Déclaration du comité exécutif
central
du Parti communiste du Canada
En ce 1er mai, journée internationale des travailleuses et
des travailleurs, le Parti communiste du Canada leur souhaite ses meilleurs
vœux dans notre lutte commune pour un avenir socialiste et pour mettre fin à
l'exploitation et à l'oppression capitaliste. Le 1er mai est une
occasion importante pour célébrer nos victoires historiques, comme le 80ième
anniversaire de la Grande Marche des chômeuses et des chômeurs sur Ottawa, qui
a commencé au printemps de 1935 à Vancouver, le 70ième anniversaire de la victoire sur le fascisme
hitlérien en mai 1945, et le 40ième anniversaire de la libération du
Vietnam des griffes de l'impérialisme américain, le 30 Avril 1975.
Cette
année, une nouvelle solidarité prend forme à travers le Canada. Elle se
construit sur les bases solides de l’expérience de la classe ouvrière, adaptées
aux conditions actuelles. Elle s’est fortement manifestée durant la grève
étudiante au Québec en 2012, avec le mouvement Occupy, Idle No More et au cours
des luttes à propos de l'environnement. La solidarité a été le pivot de la
victoire des grèves remarquables des assistantes et assistants à l’enseignement
de l'Université de Toronto et de l'Université York, en Ontario. Cette nouvelle
solidarité s’étend jusqu’à l'extérieur pour rallier des alliés au-delà des
rangs de la vieille solidarité syndicale qui l'avait créée, faisant de l'unité
du mouvement syndical avec les mouvements pour la justice sociale et avec le
public un ingrédient-clé de la formule du succès. La solidarité d'aujourd'hui
reflète des changements au sein la classe ouvrière elle-même, qui est en grande
partie jeune, éduquée, dégourdie, ayant des emplois précaires, et de plus en
plus féminine et basée dans les communautés ethniques. Plus important encore,
la nouvelle solidarité est une unité en mouvement.
Cette
unité est en plein développement dans le mouvement de riposte au Québec. Des
dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, d'étudiantes et
d’étudiants, sont allés dans les rues pour combattre le programme d'austérité
en accéléré des Libéraux de Couillard, qui implique, entre autres, de
dépouiller les travailleuses et les travailleurs municipaux de leurs pensions,
d’imposer le gel des salaires, et de démolir le principe durement gagné de
l'universalité des programmes sociaux au Québec, comme celui des garderies
d’enfants. Ces coupures ne pourront être mises en échec sans une victoire à la
table de négociation, la convention collective étant une arme importante de la
classe ouvrière contre l'austérité. Le dernier budget du Québec a également
lancé tous les syndicats du secteur public du Front Commun de 2015 dans des
préparatifs pour des actions de grève à l'automne prochain.
Surtout,
les directions de la CSN, de la FTQ et d'autres syndicats du Québec ont appelé
à la solidarité avec les étudiantes et les étudiants qui affrontent la
violence policière et la répression
juridique du gouvernement. Les étudiantes et les étudiants ne se battent pas
seulement contre l'austérité en éducation. Au-delà des préoccupations de leurs
campus, elles et ils s’opposent également à la destruction de l'environnement,
et à l’attaque incisive contre les femmes et l'égalité sociale. Les divergences
à propos des tactiques dans cette lutte seront présentées par la droite et les
grands médias comme des faiblesses, mais en fait, ces débats sont un ingrédient
essentiel du processus de maturation de la résistance. De même, l'émergence du
Front commun mené par la Fédération du travail de l'Ontario et le puissant
mouvement de grève l'an dernier des enseignantes et des enseignants de
Colombie-Britannique, sont des signes encourageants que la classe ouvrière est
en mouvement.
L'attaque
néolibérale que les Conservateurs d’Harper et les gouvernements provinciaux
font subir sans relâche aux travailleuses, aux travailleurs et aux syndicats
est en train de changer le mouvement syndical et ses alliés. L’idéologie de
«social-partenariat » qui a imprégné le leadership
des syndicats pendant les années de l’«État providence» est à bout de souffle.
Le capital canadien est passé à l'offensive pour détruire les services publics,
les programmes sociaux, les salaires et les conditions de travail qui lui
avaient donné un semblant de crédibilité pour maintenir son hégémonie. Les
syndicats ont été jusqu'à présent incapables de déjouer ces multiples attaques.
Le chômage de masse, la vaste désindustrialisation, la privatisation et
l'expansion sans précédent du travail précaire ont ébranlé les syndicats aux
tables de négociation et les obligent à élaborer une réponse coordonnée à la
nouvelle stratégie du capital.
Un
élément clé de la nouvelle stratégie de la classe dirigeante est de se doter
des armes de l'État policier. Le projet de loi C-51 est un plan tactique pour
faire taire les syndicats, les Premières nations, les écologistes, les étudiantes
et étudiants, les femmes, et les opposantes et opposants aux politiques
d'austérité du Québec. Mais même si la réponse du mouvement ouvrier à C-51 a été retardée par les
hésitations du NPD, il a fini par rejoindre la vague de résistance qui est loin
d'être épuisée.
Pendant
ce temps, la politique répressive et punitive de Stephen Harper au pays est de
plus en plus combinée à la guerre et au fascisme à l'étranger, y compris un
appui militaire au gouvernement d'extrême-droite d'Ukraine qui attaque sa
propre population, et à l'expansion de la guerre en Irak et la Syrie.
