L’Association des femmes autochtones du Canada et
l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale répliquent
au rapport Oppal sur les femmes disparues en réclamant une enquête
publique nationale et un cadre d’action pour mettre fin à la violence
Publication : le 17 décembre 2012
(Ottawa et Vancouver) L’Association des femmes autochtones du
Canada (AFAC) et l’Alliance canadienne féministe pour l’action
internationale (FAFIA) répondent au rapport final de la Commission
d’enquête sur les femmes disparues en renouvelant la demande d’une
enquête publique nationale sur les centaines de meurtres et de
disparitions de femmes et de filles autochtones.
La présidente de l’AFAC, Michèle Audette, a
déclaré : « Cette enquête n’a porté que sur l’échec de la police autour
de Vancouver; la police aurait dû faire enquête et poursuivre William
Pickton beaucoup plus tôt qu’elle ne l’a fait. La Commission Oppal n’a
même pas abordé tous les meurtres et toutes les disparitions de femmes
et de filles autochtones en Colombie-Britannique – et d’autres meurtres
et disparitions ont eu lieu. L’enquête du commissaire Oppal n’a pas
porté spécifiquement sur les femmes et les filles autochtones ni sur les multiples facteurs qui causent l’épidémie de violence extrême envers elles. »
« À cause de cette limitation, nous avons besoin d’une enquête
publique nationale axée sur les meurtres et les disparitions de femmes
et de filles autochtones partout au Canada, une enquête qui révélera les
tendances et les causes systémiques de la violence. »
« L’Association des femmes autochtones du Canada a été exclue de la
Commission d’enquête sur les femmes disparues de la
Colombie-Britannique », a affirmé Sharon McIvor, de FAFIA. « L’enquête a
eu lieu sans la participation d’organisations de femmes autochtones,
sans la participation de quelque organisation autochtone que ce soit et
sans les organisations de femmes qui savent ce qu’est la vie des femmes
vulnérables », a dit Mme McIvor.
« Ce processus est discriminatoire, c’est une trahison des femmes
et des filles autochtones. Parce que le gouvernement de la
Colombie-Britannique a refusé de financer les services d’avocats pour
les parties auxquelles la Commission avait accordé qualité pour
comparaître, l’enquête elle-même est devenue une violation des droits
des femmes les plus vulnérables. Elles ont été exclues; elles n’ont pas
été entendues, on a refusé de les traiter sur un pied d’égalité avec les
représentants de la police et du gouvernement », a dit Mme McIvor.
« Ces erreurs scandaleuses ne doivent pas se répéter dans une
enquête publique nationale », a ajouté Mme Audette, « ce qui veut dire
qu’il faut établir une commission nationale après la pleine consultation
des femmes autochtones et de leurs représentants en ce qui concerne le
mandat et le processus. Il doit y avoir des garanties claires que les
femmes autochtones pourront participer pleinement, avec des avocats
financés, qu’elles choisiront elles-mêmes. Une enquête publique doit
aussi s’attaquer aux problèmes systémiques qui à l’origine de la
violence envers les femmes et les filles autochtones – j’entends par là
la pauvreté, le racisme, le sexisme et les effets multiples de la
discrimination. Tant que nous n’aurons pas exposé les causes profondes
de la violence, nous ne pourrons pas la prévenir. Ce n’est pas seulement
une question de conduite policière. »
« En ce qui concerne les causes de la violence envers les femmes et
les filles autochtones, une des raisons de l’échec est l’acceptation
tacite que la prostitution est "le choix d’un mode de vie" », dit
Mme Audette. « En réalité, c’est la discrimination sociétale et la
pauvreté qui mènent des femmes et des filles autochtones à la
prostitution, où elles sont régulièrement la cible d’actes d’une extrême
violence. La position de l’Association des femmes autochtones du Canada
au sujet de la prostitution est claire. Nous voulons que les femmes qui
se prostituent soient décriminalisées, mais nous voulons aussi que les
lois soient pleinement appliquées contre les souteneurs, les trafiquants
et les clients qui exploitent ces femmes et ces filles. Nous voulons
beaucoup plus que la pauvreté, la violence, l’exploitation et le meurtre
pour les femmes autochtones. »
« En plus d’une enquête nationale, le Canada a besoin de faire
l’objet d’un examen minutieux de l’extérieur », a dit Mme McIvor.
« L’AFAC et FAFIA ont porté la question des meurtres et des disparitions
de femmes et de filles autochtones à l’attention du Comité des Nations
Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et de
la Commission interaméricaine des droits de l’homme, entre autres
organismes internationaux. Nous avons demandé des examens extérieurs
parce que tant que le Canada n’aura pas mis en place des mesures
efficaces pour mettre fin au meurtre et à la disparition de femmes et de
filles autochtones, nous avons besoin du soutien et du regard de la
communauté internationale des droits de la personne. »
Pour en savoir davantage sur la position de
l’Association des femmes autochtones du Canada sur la prostitution,
consulter le site Web de l’AFAC à l’adresse suivante : http://www.nwac.ca/fr/programs/position-bedford
-30-