lundi 25 janvier 2010
Citation
« Une grande partie de l'argent qui est dans notre porte-monnaie vient de l'exploitation, depuis des siècles, de l'Afrique » Jacques Chirac
dimanche 17 janvier 2010
Réflexions du compañero Fidel
LE DROIT DE L’HUMANITÉ À L’EXISTENCE
Les changements climatiques causent d’ores et déjà des dommages considérables, et des centaines de millions de pauvres en souffrent les conséquences.
Les centres de recherche les plus avancés assurent qu’il reste très peu de temps pour échapper à une catastrophe irréversible. Selon James Hansen, de l’Institut Goddard, de la NASA, un niveau de trois cent cinquante parties de dioxyde de carbone par million est encore tolérable ; or, il dépasse actuellement trois cent quatre-vingt-dix et il augmente tous les ans à raison de deux parties par million, soit plus que les niveaux d’il y a six cent mille ans. Les deux dernières décennies ont été les plus chaudes depuis qu’il existe des mesures. Ce gaz a augmenté de quatre-vingts parties par million ces cent cinquante dernières années.
Les glaces de la mer Arctique, l’énorme couche de deux kilomètres d’épaisseur qui couvre le Groenland, les glaciers d’Amérique du Sud qui alimentent les principales sources d’eau douce de cette région, le volume colossal qui couvre l’Antarctique, la couche qui reste encore sur le Kilimandjaro, les neiges qui couvrent l’Himalaya et l’énorme masse gelée de la Sibérie fondent à vue d’œil. Des scientifiques prestigieux redoutent des sauts quantitatifs dans les phénomènes naturels qui provoquent les changements.
L’humanité avait placé de grands espoirs dans le Sommet de Copenhague, qui devait prolonger le Protocole de Kyoto souscrit en 1996 mais entré en vigueur seulement en 2005. L’échec éclatant de ce Sommet a engendré des épisodes honteux qu’il faut dûment éclaircir.
Les États-Unis, qui comptent moins de 5 p. 100 de la population mondiale, émettent le quart du dioxyde de carbone. Leur nouveau président avait promis de coopérer aux efforts internationaux pour faire face à un problème qui touche son pays autant que le reste du monde. Les réunions préalables au Sommet ont mis en lumière que les dirigeants de cette nation et ceux des pays les plus riches manœuvraient pour faire retomber le poids des sacrifices sur les pays émergents et les pays pauvres.
Beaucoup de dirigeants et des milliers de représentants des mouvements sociaux et des institutions scientifiques, décidés à se battre pour préserver l’humanité du pire risque qu’elle a encouru dans son Histoire, se sont rendus à Copenhague à l’invitation des organisateurs du Sommet. Je m’abstiens d’entrer dans le détail de la brutalité dont ont fait preuve les forces de l’ordre danoises contre les milliers de manifestants et d’invités des mouvements sociaux et scientifiques pour me concentrer sur les aspects politiques du Sommet.
Un véritable chaos a régné à Copenhague et des choses incroyables s’y sont passées. Les mouvements sociaux et les institutions scientifiques n’ont pas eu le droit d’assister aux débats. Des chefs d’État ou de gouvernement n’ont même pas eu la possibilité de donner leur opinion sur des problèmes vitaux. Obama et les dirigeants des pays les plus riches ont séquestré la conférence avec la complicité du gouvernement danois, et les institutions des Nations Unis ont été mises sur la touche.
Barack Obama, qui est arrivé le dernier jour du Sommet et n’y est resté que douze heures, s’est réuni avec deux groupes d’invités triés sur le volet par lui-même et ses collaborateurs. Et c’est accompagné de l’un de ces groupes qu’il a eu une réunion dans la salle plénière avec le reste des délégations de plus haut niveau. Aussitôt après avoir pris la parole, il s’est retiré par une porte dérobée. À cette réunion plénière, hormis le petit groupe choisi par lui, les autres représentants des États n’ont pas eu le droit de prendre la parole. Si les présidents bolivien et vénézuélien ont pu le faire, c’est seulement parce qu’ils l’ont réclamé avec énergie, soutenus par les autres, et que le président du Sommet n’a pas eu d’autre solution que de la leur céder.
Dans une salle contiguë, Obama a réuni les dirigeants des pays les plus riches, de plusieurs nations émergentes les plus importantes et de deux pays très pauvres. Il y a présenté un document négocié avec deux ou trois des principaux pays, il a ignoré l’Assemblée générale des Nations Unies, il a donné des conférences de presse et il est reparti, tel Jules César qui s’exclama au terme d’une ses campagnes victorieuses en Asie mineure : Vini, vidi, vici !
Le Premier ministre en personne du Royaume-Uni, Gordon Brown, avait affirmé le 19 octobre : « Si nous n’aboutissons pas à un accord dans les prochains mois, il ne fait pas le moindre doute qu’une fois que l’élévation débridée des émissions aura provoqué des dommages, aucun accord mondial rétrospectif à quelque moment du futur ne pourra en éliminer les effets. À cette date, il sera alors irrémédiablement trop tard. »
Et il avait conclu son discours sur cette péroraison dramatique : « Nous ne pouvons nous donner le luxe de l’échec. Si nous échouons maintenant, le prix à payer sera très lourd. Si nous agissons maintenant, si nous agissons de concert, si nous agissons en faisant preuve de hauteur de vue et de détermination, nous pouvons encore remporter la victoire à Copenhague. Mais, si nous échouons, la planète Terre sera en danger, et il n’existe pas de plan de rechange. »
Il affirme pourtant à présent avec arrogance que l’Organisation des Nations Unies a été prise en otage par un petit groupe de pays comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et Tuvalu, et il accuse la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres nations émergentes d’avoir cédé aux séductions des États-Unis pour souscrire un accord qui expédie aux oubliettes le Protocole de Kyoto et ne contient aucun engagement contraignant pour les États-Unis et leurs riches alliés.
Je me vois obligé de rappeler que l’Organisation des Nations Unies a vu le jour voilà à peine soixante ans, après la Deuxième Guerre mondiale, alors que les pays indépendants ne dépassaient pas la cinquantaine. Elle compte aujourd’hui plus de cent quatre-vingt-dix États indépendants, après que la lutte décidée des peuples a eu liquidé l’odieux système colonial.
La République populaire de Chine s’est même vu refuser pendant des années le droit d’entrée à l’ONU, un gouvernement fantoche y usurpant sa représentation à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité. C’est grâce au soutien tenace d’un nombre croissant de pays du Tiers-monde que la Chine bénéficia peu à peu de la reconnaissance de la communauté internationale, ce qui fut un facteur très important pour que les USA et leurs alliés de l’OTAN reconnaissent ses droits à l’ONU.
C’est l’Union soviétique qui contribua le plus par sa lutte héroïque à la défaite du fascisme, au prix de plus de vingt-cinq millions de morts et d’énormes destructions dans tout le pays. C’est au terme de cette lutte qu’elle émergea comme une superpuissance capable de contrebalancer en partie la domination absolue qu’exerçait le système impérial des USA et des anciennes nations coloniales, et sa mise à sac impitoyable des peuples du Tiers-monde. La désintégration de l’URSS a permis aux USA d’étendre leur pouvoir politique et militaire en direction de l’Est, vers le cœur de la Russie, et de renforcer leur influence sur le reste de l’Europe. Ce qui s’est passé à Copenhague n’a donc rien d’étonnant.
Je tiens à souligner les déclarations injustes et outrageantes du Premier ministre britannique et la tentative des États-Unis d’imposer comme accord du Sommet un document dont les pays participants n’ont discuté à aucun moment.
Le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, a affirmé dans la conférence de presse qu’il a donnée le 21 décembre des vérités absolument indéniables. J’en cite quelques paragraphes:
« À Copenhague, je tiens à le souligner, la Conférence des Parties n’a adopté aucun accord, aucune décision concernant des engagements, qu’ils soient contraignants ou pas, ni absolument aucune décision relevant du droit international : à Copenhague, il n’y a pas eu d’accord, tout simplement !
« Le Sommet a été un échec, et l’on veut pourtant berner l’opinion publique mondiale. […] la carence de volonté politique a sauté aux yeux…
« …il a constitué un recul dans l’action de la communauté internationale pour prévenir ou alléger les retombées des changements climatiques…
« …la température mondiale pourrait s’élever de 5º en moyenne… »
Puis notre ministre a apporté d’autres données intéressantes sur les conséquences possibles de cet échec, selon les dernières recherches scientifiques :
« …de la date du Protocole de Kyoto à ce jour, les pays développés ont élevé leurs émissions de 12,8 p. 100… 55 p. 100 de ce volume correspondant aux USA
« Un Étasunien consomme en moyenne 25 barils de pétrole par an, un Européen 11, un Chinois moins de 2, un Latino-Américain ou un Caribéen, moins de 1.
