Plus de 70 groupes sociaux, associations et syndicats appellent à la mobilisation le 12 novembre prochain contre le racisme (Liste des signataires).
L'appel des groupes sociaux explique le contexte dans lequel cette manifestation s'organise : « Depuis plusieurs années maintenant, nous assistons à la montée d’un
discours raciste et haineux dans l’espace public québécois. La « charte
des valeurs » du Parti québécois en 2013, l’élection de Donald Trump aux
États-Unis et la montée des partis populistes et xénophobes en Europe
ont galvanisé le développement d’une extrême-droite bien de chez nous.
Celle-ci se dévoile au grand jour et multiplie les coups d’éclats et
polémiques racistes. Loin de la refroidir, l’attentat à la mosquée de
Québec semble avoir propulsé son discours haineux, de plus en plus
banalisé, dans l’espace public. Les groupuscules xénophobes et racistes
ont depuis multiplié les manifestations, organisé une campagne
victorieuse contre un cimetière musulman à Saint-Apollinaire, diffusé un
discours xénophobe à l’endroit des demandeuses et demandeurs d’asile
Haïtien.ne.s, et ont même réussi à normaliser la peur et l’intolérance
dans l’espace public et à légitimer leurs organisations pourtant fondées
sur la haine. Les politicien.ne.s et chroniqueurs-poubelles ne sont pas
en reste dans le développement de cette ambiance morose. Ils jouent par
opportunisme au pyromane en alimentant les flammes de l’intolérance,
tout en ignorant la violence grandissante de l’extrême-droite
québécoise. »
Plusieurs manifestations anti-racistes ont eu lieu au cours des derniers
mois, comme celles à travers le Canada le 4 mars, mais ces actions
ont eu lieu en réaction aux manifestations organisées par l'extrême. Il est maintenant temps de prendre les devants!
Rendez-vous le 12 novembre à 14h Place Émilie Gamelin.
vendredi 20 octobre 2017
mardi 17 octobre 2017
De l'indécence et de la soif : Crise de l'eau dans les communautés autochtones
Ceci étant dit, la Loi ne ferme pas la porte à la participation des autochtones dans la gestion des ressources en eau. Si tel était le cas, elle serait ouvertement discriminatoire. C'est ici plutôt la violence du silence et de l'indifférence qui sévi. Est-ce que l'eau coulera enfin jusque dans la communauté anicinape de Kitcisakik dans le Témiscamingue ? Cette Première Nation vivant à environ 90 kilomètres au sud-est de Val-d’Or compte 400 personnes. Elle a fait plusieurs fois les manchettes aux cours des années, notamment en raison de son manque d’accès à l'eau potable. Une seule station sanitaire ne comportant que huit douches est disponible pour tous les habitants. Imaginez, c'est la queue, dehors, en pleine hiver glacial, pour pouvoir se laver. 8 douches pour 400 personnes! Les maisons n’ont pas d’eau courante ni de toilettes. L'eau pour la consommation n'est disponible que dans un dispensaire au centre du village, et sa qualité est questionnée. Dans la même région, plusieurs communauté n'ont aucun point d'accès à l'eau, aucune aqueduc. Si on jette un coup d'œil au PDE de la région, sur 131 actions prévues, douze concernent directement une des cinq communautés autochtones du bassin versant du Témiscaminque, et, de ces douze actions, seulement trois touchent à la qualité de l'eau potable. En d'autres mots, nous sommes à des années lumières d'un plan qui répond à la crise actuelle.
samedi 14 octobre 2017
19e FMJE
C'est aujourd'hui que s'ouvre le 19e Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiant-e-s (FMJE) à Sotchi en Russie.
Le FMJE est le plus important forum progressiste de jeunes dans le monde. Il existe depuis 1947 et est organisée depuis ce temps pratiquement sans interruption tous les 3 ou 4 ans. Il réunit la jeunesse du monde sur la base de la paix, de la solidarité, de la fraternité et de l’anti-impérialisme. Il est organisé par la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique et par des organisations étudiantes régionales et internationales dont l’OCLAE (Organisation continentale latino-américaine et caribéenne des étudiants). Beaucoup de jeunes se sont formés comme militants et militantes au cours de ces événements extraordinaires. Angela Davis, Assata Shakur, Yuri Gagarin, Yasser Arafat, Fidel Castro, Ruth First et Jan Myrdal sont quelques unes de personnes bien connues qui y ont participé. Cette année, le Festival attend 20 000 jeunes sous le slogan: Pour la paix, la solidarité et la justice sociale, nous luttons contre l’impérialisme - honorant notre passé, nous construisons l’avenir. Il honorera Che Guevara, Fidel Castro et Mohamed Abdelaziz, en plus de célébrer le 100e anniversaire de la Révolution socialiste d'Octobre.
