Marianne Breton Fontaine
C'est à 191 pays contre deux que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté
la résolution affirmant la « Nécessité de mettre fin au blocus
économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique
à Cuba ». Bien-entendu, les deux seuls opposants à cette résolution
furent les États-Unis et leur allié, Israël.
Cette résolution contre le blocus est présentée à l'ONU tous les ans depuis 1991. En 2016, de manière exceptionnelle, les États-Unis s'était abstenu au moment du vote, et Israël les avait suivi. La résolution avait donc été adoptée sans opposition. Cette abstention avait eu lieu dans un contexte d'espoir alors que les
relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis se détendait quelque peu Ceci étant dit, Barack Obama n'avait pas mis fin au Blocus alors qu'il en avait l'occasion, ni à l'ingérence systématique de son pays dans les affaires nationales cubaines. Il n'en reste pas moins que le changement de direction sous l'ancienne administration était positif. Malheureusement, cette direction adopté par Barack Obama n'a pas été reconduite sous Donald Trump. Le vote à l'ONU cette semaine montre bien le retour de la politique belliqueuse des États-Unis contre Cuba.
L'agence France-Presse a rapporté les propos de Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU à la suite du vote 1er Novembre. Celle-ci a affirmé que « chaque
année, l’Assemblée générale de l’ONU perdait son temps à examiner cette
résolution ». Elle a défendue le blocus en prétextant qu'il servait à la défense des droits humains et a attaqué l'économie et le bilan social de Cuba. L'ambassadrice a ajouté que « le blocus de Cuba est inscrit dans la loi américaine et seul le Congrès américain a le pouvoir d’y mettre fin ».
Ces justifications au blocus ne sont pas nouvelles. Les États-Unis brandissent constamment de soi-disant violation des droits humains à Cuba, sans pour autant les documenter. Une de ses accusations récurrentes est l'arrestation de journalistes, surtout portée par l'ONG
Reporters sans frontières. Or plusieurs journalistes ont remis en cause l'indépendance de cette organisation, dont l'un de ses membres fondateurs, Rony Brauman, qui l'a quitter depuis. Les personnes arrêtés par Cuba ont été accusées d'avoir reçu des fonds étrangers et agit au nom des États-Unis. Certaines de ces personnes ont été accusées de terrorisme pour avoir tenté de poser des bombes dans des lieux publics. Une seule de ces personnes avait reçu une formation de journaliste. Ce qui est certain, c'est que l'assassinat de
journalistes était affaire courante sous l'ancien régime de Batista,
régime soutenu par les États-Unis, et que la révolution cubaine a mis fin à cette barbarie. Le dernier assassinat de journaliste
sur l'île à eu lieu en 1958.
La véritable motivation des États-Unis est son opposition au choix d'une économie socialiste par la société cubaine et son désir de renverser le gouvernement cubain. Cette motivation fut très clairement exprimée en 1960 par Lester D. Mallory, alors sous-secrétaire d'État assistant aux Affaires inter-américaines des États-Unis. Celui-ci avait écrit dans un mémorandum que la seule façon de renverser le gouvernement cubain, alors dirigé par Fidel Castro, était de provoquer « la faim et le désespoir » parmi les Cubains, afin de les pousser à « renverser le gouvernement », soutenu par « la majorité des Cubains ». Pour ce faire, il affirmait que le gouvernement américain devait utiliser « tous les moyens possibles pour miner la vie économique de Cuba ».
La Table de Concertation et de Solidarité Québec-Cuba (TCSQ-Cuba) a organisé un piquetage à Montréal contre le Blocus en coordination avec d'autres actions
prenant place dans 15 villes au Canada et aux États-Unis. Ces activités ont été coordonnées
par la coalition
US-Cuba Normalization. La trentaine de personnes réunis à Montréal a distribué plus de 260 tracts et fait signer une pétition
contre le blocus. Le prochain piquetage organisé par la TCSQ-Cuba aura lieu le 17 novembre.
(Source des photographies : 1ère en haut - Cuba Solidarity Campaign ; 2e en bas - TCSQ-Cuba)