« Trente pays, dont ceux de l’Union européenne, consomment 80 p. 100 des combustibles produits. »
Le fait est que les pays développés signataires du Protocole de Kyoto ont élevé radicalement leurs émissions. Ils veulent toutefois substituer maintenant à la base adoptée pour calculer ces émissions, autrement dit 1990, une nouvelle base, 2005, de sorte que les engagements envisagés par les USA, les plus gros pollueurs, ne représenteraient qu’une réduction de 3 p. 100 par rapport à vingt-cinq ans avant ! C’est là se moquer d’une manière éhontée de l’opinion mondiale…
Le ministre cubain, parlant au nom des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA), et défendant la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres États importants à économie émergeante, a ratifié le concept dégagé à Kyoto de
« responsabilités partagées, mais différenciées, ce qui veut dire que les pays à accumulation historique et les pays développés, responsables de cette catastrophe, ont des responsabilités différentes de celles des petits États insulaires ou des pays du Sud, surtout des pays les moins avancés… »
« Responsabilités veut dire financement ; responsabilités veut dire transfert de technologies dans des conditions acceptables. Mais Obama joue sur les mots, et au lieu de parler de "responsabilités" partagées mais différenciées, il parle de "réponses" partagées, mais différenciées…
« …il abandonne la salle plénière sans même daigner écouter qui que ce soit, de même qu’il n’avait écouté personne avant son intervention. »
Obama avait affirmé lors d’une conférence de presse ayant précédé son départ de la capitale danoise : « Nous avons généré ici à Copenhague un accord substantiel sans précédent : pour la première fois dans l’Histoire, les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités. »
Dans son exposé clair et irréfutable, notre ministre s’est exclamé :
« Que signifie : "…les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités" ? Ça veut dire qu’il fait retomber une part importante du fardeau que représente le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation que doivent adopter les pays, surtout ceux du Sud, face aux changements climatiques, sur la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Car, il faut bien le dire, la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et tous les pays appelés par euphémisme en développement ont été victimes d’un braquage, d’un hold-up !»
Voilà dans quels termes frappants et irréfutables notre ministre a raconté ce qu’il s’est passé à Copenhague.
Je dois ajouter que le 19 décembre, à dix heures du matin, alors que notre vice-président Esteban Lazo et notre ministre des Relations extérieures étaient déjà repartis, on a assisté à une tentative tardive de ressusciter le document mort-né de Copenhague en tant que document du Sommet. Il ne restait plus alors pratiquement aucun chef d’État et seuls quelques ministres. De nouveau, la dénonciation des membres restants des délégations de Cuba, du Venezuela, de Bolivie, du Nicaragua et d’autres pays a fait capoter la manœuvre. Voilà comme s’est conclu le Sommet : sans gloire !
On ne saurait non plus oublier qu’aux heures les plus critiques de cette journée-là, tard dans la nuit, le ministre cubain des Relations extérieures, et les délégations qui livraient cette digne bataille, ont offert leur coopération au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans la lutte toujours plus dure qui se déroulait et dans les efforts à consentir à l’avenir pour préserver notre espèce.
L’organisation écologique World Wide Fund (WWF) a averti que les changements climatiques échapperaient à tout contrôle dans les cinq à dix prochaines années si les émissions n’étaient pas réduites radicalement.
Mais Obama lui-même m’épargne la peine de démontrer ce que j’ai dit sur ses agissements.
Il a déclaré le 23 décembre, dans une interview à la chaîne de télévision CBS, que les gens avaient raison d’être déçus des résultats du Sommet sur les changements climatiques : « …au lieu d’un échec total, d’une inaction totale, ce qui aurait été un énorme recul, nous avons pu du moins nous maintenir en gros là où nous étions… »
Selon l’agence de presse, Obama est le plus critiqué par les pays qui sentent presque à l’unanimité que le Sommet s’est achevé sur un désastre.
L’ONU est maintenant dans une impasse. Demander à de nombreux autres États d’adhérer à un accord arrogant et antidémocratique serait humiliant.
Poursuivre la bataille et exiger à toutes les conférences, surtout celles de Bonn et de Mexico, le droit de l’humanité à l’existence, en nous fondant sur la morale et la force que nous donne la vérité, telle est à mon avis la seule voie.
Fidel Castro Ruz
Le 26 décembre 2009
20 h 15
Les centres de recherche les plus avancés assurent qu’il reste très peu de temps pour échapper à une catastrophe irréversible. Selon James Hansen, de l’Institut Goddard, de la NASA, un niveau de trois cent cinquante parties de dioxyde de carbone par million est encore tolérable ; or, il dépasse actuellement trois cent quatre-vingt-dix et il augmente tous les ans à raison de deux parties par million, soit plus que les niveaux d’il y a six cent mille ans. Les deux dernières décennies ont été les plus chaudes depuis qu’il existe des mesures. Ce gaz a augmenté de quatre-vingts parties par million ces cent cinquante dernières années.
Les glaces de la mer Arctique, l’énorme couche de deux kilomètres d’épaisseur qui couvre le Groenland, les glaciers d’Amérique du Sud qui alimentent les principales sources d’eau douce de cette région, le volume colossal qui couvre l’Antarctique, la couche qui reste encore sur le Kilimandjaro, les neiges qui couvrent l’Himalaya et l’énorme masse gelée de la Sibérie fondent à vue d’œil. Des scientifiques prestigieux redoutent des sauts quantitatifs dans les phénomènes naturels qui provoquent les changements.
L’humanité avait placé de grands espoirs dans le Sommet de Copenhague, qui devait prolonger le Protocole de Kyoto souscrit en 1996 mais entré en vigueur seulement en 2005. L’échec éclatant de ce Sommet a engendré des épisodes honteux qu’il faut dûment éclaircir.
Les États-Unis, qui comptent moins de 5 p. 100 de la population mondiale, émettent le quart du dioxyde de carbone. Leur nouveau président avait promis de coopérer aux efforts internationaux pour faire face à un problème qui touche son pays autant que le reste du monde. Les réunions préalables au Sommet ont mis en lumière que les dirigeants de cette nation et ceux des pays les plus riches manœuvraient pour faire retomber le poids des sacrifices sur les pays émergents et les pays pauvres.
Beaucoup de dirigeants et des milliers de représentants des mouvements sociaux et des institutions scientifiques, décidés à se battre pour préserver l’humanité du pire risque qu’elle a encouru dans son Histoire, se sont rendus à Copenhague à l’invitation des organisateurs du Sommet. Je m’abstiens d’entrer dans le détail de la brutalité dont ont fait preuve les forces de l’ordre danoises contre les milliers de manifestants et d’invités des mouvements sociaux et scientifiques pour me concentrer sur les aspects politiques du Sommet.
Un véritable chaos a régné à Copenhague et des choses incroyables s’y sont passées. Les mouvements sociaux et les institutions scientifiques n’ont pas eu le droit d’assister aux débats. Des chefs d’État ou de gouvernement n’ont même pas eu la possibilité de donner leur opinion sur des problèmes vitaux. Obama et les dirigeants des pays les plus riches ont séquestré la conférence avec la complicité du gouvernement danois, et les institutions des Nations Unis ont été mises sur la touche.
Barack Obama, qui est arrivé le dernier jour du Sommet et n’y est resté que douze heures, s’est réuni avec deux groupes d’invités triés sur le volet par lui-même et ses collaborateurs. Et c’est accompagné de l’un de ces groupes qu’il a eu une réunion dans la salle plénière avec le reste des délégations de plus haut niveau. Aussitôt après avoir pris la parole, il s’est retiré par une porte dérobée. À cette réunion plénière, hormis le petit groupe choisi par lui, les autres représentants des États n’ont pas eu le droit de prendre la parole. Si les présidents bolivien et vénézuélien ont pu le faire, c’est seulement parce qu’ils l’ont réclamé avec énergie, soutenus par les autres, et que le président du Sommet n’a pas eu d’autre solution que de la leur céder.
