Michel Collon
Après les Latinos, les Arabes. Et demain, les Africains ? Pourquoi Washington et Paris ont dû reculer en Tunisie et Egypte. Comment ils vont essayer de sauver l’essentiel du système néocolonial. Et quel est notre rôle à tous pour que le monde se transforme vraiment.
Longtemps, l’Empire a paru invincible. Les Etats-Unis pouvaient à leur guise et sous les prétextes les plus absurdes, violer la Charte de l’ONU, appliquer de cruels embargos, bombarder ou occuper des pays, assassiner des chefs d’Etat, provoquer des guerres civiles, financer des terroristes, organiser des coups d’Etat, armer Israël pour ses agressions…
Ils semblaient pouvoir tout se permettre, et le pessimisme dominait. Combien de fois ai-je entendu : « Ils sont trop forts, comment pourrions-nous mettre fin à ces régimes arabes corrompus et complices d’Israël ! » La réponse est venue d’en bas : les peuples sont plus forts que les tyrans.
Mais chacun sent que le combat ne s’est pas terminé en éliminant juste Ben Ali et Moubarak, il ne fait que commencer. Pour arracher de véritables changements, il faudra neutraliser ceux qui tiraient les ficelles en coulisses. D’où l’importance décisive de bien cerner les mécanismes de ce système qui produit les tyrans, les protège et au besoin les remplace. Pourquoi cet Empire s’affaiblit, et comment il va essayer de se maintenir à tout prix.
Aucun Empire n’est éternel
Aucun Empire n’est éternel. Tôt ou tard, l’arrogance des crimes provoque une résistance générale. Tôt ou tard, le coût du « maintien de l’ordre » dépasse les profits que ces guerres apportent aux multinationales. Tôt ou tard, les investissements dans le militaire font défaut aux autres secteurs qui perdent la compétition internationale.
Et les Etats-Unis n’échappent pas à la règle. Le taux de profit de leurs multinationales décroît depuis 1965, et les bulles d’endettement et de spéculation n’ont fait que reporter et aggraver le problème. Leur part dans l’économie mondiale est passée de 50% en 1945 à 30% dans les années 60, autour de 20% aujourd’hui et 10% environ dans vingt ans. Or, aucune armée ne peut être plus forte que son économie, et les USA sont donc de moins en moins en état d’être le gendarme du monde. Aujourd’hui, la planète devient « multipolaire » : un autre équilibre s’installe entre USA, Europe et Russie et surtout avec les grands pays du Sud. Particulièrement, la Chine qui a prouvé qu’être indépendant était la meilleure façon de progresser. USA et Europe ne peuvent plus imposer leurs volontés comme avant. Leur néocolonialisme pourrait mourir bientôt.
En fait, ce déclin US est de plus en plus visible depuis dix ans… En 2000, la bulle Internet explose. En 2002, le peuple vénézuélien fait échouer le coup d’Etat made in USA et Hugo Chavez entame ses grandes réformes sociales qui entraîneront toute l’Amérique latine dans la résistance. En 2003, la machine de guerre de Bush s’enlise en Irak, comme en Afghanistan. En 2006, Israël échoue au Liban et en 2009 à Gaza. Les défaites s’accumulent.
Après les Latinos, les Arabes. Et demain, les Africains ?
La merveilleuse révolte des Tunisiens et des Egyptiens a fait des miracles : on entend à présent les Etats-Unis vanter la « transition démocratique » alors que pendant des décennies, ils ont fourni aux tyrans chars, fusils-mitrailleurs et séminaires de formation à la torture ! La France pareil. Et cette révolte plonge dans l’angoisse les stratèges du Grand Empire US, du Petit Empire français et leurs protégés israéliens. Merci, les Arabes !
Objet de cette angoisse : comment changer un peu pour ne rien changer à l’essentiel ? Comment maintenir leur domination sur le pétrole du Moyen-Orient, sur les matières premières et sur les économies en général ? Comment empêcher que l’Afrique aussi se libère ?
