36 manifestant.e.s seront représenté.e.s par la Commission des droits de la personne contre la ville de Québec
QUÉBEC, le vendredi 3 juillet 2015 –
Trente-six manifestant.e.s arrêté.e.s sur la Grande-Allée à Québec, le
27 avril 2012, lors d’une manifestation féministe contre la hausse des
droits de scolarité remportent une première victoire. Ils et elles
avaient porté plainte à la Commission des droits de la personne (CDPDJ) en octobre 2012. Après enquête, la Commission
conclut que les personnes arrêtées alors qu’elles manifestaient de
manière pacifique ont fait l’objet de discrimination fondée sur des
convictions politiques (profilage). Les manifestant.e.s, ainsi que la Ligue des droits et libertés, section de Québec (LDL-Qc) qui supporte la démarche, accueillent avec enthousiasme la décision de la CDPDJ.
Un point de presse aura lieu lundi 6 juillet à 10h30 au Tam Tam Café (421, rue Langelier à Québec). Des manifestant.e.s arrêté.e.s et le représentant de la LDL-Qc seront présent.e.s pour répondre aux questions des journalistes.
Reconnaissance du profilage politique
Affirmant que le Service de police de la ville de Québec
a porté atteinte aux droits fondamentaux des manifestant.e.s, la CDPDJ
décide de défendre leur cause devant le Tribunal des droits de la
personne. Rappelons que 81 personnes avaient été arrêtées à cette
occasion. « Le profilage politique trouve maintenant sa place auprès du
profilage racial et du profilage social aux yeux de la Commission »
explique Sébastien Harvey, coordonnateur de la LDL-Qc. « Il s’agit d’une
étape historique qui ouvre le chemin à sa reconnaissance par les
tribunaux ».
Le profilage politique est en effet
difficile à prouver par des faits isolés. Ce sont les statistiques qui
en révèlent la sévérité. Depuis cinq ans, le nombre d’arrestations liées
à l’expression d’opinions politiques a connu une augmentation
inquiétante au Québec. De 2011 à 2014, la LDL a répertorié 5895
arrestations pour tout le Québec. Du 15 mars au 1er mai 2015 seulement,
ce sont 1006 arrestations pour les seules villes de Montréal et Québec.
87% de ces arrestations ne sont pas de nature criminelle, mais
concernent des infractions à un règlement municipal ou au Code de la
sécurité routière.
Rappel à l’ordre pour les municipalités et leurs services de police
Cette décision de la Commission des droits de la personne
est un rappel pour toutes les municipalités du Québec à l’effet que les
citoyen.ne.s ont le droit d’exprimer leurs opinions politiques dans la
rue, qu’elles plaisent ou non aux autorités, aux Services de police ou à
leurs concitoyen.ne.s.
Pour Jocelyne Dufour, une des
plaignantes, la reconnaissance du profilage politique par la Commission
est une excellente nouvelle: « On subit un climat de répression
policière constante au Québec depuis des années et c’est la première
fois qu’on reçoit un appui aussi important. Ça devrait redonner courage à
toutes les personnes qui continuent d’être arrêtées pour avoir défendu
leurs idées dans la rue. »
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