Dans une salle contiguë, Obama a réuni les dirigeants des pays les plus riches, de plusieurs nations émergentes les plus importantes et de deux pays très pauvres. Il y a présenté un document négocié avec deux ou trois des principaux pays, il a ignoré l’Assemblée générale des Nations Unies, il a donné des conférences de presse et il est reparti, tel Jules César qui s’exclama au terme d’une ses campagnes victorieuses en Asie mineure : Vini, vidi, vici !
Le Premier ministre en personne du Royaume-Uni, Gordon Brown, avait affirmé le 19 octobre : « Si nous n’aboutissons pas à un accord dans les prochains mois, il ne fait pas le moindre doute qu’une fois que l’élévation débridée des émissions aura provoqué des dommages, aucun accord mondial rétrospectif à quelque moment du futur ne pourra en éliminer les effets. À cette date, il sera alors irrémédiablement trop tard. »
Et il avait conclu son discours sur cette péroraison dramatique : « Nous ne pouvons nous donner le luxe de l’échec. Si nous échouons maintenant, le prix à payer sera très lourd. Si nous agissons maintenant, si nous agissons de concert, si nous agissons en faisant preuve de hauteur de vue et de détermination, nous pouvons encore remporter la victoire à Copenhague. Mais, si nous échouons, la planète Terre sera en danger, et il n’existe pas de plan de rechange. »
Il affirme pourtant à présent avec arrogance que l’Organisation des Nations Unies a été prise en otage par un petit groupe de pays comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et Tuvalu, et il accuse la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres nations émergentes d’avoir cédé aux séductions des États-Unis pour souscrire un accord qui expédie aux oubliettes le Protocole de Kyoto et ne contient aucun engagement contraignant pour les États-Unis et leurs riches alliés.
Je me vois obligé de rappeler que l’Organisation des Nations Unies a vu le jour voilà à peine soixante ans, après la Deuxième Guerre mondiale, alors que les pays indépendants ne dépassaient pas la cinquantaine. Elle compte aujourd’hui plus de cent quatre-vingt-dix États indépendants, après que la lutte décidée des peuples a eu liquidé l’odieux système colonial.
La République populaire de Chine s’est même vu refuser pendant des années le droit d’entrée à l’ONU, un gouvernement fantoche y usurpant sa représentation à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité. C’est grâce au soutien tenace d’un nombre croissant de pays du Tiers-monde que la Chine bénéficia peu à peu de la reconnaissance de la communauté internationale, ce qui fut un facteur très important pour que les USA et leurs alliés de l’OTAN reconnaissent ses droits à l’ONU.
C’est l’Union soviétique qui contribua le plus par sa lutte héroïque à la défaite du fascisme, au prix de plus de vingt-cinq millions de morts et d’énormes destructions dans tout le pays. C’est au terme de cette lutte qu’elle émergea comme une superpuissance capable de contrebalancer en partie la domination absolue qu’exerçait le système impérial des USA et des anciennes nations coloniales, et sa mise à sac impitoyable des peuples du Tiers-monde. La désintégration de l’URSS a permis aux USA d’étendre leur pouvoir politique et militaire en direction de l’Est, vers le cœur de la Russie, et de renforcer leur influence sur le reste de l’Europe. Ce qui s’est passé à Copenhague n’a donc rien d’étonnant.
Je tiens à souligner les déclarations injustes et outrageantes du Premier ministre britannique et la tentative des États-Unis d’imposer comme accord du Sommet un document dont les pays participants n’ont discuté à aucun moment.
Le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, a affirmé dans la conférence de presse qu’il a donnée le 21 décembre des vérités absolument indéniables. J’en cite quelques paragraphes:
« À Copenhague, je tiens à le souligner, la Conférence des Parties n’a adopté aucun accord, aucune décision concernant des engagements, qu’ils soient contraignants ou pas, ni absolument aucune décision relevant du droit international : à Copenhague, il n’y a pas eu d’accord, tout simplement !
« Le Sommet a été un échec, et l’on veut pourtant berner l’opinion publique mondiale. […] la carence de volonté politique a sauté aux yeux…
« …il a constitué un recul dans l’action de la communauté internationale pour prévenir ou alléger les retombées des changements climatiques…
« …la température mondiale pourrait s’élever de 5º en moyenne… »
Puis notre ministre a apporté d’autres données intéressantes sur les conséquences possibles de cet échec, selon les dernières recherches scientifiques :
« …de la date du Protocole de Kyoto à ce jour, les pays développés ont élevé leurs émissions de 12,8 p. 100… 55 p. 100 de ce volume correspondant aux USA
« Un Étasunien consomme en moyenne 25 barils de pétrole par an, un Européen 11, un Chinois moins de 2, un Latino-Américain ou un Caribéen, moins de 1.
« Trente pays, dont ceux de l’Union européenne, consomment 80 p. 100 des combustibles produits. »
Le fait est que les pays développés signataires du Protocole de Kyoto ont élevé radicalement leurs émissions. Ils veulent toutefois substituer maintenant à la base adoptée pour calculer ces émissions, autrement dit 1990, une nouvelle base, 2005, de sorte que les engagements envisagés par les USA, les plus gros pollueurs, ne représenteraient qu’une réduction de 3 p. 100 par rapport à vingt-cinq ans avant ! C’est là se moquer d’une manière éhontée de l’opinion mondiale…
Le ministre cubain, parlant au nom des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA), et défendant la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres États importants à économie émergeante, a ratifié le concept dégagé à Kyoto de
« responsabilités partagées, mais différenciées, ce qui veut dire que les pays à accumulation historique et les pays développés, responsables de cette catastrophe, ont des responsabilités différentes de celles des petits États insulaires ou des pays du Sud, surtout des pays les moins avancés… »
« Responsabilités veut dire financement ; responsabilités veut dire transfert de technologies dans des conditions acceptables. Mais Obama joue sur les mots, et au lieu de parler de "responsabilités" partagées mais différenciées, il parle de "réponses" partagées, mais différenciées…
« …il abandonne la salle plénière sans même daigner écouter qui que ce soit, de même qu’il n’avait écouté personne avant son intervention. »
Obama avait affirmé lors d’une conférence de presse ayant précédé son départ de la capitale danoise : « Nous avons généré ici à Copenhague un accord substantiel sans précédent : pour la première fois dans l’Histoire, les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités. »
Dans son exposé clair et irréfutable, notre ministre s’est exclamé :
« Que signifie : "…les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités" ? Ça veut dire qu’il fait retomber une part importante du fardeau que représente le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation que doivent adopter les pays, surtout ceux du Sud, face aux changements climatiques, sur la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Car, il faut bien le dire, la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et tous les pays appelés par euphémisme en développement ont été victimes d’un braquage, d’un hold-up !»
Voilà dans quels termes frappants et irréfutables notre ministre a raconté ce qu’il s’est passé à Copenhague.
Je dois ajouter que le 19 décembre, à dix heures du matin, alors que notre vice-président Esteban Lazo et notre ministre des Relations extérieures étaient déjà repartis, on a assisté à une tentative tardive de ressusciter le document mort-né de Copenhague en tant que document du Sommet. Il ne restait plus alors pratiquement aucun chef d’État et seuls quelques ministres. De nouveau, la dénonciation des membres restants des délégations de Cuba, du Venezuela, de Bolivie, du Nicaragua et d’autres pays a fait capoter la manœuvre. Voilà comme s’est conclu le Sommet : sans gloire !
On ne saurait non plus oublier qu’aux heures les plus critiques de cette journée-là, tard dans la nuit, le ministre cubain des Relations extérieures, et les délégations qui livraient cette digne bataille, ont offert leur coopération au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans la lutte toujours plus dure qui se déroulait et dans les efforts à consentir à l’avenir pour préserver notre espèce.
L’organisation écologique World Wide Fund (WWF) a averti que les changements climatiques échapperaient à tout contrôle dans les cinq à dix prochaines années si les émissions n’étaient pas réduites radicalement.
Mais Obama lui-même m’épargne la peine de démontrer ce que j’ai dit sur ses agissements.
Il a déclaré le 23 décembre, dans une interview à la chaîne de télévision CBS, que les gens avaient raison d’être déçus des résultats du Sommet sur les changements climatiques : « …au lieu d’un échec total, d’une inaction totale, ce qui aurait été un énorme recul, nous avons pu du moins nous maintenir en gros là où nous étions… »
Selon l’agence de presse, Obama est le plus critiqué par les pays qui sentent presque à l’unanimité que le Sommet s’est achevé sur un désastre.
L’ONU est maintenant dans une impasse. Demander à de nombreux autres États d’adhérer à un accord arrogant et antidémocratique serait humiliant.