Mais il faut aller au fond des choses. Se réjouir des premiers pas ne peut cacher le chemin qui reste à parcourir. Ce n’est pas le seul Ben Ali qui a pillé la Tunisie, c’est toute une classe de profiteurs, tunisiens, mais surtout étrangers. Ce n’est pas le seul Moubarak qui a opprimé les Egyptiens, c’est tout un régime autour de lui. Et derrière ce régime, les Etats-Unis. L’important, ce n’est pas la marionnette, mais celui qui en tire les fils. Washington, comme Paris, cherche seulement à remplacer les marionnettes usées par d’autres plus présentables.
Pas de véritable démocratie sans justice sociale
La question que les Tunisiens, les Egyptiens et les autres souhaitent résoudre n’est pas : « Quel ‘nouveau’ dirigeant nous fera de nouvelles promesses qu’il ne tiendra pas, avant de nous taper dessus comme avant ? » Leur question est plutôt : « Aurai-je un vrai travail avec un vrai salaire et une vie digne pour ma famille ? Ou bien aurai-je pour seule issue une barque qui ira s’échouer en Méditerranée ou dans une prison européenne pour sans-papiers ? »
L’Amérique latine vivait tout récemment encore la même pauvreté et le même désespoir. Les énormes profits du pétrole, du gaz et des autres matières premières partaient gonfler les coffres-forts d’Exxon et de Shell pendant qu’un Latino sur deux vivait sous le seuil de pauvreté, sans pouvoir payer le médecin ou une bonne école à ses enfants. Tout a commencé à changer en 2002 quand Hugo Chavez a nationalisé le pétrole, modifié tous les contrats avec les multinationales, exigé qu’elles paient des taxes et que les profits soient partagés. L’année suivante, 11,4 milliards arrivaient dans les caisses de l’Etat (pendant vingt ans, c’était zéro !), et celui-ci mettait en route des programmes sociaux ; soins de santé et enseignement pour tous, doublement du salaire minimum, aide aux coopératives et aux petites entreprises créatrices d’emplois. En Bolivie, Evo a fait de même. Et l’exemple se répand. Atteindra-t-il la Méditerranée et le Moyen-Orient ? A quand un Chavez ou un Evo arabe ? Le courage de ces masses en révolte mérite une organisation et un leader, honnêtes et décidés à aller jusqu’au bout.
Une véritable démocratie politique est impossible sans la justice sociale. En fait, les deux problèmes sont étoitement liés. Car personne n’installe une dictature pour le plaisir ou par simple perversion. C’est toujours pour pour maintenir les privilèges d’une petite couche qui accapare les richesses. Les dictateurs sont les employés des multinationales.
Qui ne veut absolument pas de la démocratie ?
Face à la colère des Tunisiens, quel « homme nouveau » a proposé Washington ? Le premier ministre de l’ancien dictateur ! Face au désir de changement des Egyptiens, qui ont-ils tenté de mettre au poste ? L’ancien chef de l’armée, créature de la CIA ! On se moque des gens.
Il y a cinq ans, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Védrine, osait déclarer que les peuples arabes n’étaient pas mûrs pour la démocratie. Cette théorie reste dominante dans une élite française qui pratique plus ou moins ouvertement le racisme anti-arabe et l’islamophobie.
En réalité, c’est la France qui n’est pas mûre pour la démocratie. C’est la France qui a massacré les Tunisiens en 1937 et 1952 et les Marocains en 1945. C’est la France qui a mené une guerre longue et sanglante pour empêcher les Algériens d’exercer leur droit légitime à la souveraineté. C’est la France qui, par la bouche d’un président négationniste, refuse de reconnaître ses crimes et de payer ses dettes aux Arabes et aux Africains. C’est la France qui a protégé Ben Ali jusqu’au pied de l’avion qui l’emportait. C’est la France qui a imposé et maintient les pires tyrans dans toute l’Afrique.
