1er juillet 2017
La YCL-LJC considère les mobilisations autour du 150e anniversaire du
Canada, qui ont couté au moins 500 millions de dollars, comme des provocations
de la part de la classe dirigeante aux peuples autochtones, victimes de
l'impérialisme canadien, aux progressistes, à la jeunesse et à la classe
ouvrière de ce pays. Nous joignons notre voix aux nombreux groupes qui
dénoncent fermement la propagande et les tentatives de réécriture de l'histoire
canadienne, comme si cette histoire devait être célébrée. Le Gouvernement du
Canada tente de faire de cette journée du 1er juillet une fête à célébrer dans
l'unité et dans la fierté. Néanmoins, plusieurs ne célèbreront pas la date de
la signature de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB) qui a uni les
dernières colonies britanniques d'Amérique du Nord au sein d'un dominion qui
concrétise l'oppression nationale dans sa Constitution.
Pour la jeunesse des Premières Nations, Inuit et Métis, l'oppression
nationale a été et continue d'être une réalité violente et actuelle qui fait
partie des crimes de l'impérialisme canadien. Le génocide et le racisme
anti-autochtone systémique font encore partie de la vie quotidienne des jeunes
autochtones. Ceci est attesté par les innombrables exemples de forces
policières qui commettent des abus sexuels et physiques auprès des jeunes
femmes autochtones dans l'impunité la plus totale. Cette situation est
également attestée par le peu de progrès dans le dossier de l'Enquête sur les
femmes autochtones disparues et assassinées malgré la la demande publique pour
cette enquête et la justice. Le leg des pensionnats de réforme, qui avaient
pour but de "tuer l'Indien dans l'enfan", demeure frais dans la
mémoire de la jeunesse qui souffre toujours, en conséquence, l'assimilation
forcée et à qui il est impossible d'étudier dans sa langue nationale. La Loi
sur les Indiens, qui prévaut toujours et qui a inspiré le régime d'Apartheid
sud-africain, fait des peuples autochtones des citoyens de seconde catégorie.
Demander aux nations autochtones de célébrer ce 1er juillet représente une
rature de cette histoire coloniale violente, qui renforce le traumatisme
intergénérationnel dans une ère de soi-disant réconciliation. Le Canada a été
construit sur le vol des terres autochtones et ses 150 ans d'histoire ont
dévasté les communautés autochtones.
Pour la jeunesse du Québec, les 150 ans écoulés depuis la signature de
l'AANB sont marquées par l'inégalité et la discrimination. Ceci est reflété par
le fait que, jusqu'à la Révolution tranquille, les travailleurs-euses québécois
percevaient des salaires considérablement moindres que ceux de leurs collègues
anglophones. Les opportunités pour la jeunesse québécoise étaient limitées. Plusieurs
gains ont été obtenus grâce à la mobilisation de la jeunesse progressiste
québécoise notamment, mais la question nationale est toujours en suspens et
l'oppression nationale prévaut toujours. La signature de la Constitution
canadienne sans l'inclusion du Québec en 1982 et l'adoption de l'Acte sur la
Clarté référendaire dans la foulée du référendum de 1995, qui rend la
séparation et l'auto-détermination du Québec pratiquement impossible, en est un
autre exemple.
Pour la jeunesse acadienne et pour les jeunes issus des autres minorités
nationales francophones, leur expérience des 150 dernières années sont des
expériences de luttes pour vivre et étudier dans leur langue, puis pour
maintenir des services publics en français à l'extérieur du Québec.
La célébration du 150e du Canada est également marquée par l'idée de la
grandeur canadienne en tant que pays contribuant à la paix dans le monde. Le
Canada n'a jamais été un pays qui promeut la paix dans le monde, mais le
Gouvernement continue de perpétrer ce mythe tout en bénéficiant politiquement
et économiquement, en toute discrétion, de la guerre, de l'occupation et de
l'extraction de ressources naturelles à travers le monde. Ceci est évident par
la feuille de route belliciste en Syrie et en Irak, par le soutien de régimes
brutaux comme ceux d'Israël et d'Arabie Saoudite (à travers la vente d'armement
s'élevant à des millions de dollars), et par son rôle dirigeant dans l'OTAN. Le
gouvernement du Canada continue d'augmenter ses crédits de guerre. Récemment,
il a annoncé une augmentation du budget militaire de 70%, augmentation qui lui
permettrait d'implanter encore plus violemment ses plans impérialistes en
Amérique Latine, en Afriqueet au Moyen-Orient en particulier. Les
monoples canadiens quant à eux poursuivent leur plan d'extraction des
ressources naturelles malgré la résistance des communautés locales.
Jeunes communistes, nous nous rappelons la résistance contre les politiques
capitalistes, génocidaires et colonialistes du gouvernement canadien à travers
ces 150 dernières années, où d'importantes batailles ont été menées par la
jeunesse, la classe ouvrière et ses alliés. Celles-ci incluent les soulèvements
de la nation métis de 1873 et 1885, la Grève générale de Winnipeg en 1919, la
Marche vers Ottawa pour l'Assurance chômage en 1935, la mobilisation pour la
sécurité sociale ou, plus récemment, la grève étudiante de 2012 au Québec et le
mouvement 'Idle No More'. Ces mobilisations représentent des exemples important
qui font preuve que les forces vivent existent aujourd'hui au Canada pour aller
de l'avant et exiger un changement fondamental.
Ce changement fondamental, néanmoins, n'arrivera que si nous travaillons
dans l'unité contre notre ennemi principal: la classe capitaliste canadienne et
l'impérialisme. Nous devons maintenir cette unité entre les mouvements sociaux
et syndical, le mouvement féministe, étudiant; mais aussi entre ces mouvements
au sein des différentes nations qui constituent le Canada. Travailler dans
l'unité inclut le combat pour changer la constitution canadienne et exiger un
nouveau partenariat libre, volontaire et consenti, de ces différentes nations.
Cette Constitution devrait reconnaire le droit de chaque nation à
l'auto-détermination, y compris et jusqu'au droit de se séparer.
Nous saluons l'appui sans cesse plus important à la lutte contre le leg
colonial du Canada et son histoire d'oppression nationale tel qu'attesté par
l'appel du mouvement 'Idle No More' "Unsettle Canada 150" soutenu par
plusieurs organisations progressistes incluant la nôtre. Cet appel est
l'occasion de se rappeler qu'il n'y a rien à célébrer 150 ans après la
signature d'une Constitution qui a permis et même encouragé la marche des
grandes compagnies vers l'accaparation des ressources naturelles aux dépens des
peuples autochtones dont les territoires ancestraux ont été dévastés, qui a
permis au Canada de poursuivre ses politiques génocidaires à l'égard des
nations autochtones et qui a permis l'occupation des rues de Montréal par
l'armée canadienne en octobre 1970. Plutôt qu'un jour de célébration, le 1er
juillet au Canada devrait être un jour de résistance contre les tentatives de
réécrire l'histoire du Canada d'une façon qui blanchirait les crimes du
capitalisme, de l'impérialisme, du racisme et du colonialisme canadien.