La Ligue de la jeunesse communiste - Young Communist
League (LJC-YCL) salue et soutient activement la convocation du Forum social
des peuples. Nous considérons cette convergence des mouvements syndical,
autochtone, environnementalistes et des militants pour les droits des femmes,
des immigrants ainsi que des mouvements pour la jeunesse et les étudiants comme
un levier important pour l’unité de la lutte contre les grandes entreprises et
les gouvernements réactionnaires partout au Canada à leur solde. Avec la
participation des mouvements syndical et social québécois, des communautés
autochtones et du Canada anglophone, le Forum nous offre l’opportunité de
construire un mouvement unitaire basé sur l’égalité entre les nations à
l’intérieur des frontières du Canada.
Nous espérons que le Forum social des peuples sera plus
qu’une simple opportunité pour partager et apprendre de nos expériences de
luttes respectives - bien que ce soit aussi important. En tant qu’organisation
de jeunesse, la LJC-YCL reconnait que les enjeux n’ont jamais été aussi
cruciaux. Il est vrai que l’avenir de la jeunesse est compromis, mais il est
également vrai que le présent n’est pas plus tolérable. Les avancées des 80
dernières années de luttes fondent comme neige au soleil à cause des politiques
d’austérité qui incluent des programmes de coupe budgétaires et de
privatisation, la liquidation des régulations de base en matière
d’environnement et de travail, l’encouragement du travail précaire et des
salaires de misère, le chômage de masse, les politiques génocidaires à l’égard
des peuples autochtones, l’éducation inaccessible ainsi que l’application de
lois racistes en matière d’immigration. Pour la majorité de la jeunesse, cela
signifie l’intensification de l’exploitation, de la pauvreté, de
l’emprisonnement et la guerre. Pour la LJC-YCL et la jeunesse révolutionnaire,
le coeur du problème, c’est le capitalisme. Les symptômes en sont l’actuelle
crise économique et environnementale et que la classe ouvrière,
particulièrement la jeunesse, en paient les frais.
Tous les problèmes auxquels est confrontée la jeunesse
sont liés aux problèmes politiques du Canada. Ils sont liés à la feuille de
route austéritaire, anti-environnementale et anti-populaire du gouvernement
Harper. Il apparait clair que les conservateurs et leur plan d’action doivent
être mis en déroute dès que possible. Avec la prochaine élection fédérale qui
aura possiblement lieu d’ici un an, nous prévoyons que cette question sera,
avec raison, dans la tête de la plupart des participants au Forum social des
peuples. Mais la question qui nous démange est «comment?»
Le Forum social des peuples nous permettra de convenir de
nouvelles actions unitaires concrètes. Plus grand, plus large ce sera, mieux ce
sera! Par exemple, des journées d’action pancanadiennes contre Harper, l’unité
derrière des luttes stratégiques pour battre en brèche les politiques
d’austérité comme la campagne «Sauvons Postes Canada» doivent aussi être pris
en compte. Nous rejetons toutes tentatives cyniques de politique sectaire. Tel
qu’exprimé par le slogan du Forum social des peuples: «Construire, gagner
ensemble!» Nous devons trouver des moyens de travailler ensemble, ce qui
signifie s’accorder sur un programme et des actions communs.
Le mouvement Occupy
et la grève étudiante québécoise, Idle
No More et les luttes environnementales contre les oléoducs, pétroliers et
sables bitumineux ont beaucoup contribué à investir nos rues dans une période de
temps relativement courte. Ces luttes de masse ont offert à plusieurs milliers
de personnes certainement présentes au Forum social des peuples, notamment pour
les jeunes, d’accumuler une expérience considérable. Mais quelle est la
prochaine étape? La LJC-YCL, lors de son 26e Congrès au printemps dernier,
affirmait: «dans le but de contrer les attaques patronales et s’engager dans
une contre-offensive, il est nécessaire que ces luttes se développent et
aillent plus loin que l’action spontanée vers la riposte plus large, unie,
militante et organisée avec le mouvement syndical comme nucléon.»
Cette stratégie générale n’est pas unique à la LJC-YCL:
de plus en plus d’organisations et d’activistes ont appelé à la création de ce
qui se rapproche de notre «Coalition populaire». Le «Front commun» de la
Fédération du travail de l’Ontario, les groupes anti-pauvreté et d’autres
mouvements sociaux combattent avec un même objectif. La Coalition main rouge au
Québec dans son combat contre l’austérité a aussi pavé la voie à la grève
étudiante de 2012. «Causes communes» et les déclaration de Port Elgin ont promu
des thèses similaires.