L’actuel racisme antimusulman permet de faire d’une pierre deux coups. Premier coup : en Europe, on divise les travailleurs selon leur origine (un tiers des ouvriers français ou belges sont d’origine immigrée récente) et pendant qu’on fantasme sur la burqa, les patrons attaquent allègrement les salaires, les conditions de travail et les retraites de tous les travailleurs, voilés ou pas. Deuxième coup : par rapport aux pays arabes, l’islamophobie permet d’éviter les questions gênantes. Au lieu de se demander « Mais qui leur a imposé ces dictateurs ? » et de répondre : l’Europe, l’Europe d’en haut, l’Europe des multinationales, on présente les Arabes comme « pas mûrs pour la démocratie » et donc dangereux. On diabolise en inversant la victime et le coupable.
Or, voici le débat fondamental, et il dépend de nous tous qu’il soit mené ou occulté : pourquoi les Etats-Unis, la France et compagnie - qui n’ont que le mot « démocratie » à la bouche - ne veulent en réalité absolument pas d’une véritable démocratie ? Parce que si les peuples peuvent décider eux-mêmes comment utiliser leurs richesses et leur travail, alors les privilèges des corrompus et des profiteurs seront en grand danger !
Pour cacher leur refus de démocratie, les Etats-Unis et leurs alliés agitent dans les médias le « péril islamiste ». Quelle hypocrisie ! Les voit-on nous alerter et mener de grandes campagnes médiatiques sur les islamistes qui leur sont dociles comme le régime odieux d’Arabie Saoudite ? Les entend-on s’excuser d’avoir financé les islamistes de Ben Laden pour renverser un gouvernement afghan de gauche qui avait émancipé les femmes ?
Notre rôle est important
Le monde change à toute allure. Le déclin des USA ouvre de nouvelles perspectives pour la libération des peuples. De grands bouleversements s’annoncent…
Mais dans quel sens iront-ils ? Pour qu’ils soient positifs, il dépend de chacun de nous qu’une véritable information circule, que les dossiers honteux soient largement connus, que les stratégies secrètes soient démasquées. Tout ceci permettra d’instaurer un grand débat, populaire et international : de quelle économie, de quelle justice sociale les peuples ont-ils besoin ?
Or, l’information officielle sur tout ceci est une catastrophe, et ce n’est pas par hasard. Dès lors, pour que ce débat se mène dès maintenant et partout, chacun de nous a un grand rôle à jouer. Informer est la clé. Comment ? Nous y reviendrons dans un prochain texte, d’ici quelques jours…
Bruxelles, 19 février 2011
Source : www.michelcollon.info
lundi 21 février 2011
mercredi 16 février 2011
Droit à l’eau : Victoire au Botswana
La cour d’appel du Botswana entend depuis le 17 janvier une cause qui porte sur la reconnaissance du droit d’accès à l’eau des Bushmen de la réserve centrale du Kalahari. Ces gens avaient été chassés de leurs terres. Un hôtel luxueux a été construit sur les terres ancestrales dans leur réserve. Les Bushmen ont perdu l’usage d’un puits qu’ils utilisaient depuis des décennies, en même temps que le gouvernement faisait creuser de nouveaux puits pour les animaux sauvages de la réserve. Les Bushmen sont rentrés chez eux après une 1ère victoire en cour, puis déboutés par le tribunal de grande instance en 2010 par un jugement qui leur nie le droit d’accès à leur puits. Ce jugement est survenu avant les Résolutions prises à l’ONU en juillet et septembre 2010 qui reconnaissent comme un droit humain fondamental l’accès à l’eau et à l’assainissement. Les Bushmen ont donc fait appel de la décision du tribunal de grande instance. C’est la première fois qu’une cour d’appel accepte d’entendre une cause reliée directement à la reconnaissance du droit à l’eau, après les Résolutions adoptées en juillet et septembre 2010 à l’ONU, respectivement par l’Assemblée Générale et par le Conseil des Droits de l’Homme. De plus, c’est la reconnaissance du droit d’une communauté privée d’accès à l’eau qui est en jeu. La cause pourrait paver la voie pour bien des luttes de groupes de citoyenNEs ayant des problématiques d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, jusqu’ici au Québec où des citoyenNEs des régions éloignées, parmi lesquelles on compte des communautés autochtones, sont aux prises avec des réseaux de distribution d’eau potable ayant besoin de sérieuses améliorations.
