mercredi 8 octobre 2014

CANADA HORS D'IRAK: NON À UNE NOUVELLE INTERVENTION IMPÉRIALISTE !


Déclaration du Comité central du Parti communiste du Canada, 13 au 14 sept. 2014 

Le Parti communiste du Canada s'oppose à une nouvelle guerre impérialiste en Irak, sous prétexte de combattre l'État islamique (IS), et appelle au retrait immédiat et complet du Canada de l'intervention militaire dirigée par les États-Unis. 

La doctrine de la responsabilité de protéger est servie à la population canadienne comme argument pour justifier une nouvelle guerre en Irak. Dans cette histoire, l'intervention est promue comme nécessaire pour sauver les peuples d'Irak et de Syrie du terrorisme de l’État islamique.

Mais cet argument occulte le fait que la principale et la plus immédiate menace à la paix et à la population du Moyen-Orient vient de l'impérialisme. Ce sont les États-Unis, de concert avec leurs alliés de l'OTAN et Israël, qui ont dirigé l'invasion de l'Irak en 1990, et qui ont effectué les sanctions meurtrières durant la décennie qui a suivi, et qui ont de nouveau envahi et occupé le pays à partir de 2003. Ce sont les États impérialistes qui ont mené une guerre terroriste contre le peuple de Syrie, où 100 000 personnes sont mortes et des millions ont été déplacées. C'est l'impérialisme qui a soutenu l'occupation israélienne de la Palestine, les politiques d'apartheid contre le peuple palestinien, et les frappes militaires répétées d'Israël contre Gaza.

Les horreurs de l'État islamique sont l'héritage de l'invasion et de l'occupation impérialiste de l'Irak sous commandement américain, une agression qui a imposé le sectarisme et la division nationale dans ce pays.

Il n'est pas fortuit que l'intérêt soudain et intense de l'impérialisme pour l’Irak s’est développé à la suite de son échec à renverser le gouvernement de la Syrie et en même temps où l'OTAN finalise son départ d'Afghanistan. Une reprise de la guerre contre l'Irak permettra aux États-Unis et à leurs alliés de maintenir d’énormes bases militaires dans la région et fournira un prétexte pour une nouvelle intervention militaire en Syrie.

Il appartient exclusivement au peuple d'un pays de déterminer le chemin de son développement politique, social et économique, libre de toute ingérence étrangère. Au lieu de chercher de nouveaux prétextes pour justifier une nouvelle intervention en Irak, les États-Unis et leurs alliés devraient se retirer complètement du Moyen-Orient.

Au Canada, le gouvernement conservateur d’Harper a exprimé son soutien à l'intervention militaire impérialiste et a déjà commencé le déploiement de militaires canadiens et d'équipement vers l'Irak. Les mobilisations massives de 2002 et 2003 contre la guerre avaient empêché le gouvernement Chrétien de participer officiellement à l'invasion et l'occupation de l'Irak. Cette importante victoire ne doit pas être oubliée maintenant.

Le Parti communiste dénonce le soutien du gouvernement Harper à la reprise de la guerre en Irak, quel qu’en soit le prétexte, et demande à tous les progressistes et tous celles et ceux qui soutiennent la paix, de s'opposer activement contre le déploiement militaire canadien.

mardi 7 octobre 2014

Ligne de piquetage jeudi le 9 octobre pour exiger la libération des 5 Cubains, prisonniers politiques aux États-Unis



Le comité Fabio Di Celmo de la Table de concertation et de solidarité Québec-Cuba organise une piquetage à Montréal Jeudi le 9 octobre 

de 17h à 17h30 
DEVANT L’ÉGLISE ST. JAMES UNITED 
au 463 STE-CATHERINE OUEST (près de la rue St.Alexandre) 

et de 17h30 à 18h
 DEVANT LE CONSULAT DES ÉTATS-UNIS, 
RUE ST-ALEXANDRE/RENÉ-LÉVESQUE 




Contenu partiel du tract que nous distribuerons : 