Nous saluons nos camarades de la délégation pan-canadienne qui se préparent en ce moment à la cérémonie d'ouverture du 19e FMJE!
Le FMJE est le plus important forum progressiste de jeunes dans le monde. Il existe depuis 1947 et est organisée depuis ce temps pratiquement sans interruption tous les 3 ou 4 ans. Il réunit la jeunesse du monde sur la base de la paix, de la solidarité, de la fraternité et de l’anti-impérialisme. Il est organisé par la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique et par des organisations étudiantes régionales et internationales dont l’OCLAE (Organisation continentale latino-américaine et caribéenne des étudiants). Beaucoup de jeunes se sont formés comme militants et militantes au cours de ces événements extraordinaires. Angela Davis, Assata Shakur, Yuri Gagarin, Yasser Arafat, Fidel Castro, Ruth First et Jan Myrdal sont quelques unes de personnes bien connues qui y ont participé. Cette année, le Festival attend 20 000 jeunes sous le slogan: Pour la paix, la solidarité et la justice sociale, nous luttons contre l’impérialisme - honorant notre passé, nous construisons l’avenir. Il honorera Che Guevara, Fidel Castro et Mohamed Abdelaziz, en plus de célébrer le 100e anniversaire de la Révolution socialiste d'Octobre.
Nous saluons nos camarades de la délégation pan-canadienne qui se préparent en ce moment à la cérémonie d'ouverture du 19e FMJE!
vendredi 13 octobre 2017
Grande marche pour le 15$
Le 15 octobre, une marche est appelée pour le salaire minimum à 15$ de l'heure. La marche de 15km débutera à 10h au métro Lionel-Groulx pour rejoindre le grand rassemblement à 13h au Parc Laurier. On vous y attend !
mercredi 11 octobre 2017
Au Venezuela, le peuple constituant fait des propositions pour le chapitre « Droits de la Femme »
JM reproduit un article publié sur INVESTIG'ACTION. Cliquez ici pour voir l'original.
Notes
Source : https://venezuelanalysis.com/news/13404 / http://albaciudad.org/2017/09/pueblo-debatira-propuestas-para-redactar-capitulo-mujer-en-la-constitucion/
Le 30 juillet 2017 une mobilisation populaire, assez inattendue dans le contexte difficile de la guerre économique, a élu une Assemblée Constituante au Venezuela. Un moment démocratique qui rappelle le référendum en Catalogne: la droite, appuyée par la plupart des médias, a usé de la violence pour tenter d’empêcher ce scrutin, menaçants les électeurs, saccageant des bureaux de vote, sans autre résultat que galvaniser la volonté de la population (1).
Depuis que les urnes ont parlé, la droite a mis fin
(pour l’heure) à l’insurrection armée, déplaçant l’offensive sur le plan
économique avec l’aide du secteur privé. Dans ce contexte marqué par
des hausses de prix constantes des produits de base et les réponses du
gouvernement bolivarien pour renforcer l’accès de la population à
l’alimentation subventionnée, s’est ouvert le chantier constitutionnel.
Toutes sortes de mouvements sociaux et de partis politiques s’expriment
au-dehors et au dedans de la nouvelle assemblée, pendant que
l’opposition, les médias, l’Union Européenne et Donald Trump crient à la
« dictature ». (2)
Une décision récente de l’Assemblée Nationale
Constituante a été de désigner le 25 octobre comme journée du
« féminisme socialiste ». L’ANC a annoncé sa volonté de renforcer
l’ensemble des droits de la femme, dont le thème de l’avortement. Dans
leur décret les constituant(e)s veulent « promouvoir
une approche de genre et féministe. Le machisme est une culture
capitaliste rétrograde qui affecte autant les hommes que les femmes, nie
la diversité et l’intégration et légitime les relations de domination
et êtres humains ».