http://www.canadians.org/
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mardi 15 février 2011
MOTION DE L’ADQ, DU PQ ET DU PLQ « DÉPLORANT » LA CAMPAGNE DE BOYCOTT DES PRODUITS ISRAÉLIENS DEVANT LA BOUTIQUE LE MARCHEUR :
UNE MOTION QUI PASSE À CÔTÉ DE LA QUESTION DE FOND
UNE MOTION INQUIÉTANTE AU PLAN DE LA DÉMOCRATIE
Le Comité BDS-Québec « déplore » à son tour le dépôt d’une motion à l’Assemblée nationale du Québec, le 9 février dernier, par trois élus de trois partis (ADQ, PQ et PLQ) dirigée contre la campagne de boycott de produits israéliens devant la Boutique Le Marcheur, à Montréal.
Cette motion passe à côté de la question de fond soit la situation inacceptable faite par Israël au peuple palestinien et raison d’être de la campagne. Pas un seul petit mot pour les Palestinien-ne-s dans ce texte ! Les initiateurs de la motion cautionnent ainsi l’impunité d’un État qui bafoue systématiquement les centaines de résolutions de l’ONU et du Conseil de sécurité, le droit international et les droits des Palestinien-ne-s depuis des décennies ; un État qui contrevient aux dispositions de la Convention internationale sur l’Élimination et la répression du crime d’apartheid (1973) et qui est de plus en plus considéré comme un État d’apartheid selon nombre de juristes, israéliens et juifs inclus, et selon des personnalités aussi peu « terroristes » que Mgr Tutu et l’ex-président Jimmy Carter.
Cette motion vise à discréditer une campagne internationale pacifique initiée par la société civile palestinienne elle-même, et endossée par des centaines d’organisations et des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens de plusieurs pays, dont Israël, pour amener l’État hébreu à se conformer au droit international. Elle porte trois revendications majeures toutes fondées en droit international :
1 L’exercice du droit de retour pour les Palestinien-ne-s chassés de leur maison et de leurs terres lors de la création de l’État d’Israël conformément à la résolution 194 votée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée des Nations Unies;
2 La fin de l’occupation conformément à la résolution 242 des Nations Unies qui enjoint Israël de se retirer des territoires occupés depuis 1967, y compris de Jérusalem-Est de même que du Golan syrien; et la fin de la colonisation conformément à l’article 49 de la IVe Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population dans les territoires occupés par elle;
3 L’égalité des droits pour les citoyen-ne-s palestinien-ne-s vivant en Israël i.e. le démantèlement du système d’apartheid, un système institutionnalisé de discrimination raciale qui prévaut dans ce pays contre la population non-juive.
Comment des élus de l’Assemble nationale du Québec peuvent-ils ignorer des revendications aussi fondamentales et aussi justifiées ?
La motion enfin est inquiétante au niveau de la démocratie. L’appel à un boycott de produits de consommation fait partie de la liberté d’expression. L’Assemblée nationale n’a ni à le déplorer ni à le décourager, ni surtout à l’interdire, seulement à s’assurer qu’il s’exerce pacifiquement ce qui a été scrupuleusement respecté dans le cas de la Boutique Le Marcheur : aucun client n’a été intimidé, aucun consommateur n’a été empêché de pénétrer dans la boutique, aucun passant n’a été forcé de prendre le feuillet d’information offert. L’Assemblée nationale n’a pas à appuyer un marchand : si ce dernier se sent lésé dans ses droits, c’est au système judiciaire qu’il doit s’adresser.
La liberté de vendre n’est pas absolue. Les produits israéliens proviennent d’un État qui viole les droits humains fondamentaux des Palestinien-ne-s. La campagne appelle à boycotter ces produits et non les commerces qui les vendent: aux consommateurs à faire leur choix en étant informés sur leur origine et les conditions de leur fabrication ! Elle appelle également les propriétaires à les retirer de leurs tablettes au nom d’une certaine responsabilité éthique : aux propriétaires à prendre leur décision !