Afin de bâtir le pouvoir politique des mouvements
populaire et syndical à travers le Canada, il faut s’entendre sur un programme
politique. Faisant partie du mouvement de la jeunesse et des étudiants, la LJC
- YCL met de l’avant les demandes immédiates suivantes en tant qu’exemples du
programme anti-austéritaire immédiat nécessaire à la mobilisation de la
jeunesse pour une contre-offensive:
• Éducation
gratuite, accessible, de qualité, démocratique à tous les niveaux;
• Un
salaire minimum s’élevant à environ 20$ par heure;
• L’investissement
massif pour l’emploi des jeunes basé sur l’expansion du secteur public, la
construction de logements sociaux et l’amélioration des infrastructures;
• Le
droit à l’auto-détermination et au gouvernement responsable des peuples
autochtones, des Québécois et des Acadiens;
• Une
enquête publique immédiate sur les femmes autochtones disparues et assassinées;
• Le
droit aux jeunes travailleurs de se syndiquer: garantir le droit de
s’organiser, la libre négociation de convention collective et le droit de grève
dans une nouvelle Loi du travail ainsi que mettre fin aux à la législation
«retour au travail», interdire les briseurs de grève et les agences d’intérim;
• L’abrogation
des lois racistes sur l’immigration et les réfugiés;
• Fournir
des services de planification familiale et d’avortement gratuits et accessibles
à toutes;
• Instituer
un système de garderies de qualité, accessible et universel;
• Imposer
un moratoire sur les sables bitumineux et les gaz de schiste, empêcher les
développements d’oléoducs comme Northern
Gateway;
• Une
politique de démilitarisation et désarmement, imposer un contrôle civil des
forces policières;
• Nationaliser
les banques et les sociétés d’assurance, doubler le taux d’imposition des
sociétés;
• Une
politique étrangère basée sur le rejet total des interventions impérialistes
(rejeter la récente doctrine «Responsabilité de protéger») adoptant les principes
de paix et du désarmement.
Ces revendications doivent être débattues et adoptées
dans un cadre aussi démocratique que possible afin de construire l’unité et
celles-ci doivent émaner d’expériences de lutte particulières. Mais nous
pouvons affirmer avec certitude que les capitalistes ne cèderont rien si ce
n’est que sous la pression de la lutte et qu’un programme politique de
changement véritable doit provenir de demandes pour un vrai changement. La voie
à suivre doit reconnaitre que le capitalisme a généré cette crise et qu’un
changement paradigmatique clair et radical est nécessaire. Un plan d’action
graduel décidé par cette coalition l’enracinera dans l’action concrète et
bâtira ce pouvoir par étapes.
La LJC-YCL reconnait que ces politiques sont une expression
du rapport de forces entre les différentes classes sociales et de la lutte de
classe au quotidien. Alors que la stratégie d’une coalition populaire doit
inclure une stratégie électorale unitaire, il est important de comprendre que
la solution n’est pas à trouver au sein d’un nouveau parti politique de gauche
ni de gauche radicale. Avec la tendance inévitable à la mutation du NPD vers
une force pro-austérité, plusieurs militants commencent à penser à de nouvelles
formations électorale. Tout en reconnaissant qu’il reste quelques militants au
sein du NPD, nous appuyons le sentiment général à l’égard de ce parti qui est
devenu un obstacle à la lutte extra-parlementaire. À Ottawa, les partis
d’opposition se sont montrés totalement incapables d’affronter le gouvernement
Harper, car ils s’accordent sur
plusieurs aspects fondamentaux! Nous devons donc être très vigilants lorsqu’il
s’agit de créer un nouveau parti qui pourrait finir par commettre les mêmes
erreurs. La social-démocratie, avec son obstination en faveur de
l’électoralisme, posé les bases de l’actuelle situation où la voix des
travailleurs n’est relayée dans aucune institution. Une coalition populaire des
mouvements social et syndical aux revendications électorales indépendantes empêcherait une
dérive électoraliste. La participation directe aux élections, la présentation
de candidats ou la formation d’un parti doivent être basés sur une action unie
dans les rues.
La LJC-YCL soutient le Parti communiste du Canada et le
Parti communiste du Québec ainsi que la LJC-Q font partie de Québec solidaire
pour les élections provinciales. Nous considérons les élections comme un espace
important pour la lutte, mais elles ne sont pas le lieu principal où se
dessinent les rapports de force entre les différentes classes sociales. D’un
autre côté, craindre la politique bourgeoise et refuser d’y prendre part à tout
prix reviendrait à entièrement rejeter cet espace de lutte. Les partis
politiques ne sont pas des ennemis, mais bien la classe capitaliste qui les contrôle
(du moins pour la majorité d’entre eux). Concernant l’électoralisme, il
s’agirait aussi d’une source de vulnérabilité pour nos mouvements.
L’objectif du Forum social des peuples est de s’accorder
sur un plan d’action concret et sur comment magnifier l’activité et l’unité de
la riposte populaire. Ce n’est qu’à travers une riposte immédiate et
extra-parlementaire qu’il sera possible d’en finir avec les conservateurs en
2015 et avancer vers un changement réel. Une coalition populaire au programme
politique indépendant, au plan d’action unitaire et graduel, avec la classe
ouvrière en son coeur a le pouvoir d’ébranler les fondements du contrôle du
capitalisme monopoliste sur l’économie, de faire courber l’échine au patronat
et ouvrirait la porte à une démocratisation accrue de la société et de
l’économie. En tant que jeuens communistes, nous avons pour but à long terme le
socialisme, l’abolition de l’exploitation capitaliste et l’instauration de la
classe ouvrière aux commandes de la société.
La LJC-YCL estime que le Forum social des peuples arrive
à point nommé. Tel que mentionné, les enjeux n’ont jamais été aussi importants,
mais d’un autre côté, le niveau de luttes s’élève sans cesse et l’avenir
présente plusieurs opportunités. Nous avons hâte de partager nos expériences de
lutte au sein du mouvement de la jeunesse et des étudiants et ainsi d’en
apprendre de la part de militants dévoués et d’autres mouvements de partout au
pays. Nous pouvons construire et gagner ensemble.
Pour le socialisme, nous luttons jusqu’au bout! Avec la jeunesse communiste, le futur est à nous.