28 associations féministes comme l’Araña Feminista
ont participé aux débats (photo) et fait entendre leur voix dans la rue
pour demander d’aller plus vite et plus loin, d’accélérer non seulement
la dépénalisation de l’avortement mais aussi la diffusion de
l’éducation sexuelle et de la distribution des contraceptifs.
L’ANC a décrété la convocation « de toutes les femmes et les
hommes à participer de façon active à la construction collective du
Chapitre Femme, Équité et Égalité de genre de la nouvelle proposition
constitutionnelle, dont l’objectif est de libérer toutes les
potentialités de la femme dans ses multiples facettes vitales », comme de renforcer la participation de ce secteur dans les différents champs de la transformation de la patrie.
Promouvoir les valeurs de paix, égalité, entente, équité et justice sociale seront les tâches fondamentales de la Commission Constituante sur la Femme, l’égalité et l’Équité de genre, installée en session ordinaire de l’organe plénipotentiaire, qui a eu lieu au Palais Fédéral Législatif.
De même, il a été décidé de créer sur tout le territoire national des équipes de femmes pour « garantir la participation citoyenne à l’Assemblée Nationale Constituante », qui permette la rédaction du nouveau texte constitutionnel.
L’installation de cette commission a été stipulée dans le décret lu
et approuvé pendant la session de l’assemblée, durant laquelle ont pris
la parole des représentantes de mouvements de femmes de même que la
Ministre pour la Femme et l’Égalité de Genre, Blanca Eekhout. Celle-ci a
souligné le rôle fondamental de la femme vénézuélienne depuis l’arrivée
de la Révolution Bolivarienne, rôle impulsé par le commandant Hugo
Chávez il y a 18 ans.
« Nous avons des avancées extraordinaires parce que la
participation des femmes aux institutions de ce pays, s’est consolidée
avec la Révolution Bolivarienne », a-t-elle déclaré tout en
rappelant la création des différentes missions sociales, créées en
priorité pour protéger les femmes des secteurs populaires, exclues
pendant l’ère puntofijiste . (3)
La preuve en est – a-t-elle détaillé- la grande mission sociale Hogares de la Patria
(foyers de la Patrie), mise en place en 2015 par le président de la
République, Nicolás Maduro, pour protéger les enfants et les mères de ce
pays. « Avec la Grande Mission Hogares de la Patria nous avons
protégé plus d’un million 200 mille femmes. Dans cette mission des
hommes aussi ont été inclus. », a indiqué la titulaire du ministère.
Elle a également manifesté l’importance du premier processus
constituant convoqué en 1999 par le leader bolivarien et au cours duquel
ont été établis les droits de femme vénézuélienne. « La Révolution
Bolivarienne est la première à hisser le drapeau du féminisme, aucun
autre leader dans le monde n’a osé dire je suis féministe. Le premier a
été Hugo Chávez et ceci en dit long sur le caractère de la Révolution
Bolivarienne », a-t-elle souligné.
Pour sa part, la députée constituante et porte-parole des Comités
Locaux d’Approvisionnement et Production (CLAP) Beysimar Pérez, a
souligné que les vénézuéliennes sont la clé dans le renforcement de la
productivité, grâce aux programmes sociaux comme « Soy mujer » (Je suis
une femme) et la Banque de la Femme, instances destinées à financer et
accompagner la mise en œuvre des projets socio- productifs mis en œuvre
par des femmes des secteurs populaires.
- Voir « (Photos Médias du monde libre contre droit au suffrage des vénézuéliens », https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/01/photos-medias-contre-droit-au-suffrage-des-venezueliens/
- Voir entre autres « L’assemblée constituante renforcera les droits des peuple indigènes » https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/15/lassemblee-constituante-renforcera-les-droits-des-peuples-indigenes/
- Le « puntofijisme » est un pacte signé en 1958 à Punto Fijo au Venezuela entre les deux principaux partis dominants (social-chrétien et social-démocrate) pour se relayer en alternance au pouvoir sans en modifier les structures. Il durera… quarante ans (jusqu’en 1998), date de l’élection d’Hugo Chavez.
- Lire « L’indulgence de la presse française (et d’une partie de la gauche) pour la violence d’extrême droite » https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/17/venezuela-lindulgence-de-la-presse-francaise-et-dune-partie-de-la-gauche-pour-la-violence-dextreme-droite/
Source : https://venezuelanalysis.com/news/13404 / http://albaciudad.org/2017/09/pueblo-debatira-propuestas-para-redactar-capitulo-mujer-en-la-constitucion/
mardi 10 octobre 2017
Ara ès hora d’estar alerta!