Ajoutons que cette campagne n’a rien d’antisémite : elle ne critique pas les Juifs mais les politiques de l’État israélien. Nous rejetons donc à l’avance les accusations d’antisémitisme qui ne manquent jamais de pleuvoir chaque fois que des groupes et des individus osent dénoncer les politiques israéliennes et dont l’acharnement contre le député Amir Khadir est emblématique. Mais désormais, cette grossière intimidation ne fait plus peur.
Au Québec, la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions est encore jeune. Un nombre grandissant d’organisations syndicales, communautaires, des groupes de femmes, des associations de défense des droits, des groupes religieux, des étudiants, des artistes, des enseignant-e-s s’y engagent. L’appel au boycott des produits israéliens se fera de plus en plus insistant.
Il serait peut-être temps d’ailleurs que l’Assemblée nationale réévalue la pertinence de son accord Québec-Israël jusqu’à ce que cet État se conforme au droit international et au respect des droits des palestinien-en-es.
Signataires du communiqué :
Ligue des Droits et Libertés
Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes STTP-CUPW
FNEEQ-CSN
CCMM-CSN,
Fédération des Femmes du Québec (FFQ)
Artistes pour la Paix
Centre Justice et Foi
Voix Juives Indépendantes
Collectif D’Abord Solidaires
PAJU
Groupe Rezeq-Faraj/Un seul État
College and University Workers United (CUWU)
L’Entraide missionnaire
Parole arabe
Tadamon
Students for Palestinian Human Rights (SPHR)
Conseil musulman canadien (section québécoise)
Comité pour la paix en Palestine-UQAM
Québec Solidaire
UNE MOTION INQUIÉTANTE AU PLAN DE LA DÉMOCRATIE
Le Comité BDS-Québec « déplore » à son tour le dépôt d’une motion à l’Assemblée nationale du Québec, le 9 février dernier, par trois élus de trois partis (ADQ, PQ et PLQ) dirigée contre la campagne de boycott de produits israéliens devant la Boutique Le Marcheur, à Montréal.
Cette motion passe à côté de la question de fond soit la situation inacceptable faite par Israël au peuple palestinien et raison d’être de la campagne. Pas un seul petit mot pour les Palestinien-ne-s dans ce texte ! Les initiateurs de la motion cautionnent ainsi l’impunité d’un État qui bafoue systématiquement les centaines de résolutions de l’ONU et du Conseil de sécurité, le droit international et les droits des Palestinien-ne-s depuis des décennies ; un État qui contrevient aux dispositions de la Convention internationale sur l’Élimination et la répression du crime d’apartheid (1973) et qui est de plus en plus considéré comme un État d’apartheid selon nombre de juristes, israéliens et juifs inclus, et selon des personnalités aussi peu « terroristes » que Mgr Tutu et l’ex-président Jimmy Carter.
Cette motion vise à discréditer une campagne internationale pacifique initiée par la société civile palestinienne elle-même, et endossée par des centaines d’organisations et des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens de plusieurs pays, dont Israël, pour amener l’État hébreu à se conformer au droit international. Elle porte trois revendications majeures toutes fondées en droit international :
1 L’exercice du droit de retour pour les Palestinien-ne-s chassés de leur maison et de leurs terres lors de la création de l’État d’Israël conformément à la résolution 194 votée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée des Nations Unies;
2 La fin de l’occupation conformément à la résolution 242 des Nations Unies qui enjoint Israël de se retirer des territoires occupés depuis 1967, y compris de Jérusalem-Est de même que du Golan syrien; et la fin de la colonisation conformément à l’article 49 de la IVe Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population dans les territoires occupés par elle;
3 L’égalité des droits pour les citoyen-ne-s palestinien-ne-s vivant en Israël i.e. le démantèlement du système d’apartheid, un système institutionnalisé de discrimination raciale qui prévaut dans ce pays contre la population non-juive.
Comment des élus de l’Assemble nationale du Québec peuvent-ils ignorer des revendications aussi fondamentales et aussi justifiées ?