Les «Cinq» sont des CUBAINS PRISONNIERS AUX ÉTATS-UNIS, ON RÉCLAME LEUR LIBERTÉ!! GERARDO HERNÁNDEZ NORDELO, RENÉ GONZÁLEZ SEHWERERT, ANTONIO GUERRERO RODRÍGUEZ, RAMÓN LABAÑINO SALAZAR ET FERNANDO GONZÁLEZ LLORT, CONNUS INTERNATIONALEMENT COMME « LES CINQ », ONT ÉTÉ CONDAMNÉS À DE LONGUES PEINES DE PRISON EN SEPTEMBRE 1998 POUR AVOIR DÉFENDU PACIFIQUEMENT CUBA CONTRE DES ATTAQUES ORGANISÉES DEPUIS LES ÉTATS-UNIS.

dimanche 5 octobre 2014

Pour le Tribunal Russel, Israël coupable de crimes contre l’humanité




Coordinateur du Tribunal Russell sur la Palestine de 2008 à 2013, Frank Barat rapporte pour Mediapart les conclusions de la session extraordinaire de ce tribunal citoyen qui s’est tenue les 24 et 25 septembre derniers à Bruxelles, pour examiner la récente opération Bordure protectrice conduite par Israël dans la bande de Gaza.







Presse toi à gauche 

Le 8 juillet 2014, le gouvernement israélien, par l’intermédiaire de son premier ministre Benjamin Netanyahu, donne ordre à son armée de lancer l’opération « Bordure Protectrice ». Utilisant le meurtre de trois jeunes colons israéliens commis un mois plus tôt comme prétexte et annonçant que le but de cette opération était de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas, Israël s’en va-t-en guerre.
Pour la troisième fois en six ans, une offensive de grande envergure contre la bande de Gaza se met en marche.

Les grands médias internationaux, dans une écrasante majorité, au moins durant les premiers jours, mettent eux aussi le fusil à l’épaule. Très peu d’entre eux, pour ne pas dire aucun, rappellent le contexte politique et historique dans lequel s’inscrit cette offensive. On ne parle pas de l’occupation israélienne en place depuis 1967 malgré des dizaines de résolutions des Nations Unies appelant à sa fin. On ne rappelle pas que les roquettes du Hamas et des factions palestiniennes étaient quasiment inexistantes depuis des mois avant qu’Israël, suite au kidnapping des trois colons israéliens, utilise ce prétexte pour ravager la Cisjordanie pendant plus de 3 semaines, dans leur prétendue recherche du corps des trois colons. Arrestations en masse de membres du Hamas, re-arrestations de prisonniers palestiniens venant tout juste d’être relâchés, répression terrible sur les manifestants palestiniens, causant la mort de plusieurs mineurs, re-occupation de Ramallah, démolitions de maisons et siège de la ville de Hebron.

Si le mot « prétexte » est utilisé plus haut, c’est que le gouvernement israélien savait, depuis le début, que les trois jeunes colons avaient été assassinés le jour même de leur enlèvement. La plupart des grands médias, aussi, était au courant. Comme le gouvernement, ils avaient eu accès à un enregistrement qui ne laissait place au doute : les trois adolescents israéliens avaient perdu la vie le 12 juin 2014. Mais eux aussi ont préféré jouer le jeu. Quelques semaines plus tard, le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, déclare même que « le directoire du Hamas n’est pas impliqué dans l’enlèvement et le meurtre des trois israéliens » (voir ici). Enfin, le blocus de Gaza, en place depuis l’élection du Hamas en 2006, n’est jamais mentionné dans les médias. Un blocus qui va pourtant à l’encontre du droit international et des conventions de Genève. Un blocus illégal faisant office de punition collective et enfermant les palestiniens dans une prison à ciel ouvert. Israël, malgré le retrait de ses soldats et l’évacuation de ses colons de Gaza en 2005, occupe encore ce petit bout de territoire puisqu’il en contrôle le registre de la population (les entrées et les sorties), les « frontières » (Rafah étant contrôlée par l’Egypte), ainsi que l’espace aérien et maritime. En droit international, la présence physique n’est pas nécessaire pour qu’il y ait « occupation ».

Le 9 juillet 2014, le président de la république française, Francois Hollande, exprime lui aussi son soutien inconditionnel à Benjamin Netanyahu. Il déclare lui avoir assuré par téléphone « la solidarité de la France face aux tirs de roquettes », que « la France condamne fermement les agressions contre Israël » et qu’il « appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ». 

