La complicité du Canada dans les crimes de guerre israéliens actuellement perpétrés dans la bande de Gaza contre les Palestiniens et Palestiniennes est grave.
À Ottawa, le gouvernement conservateur n’a sans surprise pas tardé à offrir un soutien inconditionnel aux attaques israéliennes en cours et, plus généralement, à l’apartheid israélien. On doit aux précédents gouvernements libéraux la paternité de ces orientations politiques, qui misent sur une complicité ouverte avec Israël.
En dehors de son habituel cheerleading diplomatique, un élément-clé de l’implication canadienne, méconnu du public et néanmoins très important, est le rôle que jouent de nombreuses entreprises canadiennes dans le développement matériel et technologique indispensable aux raids meurtriers dans la bande de Gaza.
Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada (AÉCDC) stipule, dans un récent rapport sur les exportations militaires, que « Le maintien de la paix et de la sécurité sont des objectifs prioritaires de la politique étrangère du Canada »… idéaux constamment contournés ou complètement ignorés, ne nommons qu’à titre d’exemples les exportations militaires vers des régimes autoritaires parmi lesquels le Bahreïn et l’Arabie Saoudite, ou encore la vente d’armes à Israël.
Selon des données compilées par la Coalition to Oppose the Arms Trade (COAT), pas moins de cinquante fabricants d’armes canadiens exportent directement leurs produits à Israël, un nombre très certainement en hausse tandis que les conservateurs continuent de resserrer les liens avec l’État et le marché israéliens. Une récente mission canadienne a convié plus de deux-cent personnes vers Israël, une délégation étrangère d’une taille rarement égalée, évidemment contrôlée par les puissances qui agissent dans l’ombre à Ottawa. D’ordres diplomatique, économique et militaire, sa mise en branle pousse encore plus loin la complicité du Canada dans l’apartheid israélien.
Les exemples plus spécifiques de l’équipement militaire canadien actuellement déployé par les Forces de défense israéliennes (FDI) et les forces aériennes israéliennes (FAI) sont nombreux et accablants.
Les moteurs d’hélicoptères Bell, modèle Cobra (surnommé Vipère sur le site des FAI), sont produits dans la région de Montréal par Pratt & Whitney Canada. Les hélicoptères utilisés par l’armée israélienne, eux, sont fabriqués à Mirabel par Bell Helicopter Textron Canada, une société présente dans la délégation précédemment mentionnée.
CAE, une société montréalaise qui se spécialise dans les simulateurs de vols et les systèmes d’exploitation en temps réel, a obtenu d’importants contrats auprès des FAI. Son travail est de créer des technologies et du matériel didactique pour le personnel militaire aux commandes d’avions de combat hypersophistiqués, de type prochaine génération.
Pendant que les bombes tombent du ciel sur Gaza, d’autres contrats obtenus par CAE, auprès de l’armée américaine cette fois-ci, comprennent le développement logiciel d’un simulateur de contrôle de drones, contrats accordés dans les dernières années dans le contexte qu’on connaît, alors que l’administration Obama utilise unilatéralement des drones de guerre, en toute illégalité si on se réfère au droit international.
Alphacasting Inc., basée à Ville Saint-Laurent, qui fabrique du moulage de précision pour l’aviation militaire, les systèmes de vision nocturne, les radars, les armes à feu, les chars, les télescopes, les missiles, les drones et autres projets sophistiqués (selon son propre site Web), exporte elle aussi ses produits directement à Israël.
Les entreprises mentionnées ci-dessus sont associées à l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité (AICDS), une importante organisation représentant des compagnies militaires ou civiles étroitement liées à l’État israélien et à son apartheid.
Au-delà de fournisseurs militaires privés, le gouvernement canadien approfondit toujours plus ses liens avec Israël, une relation qui remonte à l’un des premiers accords de libre-échange du Canada,signé avec Israël en 1997. En vertu d’un vaste accord de sécurité publique signé en 2008, Israël a nommé un attaché militaire à Ottawa, nomination peu commune à travers laquelle les États visent àrenforcer la coopération entre les institutions israéliennes et la Gendarmerie royale canadienne (GRC), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ainsi que l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
La collaboration du Canada avec l’apartheid israélien est en pleine expansion, un processus qui implique désormais les systèmes coercitifs locaux des deux pays, deux puissances coloniales fusse-t-il le rappeler. L’importante délégation en Israël cette année, sous l’intendance de Harper, ne fait qu’officialiser au grand jour une collaboration économico-militaire de longue date : le Canada se crée une apparence de légitimité et offre une reconnaissance étatique aux entreprises complices des politiques de l’État israélien.
Bien que cette alliance politique soit désormais de plus en plus reconnue de part et d’autre, permettons-nous un regard sur la situation actuelle, sur la façon dont ces liens politiques entre Ottawa et Tel-Aviv se répercutent concrètement dans la bande de Gaza, comment ils se traduisent sur le terrain.
Indéniablement, une quantité importante de la production militaire canadienne équivaut à une partie importante de l’arsenal militaire israélien, utilisé pour les meurtres de plus de cent Palestiniens et Palestiniennes dans la bande de Gaza ces derniers jours. Sur le plan diplomatique, le soutien aveugle du Canada à la boucherie de l’État d’Israël donne à ce dernier davantage de puissance sur la scène internationale, lui accordant tout l’espace politique qu’il voudra bien prendre pour poursuivre ses manœuvres violentes, coloniales, déshumanisantes et répressives envers la lutte légitime du peuple palestinien.
Construire une campagne de boycott, désinvestissement et sanctions au Canada serait tout indiqué, tant la collusion est claire, presque transparente. De nombreuses et importantes initiatives sont déjà en cours, supportons et développons ces efforts autour de nous.
Cette semaine, à travers le Canada, le Québec et le monde, des gens descendent dans la rue en solidarité avec le peuple palestinien vivant depuis plusieurs années, dans l’ignorance internationale, les réalités de l’apartheid israélien et de la violence militaire. N’oublions pas de reconnaître et de faire connaître notre propre complicité dans ces crimes.
En gardant en tête la souffrance humaine quotidienne vécue à Gaza, mettons l’accent et concentrons nos énergies et efforts afin d’obtenir des comptes des entreprises canadiennes et du gouvernement conservateur sur leur implication dans les crimes de guerre commis contre la population palestinienne en ce moment même.
Article en français publié sur Mondialisation.ca
Traduction par Félix Gingras Genest
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