Adrien Welsh
Au matin du 20 septembre, la Guardia Civil espagnole fait irruption dans les bureaux et les antennes du gouvernement régional catalan, rappelant les heures les plus sombres de la dictature franquiste. Quatorze responsables du gouvernement sont arrêtés et 9,8 millions de bulletins de vote sont saisis dans la foulée. Le Premier ministre conservateur du Royaume d’Espagne, Mariano Rajoy, qui n’a jamais donné son accord au référendum consultatif de 2014 organisé par le gouvernement catalan d’Artur Mas et a fait savoir d’entrée de jeu qu’il ne reconnaitrait aucun référendum à la suite de l’annonce du chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, de vouloir organiser un référendum pouvant mener à l’indépendance de la Catalogne en septembre dernier, somme le gouvernement régional catalan de « revenir à la loi et à la démocratie » et ajoute que «le gouvernement [espagnol] fait ce qu’il doit faire et continuera à le faire. »
Lors des semaines et jours suivants, les tensions entre Madrid et Barcelone ne font que s’accentuer. L’intransigeance de Rajoy et du Parti populaire ainsi que le peu d’intérêt manifesté de la plupart des autres partis parlementaires quant à tenter de régler cette question dans un réel cadre démocratique ont attisé les tensions et contribué à populariser les visées indépendantistes du gouvernement Puigdemont auprès des Catalans.
Ces partis tentent en effet de rester dans le cadre légal de la Constitution espagnole de 1978 Ce texte érige l’Espagne en « patrie commune et indivisible de tous les Espagnols » et son article 2 entérine le principe de « l’unité indissoluble de la nation espagnole ». À l’époque de Franco, on aurait simplement ajouté « par la grâce de Dieu »…
Les tensions atteignent leur paroxysme une semaine avant la tenue du référendum. Au cours de cette semaine, les provocations du gouvernement central pour tenter d’empêcher les Catalans de faire usage de leur droit à l’auto-détermination se font plus nombreuses et plus fortes. Dans la foulée, les télécommunications de certains secteurs du gouvernement sont bloquées, 2,5 millions de bulletins de vote sont saisis et plusieurs bureaux de vote sont fermés. Le gouvernement catalan entreprend alors un jeu du chat et de la souris pour organiser le référendum en quasi-clandestinité coute que coute alors que les Catalans prennent la rue. La jeunesse en particulier joue un rôle moteur dans les mobilisations alors que le jeudi précédent le vote, environ 10 000 étudiant.es se mettent en grève et prennent la rue pour revendiquer le droit à la nation catalane de décider de son avenir souverainement, sans intervention étrangère.
Le jour du vote, la Guardia Civil et la police nationale déploient une force démesurée, n’hésitant pas à charger sur la population, protégée par les Mossos D’Esquadra (la police catalane donc recevant ses ordres du gouvernement catalan), et à la bombarder de balles en caoutchouc. Le pouvoir franquiste n’aurait pu faire mieux…
Les affrontements ont été provoquant 800 blessés dont plusieurs blessés « graves » afin d’empêcher que se déroule le vote coute que coute. Mariano Rajoy pousse même la provocation un peu plus loin en affirmant qu’il n’ y aurait jamais eu de référendum sur l’auto-détermination de la Catalogne et que la force déployée aurait été « équilibrée »…
Selon le gouvernement Catalan, le taux de participation se serait situé autour de 43% des inscrits. Malgré tout le déploiement policier, seuls 700 000 personnes n’ont pu voter et 2% des bureaux de vote ont été fermés.
Sans grande surprise, le résultat de la consultation est très largement favorable à l’indépendance. Le oui l’emporte avec 90%, ce qui s’explique notamment par le fait que les partisans au maintien de la Catalogne en Espagne se sont abstenus de voter, suivant ainsi la consigne de Madrid.
L’actuelle crise qui secoue l’Espagne et la Catalogne est plus profonde que ce que tant les nationalistes catalans que la droite conservatrice espagnole tentent de nous présenter. À l’origine de cette crise est une crise générale de la démocratie en Espagne qui remonte à plusieurs décennies.