Francois Hollande est au plus bas dans les sondages, il veut donner l’image d’un président fort, va t’en guerre, même si ce n’est pas la sienne, et tient un discours plus proche de George W. Bush que d’un président « socialiste ». Pense-t-il rallier ainsi les Français derrière lui et Israël ?

S’il le croit, il se trompe. Le président français parle de « France » dans son message à Netanyahu. Mais quelle France ? La France, son peuple, est dehors, dans la rue, par milliers, centaines de milliers, jour après jour. Malgré les interdictions de manifester (les seules en place au monde à ce moment-là), malgré la répression des forces de police et malgré les arrestations, des foules de plus en plus nombreuses prennent les rues pour crier leur dégoût face aux actions de l’armée israélienne et leur colère devant le soutien complice de l’Etat français. Et c’est le monde entier qui est secoué par une même vague de protestation. Pendant les 50 jours de cette opération, les peuples se soulèvent aux quatre coins du globe pour appeler à la fin de l’agression israélienne sur Gaza.

Une attaque qui dans les faits tourne au massacre. La bande de Gaza et son 1,8 million d’habitants n’ont pas subi telle violence depuis 1967.

Cet été, 700 tonnes de munitions se sont abattues sur une population enfermée, qui ne peut s’enfuir et ne reçoit, malgré ses appels au secours, aucune aide. Les chiffres sont effrayants (2 188 Palestiniens ont perdu la vie dont 1 658 civils ; plus de 11 231 Palestiniens furent gravement blessés ; plus de 18 000 maisons furent détruites entièrement ou en partie). Mais cela reste des chiffres. La réalité est encore plus terrible. Aujourd’hui à Gaza, un enfant de 8 ans a déjà connu 4 guerres. Aujourd’hui à Gaza, ce sont 370 000 enfants qui ont besoin de soutien psychologique (l’équivalent, proportionnellement à la population, de 12 millions enfants en France). 

Que faire ? Comment réagir ? Comment soutenir et accompagner les gens qui manifestent ? Est-il suffisant d’envoyer des lettres ? Des pétitions ? De twitter ? Au Royaume-Uni et en Australie, certains activistes vont plus loin et occupent, pour la mettre hors d’état de nuire, l’entreprise israélienne de fabrication d’arme Elbit System ; aux Etats-unis, d’autres empêchent un bateau israélien de débarquer.

Les membres du Tribunal Russell, quant à eux, décident de se réunir de nouveau et d’organiser une session extraordinaire de ce tribunal des peuples sur les crimes de guerre israéliens à Gaza. Le tribunal sera le premier forum public à réunir témoins, experts juridiques, journalistes, universitaires et activistes pour parler de Gaza. La première enquête sur ce qui s’est vraiment passé sur place. Pour se souvenir. Pour ne pas oublier. Et surtout pour empêcher que cela se reproduise. Le tribunal, comme à son habitude, se veut pionnier. Il parlera, lors de cette session, du crime de génocide et de celui d’incitation au génocide. Pour ceux qui disent que le tribunal est un simulacre de procès, ou qu’il est un exercice symbolique seulement, il est bon de rappeler qu’ Israël n’a jamais respecté les décisions des Nations Unies ni celles de la cour internationale de justice en 2004. Celles-ci n’ayant d’ailleurs pas été respectées non plus par les parties tierces (Etats, institutions, multinationales). Pour Israël, le droit international ne veut rien dire, il n’est rien. Devant le manque d’actions concrètes des Etats, il incombe donc au peuple de se faire « Jury ».

