Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
(Québec) Un chèque de 275 millions $ provenant d'Ottawa a semé la discorde vendredi entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes. La contribution fédérale au programme provincial de prêts et bourses est plus importante cette année, mais rien n'indique que l'argent supplémentaire retournera dans les poches des étudiants.
Puisque Québec a choisi de mettre sur pied son propre programme d'aide financière aux étudiants, Ottawa lui verse chaque année un «montant compensatoire» qui s'élève à 275 millions $ pour l'année 2009-2010. Il s'agit d'une hausse de 70 millions $ par rapport au chèque de 205 millions $ attendu par Québec.
Or, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, refuse de s'engager à réinvestir les sommes supplémentaires dans le programme d'aide financière.
«Les choix que l'on fait comme gouvernement québécois ne dépendent pas du gouvernement fédéral. Si le montant était inférieur, est-ce que je devrais revoir à la baisse? Non. Nous, peu importe les décisions politiques du gouvernement fédéral, on applique le programme de prêts et bourses qui est déjà le plus généreux au Canada», a-t-elle affirmé en entrevue téléphonique. Le Québec a dépensé au total 534 millions $ en prêts et bourses pour l'année 2009-2010, a-t-elle ajouté.
Hausse de la facture
Par ailleurs, le gouvernement Charest a déjà annoncé qu'il augmentera la facture étudiante à partir de 2012 et cette hausse ira de pair avec une bonification du programme de prêts et bourses, a répété vendredi Mme Beauchamp.
De leur côté, les étudiants sont outrés et dénoncent haut et fort la position de la ministre de l'Éducation.
«Le gouvernement du Canada a bonifié ses engagements envers les étudiants, maintenant c'est au gouvernement du Québec de faire sa part», a affirmé vendredi Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale.
Même son de cloche de la part du président de la Fédération étudiante universitaire, Louis-Philippe Savoie. «Ce gouvernement-là n'est pas intéressé à aider les étudiants. Tout ce qu'il veut faire, c'est augmenter les frais de scolarité.»
Le Parti québécois s'est rangé du côté des étudiants, sommant le gouvernement Charest d'investir dans le programme d'aide financière la totalité des sommes provenant d'Ottawa.
De son côté, la ministre Josée Verner a affirmé vendredi en point de presse que Québec est libre de faire ce qu'il veut avec ce chèque, puisqu'il s'agit d'un champ de compétence provincial.
Aux côtés de son collègue, le ministre Christian Paradis, Mme Verner a refusé de voir un lien entre cette annonce et les rumeurs de campagne électorale qui se multiplient à Ottawa.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire