndicats n’ont plus le gros bout du bâton quand vient le temps de négocier avec la partie patronale ? Faut-il comprendre que les patrons ont découvert qu’ils peuvent arracher des acquis à leurs employés syndiqués en faisant perdurer les conflits de travail ? « Cela fait dix ans au moins que le pouvoir syndical s’érode à l’avantage du patronat et ce qui vient de se produire au Journal de Montréal est un exemple parmi tant d’autres », constate le professeur en gestion des ressources humaines à HEC Montréal, Marc-Antoine Hennebert. Il ajoute : « Des conflits où les patrons ont eu le dessus sur les syndicats, on en a vu beaucoup au cours des dernières années. Mais le lock-out au Journal de Montréal a davantage retenu l’attention parce qu’il s’agissait d’un conflit dans un média d’information. C’était un symbole. » La loi antiscabs Tout en faisant ce constat, le professeur Hennebert se dit conscient que la réalité du travail au Québec a déjà été plus réjouissante. Il croit même qu’il faut y voir l’urgence de « moderniser les lois du travail » pour rétablir un rapport de force plus équitable entre les travailleurs syndiqués et les patrons.
Or, dans le conflit qui a opposé le syndicat des journalistes du Journal de Montréal à l’empire Quebecor, le gouvernement Charest a mis du temps avant d’accepter de tenir une commission parlementaire sur la pertinence de modifier la loi antiscabs, en février. « C’est certain qu’il faut apporter des modifications sur la question des briseurs de grève, notamment. C’est par ces changements qu’on pourra offrir des protections aux travailleurs », dit-il. Le professeur Louis Hébert, lui aussi de HEC Montréal, est convaincu que le conflit au Journal de Montréal « va pousser la réflexion », non seulement sur le rôle que jouent les organisations syndicales, mais aussi sur la façon d’organiser « l’activité humaine dans les entreprises ». « Avant, les employés se rendaient au travail, en usine, et accomplissaient des tâches pour remplir une mission définie dans une unité. Mais les entreprises n’ont plus les mêmes besoins, et cela a changé la façon de gérer les ressources humaines. C’est un virage dont il faudra tenir compte de plus en plus si on veut harmoniser les relations employés-employeurs », dit le professeur, qui s’intéresse aux dossiers du secteur manufacturier. |