Durant toute une journée les témoins se succèdent pour parler de ce qu’ils ont vu sur place. Les membres du jury, Ken Loach, Vandana Shiva, Roger Waters, Michael Mansfield, Paul Laverty, Radhia Nasraoui, Christiane Hessel, Ronnie Kasrils, John Dugard, Richard Falk et Ahdaf Soueif écoutent, prennent des notes et questionnent, interrogent. La salle, remplie de personnes venant du monde entier, reste sans voix devant les mots et les images. Ceux qui se pensent immunisés à l’horreur et l’indignation, parce qu’ils en ont trop vu ou en savent trop, se trompent. L’intensité de la violence de l’opération « Bordure protectrice » dépasse les limites de l’entendement, de la raison. Eran Efrati, ex-soldat israélien raconte en détails l’assassinat de Salem Shamaly par un sniper. Mohammed Omer, journaliste palestinien de Gaza, relate des exécutions sommaires de civils. Ivan Karakashian, évoque l’impact psychologique de ce massacre sur les enfants et du fait qu’Israël à pour habitude d’utiliser certains d’entre eux comme boucliers humains. Mads Gilbert, chirurgien norvégien et héroïque, nous explique que 17 des 32 hôpitaux de Gaza furent détruits. David Sheen, journaliste israélien, dresse un portrait effrayant, preuves à l’appui, d’une société israélienne, qui, soutenant cette guerre à 95%, va de plus en plus loin dans la déshumanisation des Palestiniens, appelant, de manière fréquente et sans fard, à l’extermination de ce peuple.

Le lendemain, après une longue nuit de délibération, le jury délivre son verdict : lors de l’opération « Bordure protectrice », Israël s’est rendu coupable de crimes de guerre (homicides intentionnels, destructions de biens non justifiées, attaques intentionnelles contre la population civile, les hôpitaux, les lieux de culte les écoles, …), de crimes contre l’humanité (meurtres, persécutions et exterminations) et du crime d’incitation au génocide.

Les membres du jury ajoutent même qu’ils ont « sincèrement peur que dans un contexte d’impunité et d’absence de sanctions pour des crimes graves et répétés, les leçons du Rwanda et d’autres atrocités de masse restent lettre morte. »

Que les choses soient claires : c’est à nous, le peuple, les « sans-dents », d’écrire l’histoire car personne ne le fera pour nous.

Suivez les travaux du Tribunal Russell sur Facebook et Twitter.

mercredi 1 octobre 2014

BLOQUONS L'ACCORD ÉCONOMIQUE ET COMMERCIAL GLOBAL!

Comité central du Parti communiste du Canada
13 au 14 septembre 2014



Tous les gouvernements, ainsi que toutes les défenderesses et tous les défenseurs des «accords de libre-échange», ont fait miroiter l'illusion de création d'emplois et de prospérité. Ceux-ci ne se sont jamais matérialisés. En effet, c’est le contraire qui s’est produit. Des centaines de milliers d'emplois ont disparu à cause de l'ALENA, et les experts prédisent qu’au moins 50 000 autres emplois seront perdus à cause de l'AECG, le dernier et le plus dangereux de ces accords.

Dans le secret, le gouvernement conservateur d’Harper, l'Union européenne, et les grandes sociétés transnationales ont récemment conclu la ronde finale des négociations du plus important accord de libre-échange de l'histoire du Canada depuis l'ALENA. Bien qu'il y ait eu des contretemps au Parlement allemand concernant le mécanisme de règlement des litiges, le gouvernement Harper continue de faire pression pour obtenir une signature, du moins sur les principes, en Septembre 2014. L'AECG pourrait prendre effet après avoir été ratifié par les États membres de l'Union européenne, ainsi que par les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada. Cela établi un calendrier très serré pour bâtir une riposte; tout comme l'AMI (Accord multilatéral d'investissement) qui avait été défait, le blocage de l'AECG demeure encore possible grâce à une stratégie de mobilisation de masse et en faisant de cette trahison une question clé de l'élection fédérale, l'an prochain.

L'histoire de l'Accord Économique et Commercial Global avec l’Europe est une histoire de mensonges, de secret, et de flagornerie des compagnies pour concevoir l'attaque la plus dangereuse contre la souveraineté du Canada et contre la démocratie à ce jour. L'AECG mettra la gouvernance canadienne, tant au niveau fédéral que provincial et municipal, effectivement sous la domination des compagnies canadiennes et européennes. L’AECG va bien au-delà de l'ALÉNA, mais en raison des clauses préférentielles de la na¬tion la plus fa¬vo¬risée de l'ALENA, celui-ci sera mis à niveau selon les standards de l'AECG afin que tout le monde puisse se joindre au festin des compagnies. Ce que les Conservateurs et ensuite les Libéraux n’ont pu vendre avec l'ALENA, sera automatiquement vendu avec l'AECG et les mises à niveau de l'ALENA. Ainsi, les intouchables (selon la croyance populaire) tel que l'eau, les soins de santé et l'approvisionnement sont sur le billot avec l'AECG.