Si les débuts du nationalisme catalan indépendantiste peuvent être retracés au 19e siècle, il reste que ce mouvement reste plutôt marginal jusqu’aux années post-franquistes où il acquiert un réel caractère de masse et attire certains progressistes : avec la fin de ce qui reste de l’Empire espagnol (notamment avec la fin de la souveraineté espagnole sur le Sahara occidental), les Catalans, qui constituent une nation, ont eux aussi des revendications démocratiques.
Toutefois, le processus de la soi-disant « transition démocratique » en Espagne était ficelé de sorte à ce que les forces populaires au premier rang de la lutte anti-franquiste – en premier lieu le Parti communiste – ne bénéficient d’une place que marginale dans ce processus verrouillé par le Roi, en accord total avec les dernières volontés de Franco. La Constitution adoptée dans la foulée en 1978, à l’inverse de celle du Portugal en 1974, ne consacre que de maigres concessions aux forces démocratiques, notamment en ce qui a trait à la question nationale. Contrairement à l’époque franquiste, un certain effort de décentralisation est concédé de la part du gouvernement central, mais il reste que concrètement, chaque « province autonome » doit négocier une à une les conditions et l’application de cette autonomie avec Madrid. L’existence de nations en Espagne n’est pas reconnue, encore mois leur droit à l’auto-détermination. Il est vrai qu’en 2006, sous le gouvernement de Zapatero, la Catalogne est reconnue brièvement comme nation, une décision invalidée en 2011 par la Cour Suprême.
En plus de la crise de son système « démocratique », l’Espagne a, ces dernières années, été frappée de plein fouet par la crise capitaliste, ce qui fait de ce pays aujourd’hui l’un des plus inégaux d’Europe. De là ressurgissent les vieilles contradictions du capital dans la patrie de Cervantes. L’opposition entre une bourgeoisie agricole et rentière dans la majorité de l’Espagne d’une part et une bourgeoisie catalane fortement industrialisée donc plus libérale et dynamique (la Catalogne représente environ 21% du PIB de l’Espagne et 25% de ses exportations) contribue aussi à la promotion du nationalisme catalan.
En effet, l’idée d’indépendance de la Catalogne n’est pas progressiste en soi. D’ailleurs, l’un des arguments-clé des chefs de file du mouvement indépendantiste consiste à souligner le fardeau fiscal trop important que cette région doit payer à Madrid, ce qui entraverait le développement économique de la bourgeoisie catalane. En outre, il est impossible de voir l’indépendance de cette nation en dehors du cadre plus global. Une catalogne indépendante serait amenée à s’intégrer encore plus au sein de l’Union européenne du Capital et les pressions pour qu’elle en applique les directives seront plus fortes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les indépendantistes dont Puigdemont se tournent vers l’UE pour agir en tant que médiateur entre Madrid et Barcelone.
Quoi qu’il en soit, les évènements du 1er octobre sont à condamner et à dénoncer fermement par toutes les forces progressistes à travers le monde. En tentant de maintenir l’unité de l’Espagne à coups de matraque et de fusil, le gouvernement de Rajoy a tout simplement violé le principe de base du droit international, le droit des peuples à disposer d’eux-même, à la souveraineté et à l’autodétermination. Honteusement, les gouvernements du Québec et du Canada ont refusé de commenter la crise, et pour cause : l’Acte sur la clarté référendaire leur permettrait d’appliquer le même genre de mesures dans l’éventualité où le Québec – ou toute autre nation – décidait d’organiser un référendum pouvant mener à l’indépendance.
Respecter le droit à l’autodétermination soit du Québec ou de la Catalogne n’équivaut toutefois pas à un appui à l’indépendance. D’ailleurs, dans ces deux nations opprimées au sein d’un État multi-national, les communistes ne favorisent pas cette option, qui, compte tenu que ces deux nations, bien que plus petites, ne représentent pas des colonies. En conséquence, l’unité des travailleur.euses prime sur l’unité nationale. Dans ces deux nations, les communistes refusent tout projet qui proposerait une unité entre le prolétariat et la bourgeoisie monopoliste, mais comprennent aussi qu’à l’inverse, les communistes actifs dans la nation dominante doivent s’opposer à toute forme de chauvinisme à l’égard de la nation dominée. Ainsi seulement les travailleur.euses et les masses populaires des différentes nations seront convaincues de la possibilité et de la nécessité de s’unir au-delà des différences nationales afin de s’attaquer à leur ennemi commun, celui contre qui il est « temps d’être alerte », la bourgeoisie monopoliste qui se sert de ces divisions afin de mieux assoir sa domination.
