vendredi 20 octobre 2017

Grande Manifestation contre le racisme et la haine

Plus de 70 groupes sociaux, associations et syndicats appellent à la mobilisation le 12 novembre prochain contre le racisme (Liste des signataires).

L'appel des groupes sociaux explique le contexte dans lequel cette manifestation s'organise : « Depuis plusieurs années maintenant, nous assistons à la montée d’un discours raciste et haineux dans l’espace public québécois. La « charte des valeurs » du Parti québécois en 2013, l’élection de Donald Trump aux États-Unis et la montée des partis populistes et xénophobes en Europe ont galvanisé le développement d’une extrême-droite bien de chez nous. Celle-ci se dévoile au grand jour et multiplie les coups d’éclats et polémiques racistes. Loin de la refroidir, l’attentat à la mosquée de Québec semble avoir propulsé son discours haineux, de plus en plus banalisé, dans l’espace public. Les groupuscules xénophobes et racistes ont depuis multiplié les manifestations, organisé une campagne victorieuse contre un cimetière musulman à Saint-Apollinaire, diffusé un discours xénophobe à l’endroit des demandeuses et demandeurs d’asile Haïtien.ne.s, et ont même réussi à normaliser la peur et l’intolérance dans l’espace public et à légitimer leurs organisations pourtant fondées sur la haine. Les politicien.ne.s et chroniqueurs-poubelles ne sont pas en reste dans le développement de cette ambiance morose. Ils jouent par opportunisme au pyromane en alimentant les flammes de l’intolérance, tout en ignorant la violence grandissante de l’extrême-droite québécoise. »

Plusieurs manifestations anti-racistes ont eu lieu au cours des derniers mois, comme celles à travers le Canada le 4 mars, mais ces actions ont eu lieu en réaction aux manifestations organisées par l'extrême. Il est maintenant temps de prendre les devants!

Rendez-vous le 12 novembre à 14h Place Émilie Gamelin.


mardi 17 octobre 2017

De l'indécence et de la soif : Crise de l'eau dans les communautés autochtones



Marianne Breton Fontaine

L'eau est essentielle à la vie. L'accès à de l'eau portable en quantité suffisante est un droit humain fondamental. Pourtant, dans ce riche pays qu'est le Canada, des 600 réserves autochtones, 89 doivent impérativement faire bouillir leur eau. Dans certains cas, les avis d'ébullition sont en vigueur depuis près de 20 ans! En 2016, l'organisme Human rights watch publiait un rapport sur ce qu'il qualifie de véritable crise de l'eau potable dans les communautés. Depuis des années, les organismes de l'ONU et les communautés autochtones dénoncent cette situation inacceptable. Pourtant, rien ne change. Ni les gouvernements provinciaux, ni le gouvernement fédéral n'ont agit pour remédier à la situation.

Au Québec, on aurait pu croire qu'avec l'adoption de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection (la Loi) en 2009, les choses se seraient améliorées. C'est que cette loi fait non seulement tomber dans le patrimoine commun les ressources aquifères du Québec, elle mets en place des plans de gestion de l'eau par bassin versant, soit des Plan directeurs de l'eau (PDE), pour assurer un bon accès à l'eau à tous et toutes, et la protection de la ressource. Malheureusement, la crise vécue par les communautés autochtones semble avoir été oublié au moment fatidique. En effet, pas un seul parlementaire n'a mentionné les autochtones durant les jours de débats qui ont donné naissance à cette Loi. Tous ces beaux messieurs en cravate (et ces quelques madames, l'Assemblée nationale demeure un lieu hautement masculin) étaient bien trop occupés à parler de l'accès à l'eau des entreprises. Résultat, la loi elle même ne mentionne les autochtones que dans une liste de personnes à consulter possiblement dans l'élaboration des PDE, au coté, notamment, des entreprises.

Il s'agit là d'une occasion manqué pour le gouvernement de faire preuve de respect et de décence envers les peuples autochtones. A priori, alors que ces communautés sont celles ayant les plus graves problèmes d'accès à l'eau, elles auraient du au minimum être consultées en amont de l'adoption de la loi, et par la suite, les communautés autochtones auraient du avoir une place privilégiée dans l'élaboration des PDE dans chaque région du Québec.

Cette manière de faire aurait non seulement répondu à la décence et au bon sens, elle aurait aussi été une occasion pour le gouvernement de se conformer à ses obligations internationales. En 2010, le gouvernement du Canada appuyait enfin la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). L'article 32 de la DNUDPA énonce que les États doivent consulter les autochtones et coopérer avec eux de bonne foi « en vue d’obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l’utilisation ou l’exploitation des ressources minérales, hydriques ou autres. » Nous sommes encore loin d'avoir mis ce principe en pratique au Québec et au Canada.

Ce qui est décrit dans la DNUDPA est ce qui est appelé en droit international le « libre consentement préalable et éclairé » (LCPE). Cette notion n'est pas nouvelle. Elle est connu par les parlementaire de tout le Canada depuis longtemps. Déjà en 1989, l’Organisation internationale du travail définissait les principes du LCPE dans sa Convention n° 169 comme étant pour les peuples le droit de « décider de leurs propres priorités » de développement et le droit « d’exercer autant que possible un contrôle sur leur développement économique, social et culturel propre ». L’OIT y spécifie que les États ont l’obligation de « s’assurer » spécialement de la « participation [des peuples autochtones] à la prise de décision » afin de préserver leurs droits de nature collective dans un État démocratique. nature collective dans un État démocratique. Ce que cela signifie, c’est que les gouvernements devraient inclure les peuples autochtones dans les processus décisionnel qui les affecterons ; dans l’élaboration de la loi sur l’eau - comme richesse collective par exemple. D'ailleurs, on peut se questionner à quelle collectivité ce gouvernement fait référence dans la Loi puisqu’elle ne semble pas être celle de toutes les personnes habitant le territoire québécois. 

Ceci étant dit, la Loi ne ferme pas la porte à la participation des autochtones dans la gestion des ressources en eau. Si tel était le cas, elle serait ouvertement discriminatoire. C'est ici plutôt la violence du silence et de l'indifférence qui sévi. Est-ce que l'eau coulera enfin jusque dans la communauté anicinape de Kitcisakik dans le Témiscamingue ? Cette Première Nation vivant à environ 90 kilomètres au sud-est de Val-d’Or compte 400 personnes. Elle a fait plusieurs fois les manchettes aux cours des années, notamment en raison de son manque d’accès à l'eau potable. Une seule station sanitaire ne comportant que huit douches est disponible pour tous les habitants. Imaginez, c'est la queue, dehors, en pleine hiver glacial, pour pouvoir se laver. 8 douches pour 400 personnes! Les maisons n’ont pas d’eau courante ni de toilettes. L'eau pour la consommation n'est disponible que dans un dispensaire au centre du village, et sa qualité est questionnée. Dans la même région, plusieurs communauté n'ont aucun point d'accès à l'eau, aucune aqueduc. Si on jette un coup d'œil au PDE de la région, sur 131 actions prévues, douze concernent directement une des cinq communautés autochtones du bassin versant du Témiscaminque, et, de ces douze actions, seulement trois touchent à la qualité de l'eau potable. En d'autres mots, nous sommes à des années lumières d'un plan qui répond à la crise actuelle.

Des communautés entières ont soif. Des communautés entières sont malades en raison de l'insalubrité de l'eau. Des communautés entières ne cessent de répéter que l'heure est grave. Pourtant, nos gouvernements ont réussi à passer une loi sur l'eau en oubliant les personnes qui en avaient le plus besoin. C'est tout simplement indécent.

samedi 14 octobre 2017

19e FMJE

C'est aujourd'hui que s'ouvre le 19e Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiant-e-s (FMJE) à Sotchi en Russie.

Le FMJE est le plus important forum progressiste de jeunes dans le monde. Il existe depuis 1947 et est organisée depuis ce temps pratiquement sans interruption tous les 3 ou 4 ans. Il réunit la jeunesse du monde sur la base de la paix, de la solidarité, de la fraternité et de l’anti-impérialisme. Il est organisé par la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique et par des organisations étudiantes régionales et internationales dont l’OCLAE (Organisation continentale latino-américaine et caribéenne des étudiants). Beaucoup de jeunes se sont formés comme militants et militantes au cours de ces événements extraordinaires. Angela Davis, Assata Shakur, Yuri Gagarin, Yasser Arafat, Fidel Castro, Ruth First et Jan Myrdal sont quelques unes de personnes bien connues qui y ont participé. Cette année, le Festival attend 20 000 jeunes sous le slogan: Pour la paix, la solidarité et la justice sociale, nous luttons contre l’impérialisme - honorant notre passé, nous construisons l’avenir. Il honorera Che Guevara, Fidel Castro et Mohamed Abdelaziz, en plus de célébrer le 100e anniversaire de la Révolution socialiste d'Octobre.

Nous saluons nos camarades de la délégation pan-canadienne qui se préparent en ce moment à la cérémonie d'ouverture du 19e FMJE!



vendredi 13 octobre 2017

Grande marche pour le 15$

Le 15 octobre, une marche est appelée pour le salaire minimum à 15$ de l'heure. La marche de 15km débutera à 10h au métro Lionel-Groulx pour rejoindre le grand rassemblement à 13h au Parc Laurier.  On vous y attend !


mercredi 11 octobre 2017

Au Venezuela, le peuple constituant fait des propositions pour le chapitre « Droits de la Femme »

JM reproduit un article publié sur INVESTIG'ACTION. Cliquez ici pour voir l'original.  

Le 30 juillet 2017 une mobilisation populaire, assez inattendue dans le contexte difficile de la guerre économique, a élu une Assemblée Constituante au Venezuela. Un moment démocratique qui rappelle le référendum en Catalogne: la droite, appuyée par la plupart des médias, a usé de la violence pour tenter d’empêcher ce scrutin, menaçants les électeurs, saccageant des bureaux de vote, sans autre résultat que galvaniser la volonté de la population (1). 


Depuis que les urnes ont parlé, la droite a mis fin (pour l’heure) à l’insurrection armée, déplaçant l’offensive sur le plan économique avec l’aide du secteur privé. Dans ce contexte marqué par des hausses de prix constantes des produits de base et les réponses du gouvernement bolivarien pour renforcer l’accès de la population à l’alimentation subventionnée, s’est ouvert le chantier constitutionnel. Toutes sortes de mouvements sociaux et de partis politiques s’expriment au-dehors et au dedans de la nouvelle assemblée, pendant que l’opposition, les médias, l’Union Européenne et Donald Trump crient à la « dictature ». (2)

Une décision récente de l’Assemblée Nationale Constituante a été de désigner le 25 octobre comme journée du « féminisme socialiste ». L’ANC a annoncé sa volonté de renforcer l’ensemble des droits de la femme, dont le thème de l’avortement. Dans leur décret les constituant(e)s veulent  « promouvoir une approche de genre et féministe. Le machisme est une culture capitaliste rétrograde qui affecte autant les hommes que les femmes, nie la diversité et l’intégration et légitime les relations de domination et êtres humains ». 

28 associations féministes comme l’Araña Feminista ont participé aux débats (photo) et fait entendre leur voix dans la rue pour demander d’aller plus vite et plus loin, d’accélérer non seulement la dépénalisation de l’avortement mais aussi la diffusion de l’éducation sexuelle et de la distribution des contraceptifs.

L’ANC a décrété la convocation « de toutes les femmes et les hommes à participer de façon active à la construction collective du Chapitre Femme, Équité et Égalité de genre de la nouvelle proposition constitutionnelle, dont l’objectif est de libérer toutes les potentialités de la femme dans ses multiples facettes vitales », comme de renforcer la participation de ce secteur dans les différents champs de la transformation de la patrie.

Promouvoir les valeurs de paix, égalité, entente, équité et justice sociale seront les tâches fondamentales de la Commission Constituante sur la Femme, l’égalité et l’Équité de genre, installée en session ordinaire de l’organe plénipotentiaire, qui a eu lieu au Palais Fédéral Législatif.

De même, il a été décidé de créer sur tout le territoire national des équipes de femmes pour « garantir la participation citoyenne à l’Assemblée Nationale Constituante », qui permette la rédaction du nouveau texte constitutionnel.

L’installation de cette commission a été stipulée dans le décret lu et approuvé pendant la session de l’assemblée, durant laquelle ont pris la parole des représentantes de mouvements de femmes de même que la Ministre pour la Femme et l’Égalité de Genre, Blanca Eekhout. Celle-ci a souligné le rôle fondamental de la femme vénézuélienne depuis l’arrivée de la Révolution Bolivarienne, rôle impulsé par le commandant Hugo Chávez il y a 18 ans.

« Nous avons des avancées extraordinaires parce que la participation des femmes aux institutions de ce pays, s’est consolidée avec la Révolution Bolivarienne », a-t-elle déclaré tout en rappelant la création des différentes missions sociales, créées en priorité pour protéger les femmes des secteurs populaires, exclues pendant l’ère puntofijiste . (3)

La preuve en est – a-t-elle détaillé- la grande mission sociale Hogares de la Patria (foyers de la Patrie), mise en place en 2015 par le président de la République, Nicolás Maduro, pour protéger les enfants et les mères de ce pays. «  Avec la Grande Mission Hogares de la Patria nous avons protégé plus d’un million 200 mille femmes. Dans cette mission des hommes aussi ont été inclus. », a indiqué la titulaire du ministère.

Elle a également manifesté l’importance du premier processus constituant convoqué en 1999 par le leader bolivarien et au cours duquel ont été établis les droits de femme vénézuélienne. «  La Révolution Bolivarienne est la première à hisser le drapeau du féminisme, aucun autre leader dans le monde n’a osé dire je suis féministe. Le premier a été Hugo Chávez et ceci en dit long sur le caractère de la Révolution Bolivarienne », a-t-elle souligné.

Pour sa part, la députée constituante et porte-parole des Comités Locaux d’Approvisionnement et Production (CLAP) Beysimar Pérez, a souligné que les vénézuéliennes sont la clé dans le renforcement de la productivité, grâce aux programmes sociaux comme « Soy mujer » (Je suis une femme) et la Banque de la Femme, instances destinées à financer et accompagner la mise en œuvre des projets socio- productifs mis en œuvre par des femmes des secteurs populaires.

Notes
  1. Voir « (Photos Médias du monde libre contre droit au suffrage des vénézuéliens », https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/01/photos-medias-contre-droit-au-suffrage-des-venezueliens/
  2. Voir entre autres « L’assemblée constituante renforcera les droits des peuple indigènes » https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/15/lassemblee-constituante-renforcera-les-droits-des-peuples-indigenes/
  3. Le « puntofijisme » est un pacte signé en 1958 à Punto Fijo au Venezuela entre les deux principaux partis dominants (social-chrétien et social-démocrate) pour se relayer en alternance au pouvoir sans en modifier les structures. Il durera… quarante ans (jusqu’en 1998), date de l’élection d’Hugo Chavez.
  4. Lire « L’indulgence de la presse française (et d’une partie de la gauche) pour la violence d’extrême droite » https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/17/venezuela-lindulgence-de-la-presse-francaise-et-dune-partie-de-la-gauche-pour-la-violence-dextreme-droite/
Traduit de l’espagnol par Cathie Duval pour Venezuela Infos
Source : https://venezuelanalysis.com/news/13404http://albaciudad.org/2017/09/pueblo-debatira-propuestas-para-redactar-capitulo-mujer-en-la-constitucion/