24 octobre 2009
Conférence d’Arnold August au Forum Social Québécois le 10 octobre 2009
Par Karine Walsh*
Lors des modifications à la politique étasunienne envers Cuba annoncée en avril dernier par l’administration Obama, celui-ci a prétexté des conditions préalables à la levée du blocus économique, commercial et financier que son gouvernement applique à Cuba depuis 50 ans. Ce faisant, Obama a prononcé à l’endroit de Cuba des mensonges nécessitant une urgente rectification. August a rappelé à l’audience ses propos : « Les cubains ne sont pas libres… il est important d’envoyer un signal que la question des prisonniers politiques, de la liberté d’expression, de la liberté de religion, et de la démocratie [sont] importantes… » Obama a donc mis l’accent sur la nécessité de la démocratie à la base à Cuba
Même si les principes internationalement reconnus du respect des droits des peuples a l’autodétermination, de la non ingérence et de la souveraineté des États excluent tout jugement d’un tiers État comme les États-Unis vis-à-vis le système politique de Cuba, August a démenti en détail cette accusation d’absence de démocratie en exposant à l’auditoire la réalité dans l’île socialiste en faisant remarqué à Obama: « La démocratie à la base à Cuba a commencé après le coup d'État de Batista en 1952, le coup d'État fasciste qui a mis les militaires au pouvoir et qui a été immédiatement soutenu par les États-Unis. Les semences d'un mouvement à la base se sont développées en 1953, quand Fidel Castro a dirigé un petit groupe de révolutionnaires à l'assaut de la caserne Moncada. La démocratie à la base s’est développée davantage encore dans la période de 1956 à la fin de 1958 où à travers l’île, à partir de la Sierra Maestra, des gens réunis autour de la direction de Fidel Castro et du Mouvement 26 juillet se sont donné le pouvoir politique le 1er janvier 1959. Si M. Obama veut un exemple du développement de la démocratie à la base, il devrait étudier les évènements à Cuba de 1953 au premier janvier 1959 et tout ce qui s'est passé depuis. La réforme démocratique à Cuba a donc commencé dans la période récente en 1953.»
Puisque Obama se donne le droit de porter un jugement sur le système de Cuba, soi-disant non démocratique, August a cru pertinent de rappeler à l’auditoire la duperie électorale qui a d’abord permis l’élection de Georges W. Bush en 2000 puis sa ré-élection en 2004, gracieuseté du système informatisé de votation Diebold. En termes de liberté d’expression, August a rappelé à l’auditoire la mésaventure d’un « tweeter » étasunien qui fut arrêté lors du sommet G-20 à Pittsburgh le mois dernier, pour avoir averti des manifestants des déplacements de la police. Il a aussi souligné le peu d’importance que les médias dominants, en l’occurrence CNN, ont accordé à la couverture des évènements depuis le coup d’État militaire au Honduras le 28 juin dernier. Un silence complice de leur part concernant les causes réelles de l’opposition au président Zelaya ainsi que l’absence d’indignation face à la répression et la violence perpétrées par les militaires au service du gouvernement usurpateur, témoigne que la dénonciation de la violation des droits humains est loin d’être la réelle préoccupation des médias occidentaux.
Dans le dossier des soi-disant prisonniers politiques à Cuba, August a rappelé que les détentions arbitraires actuelles et injustes sont celles de 5 patriotes cubains emprisonnés aux États-Unis pour avoir combattu le terrorisme organisé de Miami. Depuis plus de 11 ans, Gerardo Hernandez, Ramon Labañino, Fernando González et René González sont privés de liberté pour avoir recueilli des preuves contre des criminels maintenant protégés par le gouvernement étasunien et pour être demeurés loyaux à leurs idéaux socialistes.
À titre de comparaison entre la situation démocratique cubaine actuelle et celle d’avant la révolution de 1959, August a rappelé qu’à cette époque les médias étaient largement contrôlés par l’oligarchie et on disait d’ailleurs que l’ambassadeur des Etats-Unis était l’homme le plus influent à La Havane.
Alors qu’une personne de l’audience a manifesté le désir de poser un geste concret pour appuyer la bataille du peuple cubain contre le blocus, August a proposé à l’assemblée de voter par applaudissement en faveur d’une requête collective sous forme de lettre ouverte au président des Etats-Unis, Barack Obama. Suite à une réaction enthousiaste de tous les gens présents, August a donc été mandaté pour transmettre au nouveau lauréat du prix Nobel de la paix, cette requête collective lui offrant une occasion de prouver sa sincérité à l’égard des changements promis en matière de politique étrangère.
* Karine Walsh est une militante pour la justice sociale et membre de la Table de concertation de solidarité Québec-Cuba. Elle anime une émission de radio francophone sur la réalité cubaine intitulée Dimension Cubaine sur les ondes d’une radio communautaire de Montréal, Radio Centre-Ville (Québec). www.radiocentreville.com
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LETTRE À OBAMA
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Montréal, le 10 Octobre 2009
Président Barak Obama,
La Maison Blanche,
Washington, DC
Président Obama,
Le Forum social québécois a lieu actuellement à Montréal. Encore une fois, comme c'était le cas il y a deux ans, des milliers de personnes de tous horizons participent, venus de presque tous les continents de la planète. Ce forum régional dans ma ville est un des nombreux autres forums régionaux qui ont lieu dans différents continents du monde et qui aboutiront à un autre Forum social mondial qui aura lieu en Afrique.
Aujourd'hui, j'ai présenté une conférence intitulée: «Obama, le blocus contre Cuba et de la réforme démocratique." Suite à la demande de l'auditoire pour poser un geste affirmant leur position contre le blocus, j'ai présenté une résolution, l'essence de celle-ci étant: «Nous, les participants à la conférence, en tenant compte de votre volonté proclamée de changement dans l'arène internationale, réclamons un changement de la position traditionnelle de Washington en appuyant la résolution cubaine qui sera présenté à l'Assemblée générale des Nations Unies plus tard ce mois-ci: qui revendique entièrement et inconditionnellement la levée du blocus génocidaire contre le peuple de Cuba ». La résolution d'aujourd'hui à Montréal a été adoptée à l'unanimité par applaudissements. Si votre administration choisit de suivre les traces de toutes les précédentes administrations étasuniennes en étant pratiquement la seule voix contre Cuba et le monde, alors nous demandons que vous, du moins, respectiez la grande majorité des nations qui voteront à nouveau en faveur de cette résolution cubaine à l'ONU. Ne pas le faire serait une gifle au visage de l'opinion publique internationale et rendrait complètement ridicule la fait qu'un lauréat du prix Nobel de la Paix soutienne ce blocus cruel et inhumain contre le peuple de Cuba et qui a pour objectif avoué d'affamer le peuple cubain dans la reddition.
Tel que mandaté, au nom de tous ceux et celles présents aujourd'hui,
Respectueusement,
Arnold August,
Montréal
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