Ara ès hora d’estar alerta dit l’hymne national catalan. Mais alerte contre qui? En défense de quoi? Si c’est défendre l’unité de la classe ouvrière, de la jeunesse et des peuples, sous le drapeau d’une Espagne républicaine comme celle de La Pasionaria, les communistes répondent présent et ne baissent pas la garde. Toutefois, si c’est être alerte pour défendre l’Estrellada au carré bleu, symbole d’une Catalogne intégrée à l’Union européenne; si c’est être alerte pour défendre le drapeau de la monarchie espagnole et faire primer sur l’unité du Capital espagnol, les communistes ne sauraient entrainer les masses dans cette voie dangereuse qui, au final, ne profiterait qu’à la bourgeoisie parasitaire et exploiteuse et ne changerait en rien à l’exploitation des masses populaires et de la jeunesse qui se retrouveraient, dans tous les cas, attachés au même pieux, à la même estaca, si ce n’est que la couleur en serait différente.
lundi 9 octobre 2017
Manifestation: Canada hors de l'OTAN!- Canada out of NATO
Le Mouvement québécois pour la paix appel à une manifestation le Samedi 14 octobre à 14h afin de revendiquer la sortie du Canada de l'OTAN. Rendez-vous à la place du Canada!
samedi 7 octobre 2017
Opinion : Le problème de l'ASSÉ
JM publie une lettre qui lui a été envoyée à la suite du congrès de L'ASSÉ en fin de semaine dernière.
Wauki
Wayra
L'Association
pour une Solidarité Syndicale Étudiante à tenu pendant la fin de semaine du 30
septembre au 1 octobre son congrès automnal. Lors de ce congrès, beaucoup de
sujets sont ressortis et un plan d'action étoffé a vu le jour : la campagne
féministe annuelle bat son plein en plus d'entreprendre une manifestation le 12
novembre prochain sur une base solidaire et antiraciste. Ce congrès a mobilisé
l'attention des médias, chose qui n'était pas arrivée depuis longtemps.
Malheureusement, ce fut en raison d'une nouvelle plutôt sombre : une motion
pour la dissolution de l'ASSÉ avait été déposée.
La motion
de dissolution a heureusement a été défaite. Reste que l'ASSÉ ne va pas bien. Ses
structures se vident. Les actions qu'elle organise ne mobilisent que peut de
militantes et militants. L'ASSÉ semble être à bout de souffle. Plusieurs échos
résonnent encore dans ma tête. Nous sommes au congrès : comment se fait-il que
si peu de délégations se sont présentées. Nous avions tout juste le quorum! Si
quelqu'un partait, s'en été fini!
Comment
un moteur d'unité, une organisation nationale qui a accompli ce que nous savons
en 2005 et en 2012 peut-elle avoir autant de misère à mobiliser ses membres? À
mon avis, le problème en soi de l'ASSÉ n'est pas dans sa structure ou sa
motivation objective, non, le problème c'est que l'ASSÉ c'est éloigné de son
mandat premier : défendre les étudiantes et les étudiants et la gratuité
scolaire.
L'association
en soi n'est presque plus reconnue, on ne voit que l'enveloppe sans même
regarder le message. Je m'explique. En congrès, nous proposons, votons, pensons
et agissons selon nos mandats d'association. C'est-à-dire que nous représentons
un ensemble d'étudiantes et d'étudiants. Le problème de l'ASSÉ, c'est de
vouloir imposer une vision du militantisme, du féminisme, du progrès...
Jusqu'ici, tout va bien, mais pour combien de temps? En soi, de faire de
l'éducation citoyenne, militante et engagée est respectable et je ne tente en
aucun cas d'amoindrir le travail de moine que certaines et certains ont pu
faire. Il est cependant primordial de constater un échec de la pratique.