La motion enfin est inquiétante au niveau de la démocratie. L’appel à un boycott de produits de consommation fait partie de la liberté d’expression. L’Assemblée nationale n’a ni à le déplorer ni à le décourager, ni surtout à l’interdire, seulement à s’assurer qu’il s’exerce pacifiquement ce qui a été scrupuleusement respecté dans le cas de la Boutique Le Marcheur : aucun client n’a été intimidé, aucun consommateur n’a été empêché de pénétrer dans la boutique, aucun passant n’a été forcé de prendre le feuillet d’information offert. L’Assemblée nationale n’a pas à appuyer un marchand : si ce dernier se sent lésé dans ses droits, c’est au système judiciaire qu’il doit s’adresser.
La liberté de vendre n’est pas absolue. Les produits israéliens proviennent d’un État qui viole les droits humains fondamentaux des Palestinien-ne-s. La campagne appelle à boycotter ces produits et non les commerces qui les vendent: aux consommateurs à faire leur choix en étant informés sur leur origine et les conditions de leur fabrication ! Elle appelle également les propriétaires à les retirer de leurs tablettes au nom d’une certaine responsabilité éthique : aux propriétaires à prendre leur décision !
Ajoutons que cette campagne n’a rien d’antisémite : elle ne critique pas les Juifs mais les politiques de l’État israélien. Nous rejetons donc à l’avance les accusations d’antisémitisme qui ne manquent jamais de pleuvoir chaque fois que des groupes et des individus osent dénoncer les politiques israéliennes et dont l’acharnement contre le député Amir Khadir est emblématique. Mais désormais, cette grossière intimidation ne fait plus peur.
Au Québec, la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions est encore jeune. Un nombre grandissant d’organisations syndicales, communautaires, des groupes de femmes, des associations de défense des droits, des groupes religieux, des étudiants, des artistes, des enseignant-e-s s’y engagent. L’appel au boycott des produits israéliens se fera de plus en plus insistant.
Il serait peut-être temps d’ailleurs que l’Assemblée nationale réévalue la pertinence de son accord Québec-Israël jusqu’à ce que cet État se conforme au droit international et au respect des droits des palestinien-en-es.
Signataires du communiqué :
Ligue des Droits et Libertés
Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes STTP-CUPW
FNEEQ-CSN
CCMM-CSN,
Fédération des Femmes du Québec (FFQ)
Artistes pour la Paix
Centre Justice et Foi
Voix Juives Indépendantes
Collectif D’Abord Solidaires
PAJU
Groupe Rezeq-Faraj/Un seul État
College and University Workers United (CUWU)
L’Entraide missionnaire
Parole arabe
Tadamon
Students for Palestinian Human Rights (SPHR)
Conseil musulman canadien (section québécoise)
Comité pour la paix en Palestine-UQAM
Québec Solidaire
mardi 8 février 2011
Aide financière aux étudiants: discorde autour d'un chèque d'Ottawa
Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
(Québec) Un chèque de 275 millions $ provenant d'Ottawa a semé la discorde vendredi entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes. La contribution fédérale au programme provincial de prêts et bourses est plus importante cette année, mais rien n'indique que l'argent supplémentaire retournera dans les poches des étudiants.
Puisque Québec a choisi de mettre sur pied son propre programme d'aide financière aux étudiants, Ottawa lui verse chaque année un «montant compensatoire» qui s'élève à 275 millions $ pour l'année 2009-2010. Il s'agit d'une hausse de 70 millions $ par rapport au chèque de 205 millions $ attendu par Québec.
Or, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, refuse de s'engager à réinvestir les sommes supplémentaires dans le programme d'aide financière.
«Les choix que l'on fait comme gouvernement québécois ne dépendent pas du gouvernement fédéral. Si le montant était inférieur, est-ce que je devrais revoir à la baisse? Non. Nous, peu importe les décisions politiques du gouvernement fédéral, on applique le programme de prêts et bourses qui est déjà le plus généreux au Canada», a-t-elle affirmé en entrevue téléphonique. Le Québec a dépensé au total 534 millions $ en prêts et bourses pour l'année 2009-2010, a-t-elle ajouté.
Hausse de la facture
Par ailleurs, le gouvernement Charest a déjà annoncé qu'il augmentera la facture étudiante à partir de 2012 et cette hausse ira de pair avec une bonification du programme de prêts et bourses, a répété vendredi Mme Beauchamp.
