des cinéastes et
professionnel-le-s de l'audiovisuel au FIPA
(Festival
International des programmes audiovisuel)
à propos du
« Focus sur Israël »
Le FIPA
(Festival International des Programmes Audiovisuel) qui se tient à Biarritz du
23 au 28 janvier 2018, a choisi de faire un « Focus sur Israël ».
Des
cinéastes internationaux, et des professionnel-e-s de l'audiovisuel, adressent
cette lettre ouverte à la direction du Festival, pour protester contre le choix
du FIPA de s'associer avec le gouvernement israélien, alors qu'il intensifie
l'occupation, la colonisation et le nettoyage ethnique du peuple palestinien,
tandis que le point de vue palestinien est totalement occulté. Parmi les
100 premiers signataires : Ken Loach, Mike Leigh, Aki Kaurismaki, Rebecca
O'Brien, Maï Masri, Elia Suleiman, Najwa Najjar, Avi Mograbi, Yousri Nasrallah,
Anne-Marie Jacir, Michel Khleifi, Serge Lalou, Peter Kosminsky...
« Nous,
cinéastes et professionnel-le-s de l'audiovisuel, souhaitons exprimer notre
profonde préoccupation devant le fait que le festival FIPA, par son initiative
« Focus sur Israël », choisisse de s'associer avec le gouvernement israélien et
l'Ambassade d'Israël, alors que ce pays non seulement poursuit, mais intensifie
l'occupation, la colonisation et le nettoyage ethnique du peuple palestinien.
Ceci depuis maintenant de trop nombreuses années, alors que le point de vue
palestinien est totalement occulté.
Nous nous
interrogeons sur cette décision du FIPA de promouvoir l'Etat d'Israël, alors
que l'on s'apprête à commémorer cette année les 70 ans de l'expulsion du peuple
palestinien de ses terres.
Le « Focus
sur Israël » au FIPA, qui choisit d'ignorer cette histoire, se déroule au
moment même où Israël promulgue des lois racistes, accélère l'expulsion et la
confiscation des terres des Palestiniens sous occupation et entrave la liberté
de parole des citoyens arabes d'Israël.
Quel message
signifie ce partenariat officiel avec Israël qui au mépris du droit
international et contre la quasi-totalité des chancelleries -dont la France-
veut l'annexion intégrale de Jérusalem pour en faire sa capitale ?
Quel message
signifie ce partenariat officiel quand des dizaines d'enfants comme la jeune
Ahed Al Tamimi sont incarcéré-e-s dans les prisons militaires et quand des
centaines de Palestinien-ne-s sont emprisonnés sans jugements depuis des années
pour certains ?
La décision
du FIPA s'inscrit également dans la collaboration avec le gouvernement le plus
raciste et le plus à l'extrême-droite de l'histoire d'Israël. Gouvernement qui
considère la promotion de la créativité d'Israël à l'étranger comme un outil de
propagande central de sa politique. Ou, pour le dire avec les mots du Directeur
général du ministère israélien des Affaires étrangères en charge de la
promotion culturelle, Nissim Ben Chetrit, qui « utilise les productions
culturelles israéliennes pour atteindre les objectifs politiques de l'État
d'Israël. Ce même Nissim Ben Chetrit qui « considère la culture comme un outil
de premier ordre pour la hasbara (propagande). En ce qui me concerne je ne fais
aucune de différence entre la hasbara et la culture.”
Au regard de
l'agressivité actuelle d'Israël dans ses attaques contre les civils
palestiniens et leurs infrastructures, justifiées par ce même ministère des
Affaires étrangères que vous avez choisi pour être le partenaire de votre
festival, nous vous demandons, organisateurs du FIPA, de reconsidérer votre
relation avec le gouvernement d'Israël, et de retirer votre partenariat avec le
ministère israélien des Affaires étrangères et l'Ambassade d'Israël en France.
Choisir de
faire un focus sur Israël en collaboration avec un tel gouvernement ne peut
être considéré comme une position neutre. C'est un soutien, voire une
complicité.
Si l'idée
est de soutenir des réalisateurs israéliens ou de projeter des productions
israéliennes, il y a d'autres façons de le faire que de traiter avec un Etat
qui se place hors du droit et des conventions internationales.
Nous vous
adressons cette demande par considération envers les cinéastes palestinien-ne-s
qui ont perdu la vie ou des êtres chers dans les attaques militaires
israéliennes.
Nous vous
l'adressons en tenant compte des nombreux centres culturels, institutions
artistiques et universités attaqués et détruits par les forces d'occupation
israéliennes.
Nous vous
l'adressons parce que nous sommes solidaires avec ceux qui sont assiégés,
occupés, emprisonnés.
Nous
espérons que nos collègues et amis du Festival FIPA se joindront à nous. »