Après
un combat digne de «Florantin, celui qui a chanté avec le diable», une
odeur de souffre se fait sentir sur les pleines du Dakota. Victoire pour
les défenseurs de l'eau, victoire pour les Sioux qui vengent
aujourd'hui Wounded Knee, victoire pour les Premières Nations
d'Amérique, mais aussi victoire pour tous les progressistes du continent
qui sont en lutte contre la cupidité des compagnies, des magnats du
pétrole et des monopoles qui s'affairent à la destruction de notre
environnement. Victoire donc pour le « 99%»!
Depuis
des mois, des milliers de militants occupent les terres que devaient
traverser l'oléoduc projeté d'Energy Transfer Partners dont le but est
de transporter le pétrole extrait dans le Dakota du Nord (à quelques
encablures de la frontière canadienne) pour l'acheminer vers l'Illinois.
Les militants écologistes et les Premières nations ont clairement
indiqué que le tracé initialement prévu menace des sources d'eau potable
ainsi que des sites culturels. Devant la sourde oreille des autorités,
ils se sont mobilisés et ont occupé un site situé sur la route de
l'oléoduc. Les autorités états-uniennes n'ont pas hésité à employer la
force pour tenter de les déloger en employant des méthodes parfois digne
des plus viles dictatures, notamment le recours aux canons à eau.
La
persécution a également fait partie des méthodes employées, les
officiers de police s'étant attaqués aux manifestants qui auraient
manifesté leur appui à Standing Rock à travers les réseaux sociaux.
Le
mouvement, d'une ampleur remarquable, a gagné un appui considérable. De
la société civile états-unienne aux vétérans en passant par les
diplômés de l'École latino-américaine de médecine, une des plus grandes
universités de médecine à travers le monde située à La Havane, nombreux
sont ceux qui ont prêté main forte au mouvement sur place. La solidarité
avec Standing Rock s'est également manifestée à au-delà des frontières
états-uniennes.
La
victoire à Standing Rock ne saurait être une fin, mais un début. Les
militants ont clairement gagné une bataille considérable avec le refus
du corps des ingénieurs de l'Armée états-unienne de donner sa servitude
au tracé de l'oléoduc controversé, mais beaucoup reste à faire. Encore
aujourd'hui, sur le site d'occupation, certains militants ne baissent
pas la garde «au cas où». L'armée a néanmoins fait savoir qu'elle ne les
délogerait pas par la force. Nous sommes en mesure de croire, après
tout, que cette lutte a permis de porter à un autre niveau les
revendications écologistes non seulement grâce à la victoire obtenue,
mais aussi parce que celles-ci ont été, tout au long du combat, liées
aux revendications des peuples autochtones des Amériques qui ne
demandent qu'à être reconnus comme nations et que leurs droits soient
reconnus.
Standing Rock a peut-être gagné une bataille, mais la guerre contre les multinationales pétrolières et contre les politiques génocidaires à l'égard des peuples autochtones n'est pas achevée. Beaucoup reste à faire aux États-Unis, mais beaucoup reste à faire au Canada également.
En soirée du 29 novembre, Trudeau a effectivement donné son feu vert à deux des trois projets
d'oléoduc qui ont soulevé la contreverse dans l'Ouest et provoqué
l'ire des mouvements sociaux, syndicaux, progressistes,
environnementalistes et autochtones partout au Canada.
Des
trois projets, évalués selon des critères environnementaux définis
par le gouvernement conservateurs, seul Northern Gateway d'Enbridge a
été rejeté – une maigre
victoire devant le . Le
gouvernement fédéral a donc donné son accord pour accroitre
la capacité de
l'oléoduc Trans-Mountain de Kinder Morgan, un projet de 6,8
milliards de dollars, ainsi que pour la Ligne 3 d'Enbridge, un
projet de 7,5 milliards de dollars.
Probablement
le plus décrié, le projet de Kinder Morgan projette d'acheminer
trois fois plus de pétrole issu des sables bitumineux vers le port
de Vancouver où, de 5 pétroliers s'y approvisionnant présentement
par mois, ce chiffre passera à 34.
Par
cet affront à la mobilisation, Trudeau a clairement révélé ses
vraies priorités. Lorsqu'il estime que ces deux projets sont
«d'intérêt national», il parle clairement au nom des pétrolières
qui génèrent des milliards de profits et non des peuples qui en
sont victimes, en premier lieu, les peuples autochtones. La «lune de
miel» orchestrée à la suite de son élection en 2015 est terminée.
Des militants écologistes montréalais mobilisés contre les oléoducs |
En plus de s'être attaqué au mouvement environnementaliste, le gouvernement Trudeau a poignardé à dos tourné les Premières nations à qui il avait promis des relations «de nation à nation». Or, contrairement à ce que prétendent les Libéraux, aucun de ces projets n'a reçu l'aval des Premières nations dont l'opposition manifeste s'est concrétisée, le 22 septembre dernier, par un traité de solidarité entre certaines nations autochtones et leurs représentants, incluant l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. En vertu de ce traité, toute attaque contre une nation signataire impliquerait l'appui de toutes les autres nations signataires.
Jeunes
communistes, nous demandons que soit reconnu le droit à
l'auto-détermination des Premières Nations, Inuit et Métis et
accueillons favorablement la signature d'un traité de solidarité qui
permettra de faire valoir les droits ancestraux et territoriaux des
peuples autochtones.
Nous saluons les propos du Grand Chef de la Colombie
Britannique, Stewart Philip qui a affirmé que «la lutte se
transportera maintenant sur la scène politique, mais elle se
poursuivra». Nous appelons à la mobilisation contre les projets
d'oléoduc dans l'Ouest, mais aussi contre le projet d'Énergie Est
au Québec. Nous exprimons notre solidarité sans faille avec les
Premières Nations qui constituent les premières victimes de
l'exploitation des sables bitumineux tant au Canada qu'au Québec et ailleurs sur Notre Amérique.
Nous
exigeons que soit imposé un moratoire sur l'exploitation
de cette source d'énergie – probablement une des plus polluantes
qui soit - et la reconversion de tous les emplois générés par
cette industrie vers des emplois plus durables et aux mêmes
conditions.
L'argent
est là : les milliards investis pour approvisionner des marchés
étrangers en pétrole pourrait être réinvesti dans la recherche et
l'exploitation de sources d'énergie renouvelable. Le Canada est un
pays riche à l'économie diversifiée et pourrait ainsi se
positionner à l'avant-garde de la lutte contre les changements
climatiques. Pourtant, malgré ses déclarations lors de la COP 21,
Justin Trudeau tente, sans surprise, de ménager la chèvre et le
chou en essayant de contenter les magnats du pétrole et ses
électeurs. Selon ses propres propos, «il est impossible de faire l'unanimité». Nos intérêts ne sont en rien compatibles avec
ceux des parasites et exploiteurs qui sont à l'origine de la crise
capitaliste et environnementale qui nous affecte tous.
M. Trudeau a choisi son camp, celui des multinationales et des pétrolières. À nous maintenant de choisir le nôtre.
CHANGEONS
LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT !
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