Poursuivre la bataille et exiger à toutes les conférences, surtout celles de Bonn et de Mexico, le droit de l’humanité à l’existence, en nous fondant sur la morale et la force que nous donne la vérité, telle est à mon avis la seule voie.
Fidel Castro Ruz
Le 26 décembre 2009
20 h 15
samedi 16 janvier 2010
Article francophone pour RY
La jeunesse russe 20 ans après la chute du mur
La télévision russe offre souvent des images des jeunes. En général, des bandes d'extrême droite chassant étrangers ou sans-logis ou la jeunesse dorée qui fréquente boutiques de luxe et boîtes de nuit branchées de Moscou. Mais on parle peu de l'immense majorité des jeunes Russes confrontés à des problèmes sociaux sans cesse croissants.
Alexander S. Mironov, membre du Comité central du Parti communiste russe des travailleurs – Parti des communistes russes, raconte.
Alexander S. Mironov
La majorité des jeunes Russes est apolitique et s’intéresse peu aux événements politiques du pays. Aux événements internationaux encore moins. Néanmoins, le degré de politisation s’est accru en comparaison avec la période d’Eltsine. Il y a un processus constant, lent et contradictoire de politisation de la jeunesse et de la société. Les moins nantis – les jeunes qui travaillent et les chômeurs – et non les étudiants, ont le plus d’intérêt dans les activités politiques. Ceux qui travaillent ou cherchent un emploi affrontent directement les problèmes sociaux les plus graves auxquels est confrontée la jeunesse. Le mécontentement à propos de la façon dont l’administration locale résout ces problèmes fait en sorte qu’ils ont un degré de confiance dans les autorités bien moindre que celui des étudiants. La division dans la société provoque une réaction de résistance. Et, même si jeunes s’adaptent plus facilement aux nouvelles conditions d'après la chute du mur en 1989, aujourd’hui, la crise affecte directement les jeunes et les encourage à s’impliquer de plus en plus dans la lutte.
Certains jeunes sont attirés vers des courants d'extrême droite mis en place par les autorités. Ces groupes sèment la discorde entre divers groupes ethniques et religieux. La récente « petite guerre victorieuse » en Ossétie a aidé les autorités à renforcer leur image en jouant sur la fibre patriotique de la population. Ils ont utilisé le conflit dans le but d’attiser le chauvinisme et l’hystérie contre les Géorgiens… et de détourner l’attention. La société absorbée par la guerre, le Parlement a alors eu le temps de préparer sans publicité de nouveaux amendements à la législation du travail qui ont détricoté encore plus les droits des travailleurs.
Aujourd’hui, dans l’arène politique et civile russe, une génération monte : celle des gens qui n’ont vécu ou fait des études en URSS, des gens qui ne savent pas de leur propre expérience à quoi ressemblait le pouvoir soviétique. Cette génération a grandi sous l’influence d’un anticommunisme officiel (propagé par les autorités). Dans certaines familles, la génération plus âgée transmet une connaissance objective du socialisme, mais dans un environnement où prévaut officiellement un anticommunisme subtil et raffiné. Même la jeunesse de gauche, qui a grandi sous le capitalisme, a une vision légère de la société socialiste. Entre la génération plus ancienne et la jeunesse, il devient difficile de trouver un langage commun.
Les communistes s'attachent à surmonter ce « conflit des générations » par le travail de l’organisation des jeunes (Komsomol).
Destruction du système d'enseignement
L'Union soviétique était connue pour la qualité de son enseignement. Même l’enseignement supérieur y était gratuit. Aujourd’hui, plus de la moitié des places sont payantes dans les universités. En 2004, le quota fixe des places gratuites dans les universités a été supprimé : il n’y en a plus que 170 par tranche de 10 000 habitants. Une majorité considérable des jeunes s'est ainsi vu interdire l’accès à l’enseignement supérieur de haut niveau.
En 2012, le ministère de l’Éducation prévoit de réduire d’environ 500 le nombre d’universités et de leurs branches (elles sont 3 700 actuellement), en leur refusant la licence d’État pour leurs activités éducatives. D’autres institutions d’enseignement perdront également leur statut universitaire, elles pourront introduire une demande pour former des bacheliers avec des programmes en trois ou quatre années, mais leur financement par l’État sera réduit en proportion, à moins que leur statut ne soit même ramené à celui des écoles techniques. Cela signifie la destruction complète du système d’enseignement russe.
Logement : taux d'intérêt très hauts
La disponibilité des logements décroît rapidement et le système de prêts hypothécaires ne peut empêcher ce phénomène. Si, en Occident, le taux d’intérêt est de 5 à 7 %, en Russie, il est de 10 à 15 %. Donc, en quinze ans, vous devez rembourser les coûts d’un appartement supplémentaire. Depuis la crise, les taux d’intérêt ont encore continué à augmenter. Les emprunteurs potentiels sont de plus en plus pessimistes et, par conséquent, en Russie, depuis octobre-novembre 2008, tout octroi de prêt (tant les prêts à la consommation que les hypothèques) à des personnes physiques a pratiquement cessé. Pour un nombre énorme de jeunes familles, la perspective d’avoir son propre appartement, déjà presque illusoire avant la crise, est devenue totalement irréaliste.
Chômage : 8,5 % de la population active
Depuis mai 2008, le nombre d’emplois vacants permettant aux jeunes de trouver un travail est quatre fois inférieur. Il existe toujours des emplois vacants, mais ils sont beaucoup moins nombreux et on les trouve surtout dans le secteur de l’administration, des ventes et des technologies de l’information. Selon le Service fédéral des statistiques de l’État, à la fin du mois de février 2009, quelque 6,4 millions de personnes étaient recensées comme chômeurs, soit 8,5 % de la population économiquement active. Le ministre de l’Éducation et des Sciences a déclaré qu’au cours des deux prochaines années, la Russie connaîtrait des problèmes d’emploi, y compris pour les diplômés universitaires.
Dans les conditions actuelles, les étudiants et même les jeunes diplômés universitaires subissent la concurrence des spécialistes qualifiés et expérimentés : en raison de la crise, ceux-ci sont nombreux sur le marché et « coûtent le même prix » qu’un jeune pour les entreprises. Depuis six mois, le nombre d’offres d’emploi pour les jeunes diplômés a diminué de 90 %.
Cet article est issu de l’Etude marxiste n°87. Toutes les infos sur www.marx.be
Alexander S. Mironov
La majorité des jeunes Russes est apolitique et s’intéresse peu aux événements politiques du pays. Aux événements internationaux encore moins. Néanmoins, le degré de politisation s’est accru en comparaison avec la période d’Eltsine. Il y a un processus constant, lent et contradictoire de politisation de la jeunesse et de la société. Les moins nantis – les jeunes qui travaillent et les chômeurs – et non les étudiants, ont le plus d’intérêt dans les activités politiques. Ceux qui travaillent ou cherchent un emploi affrontent directement les problèmes sociaux les plus graves auxquels est confrontée la jeunesse. Le mécontentement à propos de la façon dont l’administration locale résout ces problèmes fait en sorte qu’ils ont un degré de confiance dans les autorités bien moindre que celui des étudiants. La division dans la société provoque une réaction de résistance. Et, même si jeunes s’adaptent plus facilement aux nouvelles conditions d'après la chute du mur en 1989, aujourd’hui, la crise affecte directement les jeunes et les encourage à s’impliquer de plus en plus dans la lutte.
Certains jeunes sont attirés vers des courants d'extrême droite mis en place par les autorités. Ces groupes sèment la discorde entre divers groupes ethniques et religieux. La récente « petite guerre victorieuse » en Ossétie a aidé les autorités à renforcer leur image en jouant sur la fibre patriotique de la population. Ils ont utilisé le conflit dans le but d’attiser le chauvinisme et l’hystérie contre les Géorgiens… et de détourner l’attention. La société absorbée par la guerre, le Parlement a alors eu le temps de préparer sans publicité de nouveaux amendements à la législation du travail qui ont détricoté encore plus les droits des travailleurs.
Aujourd’hui, dans l’arène politique et civile russe, une génération monte : celle des gens qui n’ont vécu ou fait des études en URSS, des gens qui ne savent pas de leur propre expérience à quoi ressemblait le pouvoir soviétique. Cette génération a grandi sous l’influence d’un anticommunisme officiel (propagé par les autorités). Dans certaines familles, la génération plus âgée transmet une connaissance objective du socialisme, mais dans un environnement où prévaut officiellement un anticommunisme subtil et raffiné. Même la jeunesse de gauche, qui a grandi sous le capitalisme, a une vision légère de la société socialiste. Entre la génération plus ancienne et la jeunesse, il devient difficile de trouver un langage commun.
Les communistes s'attachent à surmonter ce « conflit des générations » par le travail de l’organisation des jeunes (Komsomol).
Destruction du système d'enseignement
L'Union soviétique était connue pour la qualité de son enseignement. Même l’enseignement supérieur y était gratuit. Aujourd’hui, plus de la moitié des places sont payantes dans les universités. En 2004, le quota fixe des places gratuites dans les universités a été supprimé : il n’y en a plus que 170 par tranche de 10 000 habitants. Une majorité considérable des jeunes s'est ainsi vu interdire l’accès à l’enseignement supérieur de haut niveau.
En 2012, le ministère de l’Éducation prévoit de réduire d’environ 500 le nombre d’universités et de leurs branches (elles sont 3 700 actuellement), en leur refusant la licence d’État pour leurs activités éducatives. D’autres institutions d’enseignement perdront également leur statut universitaire, elles pourront introduire une demande pour former des bacheliers avec des programmes en trois ou quatre années, mais leur financement par l’État sera réduit en proportion, à moins que leur statut ne soit même ramené à celui des écoles techniques. Cela signifie la destruction complète du système d’enseignement russe.
Logement : taux d'intérêt très hauts
La disponibilité des logements décroît rapidement et le système de prêts hypothécaires ne peut empêcher ce phénomène. Si, en Occident, le taux d’intérêt est de 5 à 7 %, en Russie, il est de 10 à 15 %. Donc, en quinze ans, vous devez rembourser les coûts d’un appartement supplémentaire. Depuis la crise, les taux d’intérêt ont encore continué à augmenter. Les emprunteurs potentiels sont de plus en plus pessimistes et, par conséquent, en Russie, depuis octobre-novembre 2008, tout octroi de prêt (tant les prêts à la consommation que les hypothèques) à des personnes physiques a pratiquement cessé. Pour un nombre énorme de jeunes familles, la perspective d’avoir son propre appartement, déjà presque illusoire avant la crise, est devenue totalement irréaliste.
Chômage : 8,5 % de la population active
Depuis mai 2008, le nombre d’emplois vacants permettant aux jeunes de trouver un travail est quatre fois inférieur. Il existe toujours des emplois vacants, mais ils sont beaucoup moins nombreux et on les trouve surtout dans le secteur de l’administration, des ventes et des technologies de l’information. Selon le Service fédéral des statistiques de l’État, à la fin du mois de février 2009, quelque 6,4 millions de personnes étaient recensées comme chômeurs, soit 8,5 % de la population économiquement active. Le ministre de l’Éducation et des Sciences a déclaré qu’au cours des deux prochaines années, la Russie connaîtrait des problèmes d’emploi, y compris pour les diplômés universitaires.
Dans les conditions actuelles, les étudiants et même les jeunes diplômés universitaires subissent la concurrence des spécialistes qualifiés et expérimentés : en raison de la crise, ceux-ci sont nombreux sur le marché et « coûtent le même prix » qu’un jeune pour les entreprises. Depuis six mois, le nombre d’offres d’emploi pour les jeunes diplômés a diminué de 90 %.
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Lecture
Yémen: Ce n'est pas Al-Qaïda que les USA combattent, mais la démocratie
INTERVIEW DE MOHAMED HASSAN
PAR GREGOIRE LALIEU & MICHEL COLLON
Un pantalon prend feu dans un avion près de Détroit et des missiles pleuvent au Yémen : l'effet papillon ? Pour Mohamed Hassan, la menace terroriste n'est qu'un prétexte. Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », notre spécialiste nous explique le véritable enjeu du Yémen : combattre la démocratie dans le Golfe pour garder le contrôle du pétrole.
Depuis l'attentat manqué de l'avion Amsterdam-Détroit, le Yémen fait la une des journaux : c'est là que le jeune terroriste nigérian aurait été entraîné. Comment ce pays, allié des Etats-Unis, serait-il devenu un refuge pour Al-Qaïda ?
Mohamed Hassan. Tout d'abord, nous devons observer ce phénomène qui se répète : chaque fois qu'un régime soutenu par Washington est menacé, des terroristes apparaissent... Lire la suite
INTERVIEW DE MOHAMED HASSAN
PAR GREGOIRE LALIEU & MICHEL COLLON
Un pantalon prend feu dans un avion près de Détroit et des missiles pleuvent au Yémen : l'effet papillon ? Pour Mohamed Hassan, la menace terroriste n'est qu'un prétexte. Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », notre spécialiste nous explique le véritable enjeu du Yémen : combattre la démocratie dans le Golfe pour garder le contrôle du pétrole.
Depuis l'attentat manqué de l'avion Amsterdam-Détroit, le Yémen fait la une des journaux : c'est là que le jeune terroriste nigérian aurait été entraîné. Comment ce pays, allié des Etats-Unis, serait-il devenu un refuge pour Al-Qaïda ?
Mohamed Hassan. Tout d'abord, nous devons observer ce phénomène qui se répète : chaque fois qu'un régime soutenu par Washington est menacé, des terroristes apparaissent... Lire la suite
vendredi 15 janvier 2010
Réflexions du compañero Fidel
CE QUI S’EST VRAIMENT PASSÉ AU SOMMET DE COPENHAGUE
Ce sont les jeunes que l’avenir concerne plus que quiconque.
Encore tout récemment, la discussion portait sur le type de société où nous vivrions. Aujourd’hui, l’on discute si la société survivra…
Il ne s’agit pas là de phrases dramatiques. Il faut s’accoutumer aux faits réels. L’espoir est la dernière chose que les êtres humains peuvent perdre. C’est la vérité en main que des hommes et des femmes de tous âges, mais surtout des jeunes, ont livré au Sommet de Copenhague une bataille exemplaire, offrant ainsi au monde une grande leçon.
Le principal, maintenant, c’est que l’on sache le plus possible à Cuba et dans le monde ce qui s’est passé à Copenhague. La vérité possède une force qui surpasse l’intelligence médiatisée et bien souvent désinformée de ceux qui ont en main les destinées du monde.
Si quelque chose d’important a été obtenu dans la capitale danoise, c’est que l’opinion mondiale a pu observer à travers les médias le chaos politique qui s’y est engendré et le traitement humiliant infligé à des chefs d’État ou de gouvernement, à des ministres et à des milliers de représentants de mouvements sociaux et d’institutions qui, pleins d’illusions et d’espoirs, se sont rendus au siège du Sommet, à Copenhague. La brutale répression contre des manifestants pacifiques par la force publique rappelait la conduite des troupes d’assaut nazies qui occupèrent le Danemark en avril 1940. Ce que personne ne pouvait imaginer, c’est que, le 18 décembre 2009, dernier jour du Sommet, celui-ci serait interrompu par le gouvernement danois – allié de l’OTAN et associé à la boucherie afghane – pour céder la salle plénière au président Obama où celui-ci et un groupe sélect d’invités, seize au total, auraient le droit exclusif de parler. Obama y a prononcé un discours trompeur et démagogique, bourré d’ambiguïtés, qui n’impliquait aucun engagement contraignant et ignorait le Protocole de Kyoto. Il a abandonné la salle peu après avoir écouté quelques autres orateurs. Parmi les pays invités à prendre la parole, on trouvait les pays les plus industrialisés, plusieurs économies émergentes et quelques-uns des plus pauvres de la planète. Les dirigeants et représentants de plus de cent soixante pays n’ont eu que le droit d’écouter.
À la fin du discours du seizième élu, Evo Morales, fort de toute l’autorité de son origine aymara, frais réélu par 65 p. 100 des votants et jouissant du soutien des deux tiers de la Chambre et du Sénat bolivien, a demandé la parole. Le président danois n’a pas eu d’autre remède que de la lui céder à la demande des autres délégations. Quand Evo a conclu sa sage et profonde intervention, le Danois a dû la concéder ensuite à Hugo Chávez. Les deux interventions passeront à l’Histoire comme des exemples de discours brefs et opportuns. Une fois leur tâche dûment remplie, tous deux ont regagné leur pays respectif. Mais quand Obama est sorti de scène, il n’avait pas encore conclu la sienne au pays siège du Sommet.
Dans la nuit du 17 au 18, le Premier ministre danois et de hauts représentants des États-Unis s’étaient réunis avec le président de la Commission européenne et les dirigeants de vingt-sept pays pour leur proposer, au nom d’Obama, un projet d’accord à l’élaboration duquel aucun autre dirigeant du reste du monde ne devait participer. C’était là une initiative antidémocratique et virtuellement clandestine qui ignorait des milliers de représentants de mouvements sociaux, d’institutions scientifiques, religieuses et les autres invités au Sommet.
Dans la nuit du 18, alors que de nombreux chefs d’État étaient déjà partis, les représentants des pays ont attendu jusqu’à trois heures du matin du 19 la reprise des séances et la clôture de la réunion. Pendant toute la journée du 18, Obama avait soutenu des réunions et des conférences de presse. Tout comme les dirigeants européens. Puis ils sont partis.
Il s’est alors passé quelque chose d’insolite : le 19, à trois heures du matin donc, le Premier ministre danois a convoqué la clôture du Sommet. Les ministres, fonctionnaires, ambassadeur et personnels techniques étaient les seuls à représenter leur pays.
Mais un groupe de représentants de pays du Tiers-monde qui contestaient la tentative d’Obama et des plus riches de la planète de présenter comme un accord consensuel du Sommet le document imposé par les États-Unis a livré cette nuit-là une bataille étonnante.
La représentante vénézuélienne, Claudia Salerno, pleine d’une énergie impressionnante, montra le sang qui coulait de sa main droite à cause des coups qu’elle avait dû frapper sur la table pour pouvoir exercer son droit de parole. Le ton de sa voix et la dignité de ses arguments sont inoubliables.
Le ministre cubain des Relations extérieures a prononcé un discours énergique d’un millier de mots dont j’extrais plusieurs paragraphes pour les inclure dans mes Réflexions :
« Le document dont vous avez nié à plusieurs reprises l’existence, monsieur le Président, apparaît maintenant… Nous avons vu des versions qui circulent d’une manière subreptice et qui se discutent en petits conciliabules secrets. « … je regrette profondément la façon dont vous avez conduit cette Conférence. « …Cuba juge extrêmement insuffisant et inadmissible le texte de ce projet apocryphe. L’objectif de 2ºC est inacceptable, car il aurait des conséquences catastrophiques incalculables… « Le document que vous nous présentez ne contient, hélas, aucun engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Je connais les versions antérieures qui se sont négociées elles aussi à travers des procédés contestables et clandestins, en coteries fermées… « Le document que vous nous soumettez maintenant omet justement les phrases clefs déjà bien maigres et insuffisantes de cette version-là. « …pour Cuba, cet objectif est incompatible avec le critère scientifique universellement accepté selon lequel il est urgent et incontournable de réduire les émissions d’au moins 45 p. 100 d’ici à 2020 et de non moins de 80 à 90 p. 100 d’ici à 2050. « Toute proposition de poursuite des négociations en vue d’adopter à l’avenir des accords de réduction des émissions doit inclure impérativement le concept selon lequel le Protocole de Kyoto est toujours d’actualité. […] Votre papier, monsieur le Président, est l’acte de décès du Protocole de Kyoto, et ma délégation s’y refuse. « La délégation cubaine tient à souligner la primauté du principe des "responsabilités communes mais différenciées" en tant que concept clef des futures négociations. Votre papier n’en dit mot. « Ce projet de déclaration omet des engagements concrets en matière de financement et de transfert de technologies vers les pays en développement dans le cadre des obligations contractées par les pays développés au titre de la Convention cadre des Nations sur les changements climatiques. […] Les pays développés qui imposent leurs intérêts par ce document interposé fuient tout engagement concret. « …Ce que vous appelez, monsieur le Président, un "groupe de leaders représentatifs" constitue à mes yeux une violation grossière du principe de l’égalité souveraine des États que consacre le Charte des Nations Unies. « Je vous demande formellement, monsieur le Président, de faire en sorte que ma déclaration fasse partie du rapport final sur les travaux de cette lamentable, de cette honteuse Quinzième Conférence des Parties.
On n’avait concédé qu’une heure aux représentants des États pour émettre des opinions, ce qui a provoqué des situations compliquées, honteuses et désagréables.
Il s’ensuivit un long débat durant lequel les délégations des pays développés ont exercé de fortes pressions pour que la Conférence adopte ce document comme résultats final de ses délibérations.
Un nombre réduit de pays a insisté fermement sur les sérieuses carences et ambiguïtés du document impulsé par les États-Unis, en particulier sur l’absence d’engagement de la part de pays développés en matière de réduction des émissions de carbone et de financement permettant aux pays du Sud de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation.
C’est au terme de discussions longues et extrêmement tendues que la position des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) et du Soudan en tant que président en exercice du Groupe des 77 a fini par prévaloir : le document en question était inacceptable par la Conférence.
Devant le manque de consensus évident, la Conférence s’est bornée à « prendre note » de l’existence de ce document en tant que position d’un groupe d’environ vingt-cinq pays.
Une fois cette décision adoptée à 10 h 30 (heure de Copenhague), Bruno – après avoir discuté amicalement, aux côtés d’autres représentants de l’ALBA avec le Secrétaire général de l’ONU et lui avoir confirmé leur disposition de continuer de lutter de concert avec les Nations Unies pour empêcher les terribles conséquences des changements climatiques – a regagné notre pays en compagnie du vice-président cubain, Esteban Lazo, pour assister à la session de l’Assemblée nationale. Sa mission avait pris fin. Il n’est resté à Copenhague que quelques membres de notre délégation et l’ambassadeur pour participer aux démarches finales.
Ils ont informé cet après-midi :
« …comme ceux qui ont participé à l’élaboration du document aussi bien que ceux qui, comme le président des USA, se sont empressés d’annoncer son adoption par le Sommet… ne pouvaient refuser la décision de celui-ci de seulement "prendre note" du prétendu "Accord de Copenhague", ils ont tenté de proposer un procédé par lequel d’autres pays Parties qui n’avaient pas participé à cette manigance pourraient la seconder et y adhérer, afin de donner des dehors de légalité à cet accord, ce qui aurait pu de fait préjuger du résultat des négociations à venir. « Cuba, le Venezuela et la Bolivie se sont opposés de nouveau fermement à cette tentative tardive, avertissant que ce document non entériné par la Conférence n’avait pas de caractère légal, qu’il n’existait pas comme document des Parties et qu’on ne pouvait établir aucune règle pour le faire censément adopter… « Voilà dans quel esprit que se sont conclues les sessions de Copenhague, sans adoption de ce document préparé subrepticement ces derniers jours, sous la conduite idéologique évidente de l’administration étasunienne… »
Demain, notre attention sera centrée sur l’Assemblée nationale.
Lazo, Bruno et le reste de la délégation arriveront vers minuit. Notre ministre des Relations extérieures pourra expliquer lundi, avec luxe de détails et avec toute la précision requise, ce qui s’est vraiment passé au Sommet.
Fidel Castro Ruz
Le 19 décembre 2009
20 h 17
Encore tout récemment, la discussion portait sur le type de société où nous vivrions. Aujourd’hui, l’on discute si la société survivra…
Il ne s’agit pas là de phrases dramatiques. Il faut s’accoutumer aux faits réels. L’espoir est la dernière chose que les êtres humains peuvent perdre. C’est la vérité en main que des hommes et des femmes de tous âges, mais surtout des jeunes, ont livré au Sommet de Copenhague une bataille exemplaire, offrant ainsi au monde une grande leçon.
Le principal, maintenant, c’est que l’on sache le plus possible à Cuba et dans le monde ce qui s’est passé à Copenhague. La vérité possède une force qui surpasse l’intelligence médiatisée et bien souvent désinformée de ceux qui ont en main les destinées du monde.
Si quelque chose d’important a été obtenu dans la capitale danoise, c’est que l’opinion mondiale a pu observer à travers les médias le chaos politique qui s’y est engendré et le traitement humiliant infligé à des chefs d’État ou de gouvernement, à des ministres et à des milliers de représentants de mouvements sociaux et d’institutions qui, pleins d’illusions et d’espoirs, se sont rendus au siège du Sommet, à Copenhague. La brutale répression contre des manifestants pacifiques par la force publique rappelait la conduite des troupes d’assaut nazies qui occupèrent le Danemark en avril 1940. Ce que personne ne pouvait imaginer, c’est que, le 18 décembre 2009, dernier jour du Sommet, celui-ci serait interrompu par le gouvernement danois – allié de l’OTAN et associé à la boucherie afghane – pour céder la salle plénière au président Obama où celui-ci et un groupe sélect d’invités, seize au total, auraient le droit exclusif de parler. Obama y a prononcé un discours trompeur et démagogique, bourré d’ambiguïtés, qui n’impliquait aucun engagement contraignant et ignorait le Protocole de Kyoto. Il a abandonné la salle peu après avoir écouté quelques autres orateurs. Parmi les pays invités à prendre la parole, on trouvait les pays les plus industrialisés, plusieurs économies émergentes et quelques-uns des plus pauvres de la planète. Les dirigeants et représentants de plus de cent soixante pays n’ont eu que le droit d’écouter.