Des fonctionnaires mécontents, tant au Canada qu’en Europe, ont divulgué des informations au public sur les deux continents, qui ont traversé le draconien filet de sécurité, le secret, la désinformation et les scandaleux mensonges perpétrés par les négociatrices et les négociateurs. C'est ainsi que nous savons qu'il y a eu une réunion «seulement sur invitation » convoquée en 2009, où les entreprises canadiennes et européennes ont établi leur « liste de souhaits » en vue d’un accord commercial néolibéral. Si ce n'était des « sonneurs d’alarme », même les parlementaires n'auraient pas eu connaissance de cela. Les nouvelles sont vraiment devenues publiques en 2012, quand on a appris que les négociations duraient depuis des années et étaient apparemment en voie de conclusion. Cela a indigné d'importants secteurs du mouvement ouvrier, des chercheurs progressistes et des ONG, au point où le gouvernement fédéral a été contraint de tenir des audiences factices et recevoir des représentations en Novembre 2013. Les auteurs des mémoires ont été contraints de d’appuyer leurs exposés sur des ouï-dire, sur des documents gouvernementaux sommaires préparés pour cette fin, et sur des fuites de documents. Dans le cadre de cette farce, ils ont été entendus par un gouvernement qui savait tout mais officiellement n’admettait rien. Néanmoins, les représentations ont pu démontrer quelques-uns des dangers intrinsèques.

Très tôt dans les négociations, l'UE a fait du plein accès aux marchés publics une question fondamentale et incontournable de l’accord. Ils ont obtenu ce qu'ils voulaient. Les marchés publics ont peu à voir avec le commerce, mais tout à voir avec l'accès des entreprises à tous les niveaux des dépenses publiques jusque dans les conseils municipaux, les conseils scolaires, etc. Bien que le gouvernement affirme que les soins de santé ne soient pas en danger, ils le sont certainement. L'existence actuelle des PPP, les intégrations complexes de services publics / privés et les établissements de soins de longue durée, donnent amplement de munitions aux mécanismes de traitement des plaintes des compagnies. Sous l'AECG, aucun gouvernement ou organisme public ne sera en mesure de développer des politiques d'approvisionnement qui favoriseraient des fournisseurs locaux ou régionaux dans le but de promouvoir l'emploi ou le développement local. Toute municipalité et tout organisme public devra soumettre ses politiques et ses plans d'approvisionnement au gouvernement fédéral, et ceux-ci seront accessibles à toutes les compagnies. Toute compagnie pourra remettre en question les pratiques en tant qu’avantage injuste, et aura la capacité de porter des accusations qui ne seront pas entendus devant des tribunaux canadiens, mais devant un tribunal international non encore déterminé et composé de personnes qui ne le sont pas davantage.

L'eau du Canada sera à l'agenda des compagnies si elle a déjà été commercialisée. Cela signifie, par exemple, que n’importe eau en bouteille qui provient d’une ressource publique et qui est vendue commercialement, fournira les conditions pour qu’elle soit privatisée et commercialisée. L’AECG va privatiser l'eau potable (y compris les services publics municipaux comme les égouts et l'assainissement des eaux) en couvrant en détail ces éléments pour la première fois dans des négociations commerciales canadiennes.

L’AECG aura pour effet de supprimer la capacité démocratique des municipalités, des conseils scolaires, des hôpitaux, des universités, des organismes provinciaux et sociétés d'État, ainsi que des peuples du Québec et autochtones, d’utiliser leurs pouvoirs d'achat pour stimuler l'emploi local et la prospérité. L’AECG va nous engager dans une privatisation partielle et/ou complète des services publics de l'eau, rendant pratiquement impossible la reprise en main par le secteur public de ces services. Il va forcer la privatisation d'autres services publics tels que les magasins d'alcool et Postes Canada.

L’AECG va permettre aux compagnies de s’introduire dans la mine d'or de l'éducation post-secondaire, et de menacer l'intégrité des programmes de recherche, en leur permettant de poursuivre les étudiantes et les étudiants qui dénonceraient des pratiques contraires à l'éthique de recherche.