Plusieurs
pensent qu'un plancher doit rester entier, que les délibérations doivent avoir
lieu entre délégations et non entre individus. Il ne faut pas rejeter le blâme
sur ceux et celles qui coordonnent le congrès, mais se pencher sur le rôle des
associations. En effet, nous avons très mal préparé ce congrès : très peu
d'associations ont voté des mandats en assemblée générale départementale, donc,
très peu de débats ou très peu d'orientations proposées par le plancher, outre
la manifestation du 12 octobre. La démocratie de l'ASSÉ est mise à mal.
Enfin, la
contradiction entre centralisation et décentralisation bat son plein. Alors que
nous avons tous besoin de nous mobiliser sur le terrain et de FAIRE avancer la
lutte, nous continuons de patiner dans des procédurites et des camps de
formation (pareil à ceux qu'on a déjà assister) déguisés. Le problème de
l'ASSÉ, c'est la division. Il y a une solution, bien qu'elle ait été fantôme
pendant le congrès : revenir à notre mandat pour la gratuité scolaire... Nous
avons oublié ce que c'est que l'ASSÉ, mais nous y reviendrons! Assos de toutes
facultés, unissez-vous!
mercredi 4 octobre 2017
Bella Ciao
Alla
matina, mi son svegliata, o bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao...
Voici les premiers vers d’une chanson connue
internationalement. Reconnue comme hymne de la Résistance du peuple italien
contre la fascisme, Bella Ciao est entonnée par pratiquement tous les progressistes qui s'identifient à
ce chant traduit en une soixantaine de langues, que ce soit
en italien, français,
anglais ou en arabe par exemple. Mais
quelle en est l’origine ?
Si les versions sont nombreuses, dans
plusieurs langues et avec plusieurs mélodies, il reste que la version qui
semble faire école à travers le monde est, à peu de différences près, celle de Banda Bassoti (qui a
participé au 18e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à
Quito en 2013), des Modena City Ramblers ou de Maro Calliari, c’est à dire la version des partisans, la version partigiana.
Pourtant, peu sont ceux et celles qui savent
qu’à la base, Bella Ciao serait
dérivée d’une mélodie klezmer, donc juive d’Europe de l’Est, composée par Mishka
Ziganoff: Koilen. Aussi peu nombreux sont ceux qui connaissent une autre version italienne, sans doute précédente à la version partigiana. Il s’agit de celle des Mondine,
femmes travailleuses saisonniaires dans les rizières des plaines padanes et
veneto-frioulanes du nord de l’Italie. Dans cette version, la
mélodie est très semblable de la version des partisans, mais le texte en est
différent principalement en ce sens qu’il se consacre principalement aux
difficiles conditions de travail de ces femmes exploitées dans les rizières du
nord de l’Italie, comme en témoigne la conclusion du chant : « ma verra un giorno che tutti quanti lavoreremo
in libertà » (un jour viendra où tous et toutes, nous pourrons travailler en liberté). La préséance de cette version sur celle du chant
partisan est encore discutée, mais il semble que ce serait la trouvère Giovanna
Daffini, engagée dans la Résistance italienne lors de la 2e
Guerre mondiale qui aurait popularisé ce chant appris de son grand-père
auprès des Résistants du nord de l’Italie. C’est ainsi que ce chant de
travail, avec quelques modifications au texte, se serait ajouté aux
hymnes de la résistance anti-fasciste.
De là, comment en vient-on à un hit que la gauche internationale a fait
sien ?
Il faut d’abord savoir que Bella Ciao n’était connu que d’un groupe
assez restreint de résistants du nord de l’Italie. Lors de la 2e
Guerre mondiale, le chant de ralliement de la Résistance étant plutôt Fischia il Vento,
entonné sur l’air de Katioucha, donc ostensiblement pro-soviétique. Selon
plusieurs en effet, Bella Ciao n’était
connu que d’une minorité de résitant-e-s et de militant-e-s anti-fascistes, en
particulier des communistes.
Il faut donc attendre le 1er
Festival de la jeunesse et des étudiants, tenu à Prague en 1947, pour que la
jeunesse démocratique et progressiste du monde, triomphante de la barbarie fasciste et nazie, entonne ce chant anti-fasciste.
Si la jeunesse communiste et anti-impérialiste avait déjà fait sienne cette
chanson dans les années d’après guerre, Bella ciao reste un chant
politique lié à une mouvance politique. Il faut attendre le début des
années 1960 pour que ce chant, notamment grâce à la version d’Yves
Montand (militant de la jeunesse communiste jusqu’en 1968), connaisse un
succès mondial.
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