Dans
cette situation, l'opportunisme pragmatique de la social-démocratie est la
principale pierre d'achoppement de l'unité et de la solidarité, tant au sein du
mouvement syndical qu’au sein de ses alliés. Une bonne leçon est en Grèce, où
Syriza, après avoir adopté une position militante au départ, s’est rangé vers
un consentement réservé au Capital et à la gestion de l'économie par la Troïka.
Changer des noms, des dirigeantes et des dirigeants pour livrer chapeau-bas la
«même vieille» soumission au Capital ne fait rien pour répondre aux besoins du
peuple travailleur.
Ici,
au Canada, la dérive centriste de la direction du NPD et le fait qu’elle ait
cessé de soutenir un bon nombre de revendications syndicales a donné lieu à un désenchantement croissant et a alimenté les
divisions au sein du mouvement ouvrier, rendant difficile la réalisation de
l'unité pour faire face aux attaques du gouvernement et des compagnies. Bien qu’elles
ne soient pas toujours clairement exprimées, ces divisions portent
principalement sur le fait de savoir si nous devrions nous mobiliser dans une
lutte extra-parlementaire militante, ou plutôt continuer de « sous-traiter »
la lutte politique du mouvement ouvrier exclusivement avec le NPD au
parlement. Chaque jour, les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats
sont engagés dans mille et une escarmouche sur le terrain autour de la question
fondamentale de la lutte ou la reddition, et qui posent la nécessité d'une
lutte militante indépendante. Cette nécessité se pose d’ores et déjà et ne peut
attendre la survenance de solutions parlementaires ou l'arrivée d'un
capitalisme utopique, basé sur une «équité» imaginaire.
Les dirigeantes et dirigeants intermédiaires, le cœur et l’âme du mouvement syndical, sont pris dans une situation très critique. Cela permet de comprendre pourquoi la candidature et le programme d’action d’Hassan Husseini à la présidence du CTC avaient été si bien accueillis par les délégué(e)s au dernier congrès, et ont contribué aux événements qui ont conduit à la défaite de Ken Georgetti, son ancien président. Même si la course fut très serrée, la demande en faveur de l'action et de la lutte l’a emporté, et Hassan Yussuff est maintenant à la tête de la CTC. Cela a marqué un changement important et fut une victoire pour la démocratie syndicale, même si la mesure dans laquelle cela permettra vraiment un virage dans le dynamisme et le militantisme de la plus grande organisation syndicale demeure une question.
Avec
une élection fédérale cruciale imminente, la classe ouvrière doit se mobiliser
pour vaincre la section la plus agressive et réactionnaire du grand capital -
les Conservateurs d’Harper - et gagner un terrain politique plus favorable pour
mieux résister à l'ordre du jour néolibéral au sens large. Compte tenu de
l'immensité de l'attaque, il est difficile de critiquer les stratégies visant à
empêcher une victoire des Conservateurs. En effet, la campagne novatrice de la
Fédération du travail de l'Ontario et ses alliés de justice sociale, sous la
contrainte sévère de l'aile droite dans les syndicats, a contribué de manière
significative à une défaite majeure des Conservateurs de M. Hudak. Cette
louable et productive unité forgée entre les syndicats et leurs alliés de
justice sociale se développe et devrait continuer.
Mais
cette unité ne devrait pas être déviée par des débats entre un appui sans
réserve au NPD contre un vote stratégique, qui tels qu'ils se présentent
aujourd'hui ne consisteraient qu’à étendre le soutien vers un seul parti à deux
ou plus. Ces deux options étroites sont simplement la suite d'un dilemme, où le
soutien lors du vote se traduit dans les faits par un soutien idéologique sans
réserve. Les deux options ne permettent pas d’imposer à aucun des partis des
demandes programmatiques, et à la place, supposent que le soutien du mouvement
syndical sera récompensé par les élues et élus. Ce débat a aussi pour effet
d’identifier le Parlement - la forteresse du Capital - comme le principal
terrain de la lutte politique pour la classe ouvrière, plutôt que celui,
crucial, extra-parlementaire, de nos lieux de travail et de nos communautés.
Néanmoins, les élections demeurent une partie très importante de la lutte de
classe, une occasion de faire avancer des programmes progressistes, des
tactiques et des stratégies. Le Parti communiste et ses candidates et candidats
mèneront une dure campagne partout au pays pour vaincre les Conservateurs
d’Harper, et gagner le soutien à des politiques qui placent les besoins de la
population en priorité, avant la cupidité des entreprises.
Aujourd'hui
et au-delà de l'élection fédérale, la classe ouvrière a besoin d’un programme
et d'une stratégie coordonnée sur le terrain, dirigée par le mouvement
syndical. Pour mobiliser et restructurer la riposte à cette fin, il faudra une
résurgence de la gauche, et un programme de gauche. Les membres du Parti
communiste, comme elles et ils l’ont fait par le passé, vont continuer de se
battre pour un syndicalisme de lutte de classe et pour l'unité dans toutes ses
expressions, nationales, de classe et de genres.
Le
1er mai 2015, nous appelons à la plus grande solidarité pour vaincre
le projet de loi C-51, pour bloquer le programme de droite d'austérité, la guerre
et le fascisme, et pour chasser les Conservateurs d’Harper du pouvoir!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire