Adrien Welsh
Depuis le 18 avril dernier, environ 30 personnes sont décédées au Nicaragua à la suite d’une vague de violence qui a frappé le pays après que le gouvernement sandiniste a proposé une nouvelle forme de financement du système de sécurité sociale.
En effet, à cause des précédents gouvernements, le système de sécurité sociale s’est retrouvé confronté à un déficit d’environ 75 millions $ US. Le gouvernement d’Ortega a donc décidé de faire peser une partie de ces couts sur les entreprises privées plutôt que d’en assumer les couts en demandant aux individus de payer.
Aussitôt, les boucliers se sont levés : les syndicats patronaux comme les différents groupes de pression ont rapidement riposté en proposant au gouvernement une solution alternative plus en lien avec les prérogatives du Fonds monétaire international et de la logique néolibérale – autrement dit, une logique faisant peser le fardeau sur les travailleurs et travailleuses du Nicaragua plutôt que sur les entreprises cafetières.
Le projet du gouvernement vise à permettre aux Nicaraguayen-es de bénéficier d’une pension de retraite même en n’ayant cotisé que 15 annuités (un des taux les plus bas du monde). Elle s’attaque également à toute tentative de privatisation des soins octroyés aux bénéficiaires.
Entre 2006 et 2016, les pensions de retraite ont augmenté de 1212$ à 4680$.
Qu’à cela ne tienne, le Gouvernement, dans une mesure visant à garantir la paix sociale, n’a pas hésité, le 22 avril dernier, à revoir son projet de réforme tentant de négocier avec la droite qui demande que soit réduit le fardeau fiscal des entreprises et que le fardeau de la sécurité sociale soit assumé principalement par les bénéficiaires-consommateurs.
Pourtant, les violences n’ont pas cessé pour autant, d’autant plus qu’elle sont soutenues par la MUD (l’opposition vénézuélienne violente qui s’est presque exclusivement rendue coupable de la mort de près de 125 personnes à l’été dernier). Par communiqué, ses dirigeants ne se sont pas gênés d’appuyer la mobilisation anti-gouvernementale du Nicaragua, soutenant que le Président légitimement élu Ortega personnifie les dangers du chavisme dans la région.
À l’inverse, le Président du Venezuela, s’est empressé de dénoncer les actes de violence, les comparant aux épisodes des guarimbas et aux échauffourées qui ont déstabilisé la patrie de Bolivar à l’été dernier alors que le gouvernement, tout comme le gouvernement du Nicaragua, tentait de trouver une issue pacifique à la confrontation. Pour Maduro, il ne fait aucun doute qu’Ortega ne recherche que la paix.
Ortega quant à lui va un peu plus loin, affirmant que les groupes d’opposition sont financés par Washington, ce qui n’est pas impossible compte tenu du fait que l’agence USAID, dépendante de la NED (National Endowment for Democracy, une organisation liée notoirement à la CIA et qui a joué un rôle prépondérant justement au Nicaragua contre le gouvernement sandiniste dans les années 1980 grâce à l’argent des cartels de drogue). En effet, selon les chiffres de l’USAID elle-même, 31 millions de dollars ont été octroyés à des organisations locales soi-disant pour « défendre la société civile ».
Autrement dit, on se retrouve dans une région où, depuis la promulgation de la Doctrine Monroe en 1823, au moins 50 interventions états-uniennes ont été effectuées pour subjuguer les peuples et les gouvernements qui refuseraient de se soumettre à la botte de l’impérialisme US et de ses alliés. On se retrouve également dans un pays dont le gouvernement tente de redistribuer les richesses, au grand dam des capitaux nord-américains, qui appuie Cuba, le Venezuela et l’intégration latino-américaine à travers l’ALBA et qui s’engage à faire de l’Amérique Latine une zone de paix.
Le mouvement qui se déroule au Nicaragua présentement n’a rien à voir avec un « mai ‘68 » ni avec un « Printemps des peuples ». En novembre dernier, la liste chapeautée par le Front sandiniste de libération nationale (parti de gouvernement) a remporté les élections avec plus de 68% des suffrages lors d’un scrutin surveillé par l’Organisation des États Américains (cette même organisation qui se borne à accuser le Venezuela de crimes contre l’Humanité). Autant dire que l’appui populaire au gouvernement sandiniste est loin de s’effriter. Difficile donc de croire que la situation soit le fruit de mobilisations de masse.
Il s’agit plutôt d’une énième agression contre la paix et la souveraineté de la région latino-américaine et caribéenne, une provocation qui s’ajoute aux différentes tentatives d’ingérence à commencer avec les actes de violence au Venezuela financés et sanctionnés par les États-Unis et ses alliés, incluant le Canada, en passant par un coup de palais au Brésil afin de remettre au pouvoir les chantres du néo-libéralisme sans oublier le coup d’État de 2009 au Honduras, où récemment, la droite continentale est sortie triomphante des dernières élections à travers une fraude ubuesque.
La vague de violence au Nicaragua s’inscrit donc dans une logique de crise profonde du capitalisme et de l’impérialisme à l’échelle mondiale où, dans certains cas (en Amérique latine, mais aussi au Proche et Moyen-Orient, et même en Europe de l’Est comme on a pu le voir en Ukraine dernièrement), la traditionnelle alternance politique ne suffit plus à garantir les intérêts des grandes puissances et des grandes compagnies. C’est alors que l’impérialisme use de son arsenal, à commencer par financer de loin des groupes pour semer le chaos jusqu’à déployer les troupes de l’OTAN ou encore tout miser sur des interventions militaires sans cesse plus meurtrières. C’est alors aussi qu’il s’appuie sur les secteurs les plus réactionnaires et les plus violents de la classe dirigeante pour mieux assoir sa domination.
En effet, à cause des précédents gouvernements, le système de sécurité sociale s’est retrouvé confronté à un déficit d’environ 75 millions $ US. Le gouvernement d’Ortega a donc décidé de faire peser une partie de ces couts sur les entreprises privées plutôt que d’en assumer les couts en demandant aux individus de payer.
Aussitôt, les boucliers se sont levés : les syndicats patronaux comme les différents groupes de pression ont rapidement riposté en proposant au gouvernement une solution alternative plus en lien avec les prérogatives du Fonds monétaire international et de la logique néolibérale – autrement dit, une logique faisant peser le fardeau sur les travailleurs et travailleuses du Nicaragua plutôt que sur les entreprises cafetières.
Le projet du gouvernement vise à permettre aux Nicaraguayen-es de bénéficier d’une pension de retraite même en n’ayant cotisé que 15 annuités (un des taux les plus bas du monde). Elle s’attaque également à toute tentative de privatisation des soins octroyés aux bénéficiaires.
Entre 2006 et 2016, les pensions de retraite ont augmenté de 1212$ à 4680$.
Qu’à cela ne tienne, le Gouvernement, dans une mesure visant à garantir la paix sociale, n’a pas hésité, le 22 avril dernier, à revoir son projet de réforme tentant de négocier avec la droite qui demande que soit réduit le fardeau fiscal des entreprises et que le fardeau de la sécurité sociale soit assumé principalement par les bénéficiaires-consommateurs.
Pourtant, les violences n’ont pas cessé pour autant, d’autant plus qu’elle sont soutenues par la MUD (l’opposition vénézuélienne violente qui s’est presque exclusivement rendue coupable de la mort de près de 125 personnes à l’été dernier). Par communiqué, ses dirigeants ne se sont pas gênés d’appuyer la mobilisation anti-gouvernementale du Nicaragua, soutenant que le Président légitimement élu Ortega personnifie les dangers du chavisme dans la région.
À l’inverse, le Président du Venezuela, s’est empressé de dénoncer les actes de violence, les comparant aux épisodes des guarimbas et aux échauffourées qui ont déstabilisé la patrie de Bolivar à l’été dernier alors que le gouvernement, tout comme le gouvernement du Nicaragua, tentait de trouver une issue pacifique à la confrontation. Pour Maduro, il ne fait aucun doute qu’Ortega ne recherche que la paix.
Ortega quant à lui va un peu plus loin, affirmant que les groupes d’opposition sont financés par Washington, ce qui n’est pas impossible compte tenu du fait que l’agence USAID, dépendante de la NED (National Endowment for Democracy, une organisation liée notoirement à la CIA et qui a joué un rôle prépondérant justement au Nicaragua contre le gouvernement sandiniste dans les années 1980 grâce à l’argent des cartels de drogue). En effet, selon les chiffres de l’USAID elle-même, 31 millions de dollars ont été octroyés à des organisations locales soi-disant pour « défendre la société civile ».
Autrement dit, on se retrouve dans une région où, depuis la promulgation de la Doctrine Monroe en 1823, au moins 50 interventions états-uniennes ont été effectuées pour subjuguer les peuples et les gouvernements qui refuseraient de se soumettre à la botte de l’impérialisme US et de ses alliés. On se retrouve également dans un pays dont le gouvernement tente de redistribuer les richesses, au grand dam des capitaux nord-américains, qui appuie Cuba, le Venezuela et l’intégration latino-américaine à travers l’ALBA et qui s’engage à faire de l’Amérique Latine une zone de paix.
Le mouvement qui se déroule au Nicaragua présentement n’a rien à voir avec un « mai ‘68 » ni avec un « Printemps des peuples ». En novembre dernier, la liste chapeautée par le Front sandiniste de libération nationale (parti de gouvernement) a remporté les élections avec plus de 68% des suffrages lors d’un scrutin surveillé par l’Organisation des États Américains (cette même organisation qui se borne à accuser le Venezuela de crimes contre l’Humanité). Autant dire que l’appui populaire au gouvernement sandiniste est loin de s’effriter. Difficile donc de croire que la situation soit le fruit de mobilisations de masse.
Il s’agit plutôt d’une énième agression contre la paix et la souveraineté de la région latino-américaine et caribéenne, une provocation qui s’ajoute aux différentes tentatives d’ingérence à commencer avec les actes de violence au Venezuela financés et sanctionnés par les États-Unis et ses alliés, incluant le Canada, en passant par un coup de palais au Brésil afin de remettre au pouvoir les chantres du néo-libéralisme sans oublier le coup d’État de 2009 au Honduras, où récemment, la droite continentale est sortie triomphante des dernières élections à travers une fraude ubuesque.
La vague de violence au Nicaragua s’inscrit donc dans une logique de crise profonde du capitalisme et de l’impérialisme à l’échelle mondiale où, dans certains cas (en Amérique latine, mais aussi au Proche et Moyen-Orient, et même en Europe de l’Est comme on a pu le voir en Ukraine dernièrement), la traditionnelle alternance politique ne suffit plus à garantir les intérêts des grandes puissances et des grandes compagnies. C’est alors que l’impérialisme use de son arsenal, à commencer par financer de loin des groupes pour semer le chaos jusqu’à déployer les troupes de l’OTAN ou encore tout miser sur des interventions militaires sans cesse plus meurtrières. C’est alors aussi qu’il s’appuie sur les secteurs les plus réactionnaires et les plus violents de la classe dirigeante pour mieux assoir sa domination.
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