Deuxième conférence internationale Che Guevara :
50 ans de dynamisme et de révolution cubaine
Par Karine Walsh,
Table de concertation de solidarité Québec-Cuba
www.solidaritequebeccuba.qc.ca
21 juillet, 2009
Un collectif de Colombie Britannique, Vancouver Communities in Solidarity withCuba, a pour la deuxième année consécutive été l’hôte de la Conférence Internationale Che Guevara, les 26, 27 et 28 juin 2009. Alors que la conférence de 2008 portait principalement sur les idées révolutionnaires véhiculées par le Che, fidèle camarade de lutte de Fidel, l’évènement de cette année se voulait de surcroît un hommage au triomphe de la révolution cubaine de 1959 en arborant le thème : « 50 ans de dynamisme et de révolution cubaine ».
Les conférenciers invités sont venus de partout à travers le Canada, les États-Unis et Cuba, et ont entretenu les quelques 250 participants avec des présentations et des discussions qui ont traité divers aspects historiques et actuels de la révolution cubaine et ont souligné l’étendue de son impact sur les mouvements révolutionnaires du monde entier et particulièrement en Amérique latine.
Puisqu’il est Montréalais, attardons-nous donc sur l’atelier d’Arnold August, expert international en matière de démocratie cubaine et membre du comité Fabio Di Celmo pour les 5 de la Table de concertation de solidarité Québec-Cuba, qui comptait parmi les invités de cette conférence.
Les participants à la conférence ont reçu au préalable, de la part des organisatrices et organisateurs, un document portant sur quelques expériences et témoignages d’Arnold, entre autres sur le thème du Che. À travers ses visites à Cuba qui s’élèvent à plus de quarante, l’un des moments les plus bouleversants et inoubliables qu’il ait vécu fut d’être plongé dans la foule cubaine à la Havane, le 12 juillet 1997. En effet, ce jour-là, les restes d’Ernesto Che Guevara furent transportés de la Bolivie jusqu’à l’aéroport de la Havane, pour ensuite être emmenés au monument José Martí à la Plaza de la Revolución et de là, être emportés jusqu’à leur dernière demeure à Santa Clara. Lors de ce jour mémorable, trente ans après avoir appris l’assassinat du Che tandis qu’il marchait dans le campus de l’Université McGill, entre deux cours, il s’est senti plus près du Che que jamais, à la fois sur le plan physique et politique. M. August croit d’ailleurs que le Che constitue une grande inspiration pour la jeune génération d’aujourd’hui tout autant que pour celle d’hier et, sans aucun doute, pour celle de demain.
M. August a entamé sa présentation, agrémentée d’une projection visuelle contenant surtout ses photos vivantes et explicatives, avec un survol historique de l’avènement de la démocratie à Cuba. Au triomphe de la révolution de 1959, dans ce pays des Caraïbes jusqu’alors dirigé par des gouvernements et élites économiques corrompus et des marottes de l’impérialisme américain, le pouvoir politique allait enfin être remis entre les mains du peuple. L’un des défis qui se présentait alors au nouveau gouvernement révolutionnaire était de taille : institutionnaliser un système électoral permettant la participation active de tous les citoyens et citoyennes à l’édification d’une société socialiste et égalitaire. Le caractère décentralisé du système électoral cubain a été illustré par la division de l’île en 14 provinces, en plus de la municipalité spéciale de l’Ile de la Jeunesse. La province Ciudad de la Havana, avec ses plus de 2 millions d’habitants, est elle-même divisée en 15 municipalités, dont l’une d’entre elles est Plaza de la Revolución, utilisée pour l’étude de cas d’Arnold. Celui-ci a insisté sur le fait que les candidats ne sont pas nommés par le Parti Communiste Cubain, mais bien nominés par les citoyens des municipalités eux-mêmes, et que ces délégués élus à la base représentent jusqu’à 50% des députés constituant les 614 sièges du Parlement.
Dans le cadre de l’écriture de son premier livre, « La démocratie à Cuba et les élections de 1997-98 », M. August a assisté en sol cubain aux différentes étapes des élections dans la municipalité Plaza de la Revolución. Le titre de son atelier était inspiré de son deuxième livre, « Cuba : démocratie participative et élections au XXIème siècle », qui paraîtra en automne 2010. Comme cette nouvelle publication traite, en plus des élections, du fonctionnement de l’État cubain à tous les niveaux, l’auteur a obtenu le privilège d’assister à des sessions de l’Assemblée nationale cubaine en 2007 et en 2008. Alors même qu’il vivait cette expérience sur le terrain, il a effectué des entrevues personnelles avec quinze députés. L’auteur a assisté à des sessions de l’Assemblée municipale de Plaza de la Revolución, ainsi qu’à des sessions de l’un des conseils populaires de cette même municipalité. Il a été témoin de plusieurs rencontres portant sur la responsabilité entre électeurs et élus ainsi que de réunions syndicales locales et autres forums où les citoyens cubains participent à la gouvernance. Lors de sa présentation, M. August a rendu compte, entre autres, de son étude de cas détaillée portant sur la nouvelle législation de 2008 en matière de sécurité sociale, afin d’offrir un exemple de la façon dont fonctionne le Parlement dans le cadre de la démocratie participative à Cuba.
Comme conclusion Arnold a souligné une des leçons fondamentales de la démocratie à Cuba : sa capacité d’instaurer, de sauvegarder et de perfectionner le pouvoir politique révolutionnaire et socialiste du peuple. Il a souligné dans sa présentation la citation suivante de Che Guevara en 1965 : « Cuba est l'avant-garde de l'Amérique latine. Et parce qu'elle occupe cette place d'avant-garde, parce qu'elle indique aux masses d'Amérique latine la voie vers la vraie liberté, elle doit faire des sacrifices. » Arnold a mentionné que tôt le matin de cette dernière journée de la conférence, le 28 juin, un coup d’état brutal a eu lieu au Honduras. « C’est un coup contre tout le mouvement progressiste et révolutionnaire en Amérique du Sud », a-t-il soutenu. Alors, cette pensée du Che en 1965 a conservé toute sa valeur. « C’est grâce au pouvoir politique révolutionnaire que Cuba a pu tenir le coup et faire en sorte que plusieurs autres pays suivent maintenant depuis plus de dix ans son exemple, chacun à sa façon. Aujourd’hui, a conclu Arnold, le Honduras et tous les pays de l’Amérique du Sud peuvent compter encore une fois sur le soutien complet d’un Cuba révolutionnaire. » La présentation de M.August, comme celle de plusieurs autres conférenciers, s’est terminée avec une ovation debout. Les participants présents, dans une atmosphère de solidarité internationale et de justice pour tous les peuples, ont alors adopté à l’unanimité une déclaration proposée par le Vancouver Communities in Solidarity with Cuba condamnant ce coup d’État et exigeant le retour immédiat de Manuel Zelaya, président légitime et démocratiquement élu du Honduras.