À la fin du discours du seizième élu, Evo Morales, fort de toute l’autorité de son origine aymara, frais réélu par 65 p. 100 des votants et jouissant du soutien des deux tiers de la Chambre et du Sénat bolivien, a demandé la parole. Le président danois n’a pas eu d’autre remède que de la lui céder à la demande des autres délégations. Quand Evo a conclu sa sage et profonde intervention, le Danois a dû la concéder ensuite à Hugo Chávez. Les deux interventions passeront à l’Histoire comme des exemples de discours brefs et opportuns. Une fois leur tâche dûment remplie, tous deux ont regagné leur pays respectif. Mais quand Obama est sorti de scène, il n’avait pas encore conclu la sienne au pays siège du Sommet.
Dans la nuit du 17 au 18, le Premier ministre danois et de hauts représentants des États-Unis s’étaient réunis avec le président de la Commission européenne et les dirigeants de vingt-sept pays pour leur proposer, au nom d’Obama, un projet d’accord à l’élaboration duquel aucun autre dirigeant du reste du monde ne devait participer. C’était là une initiative antidémocratique et virtuellement clandestine qui ignorait des milliers de représentants de mouvements sociaux, d’institutions scientifiques, religieuses et les autres invités au Sommet.
Dans la nuit du 18, alors que de nombreux chefs d’État étaient déjà partis, les représentants des pays ont attendu jusqu’à trois heures du matin du 19 la reprise des séances et la clôture de la réunion. Pendant toute la journée du 18, Obama avait soutenu des réunions et des conférences de presse. Tout comme les dirigeants européens. Puis ils sont partis.
Il s’est alors passé quelque chose d’insolite : le 19, à trois heures du matin donc, le Premier ministre danois a convoqué la clôture du Sommet. Les ministres, fonctionnaires, ambassadeur et personnels techniques étaient les seuls à représenter leur pays.
Mais un groupe de représentants de pays du Tiers-monde qui contestaient la tentative d’Obama et des plus riches de la planète de présenter comme un accord consensuel du Sommet le document imposé par les États-Unis a livré cette nuit-là une bataille étonnante.
La représentante vénézuélienne, Claudia Salerno, pleine d’une énergie impressionnante, montra le sang qui coulait de sa main droite à cause des coups qu’elle avait dû frapper sur la table pour pouvoir exercer son droit de parole. Le ton de sa voix et la dignité de ses arguments sont inoubliables.
Le ministre cubain des Relations extérieures a prononcé un discours énergique d’un millier de mots dont j’extrais plusieurs paragraphes pour les inclure dans mes Réflexions :
« Le document dont vous avez nié à plusieurs reprises l’existence, monsieur le Président, apparaît maintenant… Nous avons vu des versions qui circulent d’une manière subreptice et qui se discutent en petits conciliabules secrets. « … je regrette profondément la façon dont vous avez conduit cette Conférence. « …Cuba juge extrêmement insuffisant et inadmissible le texte de ce projet apocryphe. L’objectif de 2ºC est inacceptable, car il aurait des conséquences catastrophiques incalculables… « Le document que vous nous présentez ne contient, hélas, aucun engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Je connais les versions antérieures qui se sont négociées elles aussi à travers des procédés contestables et clandestins, en coteries fermées… « Le document que vous nous soumettez maintenant omet justement les phrases clefs déjà bien maigres et insuffisantes de cette version-là. « …pour Cuba, cet objectif est incompatible avec le critère scientifique universellement accepté selon lequel il est urgent et incontournable de réduire les émissions d’au moins 45 p. 100 d’ici à 2020 et de non moins de 80 à 90 p. 100 d’ici à 2050. « Toute proposition de poursuite des négociations en vue d’adopter à l’avenir des accords de réduction des émissions doit inclure impérativement le concept selon lequel le Protocole de Kyoto est toujours d’actualité. […] Votre papier, monsieur le Président, est l’acte de décès du Protocole de Kyoto, et ma délégation s’y refuse. « La délégation cubaine tient à souligner la primauté du principe des "responsabilités communes mais différenciées" en tant que concept clef des futures négociations. Votre papier n’en dit mot. « Ce projet de déclaration omet des engagements concrets en matière de financement et de transfert de technologies vers les pays en développement dans le cadre des obligations contractées par les pays développés au titre de la Convention cadre des Nations sur les changements climatiques. […] Les pays développés qui imposent leurs intérêts par ce document interposé fuient tout engagement concret. « …Ce que vous appelez, monsieur le Président, un "groupe de leaders représentatifs" constitue à mes yeux une violation grossière du principe de l’égalité souveraine des États que consacre le Charte des Nations Unies. « Je vous demande formellement, monsieur le Président, de faire en sorte que ma déclaration fasse partie du rapport final sur les travaux de cette lamentable, de cette honteuse Quinzième Conférence des Parties.
On n’avait concédé qu’une heure aux représentants des États pour émettre des opinions, ce qui a provoqué des situations compliquées, honteuses et désagréables.
Il s’ensuivit un long débat durant lequel les délégations des pays développés ont exercé de fortes pressions pour que la Conférence adopte ce document comme résultats final de ses délibérations.
Un nombre réduit de pays a insisté fermement sur les sérieuses carences et ambiguïtés du document impulsé par les États-Unis, en particulier sur l’absence d’engagement de la part de pays développés en matière de réduction des émissions de carbone et de financement permettant aux pays du Sud de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation.
C’est au terme de discussions longues et extrêmement tendues que la position des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) et du Soudan en tant que président en exercice du Groupe des 77 a fini par prévaloir : le document en question était inacceptable par la Conférence.
Devant le manque de consensus évident, la Conférence s’est bornée à « prendre note » de l’existence de ce document en tant que position d’un groupe d’environ vingt-cinq pays.
Une fois cette décision adoptée à 10 h 30 (heure de Copenhague), Bruno – après avoir discuté amicalement, aux côtés d’autres représentants de l’ALBA avec le Secrétaire général de l’ONU et lui avoir confirmé leur disposition de continuer de lutter de concert avec les Nations Unies pour empêcher les terribles conséquences des changements climatiques – a regagné notre pays en compagnie du vice-président cubain, Esteban Lazo, pour assister à la session de l’Assemblée nationale. Sa mission avait pris fin. Il n’est resté à Copenhague que quelques membres de notre délégation et l’ambassadeur pour participer aux démarches finales.
Ils ont informé cet après-midi :
« …comme ceux qui ont participé à l’élaboration du document aussi bien que ceux qui, comme le président des USA, se sont empressés d’annoncer son adoption par le Sommet… ne pouvaient refuser la décision de celui-ci de seulement "prendre note" du prétendu "Accord de Copenhague", ils ont tenté de proposer un procédé par lequel d’autres pays Parties qui n’avaient pas participé à cette manigance pourraient la seconder et y adhérer, afin de donner des dehors de légalité à cet accord, ce qui aurait pu de fait préjuger du résultat des négociations à venir. « Cuba, le Venezuela et la Bolivie se sont opposés de nouveau fermement à cette tentative tardive, avertissant que ce document non entériné par la Conférence n’avait pas de caractère légal, qu’il n’existait pas comme document des Parties et qu’on ne pouvait établir aucune règle pour le faire censément adopter… « Voilà dans quel esprit que se sont conclues les sessions de Copenhague, sans adoption de ce document préparé subrepticement ces derniers jours, sous la conduite idéologique évidente de l’administration étasunienne… »
Demain, notre attention sera centrée sur l’Assemblée nationale.
Lazo, Bruno et le reste de la délégation arriveront vers minuit. Notre ministre des Relations extérieures pourra expliquer lundi, avec luxe de détails et avec toute la précision requise, ce qui s’est vraiment passé au Sommet.
Fidel Castro Ruz
Le 19 décembre 2009
20 h 17
"Fin de Año", poème d'Antonio Guerrero
FIN D' ANNÉE
A s’en aller décembre s’apprête
Comme les vagues qui passent et s’en vont.
Les gens feront la fête
Et moi je suis bien loin de ma maison.
Dans des veillées pleines de chansons
Il y aura une pluie de baisers.
Ces nuits-là, sans raisons,
Mes baisers seront prisonniers.
Quand le monde s’amusera,
En sa folie jusqu' à l'aurore,
Dans ma cellule obscure chantera
Mon illusion tendre et sonore.
JE VOUS EMBRASSE TRES FORT.
TONY
Version originale
FIN DE ANO
A irse diciembre se apresta
como un manantial que pasa.
La gente estara de fiesta
y yo lejos de mi casa.
En veladas de canciones
habra una lluvia de besos.
Esas noches, sin razones,
mis besos estaran presos.
Cuando el mundo en su locura
se divierta hasta la aurora,
cantara en la celda oscura
mi ilusion tierna y sonora.
con el amor de hermanito, un beso y un saludo a todos.tony.
A s’en aller décembre s’apprête
Comme les vagues qui passent et s’en vont.
Les gens feront la fête
Et moi je suis bien loin de ma maison.
Dans des veillées pleines de chansons
Il y aura une pluie de baisers.
Ces nuits-là, sans raisons,
Mes baisers seront prisonniers.
Quand le monde s’amusera,
En sa folie jusqu' à l'aurore,
Dans ma cellule obscure chantera
Mon illusion tendre et sonore.
JE VOUS EMBRASSE TRES FORT.
TONY
Version originale
FIN DE ANO
A irse diciembre se apresta
como un manantial que pasa.
La gente estara de fiesta
y yo lejos de mi casa.
En veladas de canciones
habra una lluvia de besos.
Esas noches, sin razones,
mis besos estaran presos.
Cuando el mundo en su locura
se divierta hasta la aurora,
cantara en la celda oscura
mi ilusion tierna y sonora.
con el amor de hermanito, un beso y un saludo a todos.tony.
jeudi 14 janvier 2010
Que fait Cuba sur la liste des États "terroristes"?
Par Claude Morin
professeur honoraire
Département d'histoire
Université de Montréal
http://latam-cmorin.blogspot.com
professeur honoraire
Département d'histoire
Université de Montréal
http://latam-cmorin.blogspot.
La politique cubaine des États-Unis a été un échec lamentable. Elle n’a jamais atteint son objectif premier : défaire et abattre la révolution qui a triomphé à Cuba en janvier 1959. Plusieurs analystes ont reconnu le fiasco. Des membres du Congrès ont réclamé des changements, ne serait-ce que pour la rendre plus efficace. L’administration Bush avait multiplié les mesures d'hostilité pour réaliser ce que ses devancières n’avaient pas obtenues. On aurait pu attendre mieux de l’administration Obama plus sensible à la complexité des situations, lui qui, en campagne électorale, prônait le dialogue avec les adversaires. Obama a certes annulé en avril 2009 des mesures qui restreignaient singulièrement les voyages et les transferts de fonds à Cuba pour les Cubano-américains vivant aux États-Unis. Mais sur l’essentiel – l’embargo ou le blocus – il a reconduit et maintenu tout l’appareil mis en place par ses devanciers. Ses services continuent d’imposer des amendes aux institutions (sociétés et banques étrangères) et aux particuliers qui violent l’embargo, de refuser des visas à des artistes, à des savants cubains invités à venir aux États-Unis.
Voilà que l’administration Obama inscrit Cuba sur la liste des 14 pays dont les ressortissants seront soumis à des contrôles spéciaux dans les aéroports des États-Unis. Washington inclut Cuba parmi les États qu'il accuse de "soutenir le terrorisme". Rien ne pourrait être plus contraire à la vérité. S’il y a un État qui a souffert du terrorisme depuis 1959, c’est bien Cuba. Ce sont plus de 3000 Cubains qui sont décédés et 2 500 qui sont demeurés handicapés à la suite d'actes de terrorisme perpétrés à Cuba, mais commandités, financés et planifiés depuis le territoire des États-Unis. Les victimes auraient été plus nombreuses sans la vigilance constante des services de sécurité cubains. Un avion de la Cubana de Aviación a explosé en vol au-dessus de la Barbade en 1976, entraînant la mort de 76 passagers. Le cerveau de cet attentat était un agent de la CIA, Luis Posada Carriles, qui vit librement à Miami, malgré ses liens démontrés avec plusieurs autres attentats et complots. Cuba a souffert non seulement d’attentats, mais aussi de diverses formes de bioterrorisme qui ont consisté à introduire des maladies visant les humains (dengue), les animaux (fièvre porcine) et les plantes (rouille du tabac, de la canne à sucre). Fidel Castro a été la cible de centaines de complots, menés à divers stades, mais qui ont heureusement tous été déjoués. Pour Cuba, l'État "terroriste" par excellence ce sont les États-Unis!
Cuba a toujours dénoncé publiquement les calomnies, les actions et les projets des États-Unis à son encontre. Il n’a jamais baissé la garde, se révélant un adversaire conséquent des agressions de l’empire à son égard et à l’endroit d’autres pays. Mais il n’a jamais soutenu des actions terroristes contre les États-Unis. Il a même offert sa collaboration avec le FBI pour faire obstacle à des complots. Cinq de ses agents infiltrés dans les milieux criminels et violents de la Floride ont été arrêtés en 1998 et ont été condamnés à de longues peines de prison, totalisant ensemble plusieurs siècles. Or ils n’avaient commis aucun crime, se limitant à recueillir des renseignements afin de déjouer les crimes que préparaient les "anticastristes". Après le 11 septembre 2001, Cuba a réitéré son offre de collaboration.
Les États-Unis se discréditent en incluant Cuba sur cette liste. Ils visent la mauvaise cible, gaspillant temps et ressources. La mesure, qui relève du profilage, est davantage politique. L'inclusion de Cuba sur la liste nuit même à la crédibilité de la mesure. Les aéroports cubains prennent déjà très au sérieux la menace terroriste et ne sauraient servir de tremplin pour frapper les États-Unis. Cibler Cuba relève de la gesticulation hypocrite. L’administration Obama cherche-t-elle en incluant Cuba dans cette liste, sans aucun motif relié à l’objet de ces mesures, à justifier son animosité envers La Havane, l’immobilisme de sa politique hostile? Cette inclusion est-elle un geste politique pour rallier ses adversaires, républicains entre autres, à des votes en politique intérieure?
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Lecture
Sur michelcollon.info - Investig'Action
SPECIAL HAITI :
Mais pourquoi sont-ils si pauvres ?
Émotion et solidarité partout dans le monde. Mais pourquoi tant de victimes ? La Nature est-elle seule en cause ? Au Japon, par exemple, les normes antisismiques dans la construction permettent d'éviter un tel désastre. Seulement, dans un pays aussi pauvre, cela paraît impossible. C'est donc aussi la pauvreté qui tue.
D'où vient-elle ? Notre dossier spécial éclaire l'Histoire cachée d'Haïti. Et l'énorme responsabilité, ancienne et actuelle, des grandes puissances - surtout les Etats-Unis et la France - dans cette misère atroce. La solidarité nécessite une véritable info. Merci de faire circuler.
Michel Collon et l'équipe Investig'Action
(En raison des événements, notre newsletter habituelle est reportée à demain.)
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Qui sont ces Haïtiens ? Pourquoi sont-ils si pauvres ? Quelle Histoire nous a été cachée ?
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Le devoir de la France : rembourser ce qu'elle a volé
Camille Loty Malebranche - Haïti, le ventre des pauvres sous contrôle des ploutocrates
Comment les USA ont pris le contrôle de ce que mangent les Haïtiens. Et de ce qu'ils ne mangent pas.
Louis Prefontaine - Haïti: la « malédiction » n'existe pas
"Ce n'est pas Dieu qui débarqua dans l'île en 1915 et l'occupa pendant vingt ans, ce n'est pas Dieu qui..."
Fidel Castro - Les origines de la pauvreté de nos voisins
Fidel démasque le duo Clinton et évoque les réalisations concrètes de la solidarité cubaine
Michel Collon - "Sans les esclaves, nous serions perdus!"
Un extrait du livre "Les 7 Péchés d'Hugo Chavez" montre comment et pourquoi la "démocratie française" a refusé l'émancipation des esclaves. Et les conséquences durent toujours...
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