L’AECG va s’attaquer aux droits des peuples autochtones conférés par les traités, à leur souveraineté et à leur droit à l'autodétermination, à cause de la portée très vaste de l'accord qui donne aux industries étrangères l'accès aux territoires et à l’eau des Premières nations, des Inuits et des Métis.
Dans tous ces accords, des clauses préférentielles dites de «nation favorisée» fournissent une méthode diabolique de mise à niveau de l'état et des conditions de l’entente pour chacune des parties, à celui de la dernière négociée. Aussi mauvais l'AECG puisse-t-il être, les négociations actuellement en cours entre les États-Unis et l'UE sur le «Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement» va assurer des mises à niveau pour le Canada sans qu’il soit partie prenante des négociations.

Ce n'est pas un secret que le Canada exporte principalement des matières premières vers l'Europe qui en retour vend principalement au Canada des produits finis, à valeur ajoutée. Cela a créé un extraordinaire déficit commercial de 28 milliards $ avec l'UE. Ce déficit ne peut que s'aggraver si nous rendons plus facile (et moins cher) pour les entreprises européennes d'expédier les produits finis au Canada, et plus facile (et moins cher) pour les entreprises canadiennes d’expédier des ressources en Europe.

Une partie du résumé du mémoire qu’Unifor a soumis aux audiences de Novembre 2013 contient ce qui suit: «Nous sommes en train d’octroyer des droits à des investisseurs et à des compagnies privées qui sont du jamais vu. Nous sommes en train d’octroyer aux investisseurs et aux compagnies privées le droit de contester les décisions politiques démocratiques prises par nos gouvernements nationaux et sous-nationaux, si ces décisions portent atteinte à leur droit de faire des profits. Qu’en est-il du droit des travailleuses et des travailleurs d’avoir des emplois décents? Qu’en est-il du droit des citoyennes et des citoyens à prendre des décisions démocratiques? »



Pourquoi un gouvernement canadien quel qu’il soit pourrait-il négocier l'abandon de la souveraineté, céder les pouvoirs législatifs et judiciaires à une clique de représentants d'entreprises internationales, mettre les gouvernements municipaux et provinciaux sous la juridiction de compagnies étrangères, et priver les Canadiennes et les Canadiens du pouvoir de prendre des décisions dans leurs propre pays? Parce que l'AECG aura pour effet de mettre en œuvre le programme néolibéral de privatisation sans qu’il y ait nécessité de décision parlementaire. Le gouvernement Harper va pouvoir ainsi accomplir le programme des compagnies par le truchement d'un accord commercial qui aura été négocié en secret et qui sera un fait accompli avant même que qui que ce soit, y compris les membres du parlement, ait pu en voir un manuscrit complet. Les partis d'opposition, et en particulier le NPD, se sont déshonorés dans leur soutien à ce qui est essentiellement un acte de trahison. Il y a eu une certaine opposition de la part du mouvement ouvrier, mais les dénonciations et l’opposition la plus importante est venue de forces comme le Centre canadien de politiques alternatives, le Conseil des Canadiens, les mouvements sociaux au Québec, les municipalités, les organisations de soins de santé, les organisations environnementales et les Premières nations.

Le Parti communiste a été profondément engagé dans les luttes contre tous les accords commerciaux passés, de l'ALE à l'ALENA et d'autres, et nous continuons de faire partie de ce combat crucial. Nous appelons à la formation urgente d'un bloc de résistance du mouvement ouvrier du Canada anglophone et du Québec, des Premières nations, des groupes environnementaux et des groupes de femmes, des mouvements sociaux, des partis politiques et des organismes municipaux, pour informer le public des dangers, et pour formuler une riposte d'urgence afin d’arrêter cette dangereuse trahison.

*  Image en haut à gauche : Manifestation à Montréal contre AECG. 
* Image plus bas à droite : Manifestation en Allemagne contre CETA (l'AECG en anglais) et TTIP ( ou TAFTA en anglais: Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement - soit un accord de libre-échange USA-Europe)
* Images en bas à gauche :  Images du mouvement contre les récents accords de libre-échange en France