De leur côté, les étudiants sont outrés et dénoncent haut et fort la position de la ministre de l'Éducation.
«Le gouvernement du Canada a bonifié ses engagements envers les étudiants, maintenant c'est au gouvernement du Québec de faire sa part», a affirmé vendredi Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale.
Même son de cloche de la part du président de la Fédération étudiante universitaire, Louis-Philippe Savoie. «Ce gouvernement-là n'est pas intéressé à aider les étudiants. Tout ce qu'il veut faire, c'est augmenter les frais de scolarité.»
Le Parti québécois s'est rangé du côté des étudiants, sommant le gouvernement Charest d'investir dans le programme d'aide financière la totalité des sommes provenant d'Ottawa.
De son côté, la ministre Josée Verner a affirmé vendredi en point de presse que Québec est libre de faire ce qu'il veut avec ce chèque, puisqu'il s'agit d'un champ de compétence provincial.
Aux côtés de son collègue, le ministre Christian Paradis, Mme Verner a refusé de voir un lien entre cette annonce et les rumeurs de campagne électorale qui se multiplient à Ottawa.
Le Soleil
(Québec) Un chèque de 275 millions $ provenant d'Ottawa a semé la discorde vendredi entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes. La contribution fédérale au programme provincial de prêts et bourses est plus importante cette année, mais rien n'indique que l'argent supplémentaire retournera dans les poches des étudiants.
Puisque Québec a choisi de mettre sur pied son propre programme d'aide financière aux étudiants, Ottawa lui verse chaque année un «montant compensatoire» qui s'élève à 275 millions $ pour l'année 2009-2010. Il s'agit d'une hausse de 70 millions $ par rapport au chèque de 205 millions $ attendu par Québec.
Or, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, refuse de s'engager à réinvestir les sommes supplémentaires dans le programme d'aide financière.
«Les choix que l'on fait comme gouvernement québécois ne dépendent pas du gouvernement fédéral. Si le montant était inférieur, est-ce que je devrais revoir à la baisse? Non. Nous, peu importe les décisions politiques du gouvernement fédéral, on applique le programme de prêts et bourses qui est déjà le plus généreux au Canada», a-t-elle affirmé en entrevue téléphonique. Le Québec a dépensé au total 534 millions $ en prêts et bourses pour l'année 2009-2010, a-t-elle ajouté.
Hausse de la facture
Par ailleurs, le gouvernement Charest a déjà annoncé qu'il augmentera la facture étudiante à partir de 2012 et cette hausse ira de pair avec une bonification du programme de prêts et bourses, a répété vendredi Mme Beauchamp.
De leur côté, les étudiants sont outrés et dénoncent haut et fort la position de la ministre de l'Éducation.
«Le gouvernement du Canada a bonifié ses engagements envers les étudiants, maintenant c'est au gouvernement du Québec de faire sa part», a affirmé vendredi Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale.
Même son de cloche de la part du président de la Fédération étudiante universitaire, Louis-Philippe Savoie. «Ce gouvernement-là n'est pas intéressé à aider les étudiants. Tout ce qu'il veut faire, c'est augmenter les frais de scolarité.»
Le Parti québécois s'est rangé du côté des étudiants, sommant le gouvernement Charest d'investir dans le programme d'aide financière la totalité des sommes provenant d'Ottawa.
De son côté, la ministre Josée Verner a affirmé vendredi en point de presse que Québec est libre de faire ce qu'il veut avec ce chèque, puisqu'il s'agit d'un champ de compétence provincial.
Aux côtés de son collègue, le ministre Christian Paradis, Mme Verner a refusé de voir un lien entre cette annonce et les rumeurs de campagne électorale qui se multiplient à Ottawa.
vendredi 4 février 2011
Conférence et vidéo sur la délégation québécoise au 17e FMJEE
Le 17 février à 19h00
Au Café l'Exode, 255 Ontario est
Entrée gratuite, bière 2$
Au Café l'Exode, 255 Ontario est
Entrée gratuite, bière 2$

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