Comité central du Parti communiste du
Canada, 15-16 Décembre 2012, Toronto
Le 10 Décembre, Journée internationale des
droits humains de l'Organisation des Nations Unies, les peuples autochtones
sont descendus par milliers dans les rues des villes et des villages du Canada.
Le Comité central du Parti communiste du Canada exprime sa plus profonde
solidarité avec le mouvement « Idle no
more » qui a initié cette
lutte historique contre le projet de loi C-45 et l'ensemble du programme
raciste du gouvernement conservateur d’Harper.
Les actions de décembre, qui reflètent une
forte augmentation des protestations chez les peuples autochtones, ont fait
voler en éclat l’arrogant mensonge colonial prétendant que le Canada serait un
pays d'égalité, d'équité et de justice sociale. Au Canada, aujourd'hui, les
peuples autochtones souffrent de taux élevés de pauvreté, de chômage et
d'incarcération, et une durée de vie nettement plus courte. À Attawapiskat et
dans d'autres réserves, et même dans les centres urbains, beaucoup vivent dans
des conditions de logement épouvantables. Plus de 100 communautés parmi les
Premières Nations n'ont pas d'eau potable. Au Manitoba, plus de 2000 membres de
la communauté de Lac St. Martin demeurent sans abri 18 mois après que leur
réserve ait été délibérément inondée pour épargner Winnipeg et d'autres
communautés des grandes inondations de 2011. Malgré des siècles de traités
promettant un traitement équitable rompus, et des décennies de protestation et
de rapports, cette situation ne s'est pas améliorée. Parmi les plus récents
exemples se retrouve le projet de loi C-45 qui supprime la protection fédérale
de l'environnement pour des milliers de lacs, de ruisseaux et de rivières qui
sont cruciaux pour le bien-être des peuples autochtones dans toutes les régions
du Canada, et le gouvernement conservateur bafoue les droits sur le territoire
et sur l’eau des Premières Nations qui s'opposent à l'expansion des
exportations de sables bitumineux.
Refusant d'accepter ces politiques
génocidaires, quatre femmes autochtones de la Saskatchewan ont pris
l'initiative l'automne dernier de lancer la campagne Idle No More, en utilisant les médias sociaux et des séminaires
pour passer le mot. Leur courageux exemple a inspiré à un certain nombre de
chefs de porter leur cause directement au premier ministre Stephen Harper, pour
être empêchés finalement d'entrer dans le Parlement. Maintenant, ce mouvement a
pris racine dans les communautés de toutes les régions du pays.
Le Parti communiste du Canada appelle les
mouvements ouvrier et démocratiques à renforcer leur solidarité avec le
mouvement Idle no more et la lutte
générale pour les droits des peuples autochtones, y compris la grève de la faim
de la chef Theresa Spence d'Attawapiskat et le jeûne entrepris par d'autres
femmes.
Le manifeste de Idle No More place véritablement cette lutte dans le contexte de la
question nationale au sein de l'État canadien. Comme cette déclaration le dit: «Les traités sont des accords de nation à nation entre le
Canada et les Premières nations, qui sont des nations souveraines. Les traités
sont des accords qui ne peuvent pas être modifiés ou brisés unilatéralement par
une des deux nations qui s’y sont engagées. L'esprit et l'intention de ces
traités étaient à l’effet que les peuples des Premières Nations accepteraient
de partager la terre, mais conserveraient leurs droits inhérents aux terres et
aux ressources. Au lieu de cela, les Premières nations ont connu une histoire
de colonisation qui a donné lieu à des revendications territoriales laissées en
suspens, au manque de ressources et à un financement inéquitable pour des
services tels que l'éducation et le logement. Le Canada est devenu l'un des
pays les plus riches au monde en exploitant la terre et ses ressources. Les
entreprises canadiennes de l'exploitation minière, forestière, du pétrole et de
la pêche sont les plus puissantes dans le monde en raison de la terre et des
ressources. Certaines des communautés des Premières Nations parmi les
plus pauvres (comme Attawapiskat) ont des mines ou d'autres développements sur
leurs terres, mais n’obtiennent aucune part des bénéfices. L’exploitation des
ressources a laissé de nombreuses terres et eaux empoisonnées - les animaux et
les plantes meurent dans de nombreuses régions du Canada. Nous ne pouvons pas
vivre sans la terre et l'eau Nous avons des lois plus anciennes que de ce
gouvernement colonial sur la façon de vivre avec la terre. Actuellement, ce
gouvernement essaie de faire passer plusieurs lois pour que les terres des
réserves puissent également être achetées et vendues par les grandes
entreprises pour tirer profit des ressources. Ils promettent de partager cette
fois... Pourquoi ces promesses seraient-elles différentes des promesses passées?
Nous nous retrouverons avec rien sinon l'eau, la terre et l'air empoisonné.
C'est une tentative visant à retirer la souveraineté et le droit inhérent à la
terre et aux ressources des peuples des Premières Nations. Nombreux sont les
exemples d'autres pays en mouvement vers le développement durable, et nous
devons exiger du développement durable aussi. Nous croyons en des communautés
en bonne santé, justes, équitables et durables et nous avons une vision et un
plan sur la façon de les construire. S'il vous plaît joignez-vous à nous pour
créer cette vision. »
Ce manifeste profond confronte le programme
destructeur des Conservateurs d’Harper, et présente une alternative qui place
les intérêts du peuple et de l'environnement avant les profits des entreprises.
Le Parti communiste du Canada se réjouit de ce manifeste pour l'avenir des
peuples de ce pays. Nous nous engageons à renforcer et à trouver de nouvelles
façons de construire l'alliance des mouvements ouvrier et démocratiques avec
les peuples autochtones, dont l'objectif est d’obtenir une pleine justice et le
respect des droits nationaux des peuples autochtones au Canada, et la création
d'une société plus juste et sans racisme pour toutes et tous.
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